5.7.09

Sous la canopée


(c'est plus joli si on clique)
Sous la canopée
du Morbihan
j'ai croisé la patrouille
qui s'entraînait
pour le 14 juillet.

4.7.09

Sortir du gris


Ces derniers temps, j'ai beaucoup pensé à une nouvelle d'Alphonse Allais. En bon chimiste fou, il eut l'idée de décrire par le menu la composition élémentaire de sa bien-aimée. Ayant constaté que l'objet de ses soupirs étant composé essentiellement d'eau, de protéines et de quelques électrolytes, il en conclut que c'était bien bête de faire tant de tintouin pour si peu.

En dehors de quelques grands fracas et de l'impérieuse nécessité de survivre, il n'est guère de troubles de l'existence qui ne puissent être résumées de la même façon.
Peines de cœur, projets noyés, embarras de trésorerie ou inquiétude devant les tendances de votre progéniture à une forme hilare d'amoralité, rien qui, convenablement détaillé, disséqué, remis en perspective et trituré, rien qui puisse garder longtemps sa figure de drame.

Et rien, absolument rien qui, au final, ne résiste à cette entreprise, tant qu'il n'est pas encore temps de cesser d'en souffrir.
On aura beau faire, raisonner, abraser les écueils douloureux de la pensée, ils reviendront dans la nuit. On aura beau faire le tour des ses richesses, le matin vous verra le front collé à la vitre, le cœur étreint, balançant entre le sentiment d'injustice et celui de sa propre iniquité, abandonné, vacant.

Le premier mensonge de la raison, ou sa première erreur, est de croire l'homme raisonnable.

Ce n'est pas la raison qui a fait lâcher le gris. Peut-être la stupéfaction. La compassion pour l'homme aux quatre-vingt défauts (oui, oui, il en a perdu pas mal dans le maelstrom) touché, touchant, tenace à vouloir effacer les traces de ce qu'il faut bien appeler une Bérézina de Juillet, dont il n'était pourtant nullement responsable.
Vos messages, vos invitations, vos sacres.


Je ne courrais pas après Michel Strogoff. Mais après tout, j'ai eu d'autres amours littéraires. Dont certaines ont résisté.

J'aurai peut-être, une dizaine de jours, une place sur un cargo. Je le saurai lundi.
Alors, je ris, je fouine, je parle globish avec un Hambourgeois charmant au nom imprononçable qui me parle de la Baltique et me promet qu'il va tout faire pour que je parte. Je n'ai pas défait ma valise, juste effacé les widgets qui me donnaient la météo de Kazan et d'Irkoutsk. Je touche du bois et la casquette bleue pendue au mur.

Oui, bien sûr, il y avait aussi un marin, dans mes amours de jeunesse.

2.7.09

Partir, na!


Je n'aime pas le tourisme. Pour m'en convaincre, je n'ai qu'à regarder les innombrables offres de zoulis rêves à prix cassé.
Je l'ai fait, par acquis de conscience, poussée par les voix aimantes et désolées qui me disaient: " allez, fais-toi plaisir!"
Mais non, j'ai envie de voyage, pas de tourisme. Ce qui me plaisait dans ce rêve stoppé net, c'était justement le temps non emballé, le train, le temps sur le fleuve. Oui, oui, je voulais bien voir des églises, mais en plus du reste, des babas qui vendent des framboises, des réminiscence de Michel Strogoff et de la lumière entre les bouleaux.

Oui, peut-être qu'un jour, je serais tentée par les Torii ou les eaux cristallines de Vanuatu, mais c'est parce que quelque chose m'aura appelé là-bas, un ami, un tableau, une incise dans le feutre du quotidien.

Je n'aime pas le tourisme, mais la privation de voyage m'est aussi insupportable que l'éloignement trop prolongé de l'eau.

Alors, je vais partir. Je ne sais pas encore comment je vais lancer les dés, pour ouvrir la première case.
Prendre un volant et faire un blogotour? (mais, suis-je montrable en ce moment? Pas sûr... Vous avez du soapalin?)
Prendre un volant et ne se fier qu'à l'envie de cette route là, juste à droite?

Prendre le train pour une de ces gares parisiennes qui s'étoilent sur toute l'Europe et profiter de Schengen pour décider au gré des petits volets métalliques dont le bruit est aussi alléchant, aussi prometteur qu'une odeur de cannelle sortant du four?

Opter pour un tour d'iles? Un zig-zag alphabétique? Un voyage dans les Cévennes? Avec une ânesse?

J'ai envoyé des mails à des compagnies de cargos qui prennent, parfois, des passagers.
Amis canadiens, si jamais j'arrive à Montréal, passant par Gibraltar, prendrons-nous un bagel de concert?
Au bout de 15 jours de mer, à ne rien faire d'autre qu'épuiser ma pile à livres et photographier le bastingage, je serais sûrement plus montrable que maintenant.

Sait-on jamais?
Un désistement est si vite arrivé...

Partira pas.

Mais curieusement, pas pour les raisons craintes au départ.
Le passeport vagabond a été récupéré au terme d'une épopée, dont je n'aurais pas tiré 500 pages, mais un joli petit billet quand même.

L'enveloppe récupérée contenait bien le passeport mais au lieu des billets attendus....
une lettre de la société Arteast / Russorama déclarant le voyage annulé. Une histoire de dépot de bilan.

Je m'étais étonnée de la légèreté de ce voyagiste. Je comprend maintenant pourquoi il ne répondait pas à mes mails. Mais il aurait pu nous éviter de déranger 5 personnes pour courir après un courrier qui n'était même pas celui du Czar.

Ma déontologie m'interdit de le découper en rondelles. Par contre, le net peut-être un moyen efficace de faire savoir son incompétence.
Donc, vous pouvez faire savoir haut et fort que Russorama arteast est tout, sauf fiable.

(d'ailleurs, gentils amis, si vous cliquez suffisamment fréquemment sur ce billet, vous ferez monter mes stats, ce dont je me contrefous, mais si ce billet vient s'intercaler sur gougueule entre les pages de pub de ce monsieur, ça évitera à d'autres gens de rêver comme je l'ai fait.


Vous avez des plans sympas pour juillet?

1.7.09

Positivons.

Est-ce la grande valise va servir?
"Oh, dit Fille Cadette, ça peut toujours servir à planquer les morceaux du voyagiste dans la consigne."
'ffectivement.

30.6.09

Partira? Ou pas?

A trois jours du départ, mon passeport, mes billets d'avions, balancés par une stagiaire incompétente dans la nature, ou plus exactement à ma précédente adresse se baladent sans moi.
Nous rejoindrons-nous avant la fermeture de l'embarquement pour Moscou?

C'est une bonne question.
Et c'est un peu les boules aussi, avouons.

29.6.09

Quand on voit c'qu'on voit et qu'on entend c'qu'on entend, on a ben raison d'penser c'qu'on pense.

Tout à l'heure, en faisant une recherche pour un estimé confrère, je suis tombée sur une sidérante révélation.
Il était question de PAI, ces protocoles d'accueils individualisés qui ont pour but, en autorisant la prise de médicaments ou des gestes simples, de favoriser la scolarisation des enfants malades. Outils précieux qui ont permis tout autant de mettre en sécurité certains enfants que de limiter l'absentéisme. Ce confrère s'inquiétait du refus de mon service chéri de faire délivrer du V@lioum intra rectal (pensez: suppo liquide) pour un enfant sujet aux états de mal épileptique (cad, des crises qui s'enchaînent les unes aux autres), alors même que les secours ou ses parents étaient à plus de 30 mn d'accès de l'école.
Selon lui, c'était lié à la circulaire de 2003 qui modifiait le texte initial.
Je vous passe les détails de ma recherche. Rien dans la circulaire en question. Mais un service juridique de La Grande Maison, va savoir si c'est à l'échelon local ou ministériel semble avoir pondu une recommandation dont je vous laisse juge :

Il convient d'abandonner la délivrance de Valioum en intra rectal, car un enseignant, même en présence d'un tiers, pourrait se voir accuser d'abus sexuel.

Les bras m'en tombent, et j'en viendrais presque à souhaiter qu'il en tombe autre chose chez nos mirifiques juristes.
Car enfin outre qu'il s'agit d'un contrat où chaque étape est détaillée en présence des parents et de l'équipe, tous signataires, faut considérer deux petites pierres d'achoppement dans le raisonnement de ces cuistres.

D'une part, ces candides ont l'air de supposer que tout médecin, scolaire ou du Samu serait exempt d'inavouables perversions.

D'autre part, faudrait quand même réfléchir : si l'enseignant est pervers au point que la vue d'un enfant, les yeux révulsés, enchainant convulsion sur convulsion lui fait frétiller la machine à fantasme, je ne vois pas la raison de prolonger la jouissance de cet infâme pendant 30 longues et délectables minutes.
Un valioum et basta.

Si on veut vraiment, les yeux fermés, comme en Afghanistan.

28.6.09

Signaux.


Si je regarde là-bas, il y a Nividic. La Jument. Eckmühl. Et puis la Vieille. Men Brial. Celui de la pointe saint Mathieu, au milieu de ses ruines. Le Creach en habit noir et blanc. Les Moutons, et Trévignon.

Et puis si je me retourne et que je regarde vers la terre, voilà d'autres lumignons.
Phares terrestres aux éclats irréguliers et fidèles, amis, aimés, passants qui veillent et qui signent. Plein de mots doux reçus ces jours-ci.


Me v'la plus légère.


Et bientôt, tout bientôt, je m'en vais. Je vais voir Nijni Novgorod!

D'un bonheur.

Se baigner, seule au monde, à 0h37.

25.6.09

Lourd

Ce que je traine
c'est mon chalut
tout à la fois
ma peine
et ma subsistance

21.6.09

Exercice de style

Sur un sujet complexe, une forme de boutade, appelée par un post de Traou qui comporte un paragraphe sur la Belgique : d'après elle, le problème a été résolu par une loi très antérieure interdisant de circuler à visage découvert.

Etant donné que les députés viennent d'adopter une loi anticagoule,
tâchons d'imaginer ce qui va se passer sur le plan juridique, si des femmes voilées décident de manifester contre un projet de loi contre la burqa, avant l'adoption de cette dernière?

Faites un dessin.

16.6.09

Réussites

Je fais une réussite.
Une?
Je fais des réussites.
Inlassablement, je clique sur des cartes virtuelles. Inlassablement, mais par périodes. Il y a longtemps que je ne m'en veux plus, que je sais que c'est moins pour tuer le temps que pour décharger la pensée, que le geste répété, la limitation volontaire et maniaque à des enjeux sans valeur sont là pour endiguer les tensions.
Je fais des réussites.
Souvent sans grande réussite.
Celle-ci est presque immobilisée, promise sous brève échéance à tourner parfaitement en rond. Il ne reste qu'un minime déplacement, une infime ouverture.
Et voilà que le tableau s'anime, que ce déplacement de la dernière chance ouvre en grand des charnières qui en appellent d'autres, que les possibilités de manœuvre s'accumulent, que les cartes tournent et finalement,sagement, s'ordonnent en partie gagnée.

Et voilà qu'au delà des ruminations moroses et des apitoiements sur moi même, voilà je cesse de balancer entre le refus méprisant des larmes et leur inévitable délectation, voilà que tout d'un coup, je peux dire à quoi servent les larmes.

Cela sert à forer.

Obscurément, patiemment, involontairement, cela cherche un chemin vers le minime déplacement, cela use et lime les verrous, ça passe derrière ou à coté, cela desserre les collets et tout d'un coup, cela autorise un quelque chose qu'on appellera, selon le cas, un jeu.
Ou une articulation.

Sous la faconde, je suis un âne de long chemin. Je laisse pleurer en moi, puisque c'est inévitable et j'attends.

Sous la dent, j'ai vos mots gentils à ruminer et c'est bien ce que j'ai trouvé de meilleur.

14.6.09

Pourquoi pleurons-nous?

Mon ami Tom, qui fut un dilettante acharné et un travailleur subrepticement consciencieux, vieil homme qui dissimulait derrière de grands rires et le goût des jeunes femmes une blessure à jamais tatouée sur l'avant-bras, me parlait ainsi, avec faux soupirs et vrai accent de l'est, de celle qui fut, si mes souvenirs sont bons, sa deuxième épouse :
"Aah! Anita, tu vois, celle-ci me prrrocurrrra sept ans de bonheurrrs quotidiens et trrrois ans de chargrrrrin crrrréatif."
Je n'ai pas encore l'âge qu'il avait quand il me fit cette déclaration, du haut d'un chameau tunisien qui roulait en parallèle du mien, sentence qui me fit d'autant plus rire que mon coeur n'était alors plein que d'une très jeune enfant dont la fréquentation me ravissait, et d'un jeune mort avec lequel j'étais en paix.
Je croyais alors que je ne pleurerais plus.
"Ah! ah! ah" diraient mes lecteurs de plus de quarante ans, en accord avec le fantôme de Tom. Mais les lecteurs de plus de quarante ans qui pleurent encore ont le cœur assez tendre pour m'épargner leurs sarcasmes.
Mais sur quoi pleurons-nous? N'ai-je pas, pourtant, acquis l'âge et la raison de savoir que l'autre n'est jamais un miroir? Que rien, personne, pas un être ni un destin ne peut tenir lieu de monde à lui tout seul.

Parfois, je suis un âne sous la pluie, l'œil fixe et l'oreille mobile, espérant que les eaux se confondent.
Je n'en suis pas encore tout à fait au stade du chagrin créatif.

7.6.09

Reprise de croissance

Les hommes politiques et les économistes qui parlent actuellement de reprise de croissance me font penser à un patient à la diète forcée pour cause d'infarctus et qui surveille anxieusement le moment où il pourra de nouveau se goinfrer de charcuterie et de gâteaux.

6.6.09

Quelques trucs qui ne feront pas un billet.


Avant, je considérais comme un luxe abouti que de pouvoir lire, sans hâte, le journal du jour à la terrasse d'un bistrot. L'encre, l'odeur du café et celle du croissant, la plage de temps effiloché aux pages une à une, la rêverie et le regard en coin, formaient un présent délectable qui soutenaient l'apprentissage des nouvelles du monde.
Pourquoi je n'aime plus lire le journal?
Peut-être parce que j'ai bien conscience qu'il n'y a pas d'ailleurs, que c'est bien dans mon monde à moi que se passe cet acharnement à éviter de vivre ensemble, cette acceptation de la profonde laideur de nos traces, ces primes continuelles au cynisme. J'en suis d'autant plus consciente que les choix qui président actuellement à la gestion de ce petits bout de territoire heurtent absolument tout ce à quoi je crois.
Je n'aime plus le journal qui ne me renvoie que mon impuissance.
Mais j'irais voter quand même.

On nous demande aujourd'hui de ne pas oublier les américains. Gardons-nous en. Aujourd'hui, ce sont les Anglais qu'il fallait oublier.


L'avantage des créateurs dont on aime pas les productions, c'est qu'ils vous rappellent l'autorisation de faire comme bon vous semble et qu'en matière de chant, de danse, d'écriture ou de peinture, l'erreur ne lèse finalement personne. C'est un peu moins vrai en architecture.

Cette nuit, j'ai sauvé un enfant, j'ai souri à la gendarmette qui décidait de ne pas sanctionner l'absence de ma ceinture de sécurité et j'ai, très rapidement, reconnu que si cet autre enfant était différent des autres, c'est qu'il savait voler. Comme moi. Ou comme j'ai su faire, peut-être. C'était une nuit bien remplie.

J'aime toujours la maraude et dormir dans des endroits dont je n'aurais jamais entendu parler sans mon goût des segments blancs sur les cartes routières et des signes cabalistiques qui disent qu'il y un mégalithe à la première à droite après le franchissement de la voie ferrée. Les digitales étaient en sus.

1.6.09

J'ouvre l’œil

Ce temps d'été, les amis, l'eau qui commence à bien vouloir... Tout ceci me porte à la flemme.
Presque. J'ai quand même commencé quelque chose qui me tenait à coeur depuis que mon photoblog est arrivé à saturation de sa capacité de stockage.
J'ouvre donc, ce jour, L ’Œil de la Baleine.
Les visiteurs sont les bienvenus, c'te blague.

26.5.09

Vous n'étiez pas venu pour ça.


Ce n'est pas très souvent, mais des fois, j'ai une mauvaise nouvelle à annoncer.
Dans mon cadre d'exercice particulier, cette mauvaise nouvelle n'est généralement pas une réponse à une question posée mais une découverte.

Comment faire pour que ce soit autrement que brutal, imprévu, assommant?

Oui, madame, monsieur, je sais ce que c'est que ce signe; il n'est pas aussi innocent que vous l'avez toujours cru, cette chose là, si ancienne, avec laquelle vous vivez si paisiblement au point de n'en avoir jamais parlé à ce confrère que vous voyez si peu, cette chose-là est une cochonnerie.
Et l'enfant que vous m'avez amené bien portant repart avec un long courrier et la perspective d'un nombre incalculable d'examens, d'attente, de spéculations angoissées.
Et je ne pourrais vous y accompagner. Je vous laisse à la porte de mon confrère, avec mes voeux silencieux, les mots que j'ai tâchés de choisir en sachant qu'il ne pouvait y en avoir de doux, les larmes dans vos yeux et la colère que vous conteniez.

Il devait être question de tellement autre chose... Votre enfant rêve en classe et s'échappe et vous veniez en parler, avec confiance et crânerie, parce que la vie, vous connaissez, cette garce, vous avez su la faire cracher ce qu'elle vous devait, malgré votre passé d'anciens de la Ddass et tous les moments où vous vous êtes cogné aux murs.
Et vous aviez affuté le verbe haut et vous étiez contents de voir qu'on pouvait en sourire.
Mais ça, vous ne l'attendiez pas, et moi non plus, quand j'ai posé des mains presque routinières qui ont sonné l'alarme avant mes yeux, avant même mon cerveau.

Quand nous nous reverrons, parce que nous nous reverrons sûrement, vous serez passés dans une autre histoire et il y aura, entre nous, ce moment où celle-ci a basculé. Je sais que vous m'en voulez.
Si vous pouviez savoir à quel point je ne vous en veux pas de m'en vouloir et combien je pense à vous...

20.5.09

Encore une fille de Mai


Elle a seize ans aujourd'hui, cette autre belle de Mai, celle que j'appelle ma clandestine. Est-elle secrète, est-elle discrète?
Elle est comme ce pays-ci, en contour le plus souvent doux.
Mais parfois, parce que la lumière se fragmente, parce que le voile se déchire, parfois, sous l'acuité d'un étincelant rayon, d'un imprévisible ravissement, elle éclate au grand jour, radieuse, limpide et acérée, et me stupéfie.

Que l'année qui vient t'emballe et t'emmène, ma très chérie.

18.5.09

Je sais, c'est un tout pitit peu flou


Mais c'est pas ma faute, y faisait rien qu'à bouger!
Bon, c'était prévu comme photo du jour, et puis il y a Oxygène la bien nommée qui m'envoie ce lien-ci vers une opération escargot tout à fait digne d'intérêt...
Cela ne pouvait mieux tomber.
Contrairement à l'escargot adoptif* de Miss Bibi, qui a opéré sous mes yeux un splendide rétablissement avec double vrille enroulée et rattrapage sur la corne, dont malheureusement, il ne restera aucune autre trace que baveuse.
Ou alors très floue.

*NB : Il s'agit, bien entendu d'une adoption simple et non point plénière. Il rejoint ainsi une vaste fratrie composée de vers de terres, bigorneaux, demi-lézards, dugongs ainsi que diverses espèces de très gros chiens pleins de poils et de poneys emphysémateux.

17.5.09

It makes my day


Aujourd'hui, j'ai quarante-six ans

-alors?
-Ben...je sais toujours pas si c'est le rocher qui se végétalise ou si c'est l'arbre qui devient minéral.

-Y manque des trucs sur ta photo.
- A voui. Manquent les tites fleurs, les t'its n'enfants, les grands, le sable, le chocolat, l'homme aux 89 défauts, mon fauteuil bleu, quelques chats, le souvenir de Maxime Cornu, les framboises de Pouchkine, les pignons dans le tajine, les cléomes qui ont bien voulu germer, les tomates pas vraiment, les copains dont je connais le toucher et ceux dont je connais le style et les émotions, le campanile centré dans ma fenêtre, le hérisson du fond du jardin, mes insomnies, les collections de trucs poussiérieux qui m'attendrissent ou m'enragent, les trucs sérieux qui font pareil, un nuage, deux nuages, la lumière sur l'étang, le filet de pêche, la pluie, la colère, les bibliothèque jamais rangées et les poireaux.
-T'as toujours aimé les listes, sur ce blog. Tu veux quoi pour ton anniversaire?
- De la curiosité, s'il vous plaît. Encore, et puis encore.
Pis je veux bien mendier un bisou.

16.5.09

Le bling-bling et les plombs pétés font-ils sonner les détecteurs?


Coucou revoilou le coup du détecteur de métaux!

Comme j'ai des lecteurs intelligents et sensibles, ils auront déjà compris que je n'ai surtout pas l'intention de banaliser ou d'escamoter le fait qu'un être humain vient d'être opéré après avoir été agressé à coup de couteau dans le cadre de son travail de professeur.

Mais c'est justement parce qu'on ne fait pas joujou avec les poupées vivantes que la réaction de Darcos est totalement insupportable de bêtise.

Alors, allons-y gaiement dans le nawak.

Vous avez déjà vu une établissement de type collège moyen? Vous avez vu le nombre d'entrées et de sorties?
De grilles pourvues de buissons suffisamment touffus pour dissimuler un éléphanteau?
De fenêtres?
Vous avez vu la taille d'un couteau de cuisine?

Vous avez déjà vidé le cartable d'un élève de 6°? Vous imaginez le nombre de règles métalliques, de gris-gris, de barrettes, de -horreur!-CISEAUX qu'on peut y trouver?

Vous avez déjà vu un élève mâle de 4°, peu pressé d'aller en cours? Vous imaginez le nombre de stratégies qu'il est capable de mettre au point pour faire sonner le foutu bouzin?

Et par dessus tout, vous imaginez le nombre de gens qu'il faudrait recruter pour surveiller le machin en question?

Y a quoi? 10 ou 12 000 établissements? Et un portique, ça vaut quoi? 2000 Euros? (J'en sais rien d'ailleurs, mais moi, je vous le ferais à ce prix là!)
Allez zou, une petite commande pour soutenir la consommation. Donc, trois entrées minimum à sécuriser par établissement, hop, plus ma petite commission, plus le dessous de table, allez, je vous fais l'affaire pour 25 000 000 d'euros.

Lecteur chéri, tu sais où il faut investir tes nombreuses économies.

Remarquez qu'il y a beaucoup moins cher.
Il suffit de changer radicalement la formation du personnel éducatif. Au lieu de ces profs laxistes et gauchistes qui méritent tout autant les croupières que leur taille le gouvernement que les boutonnières que leur font les élèves, engageons des terroristes.

Car depuis que l'équipe au pouvoir s'occupe de notre sécurité, les terroristes, population courtoise et responsable, ont appris à laisser leur nom et leur adresse sur les bagages dans le train et à demander par SMS la meilleure façon de faire dérailler ceux-ci.
Ils sauront donc sans aucun doute enseigner à nos chères têtes blondes à se ruer sur les portiques pour faire sonner toutes les alarmes en criant : "retenez-moi ou je fais un malheur!"

Encore faut-il, même à ce moment là, qu'il y ait quelqu'un pour écouter.

Mais bien entendu, rien de ceci ne se produira : le but du jeu, une fois de plus, est juste d'obtenir que mémé se rendorme devant son feuilleton en se disant que l'UMP veille sur elle.
"On sait bien que tout ça c'est du guignol
suspendu au crochet du boucher
alors ne traînons pas qu'on en rigole
de cette masquarade empaquetée
que nous livre la bonne société"

11.5.09

Argoat


Cliquer pour voir plus large

D'abord, il y a la rivière.
L'une des vertus des lieux magiques, c'est de vous faire oublier que vous n'êtes pas les seuls à les aimer. Peu importe ce que vous avez lu, ce qui s'en dit, ce qui circule en milliers de photos, peu importe que la rumeur vous prévienne en défiance ou en enthousiasme de commande, Venise vous attrapera d'une ombre de chat sur le mur, les Jardins de l'Alhambra ouvriront un minuscule repli de sentier rien que pour vous.

La rivière de Huelgoat n'est pas si célèbre, ni si fréquentée. Mais le nombre de familles tout autant que les touristes des beaux jours peuvent vous faire hésiter à franchir les premiers éboulements. Faites trois pas à gauche, deux à droite, les familles disparaissent et vous voilà guettant les fées.

Ah oui, j'aime l'eau! Et cette rivière changeante me ravit qui va de la chute grondante au miroitement taciturne.
Et puis, j'ai découvert que les rochers sont à l'inverse des hommes : c'est en vieillissant qu'ils deviennent chevelus. Ce jour là, le gros rocher du Ménage de la Vierge portait une affriolante coiffure de nombrils de Vénus et de jacinthes sauvages.
Sous les arbres, le lierre était bleu sombre; je me suis souvenue que les bretons n'avait qu'un seul mot pour désigner, tout ensemble, le vert et le bleu.
Et que ce n'est pas seulement à cause de la mer.

Et puis, il y a les gens des Monts d'Arrée, leur inventivité pour faire vivre des liens et des lieux. Si vous passez, arrêtez-vous à Berrien, à l'Autre Rive. Voulez-vous une bière, un café, un livre, un pouème? Un tableau, peut-être? Ceux qui sont au mur ne vous plaisent pas? Levez-la tête, on accroche aussi au plafond.

Oh, bien sûr, le lieu connote grave. Le 22 mai, on y donne lecture de La crosse en l'Air, de l'ami Prévert.
Vous serez prévenus.
Mais comme dans tous les lieux magiques, vous avez le droit à tous les détours, même les plus improbables. Personne ne vous empêchera, si le coeur vous en dit, de vérifier les cours de la Bourse sur les ordinateurs gracieusement mis à votre disposition.

10.5.09

Politesse



Cher ami
auriez-vous la gentillesse
de tenir
la place du rêve.

8.5.09

Rencontre sur la lande


Enlarge your salamandre en cliquant dessus

Rencontré e ce jour sur la lande, la salamandre le lézard a bien voulu poser.
Et pour couper court à toute critique, non,elle il ne fumait pas la pipe! Le brin d'herbe qui dépasse de sa bouche est d'origine.

(Edit : Merci Yves! Ben moi, je croyais que c'était pas un lézard, parce qu'il était vert clair, gros et placide. Un lézard, pour moi, c'est un truc qui se tire dans une faille en te laissant la meilleure part un morceau de lui-même entre les doigts.)

4.5.09

C't'une plaisanterie?

"L'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie. Vive Trotski !"

Milan Kundera articulait son livre "La Plaisanterie" autour de cette phrase, inscrite sur une carte postale pour montrer l'étau dans lequel le système politique tchèque s'était enfermé.
A cause de cette simple plaisanterie, le héros se voyait traité en ennemi du peuple et sa vie entière basculait.
D'après Le Monde, Stéphane, un menuisier trentenaire sans antécédents affichés, vient de passer 24h en garde à vue parce qu'une vague connaissance lui a envoyé un SMS disant: "Pour faire dérailler un train t'as une solution ? Et hop, au gnouf.

Le procureur se défend : Je comprends que, de son côté, la garde à vue puisse paraître violente mais, dans ce genre d'affaire, on ne peut prendre aucun risque".

C'est vrai, ça. Des fois que des innocents puissent subir un préjudice.
Moi, je crois qu'ils auraient dû autoriser les tenailles pour lui faire avouer son forfait, intention de forfait, probabilité de forfait avis sur les déraillements.

Et pour remettre une démocratie sur les rails, vous avez une solution?


Itou chez Maître Eolas.
(pt'être que j'aurais dû faire droit? au lieu de médecine?)

3.5.09

Encore des zoziaux, et des rêves aussi, perchance.


Déjà, il y a quelques années, un zoizillon m'avait fait le coup.
Dans ce temps là, il avait d'un côté, cette famille que je trouvais rapiécée, cette belle-fille à laquelle je ne comprenais rien et surtout pas la terreur que je lui inspirais, les finances en vrac, mes colères et ces assiettes qu'on flanquait par terre, le chantier ni fait ni à faire, les vêtements en vagabondage, le jardin si souvent en déshérence et le sentiment si fort de ma propre incompétence.
De l'autre, ce petit visage qu'on m'avait confié-le temps d'un repas, d'un anniversaire, d'un après-midi de jeu?-va savoir-la bouche enfantine en cerise collante. Elle m'avait déjà poliment glué la joue pour me dire au-revoir et s'était retournée brusquement avec une espèce d'urgence à dire, une intensité qui l'essoufflait et la faisait bégayer :
"vous êtes, vous êtes... ah! vous êtes une jolie famille."
Et d'envoler le dernier bisou avec la main avant de tourner les talons.
Me laissant interdite, statufiée, avec le sentiment vague que j'en reprenais pour dix ans* avec la question : c'est quoi une famille/vie/enfance/ constitution réussie?

Je n'aurais jamais rien attendu de tel de cet autre grand zoizillon, même si je ne me laisse plus prendre à l'adolescente désinvolture. Les larmes au raz des cils n'étaient pas feintes, ni le désir de rester et ce qui se bafouillait avait exactement le même sens.
Je ne sais pas pourquoi et je ne tiens pas à le savoir. Je soupçonne au loin des gens pas méchants qui se sont peut-être perdus de vue, qui, peut-être pour ne pas se faire du mal, ont oublié de se tenir chaud...
Qu'est-ce que je pouvais lui dire, à cet espèce de héron à longues pattes, sinon le houspiller pour qu'il parte à l'heure?
Dois-je lui révéler qu'il ne sert à rien d'envier qui que ce soit, que plus que toute autre, l'économie d'une vie est obscure, incertaine et, la plupart du temps, menteuse? Et pourtant, a-t-on le droit de ne rien dire, d'affirmer à un zoziau si jeune encore, qu'il n'y a ni espoir ni chemin, ni modèle ni assurance?
Et voilà que tout en lui bottant virtuellement l'arrière-train pour qu'il ne rate point le sien, je me disait qu'il faudrait pouvoir, sans peur du ridicule, lui dire : n'envie personne. Mais vole toujours, dans le verger des autres, des autorisations à rêver ta vie, à la faire plus vive, plus drôle, plus chaude que ceux qui t'ont précédé.
Et puis tu es, tu es... Ah! tu es un très chouette zoizillon.

*(c'était y a quinze. Facile.)

Elle voulait du printemps

Tili voulait du printemps.
Est-ce ma faute à moi s'il pleut?
(Et si j'avais envie de faire joujou avec le macro?)



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1.5.09

il y a vingt et un ans



Il y a vingt et un ans, j'ai poussé par trois fois et mis au monde un petit bout de zumain dont je m'émerveille, depuis et tous les jours, qu'elle soit si humaine.

Et, en toute objectivité, drôle, fine et belle.
Voui.

29.4.09

Matière à rêver



Je suis entrée en blogosphérie avec ma soeur et quelques cousins.
Des cousins d'en face, avec lesquels, pour copier Oscar Wilde, nous semblons avoir tout en commun, sauf la langue.
Je ne sais pas pourquoi j'ai longtemps lu plus de canadiens que de français, mais c'est ainsi.

Est-ce qu'ils sont très différents?
Oh, il y a bien sûr des signes qui ne trompent pas :
Quand il est écrit que ça sent le printemps parce qu'on entend de nouveau les oisea, les motos et qu'on peut enfin cesser d'entreposer son compost sur le balcon parce que le bac est libéré de ses deux mètres de neige.
Quand les recettes de cuisine sont en tasse et non en gramme.
Quand on est grano plutôt que bobo
Quand ça jure en simonac et que c'est drôle que c'en est écoeurant.
Quand ça complimente bien plus que ça ne débine, mais que ça prend pas de moufles quand ça a décidé de bitcher.
Quand, jamais, mais alors jamais, ça n'écrit que ça à la plotte à terre!
Quand ça peut voir des baleines pour de vrai et que sortir de la ville, ce n'est pas forcément être à la campagne, mais aussi être dans la nature, une nature immense, ni méchante ni bonne, à perte de vue.

Je me demande si le charme que souvent, j'y trouve en sus du contenu en soi, ce n'est pas le rapport aux connivences de langue qu'on trouve chez ceux qui se savent minorité. Une façon, parfois très discrète, et quelque soit le propos, de l'amour à l'histoire de la brosse à dents à travers les âges en passant par la musique et les potins, d'instiller un sentiment d'"être d'ici".

Je n'ai pas besoin de vous présenter Moukmouk, il est connu comme l'ours blanc et beaucoup l'ont déjà en lien.
Vous savez depuis longtemps que j'aime, d'une affection vraie, Chronique blonde, Tassili et Pierre-Léon.
Je lis depuis le début Daniel Rondeau. Pas qu'on copine, hein, je crois pas qu'on ait échangé plus de deux mots mais il a une vraie plume. Je crois que c'est chez lui que j'ai lu la superbe définition du blog : " être tout nu dans une chambre et attendre que quelqu'un allume la lumière".

Je vais aussi chez la Fêlée et son chum l'Ex-ivrogne que je ne lis jamais sans penser à la chanson de Ferré : "Richard, ça va?"
Il y a des fulgurances chez Miss Klektik et les trucs zarbis de l'Enclume des jours.
Il y miss Aboumrad qui est partie enseigner dans le très, mais alors le TRES grand Nord. Sort-on indemne et sans trace du Nunavut?

Oh! Et puis si en chemin à la poursuite de l'homme qu'a lu l'homme qu'a lu le blog de celle qu'a vu l'orignal, vous trouvez d'autres pépites, soyez gentils, partagez...

28.4.09

Le premier mai, défilez masqué!

(Mais pas de blagues, hein les gens! Ne prenez pas les VRAIS, sauf si c'est nécessaire. Sinon, laissez les stocks tranquilles pour le jour où ça sera, hélas, nécessaire.)

27.4.09

Drôles d'oiseaux.


J'étais partie pour faire quelques photos.
Tites fleurs, zoziaux, brins d'herbe.
Des vagues, tiens! 2566 photos de vagues, spa beaucoup, non? Une de plus aurait bien fait mon affaire.
donc, je suis partie vers la dune de R. parce que d'un coté, y a les vagues et de l'autre les zoziaux. Ou les papillons.

En approchant, y avait comme un bruit.
Pardon.
Y AVAIT COMME UN BRUIT!
Genre BOUM BOUM BOUM TCHISSSSSS BOUM BOUM.

Palsambleu, me suis-je dis, car toujours, je jure élégamment pour ne point souiller mon for intérieur.
Y a rave-méga-teuf à la vieille usine.

Vous avez déjà essayé de photographier des tites fleurs avec de la techno en fond sonore?
Enfin, je dis la techno... Déjà que je patine à reconnaître la gavotte de la polka, alors savoir si c'était du trance goa ou de la techno tribe...

Juste que ça faisait un gros bout de périphérique dans mon petit coin de dune et que dépitée, ronchonne et fumasse j'étais.

Galapiats. Petits cons égocentriques. Pollueurs. Vont faire rater les couvées de pipistrelles à écailles rouges. Laisser des papiers gras. Raides défoncés. Ptits cons.

A ce stade là, Anita n'avait qu'une alternative. Rentrer chez elle. Bougonner. Se faire plaindre par l'homme aux 90 défauts.

Ou bien aller y voir.
Vous pensez bien que j'y suis allée.


C'était fin de teuf. Ne restaient plus que les murs sonores et quelques groupes. C'était presque parfaitement propre et une toute jeune fille enroulée dans un sac de couchage m'a sourit d'une frimousse endormie et et sereine. Ses copains étaient ivres, sans excès finalement, détendus. Ils avaient été sages et avaient désigné à l'avance ceux qui conduiraient.
Tout pour plaire.
J'ai refusé le chouchen et je me suis assise.
J'ai passé un moment délicieux et j'ai de très jolis portraits de jeunes gens beaux, courtois et doucement pétés. Adorables zoziaux.

Les gens, de loin, c'est du bruit.
De près, c'est des gens.

26.4.09

D'une urgence.

Il reste deux semaine pour sauver les films de Pierre Etaix.

A quatre-vingts ans, Pierre Etaix, clown, dessinateur et cinéaste ne peut plus montrer ses films.

Ses cinq longs métrages (dont quatre co-écrits avec Jean-Claude Carrière)sont aujourd'hui totalement invisibles, victimes d'un imbroglio juridique scandaleux qui prive les auteurs de leurs droits et interdit toute diffusion (même gratuite)de leurs films.

Alors, si comme moi, vous souhaitez comprendre les raisons de ce rapt culturel et signer la pétition pour la ressortie des films de Pierre Etaix, visitez ce lien:

Pétition de l'association des amis de Pierre Etaix



Il faudrait 50 000 signatures avant le 10 mai, date à laquelle l'association remettra la pétition à Madame Albanel, juste avant l'ouverture du festival de Cannes
De fait si chacun des signataires déjà listé ramène un seul comparse, le quorum sera atteint.
Vous avez sûrement fait des choses plus idiotes dans votre vie que de soutenir ce poète délicieux.
Après avoir sabré la pipe de M. Hulot, faut-il couper la chique au clown Yoyo?

D'une découverte scientifique de première importance.

Le gène de la mauvaise foi vient toujours de la famille de l'AUTRE PARENT.

25.4.09

Celui qui le fait

Libération se fait l'écho d'une nouvelle espèce de téléréalité, basée sur la célèbre expérience de Milgram.
Pour ceux qui n'auraient pas bénéficié, comme je l'ai fait, d'un généreux et tout à fait suffisant "cours de psychologie médicale"-soit 10 h en deuxième année, je rappelle le principe de la chose.
Vous, étudiant en psychologie, vous êtes l'expérimentateur. Votre tâche est, sous un prétexte quelconque, de tester la résistance à la douleur d'un sujet. Pour ce faire, vous lui envoyez de petites décharges électriques, puis des décharges de plus en plus forte.

Bien entendu, votre cobaye est un comédien, les fils sont débranchés et c'est vous le sujet de l'étude, mais vous n'en savez rien. Le but de l'expérience, ce n'est pas de montrer la résistance à la douleur de celui qui simule la grenouille choquée à 220 volts, mais de montrer votre propre résistance à l'autorité du chef de laboratoire qui est en train de vous faire commettre une authentique saloperie.

Dans le cas qui préoccupe Libération, l'expérience a été appliquée au jeux télévisés et c'est un candidat qui croit sanctionner les erreurs de son coéquipier par des décharges de plus en plus forte.
Le but, comme dans l'expérience initiale est de démontrer que la soumission fait de nous, braves types pourtant, des bourreaux.

Je suis bien incapable de jurer que jamais je ne ferais partie des appuyeurs de bouton rouge.
Mais je suis assez contente, à presque vingt-cinq ans d'intervalle, de rééditer ici ce que j'écrivis dans ma copie d'examen, au risque (minime) de me faire retoquer :

Il est certain que la décharge électrique occasionne une douleur dont la simple pensée nous fait frémir.
Mais se voir brutalement confronté à l'existence de son propre sadisme, et pire, à son étendue, est une douleur que je vis comme tout aussi grande, et plus délabrante peut-être, car plus insidieuse. Comment les étudiants ont-ils été traités, comment se sont-ils traités, après avoir découvert qu'ils étaient capables de ça?
Il y a donc ici deux catégories de sadiques.
Ceux qui appuient sur le bouton à des fins de démonstrations scientifiques.
Ceux qui les regardent faire.
A des fins de démonstrations psychologiques.

Quant à faire la même chose à des fins de divertissement...

Des fois, hein, la psychologie expérimentale me pue au nez encore plus que la télé.

22.4.09

Poirambo est de retour (et il n'est pas content)

La publicité pour les armes étant tout aussi interdite que celle pour le tabac, et dans la droite (!) ligne de la modification de l'affiche représentant Jacques Tati, la cinémathèque de Plussécon en association avec le centre culturel de Plussamarche s/Lebonpeuple vous présente l'affiche de sa rétrospective Rambo :

21.4.09

Pourquoi/Pourquoi pas?

Pourquoi pas montrer des corps?
Mais pourquoi montrer des corps?
Pourquoi une représentation artificielle serait moins parlante, moins pédagogique qu'un cadavre momifié?
A l'heure où les techniques 3D, la diversité des matériaux permettent une foule de combinaisons pour approximer presque à la perfection, la couleur, la texture et les proportions d'un corps, quel est le bénéfice d'exposer de l'ancien vivant?
Parce que là, c'est du vrai?
C'est du vrai momifié, racorni forcément par la technique de conservation.
C'est plus juste, plus authentique?

Mais pourquoi croyez-vous que les futurs chirurgiens continuent, continueront probablement très longtemps à s'entrainer sur des cadavres?

Justement parce qu'il n'y a pas de vrai. Il y a du faux, oui parce que je ne vais pas prétendre qu'un fémur peut pousser à la place d'un humérus.

Mais il n'y a pas de plus vrai fémur que d'autres. Il y a une infinité de variantes, d'aberrations de localisation, de veines qui passent devant au lieu de derrière, comme il y a une infinité d'appendices vagabonds, de reins flottants, de rameaux sensitifs farceurs, d'ectopies, de limites de la normale, d'humains toujours humains qui jamais ne se découpent toujours parfaitement selon le pointillé.

C'est parce qu'ils savent que l'anatomie est toujours menteuse que les apprentis chirurgiens s'entrainent à débusquer, inlassablement, le variable, le fluctuant, voire l'extravagant. Pas une seule fois. Des dizaines et des dizaines de fois, jusqu'à ce que le paysage leur semble familier au delà de la différence de chaque corps. Et un bon chirurgien, toujours, se méfiera de trop savoir.

Il n'y a pas de corps plus vrai qu'un autre.
Pourquoi ne pas en avoir pris des faux, alors, pour cette exposition si controversée d'Our Body?

Parce que cela n'aurait pas fait un rond?

L'obscène, ce n'est pas un testicule nacré, une aorte ourlée, le papillon d'une thyroïde.
L'obscène, c'est le pognon et l'art de tout rentabiliser, y compris un chinois mort.


Voir aussi chez Kystes.

20.4.09

Anita va-t-elle entrer en politique?


Je voudrais m'excuser de ne pas voir entendu les excuses au sujet de ce qui n'a pas été dit, mais je ne m'excuserai pas d'avoir dit ce que vous avez entendu sur le démenti de ce qui été dit ironiquement.
Ou le contraire.

J'ai bon?

A part ça, j'en connais qui sont pas élus, et qui sont intelligents. Ce sont même ceux que je préfère.

19.4.09

jamais eu de robe noire.


Je n'ai jamais eu de petite robe noire qui va avec tout.
Mais j'ai mangé des figues noires en lisant dans l'arbre.
Je n'ai jamais laissé deux hommes se disputer à mon sujet
Mais les hommes de ma vie m'ont attendue plusieurs années.
Je n'ai jamais fait de ski hors piste
mais j'ai volé à l'aube au dessus du Sahel
et j'ai vu boire les éléphants
J'ai perdu toutes mes montres
mais ce morceau d'écorce
mi-madone, mi-idole
est encore près de moi
Je n'ai jamais entendu le cri d'une étoile
mais je connais le bruit de soie
d'une iris qui s'ouvre
et je sais
dans mon corps même
le son inoubliable
d'un dernier battement de coeur.

J'aimerais bien des chaussures neuves
Et savoir chanter juste
Mais j'ai fait une tarte aux myrtilles
et je ressemble de plus en plus
à une baboushka
à l'oeil plissé.

Et puis voilà.

16.4.09

Faut sauver le soldat rayonne. ( private post)

Les blogs sont pleins d'histoires de chaussettes.
Veuves.
Esseulées.
Condamnées à attendre solitairement le retour de leur moitié de paire, des semaines durant, voire des mois chez certains procrastinateurs d'élite, recroquevillées en petit tas dans une bachole en plastique blanc, en osier chez les plus chics.
Au fond d'un placard noir, solitairement, la chaussette restante espère et patiente.
Certaines, pour meubler leur solitude et adoucir leur peine, se racontent d'improbables histoires dont l'une a été récemment recueillie par Monsieur Réponse, homme bon et délicat qui ne pouvait imaginer laisser sans réponse une question aussi cruciale pour le mi-bas.
Parfois, l'humanité distraite-feignante aussi hélas- se laisse attendrir et abrège le calvaire de la socquette. Poubelle, vidange ou chiffonniers, on tranche le noeud gordien et par là-même on se délivre du regard accusateur que vous lance la délaissée à chaque corvée de linge.

Mais certains d'entre nous s'obstinent, sans relâche. On lance les troupes d'interpolochons, on sonde les fauteuils et jusqu'aux revers des bibliothèques, on retrace des itinéraires sur des cartes d'états-majors...
Et des fois, on gagne.
Après 237 jours de captivité sous un matelas, je viens de délivrer l'une d'entre elles.
Happy end, embrassade et rideau.

Ou presque.
Car il y a plus terrible encore que l'attente sans fin, plus déchirant que l'euthanasie de la dernière chaussette. C'est si tragique que je n'en ai vu mention nulle part sur les blogs.

Elles sont réunies, oui.
Mais le temps a passé. L'une a vieilli doucement parfumée de lessive bio, tandis que l'autre connaissait les rigueurs de la poussière et des attaques bacteriennes.
Une chaussette d'adolescent(e) laissée à elle-même durant des jours et des jours, dans des conditions extrêmes, cela ne tarde pas à retourner à l'état sauvage.

Elles sont réunies. Elles ne se reconnaissent plus.
Leur prometteuse histoire d'amour ( "où tu iras, j'irais, jusqu'à la fin du monde") a été brisée net. A quoi donc leur a servi leur inutile fidélité, leur chasteté absolue durant l'épreuve? Plus rien ne sera comme avant. Plus jamais elles ne feront les fières ensemble. Leur désaccord est bien trop visible. Même pour les festou noz.

Lecteur, mon ami, lectrice ma soeur, garde-toi de trouver ce post futile. Aide-moi et tourne un regard lourd de reproche vers l'Adolescente inconsciente, dont je sais qu'elle me lit :
"Mon enfant, tes 16 ans printaniers ne te rendent-ils pas sensible à la tristesse absolue de cette histoire? Combien de couples vas-tu ainsi briser, ô jeunesse cruelle, avant de décider que toute histoire d'amour mérite notre protection?"

C'est mon dernier espoir.
Parce que décidément, "descends ton linge sale, criss* ed feignasse baptisée à l'huile de lièvre!" ça marche pô.

14.4.09

Besoin de rêver?

Besoin d'une bonne petite claque au cynisme?
L'adresse se trouve sur ce post de Tassili.
Réjouissant, attendrissant et disponible sur le net-au moins jusqu'au 28 avril.

12.4.09

Pâques.


Photos Anita, l'homme aux 91 défauts

11.4.09

Propos philosophiques de Mademoiselle Bibi, 8 ans.

Une fourmi sur un brin d'herbe, ça va jusqu'au ciel.

10.4.09

Ambiguïté



Chez Gilsoub, c'est une fille.
Dans le cas ci dessus, j'hésite.
Fille ou garçon?

9.4.09

mon quart d'heure de férocité.


Chaque printemps, je dois admettre que mon jardin est la pierre d'achoppement de mes convictions sociales.
J'y pratique finalement bon nombre d'horreurs qu'il est temps de regarder en face.
J'ai recours sans vergogne à l'immigration choisie, appâtant la coccinelle , draguant les vers de terre en leur promettant nourriture choisie dans mon compost, convivialité et respect absolu de leurs moeurs, fussent-elles franchement ambisexuelles et partouzardes.
Le hérisson, privilégié, voit la trêve hivernale étendue aux quatre saisons et c'est avec mille remords que j'ai tâché de le reloger quand ma lutte bisanuelle contre le roncier s'est soldée par son accidentelle expulsion.
Montrez-moi vos quotas de nuisibles dévorés, vous voilà résidents choyés.

Pire, je pratique la chasse au faciès. Piquants, rampants et gluants, vous êtes mal barrés. Mais même ici, votre traitement ne sera pas équivalent, selon que vous serez à la rue ou coquillés. Allez savoir pourquoi je me contente parfois de déporter l'escargot par brouette spécialement affrétée, alors que la limace qui dort dans son sac de couchage de cuir orange subit un martyr immédiat et sans pitié. Tout juste si je consens à adoucir de bière ses derniers moments. Pour le reste, je ne détaillerai pas. Enfin, si, justement.

Je trie, je déracine, j'extermine, utilisant le fer et le feu, la cendre et la poix, au rebours de tout ce que je tâche de discipliner en moi et prêche par ailleurs.
Sans doute, pour contrebalancer cette férocité, me sera compté que je répugne au poison et plus encore, ma relative inefficacité : La velléité me sauve du mal.
C'est si vite que j'abandonne la lutte quand la fougère déroule sa crosse naissante qui ressemble à une main de nouveau né.
Même la ronce peut m'attendrir en son printemps minuscule d'un vert si net et si tendre.

Et le velours presque inquiétant de la tulipe noire...

8.4.09

Chez les autres aussi.

Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi a conseillé aux rescapés du tremblement de terre des Abruzzes hébergés provisoirement sous des tentes de "prendre ça comme un week-end en camping"

C'est ce qu' on appelle une réplique qui tue.

1.4.09

Rendez-moi le Pausilippe, bordel!


Au départ, ce blog devait être une sorte d'anfractuosité, un coin semi-déplié de ma propre vie, un libre court, un machin, quoi, où je pourrais faire se côtoyer des petits bouts de trucs, un atelier de mise en forme des pensées traversières, un fronton à écouter l'écho.

J'aimais bien pouvoir y laisser courir mon goût de la petite fleur et de la quantité négligeable, ma tendresse pour le prochain que j'aime parfois mieux à distance, j'ai bien aimé constater que mes tites photos pouvaient faire plaisir à d'autres, bref je me satisfaisais parfaitement que la pêche à la baleine vive au gré des flux, sans pour autant casser trois pattes à un canard.

Mais voilà, ils ont élu un sagouin qui a nommé plein de désastreux autres sagouins et, maintenant, quand je jette mes filets, j'ai plein de vieux trucs rances dedans et des nouveautés proliférantes que je trouve tellement inquiétantes.

Faut-il les rejeter immédiatement? Mais les rejeter à l'amer, n'est-ce pas les laisser poursuivre leur pollution sournoise? Les moisissures n'aiment pas la mise en lumière, c'est bien connu.
La pêche à la baleine commence à sentir quelque peu la décharge.
Mais j'aurais beau brailler qu'on me rende le Pausilippe et les jardins d'Italie, j'ai le nez sensible et je ne peux le fermer. Je cours bien après les miettes de mon insouciance (faire de moi, la colossale flemmarde, une militante! Ben coudonc, comme on dit en face, fallait vraiment qu'ils mettent le paquet!), il n'empêche que je bous une fois par jour.

Allez, cette fois-ci, je vous incite à écrire au Maire (zump, bien sûr) de Colmar. Sous prétexte que les lycéens ont manifesté avec une certaine impolitesse envers les forces de l'ordre, (ce qui reste, d'ailleurs à démontrer) il a coupé la subvention des voyages scolaires prévus cette année.
Donc, nous conclurons qu'aux yeux de ce monsieur :
  • 1) Les voyages scolaires ne sont pas un objet pédagogique. Ou bien alors il faudrait admettre que la Région puisse supprimer, pour les mêmes motifs, son aide à l'achat de manuels scolaires. (z'ont qu'à aller sur gougueule qui a un partenariat avec l'Education Nationale)
  • 2) Les lycéens ne sont pas des individus, mais une peuplade. Il n'importe pas qu'on sache précisément qui a fait quoi. Si ce n'est toi, c'est ton voisin de classe. Et toc. D'ailleurs, la prochaine fois que quelqu'un me tire la langue dans ma promenade dominicale, je fais couper l'eau à tout le quartier. ( Le problème, c'est que, quand on traite les gens en peuplade, on n'incite pas à les faire agir en concitoyens, mais ça, Monsieur le Maire s'en fout. Jusqu'en 2013.)
  • Monsieur le Maire est le seul propriétaire des sous de la commune. Peu lui chaut que 2 français sur 3 sympathisent avec les mouvements de protestation. Dont peut-être les parents de ces jeunes gens, qui ont déjà payé la subvention par le biais de leurs impôts locaux. (N'avaient qu'à pas pondre de la graine de gauchiste. La prochaine fois, c'est les allocations familiales qu'on supprime aux-mal votants.)
Des sagouins.


A part cela, je vais encore tenter d'avoir des pieds d'alouettes bleus, parce que l'espoir fait vivre, même si mes pieds d'alouettes font surtout vivre les escargots.

26.3.09

Jesus, Marie!




Ça a fait rire Marie des Monts d'Arrée qui me l'a envoyée.
Ça m'a fait rire et je vous l'envoie.

Ils ont sûrement voulu qu'on arrête de crier "sus!"
Mais la question reste:

Qu'est-ce que Benoît entendait par là?


édit : aimablement prêté par Pablo (il m'a juré qu'il était neuf!) ce modèle tout en délicatesse.



Ma Doué Beniguet! Connaissant la dextérité des brodeuses bigoudènes, va-t-on voir fleurir ce modèle au pied du phare d'Eckmühl?

25.3.09

Poursuivez-moi!


Non, ce n'est pas un appel au suivez-moi-jeune-homme.
(encore que?)
Mais le 8 avril, comme 340 AUTRES SALOPES, comme des centaines de simples citoyens, je vais tâcher de demander à être poursuivie pour délit d'assistance à personne en séjour illégal en France.


Je confesse ici publiquement ce que d'aucuns appellent une faute et d'autres une simple mesure de bon sens et d'humanité : je n'ai, jamais, jamais, mais alors absolument jamais demandé à quelqu'un s'il avait un titre de séjour avant d'examiner son enfant.

Pas plus qu'en filant une pièce à quelqu'un, le jour où j'en avais marre d'acheter des bébelles coûteuses et inutiles aux miens.

Je redis également que le trafic d'êtres humains est une infamie et que je souhaite effectivement le démantèlement des filières maffieuses qui vendent tout aussi bien du passage dans d'effroyables conditions que de la dope, des enfants soldats ou prostitués et des armes. Mais ce démantèlement, comme tous ceux qui veulent s'attaquer à ces réseaux parfaitement organisés réussira quand se préoccupera de l'argent et de ses circuits.
Pas du père de famille venu voir son enfant à l'hôpital, ou de la facture d'électricité de Maâme Dupond qui recharge les portables ou de la facture d'eau M'sieur Durand qui offre la douche.

Le monde idéal où les pauvres et les opprimés* auront compris qu'il vaut mieux crever chez eux que chez nous, c'est comme le monde idéal de la fidélité et de la chasteté : c'est un idéal, on n'est pas obligé de partager, pas forcé d'y renoncer non plus d'ailleurs, mais en attendant qu'il arrive, on agit de façon pragmatique.

Parce que je ne crois pas plus au préservatif comme facteur aggravant du SIDA qu' au sandwich comme facteur aggravant de l'immigration clandestine.


* L'endroit, peut-être, pour rappeler la profonde enquête de Smain Larcher sur Sangatte, qui démontrait au passage le haut niveau d'études de plus de 50% des étrangers qui désiraient migrer en Angleterre. Bien loin de la vision d'une horde analphabète et nécessiteuse. Ici, également, une très belle interview de ce chercheur.

23.3.09

Pour Tili


(photo pour Tili, avec amitié et respect)

Le léopard et la girafe.

Je l'ai dit quelque part, je ne commente jamais ou presque, les dessins des enfants. Mais je les regarde, toujours, et souvent je souhaite que l'image qui, alors, se forme sans mot dans mon esprit, leur soit perceptible, tout comme l'émotion et l'admiration que j'éprouve.

J'ai revu J. Sa maman me l'avait amené, parce qu'il rêve en classe. Beaucoup.
Il n'y a que dans les rêves des adultes que ceux de l'enfance sont toujours enchantés. Les rêves de J. ne ressemblent pas à des rêveries, ces jeux de saute-moutons ensoleillés, quand la pensée des enfants sautille sur les paroles de l'adulte et franchit les gués sans y penser.

En fait, je ne crois pas que J. rêve vraiment.
Je pense qu'il s'absente. Au point qu'il m'a d'abord fallu vérifier que sa conscience elle-même ne le quittait pas, par éclats épileptiques.
J. s'absente, devant moi aussi. Il n'est pas dans ses yeux quand il me regarde. Mais parfois, quand il les baisse, il me sourit.

J'écoute la maman de J. Elle est bien d'accord avec les conclusions du neurologue qui pense que J. a besoin d'un psychologue.
Elle y pense depuis longtemps. Elle dit qu'elle aurait du le faire plutôt. Pour elle-même aussi, d'ailleurs peut-être.
Et puis, elle déroule devant moi une histoire terrifiante. La sienne. Saisissante au point que je m'empresse de fournir crayons et papier à J. qui se crispe et s'agite.
Et puis, peu à peu, à coté de l'histoire qui fait peur, il y a une autre histoire, faite du courage à toute petite voix de cette maman, cette ténacité à faire de la vie, du paisible autant que possible, l'absence de rancoeur, la sollicitude. Je dis quelques mots sur ce qui me semble avoir été un immense travail et aussi, je crois, sur le droit à se faire confiance.

J. déploie une activité que je n'avais pas encore vue. Et sous mes yeux, apparait un dessin que je trouve bouleversant. Il est coupé en deux. C'est un zoo. A droite, au crayon noir, une cage, avec des barreaux dans tous les sens et, dedans, un léopard impressionnant, dont on voit bien que ce n'est nullement du hasard s'il est à ce point enfermé. A gauche, simplement cerné par un cadre léger, une girafe, elle aussi très belle, très colorée, souriante, qui broute avec beaucoup de délicatesse le sommet d'un arbre vert. A voir ses magnifiques mamelles, c'est une bonne mère, qui donne envie d'être très grand et de voir les choses de haut.

Il va falloir sans doute un peu de temps pour donner des couleurs au léopard, et plus encore avant d'ouvrir sa cage. Mais J., comme sa mère, a des ressources insoupçonnées.

J'ai demandé à J. l'autorisation de garder ce dessin dans son dossier. J'ai reçu tout à la fois le regard, le sourire et le dessin, avec un grand naturel.


Bien sûr, on peut toujours se tromper. Mais il me semble que quand nous nous sommes dit au revoir, avec beaucoup de chaleur de part et d'autre, nous avions tous les trois le cou haut et dégagé.

20.3.09

Je suis une bande de jeunes à moi tout seul...



Dans la série "j'associe mes rollex à mes chaussettes et les lois aux faits-divers", la peut-être future nouvelle loi sur les bandes me paraît encore un coup fumeux, une usine à gaz et un boulevard pour le délit de sale-gueule.

Il est à peu près clair pour tout le monde, qu'une fois plus, le potentiel délinquant visé est bien le djeun's qui zone au pied de son immeuble avec une dizaine de guss partageant son code vestimentaire et non l'aimable homme d'affaires qui a pris quelques drinks avec Madoff-sans intention de nuire, bien entendu.

Ne croyez pas que je veuille justifier la descente avec barres de fer et cagoules dans les lycées et collèges de banlieue. J'y ai suffisamment travaillé pour être exempte de ce soupçon et pour m'étonner durablement de la propension des exclus du système scolaire à revenir dans des lieux qu'ils ont tout fait pour fuir.

M'enfin faut reconnaître que je souhaite bien du plaisir à ces messieurs de la police pour établir les liens de bandes, du moins tant que les faits ne sont pas commis.
Et dès lors qu'ils le sont, je pense qu'il doit bien exister dans l'arsenal judiciaire un truc du genre violence en réunion, ou association de malfaiteurs qui auraient pu faire l'affaire.
Les jeunes que je connaissaient s'assemblaient volontiers dans des territoires géographiques finalement bien connus des ilotiers. Mais ils ne signaient pas de pactes secrets, ne se tatouaient pas forcément de signes cabalistiques, ne programmaient pas d'action de destruction de l'institution scolaire sur cinq ans, bref, francs psychopathes et gentils désoeuvrés pouvaient facilement se confondre à première vue et se mélangeaient la plupart du temps. Ce n'est qu'au moment du passage à l'acte, dans le genre de conneries violentes qui viennent de se produire, que sédimentent les faux caïds, les vrais branques, les disjonctés sévères et les prudents qui rentrent chez eux.

Encore une fois, n'étant pas juriste, il est possible qu'une argumentation bien comprise me convainque que, finalement, si, c'est une bonne idée, qu'il manque bel et bien un maillon dans la chaine pour protéger la société. (Ceux qui ont répondu "les éducs de rue" sont disqualifiés!) Pour l'instant, n'en voyant pas les bénéfices, j'en vois par contre très bien les risque en terme de justice expéditive et d'amalgame.
Au fait, comment notre cher Président va-t-il articuler son argumentation sur les bandes et celle sur la libération de Florence Cassez?
Au fait bis, il y a quoi dans le dossier de Coupat?
Au fait ter, je rappelle à ceux qui voudraient intégrer une bande de vieux décidés à nuire à cette usine à produire du délinquant qu'ils peuvent m'envoyer un mail.
Au fait divers, la musique sur les mots, c'est bien sûr Renaud


Edit : sur les conseils de Titi, je suis allée voir chez Maitre EOLAS. Je corrige donc : finalement, cette loi risque d'être plutôt un signe d'indulgence. Peut-être pas exprès, mais ne boudons pas notre plaisir...

18.3.09

Et le monde devint simple...

Suite au commentaire de Still, j'ai envie de commencer une nouvelle collection : celle des fracassantes révélations qui changent votre vie du tout au tout.
Foin de ces encombrants postulats humanistes, sociologiques, voire même scientifiques! Une solution est bonne quand elle est simple.


Nous avons donc :

le préservatif qui renforce le sida
Le syndicalisme qui supprime les emplois
Les seringues propres qui augmentent la toxicomanie
Les éducateurs de la PJJ qui favorisent la délinquance des jeunes
Les diverses allocations et prestations sociales qui sont un facteur de pauvreté
Les parents qui sont un frein à l'autonomie de l'enfant.

Et hop! on supprime tout cela et on ne s'embête plus la vie.

edit : remarquez, j'ai bien, un jour, rencontré un confrère qui disait que la Sécurité Sociale avait tué la médecine. C'est sans doute pour cela qu'aux USA, vous attendez 3 mois pour avoir un dépistage du cancer de la peau et 48h pour avoir une injection de B°otox...

Vous en connaissez sûrement d'autres...

17.3.09

C'est ce qui s'appelle sérieusement capoter.

Ms'ieurs Dames, mefiez vous du preservatif, il vous mène au SIDA.
C'est ce que vient de déclarer sans rire Benoît très étroit.

Ça c'est sûr, Maame Michu! Dans tous les endroits où on ne trouve pas de capotes, y a plus de sida. On a même supprimé les dépistages.

Cher Pape, je tiens à vous préciser encore une fois que le préservatif ne se met pas à l'Index.
Par ailleurs, il m'arrive assez souvent ces derniers temps, de penser que la calotte mérite des baffes.

16.3.09

le chic déclic pourrave de l'année

Chez Gilsoub et Jathénais, c'est concours de photo floue-ratée-bougée-doigts-dans-le-nez.
Moi j'ai ça. Et vous?


"Oh! pauv'zoziaux. Ils devraient faire attention aux vagues...
-A mon avis, f'raient mieux de se méfier de la photographe.
-Au moins, l'a pas loupé la vague
-La vague non plus l'a pas loupée."

14.3.09

Pinaise que c'était bien!

Je ne vais pas vous mentir : c'était fatiguant.
Mais c'était vraiment bien. Le geek, de nos jours, c'est Saint Martin surmultiplié. C'est n'est même plus son manteau, c'est lui même qu'il coupe en quatre. En douze, même, s'il le faut.
Et va-z-y que je te prête mon câble, ma clé, je trifouille pour voir pourquoi ça coince, j'ai gz'actement le plugin qu'il te faut là, je travaille sur un thème qui pourrait te convenir, prend donc mon ordi, puisque tu as renversé du café sur le tien (non, prends pas peur, homme aux 91 défauts, ce n'est pas le mien...).

Et puis, je te fais ça avec patience, avec gentillesse, sans jamais m'énerver de tes maladresses, ni du fait que j'ai déjà sans doute fait la même chose, répété les mêmes explications cent fois.

Voilà, c'était la deuxième dotclear install et je vais revenir, sinon complètement formée, du moins toute réchauffée par ces gens jardiniers qui prennent si bien soin.
Et puis, il y a ceux qui sont venus juste pour faire une bise, parce que je venais de loin, et ça, c'est parfaitement adorable. Voir, en une seule journée, tant de gens dont on aime tant qu'ils existent, c'est précieux en maudit.


Je n'ai pas toujours demandé les prénoms, pseudo et url de tous ceux qui m'ont prêté l'oreille, la main et parfois la clé USB.
Merci en vrac à Kozlika, Franck, Gilsoub, Traou, l'Ami des villes, Nicolas, Ada, Marianne, Jean-Michel, Tine, Pascal (même sans crinoline), Tomtom, Lomalarch, Moe et tous les autres.
Et merci aussi à Still et Mlle Moi d'avoir délicieusement assuré l'After.
( pour les lecteurs, je vous mettrai tous ces nobles noms en lien demain-mais ce soir, pfiu! j'suis vannée!) (pas de photos de la journée, bien trop le nez dans le guidon!)

edit : voilà, vous avez les liens, et pour les photos, faut voir chez Franck.

13.3.09

En direct des Mines de Salomon


Finalement, il y a mieux que l'envoi de mails aux restaurants et aux lodges des Iles Salomons.
Il y a Skype.
Et Mr H. d' Honiara. Un inspecteur des mines (si! cela ne s'invente pas!) totalement charmant qui a bien voulu répondre à mes questions.

"Faites simple", m'a-t-il dit. Nous aimons cuire vite et ne pas trop nous casser la tête.
Prenez un poisson de récif, écaillez-le, coupez-le en morceaux.
Râpez une à deux noix de coco et pressez pour extraire le lait de coco.
Mettez le lait de coco sur le poisson et portez à ébullition.
Quand cela commence à bouillir, ajouter des légumes, ce qui vous vient : chou émincé, tomate, une demi-cuillérée de sel, du curry. Remuez le tout, faites cuire sans couvrir jusqu'à ce que les légumes soient cuits.
Et c'est tout."


Pas de poisson de récif chez mon poissonnier, ce jour. Mais des merveilles de petites dorades à moins de 6 euros le kilo. Hop,on lève les filets, on enlève les petites arrêtes et on coupe en morceaux. Une dorade pour deux, donc. ( Les demoiselles étaient, ce soir, plutôt branchées régressif croque monsieur)
Les noix de coco de ma serre tropicale n'étant pas tout à fait mûres, je me suis contentée d'un boite de lait de coco. J'y ai ajouté un quart de chou vert en lanière, une grosse carotte râpée, une tomate grossièrement coupée, un demi-pouce de gingembre frais pressé au presse-ail, une petite cuillère de curry et j'ai laissé touiller une dizaine de minutes à peine.
Verdict : légumes encore croquants, parfumé d'un trio curry-coco-gingembre, poisson pas trop cuit, recette type fouzytou qui permet de faire avec ce qu'on a dans le frigo, bref une réussite.
Thank's, Mister H.!
Recommencerai.
C'est parti pour dix-sept recettes de chou & lait. (Plaisanterie destinée aux perecolâtres...)
Je rappelle que ceci est ma contribution au 1/232° du fantastique tour du monde gastronomique organisée par Mzelle Gwenn.

11.3.09

NAPO strophes, suites.


Douée pour la militance comme pour la gavotte, je suis un peu comme une poule devant un couteau. Faut-il constituer une association? Faut-il juste un collectif informel? Un site?
Je ne peux pas être une bande de jeunes à moi toute seule, j'ai besoin de votre avis.

On peut commencer tout bêtement par ce par quoi nous avons presque tous commencé, un espace public comme ici, un blog. C'est peut-être limité, mais pourquoi pas.
Je vais samedi 14 mars à Paris pour la journée "passe-moi la grenadine, je te passe le CSS" de Dotclear-install. Prétexte à boire des canons avec des gens sympas, bien sûr, mais cela peut également servir de piste de décollage pour l'idée.

La seule chose qui soit réellement certaine, c'est que j'en ai assez que l'on fasse en mon nom des choses qui m'indignent et pour lesquelles je continue, en bonne citoyenne, de verser des impôts.

Vous dire à quel point cela devient caricatural?

Mon amie S., avocate et écrivaine, m'envoie un mail où elle m'écrit qu'elle est scandalisée par les poursuites effectivement entamées contre des bénévoles qui ont donné à manger à des étrangers en situation irrégulière :
"Je te mets en pièce jointe l'article 311-3 du code pénal (le vol simple est passible de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 € d'amende) et l'article L622-1 du CESEDA (code d'entrée et de séjour des étrangers et du droit d'asile) Le fait d'aider au séjour d'un étranger en situation irrégulière est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 30.000 € d'amende.

Le don pourrait donc être puni plus sévèrement que le vol ?"



L'homme aux quatre-vingt-treize défauts, qui fait parfois montre d'une présence d'esprit tordue mais hilarante vous a trouvé la parade.
Si jamais vous êtes poursuivi pour avoir filé un sandwich à un pauvre sans lui demander ses papiers, prétendez devant le Juge que vous aviez l'intention de lui piquer son portefeuille. Ce n'est que parce qu'il s'en est aperçu que vous avez préféré prendre la fuite, abandonnant pour courir plus vite, votre paquet de sandwichs et de bouteilles d'eau.

Monique, cela doit pouvoir marcher pour les portables : prétendez que vous les avez piqués et que vous vouliez les recharger pour les revendre au Puces. Vous risquez moins gros.

Voir aussi le post de Samantdi.

9.3.09

D'une fausse question.

Je n'ai pas vu le film "Welcome".
Je ne suis même pas sûre que M. Besson l'ait vu.
Nous ne parlerons donc que de sa réaction publique. Il s'offusque de ce que, dans le film, une voix off identifie les clandestins de Calais aux juifs français vivant en 43.

Je ne partage pas son indignation. Mais je suis d'accord pour dire que cette identification ne vaut rien.

La vraie question, la seule qu'il faille se poser est, à mes yeux, la suivante : est-ce que les français qui tendent la main aux clandestins d'aujourd'hui sont les mêmes qui, dans l'urgence et l'effroi, auraient quand même pris le risque de tendre la main et l'abri aux juifs de 43?

La réaction de Besson me ramène à l'ineptie proférée par le présiprince, quand il suggérait que chaque élève de CM2 porte la mémoire d'un enfant assassiné dans les camps.

Il ne sert à rien de s'identifier aux victimes, ou d'identifier les victimes entre elles.
C'est à celui qui porte secours, qui assiste, qui aide qu'il faut tâcher de s'identifier.
Si l'on veut pousser un enfant de France à s'interroger sur la terrible histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, c'est le nom d'un résistant qu'il faut leur donner. Où, quand, comment et pourquoi quelqu'un décide de contrevenir, en toute lucidité, aux lois en vigueur à un moment donné dans son pays?


On peut toujours me rétorquer que je ne risque pas grand chose à le dire, puisque mon petit pré carré comporte peu de clandestins acharnés à rejoindre le Canada à la rame.
Mais justement : comme nous ne sommes pas en 43, que le risque est mince et l'afflux peu probable, je ne vois vraiment pas pourquoi je me priverai de donner, à qui me le demande, la crêpe et la prise pour le portable.

8.3.09

Cette enfant là.


Cette enfant-là fronce le nez devant le légume non répertorié, hulule un effroi surcoté devant l'innocente araignée, se pâme devant des fées roses aux ailes scintillantes et des créatures de plastique que je soupçonne de servir d'alibi aux créationnistes.
Chaque matin, elle lance toute son ardeur militante pour obtenir de sa mère qu'elle la laisse partir à l'école en tee-shirt noir et doré et couve d'un oeil anxieux et perplexe les deux tavelures à peine distinctes de ce torse qui lui semble si loin du mien.
Elle tâche d'anticiper, suppute les prochaines transformations et mille fois dans le mois, me demande quand donc elle aura liberté de se teindre les cheveux, de se percer les oreilles et de prendre le train sans nous.
Mais lancée avec petite voisine dans une opération d'élevage, elle fouisse avec l'ardeur d'un chien terrier, s'emboue jusqu'aux oreilles et me supplie au moindre coup de bêche, de lui mettre de coté, les plus gras, les plus dodus, les plus mirifiques de mes vers de terre.
Allons, tout va bien.

5.3.09

Napo, napuka.




C'est paltout d'y dire, faut encore y faire...
Alors, kiki s'y colle de concert avec moi?
Ceux qui veulent peuvent m'envoyer un mail à l'adresse suivante : lapechealabaleine(@)laposte.net, en ôtant les parenthèses, bien sûr.