31.5.07

question métaphysique


J'ai l'air et l'eau, et la boussole.
Mais comment fait-on feng shui sur un bateau?
J'ai dit au capitaine que s'il voulait aller loin
Il fallait mettre la barre à la proue
pour que l'arbre de la décision le pousse en avant
Il m'a dit que j'avais perdu le nord,
et que j'étais à l'ouest.
Depuis, cette histoire tangue.

29.5.07

Journée ordinaire d'un fonctionnaire qui coûte trop cher


(pour kadidja)

Dans mon cause-toujours local, un testalacon.
Le genre de truc que je lis d'un oeil bovin en croquant ma biscotte, parce que je suis incapable de ne pas lire à certains moments, et que le petit déjeuner en fait partie. Bon, c'est ou la feuille de chou ou la composition en acide folique de ladite biscotte.
Cette fois j'aurais fait mieux de, remarquez.
Le testalacon du jour s'intitulait: "êtes-vous audacieux ou frileux?" Des questions destinées à prouver que si vous pissez dans votre froc devant votre patron, c'est que vous êtes plutôt frileux. Comme le lecteur local est moyen cortiqué, d'après le rédac-chef, pas de fantaisie fine sur l'évaluation, pas de carré rouge ou rond bleu à reporter dans la colonne B27. Non, une simplicité biblique: plus vous cochez de cases, plus vous êtes inhibé.
Et là, old chaps, une question qui tue:
"vous êtes fonctionnaire et fier de l'être."
Crac, un point de plus.

Les fonctionnaires du GIGN, des urgences, pédiatriques ou pas, les pompiers professionnels et autres mous du système limbique apprécieront certainement que soit ainsi coté leur légendaire amour de la routine.

Moi-même, je me suis souvenue, à la suite de ce test et juste avant de me désabonner, de mon premier jour de visite de troisième dans ce collège de ZEP. Vous allez me dire que j'en rajoute, mais même pas. J'y étais allée la fleur aux dents, simple vacataire, totalement ignorante de ce qu'était cette profession. Pour tout viatique, j'avais une liste de paperasses, et pour toute information sur cette banlieue qui flambait régulièrement, cette phrase merveilleuse de mon chef:
" oh! ne vous inquiétez pas, je crois que vous pourrez garer votre voiture à l'intérieur de l'enceinte de toutes les écoles..."
Vous dire si j'étais outillée.
Kadidja était la première sur la liste, donc la toute première adolescente que j'ai vue dans ce cadre. Elle m'avait demandé d'un air maussade si elle était obligée de se déshabiller. Je lui ai proposé de garder son vaste tee-shirt, que je soulèverais pour l'examen quand ce serait utile. Elle s'est allongée sans un mot. Lorsque j'ai soulevé le tissu, je me suis aperçue qu'elle s'était quadrillé, longuement, presque géométriquement l'abdomen à coup de cutter.
Les scarifications n'étaient pas la mode des adolescentes en quête de scénarios pervers, comme elles le sont devenues. Mais Kadidja, violée à 12 ans, vivant dans famille dont aucune parole de réconfort ne pouvait sortir, n'avait pas trouvé d'autre issue à son immense douleur.


Je sais, madame ou monsieur le rédacteur de ce testalacon: si j'avais été en quête d'audace, j'aurais dû tourner les talons.
Il est bien plus courageux de porter son regard sur le graphique ascendant d'une action boursière, que de soutenir celui de Kadidja.
Mais, ça, faudra me le dire en face, les yeux dans les yeux. A moi, pis à quelques autres fonctionnaires frileux de la protection de l'enfance.

27.5.07

offre valable en France métropolitaine seulement:

Attention mesdames et messieurs, prochainement dans votre ville, à votre porte et sans bouger de chez vous
CECI



Par contre, pour cela:



Un petit déplacement est encore nécessaire.

c'est çui qui dit qui y est.


J'ai beaucoup de sympathie pour D. Ou plus exactement, je suis très sensible au charme de D. et profondément séduite par la riche personnalité qui émane de sa mère, Mme I.

D. est un jeune homme né avec une agénésie du corps calleux, cette structure qui, pour faire grossier, gère les transferts d'informations entre les deux hémisphères. Son absence entraîne des difficultés variées dans certaines programmations, et donc, assez fréquemment des troubles des apprentissages.

Mme I., est une grande femme élégante, assez classique dans son habillement et dans ses propos, d'un abord calme et mesuré. Mais son sourire en coin quand elle raconte que sa première bataille fut de faire naître cet enfant malgré le regard réprobateur de la Faculté, mais tout ce qui se dégage de son attitude corporelle, sans tension aucune, quand elle énumère les batailles suivantes pour le scolariser, dénonce la révolutionnaire d'autant plus dangereuse qu'elle est masquée sous l'habitus de la bourgeoise claire.
Ironique , tenace, et pleine de compassion pour ceux qui, par crainte de l'aventure, passent à coté du bonheur qu'offre la présence de ce délicieux jeune homme. Et cette compassion n'est pas feinte. Depuis longtemps, elle entreprend de rassurer ses interlocuteurs. Plus la position hiérarchique de ceux-ci est élevée, plus elle se fait attentive, pleine de sollicitude pour la responsabilité qu'ils endossent, en acceptant son fils dans leur établissement.
Je considère comme une très grande preuve de confiance le bref regard, sans aucun commentaire, qu'elle m'a lancé à la fin de l'équipe éducative dès lors que les administratifs avaient tourné les talons.

Nous avions convenus qu'il serait bon que D rencontrât la conseillère d'orientation psychologue pour affiner le projet pédagogique. D. éprouve un certain nombre de difficultés pour des activités séquentielles, certains enchaînements logiques, simples et évidents pour d'autres lui apparaissent insurmontables. Ainsi réaliser une recette de cuisine demande à l'examinateur de lui rappeler les étapes une à une. On pouvait mettre ceci en relation avec une mémoire à court terme qu'un test de QI avait testée comme déficiente.

Or, Mme COP au cours de l'entretien, a décidé de lui faire repasser un nouveau test de QI, avec une batterie relativement récente, et qui semble plus fine que l'ancienne en ce qui concerne les processus cognitifs.
Il faut peut-être que je précise que le facteur temps est très important dans ces tests. On peut choisir de travailler en supprimant le chronomètre quand la lenteur paralyse le sujet, mais la cotation sera alors différente. Par ailleurs, il ne faut pas laisser quelqu'un trop longtemps en face d'une question non résolue. Tous ceux qui sont un jour resté en rade, le cerveau asséché, en grand désert blanc, devant une question de math savent combien un échec peut compromettre la suite des évènements. Si l'on se passe du chronomètre, il faut un bon sens clinique pour clore un item et passer au suivant, avant que le découragement ne s'installe.

Je pense que Mme COP, au vu de ce qu'on lui avait dit sur la mémoire à court terme, ne devait pas s'attendre à des miracles en ce qui concernait le test de répétition d'une suite de chiffres. Par quel miracle justement, cette femme s'est aperçue que la radicale immobilité et le silence de D. n'était pas de l'effondrement mais du travail?
Par une grande finesse d'observation sans doute. Et là où le professionnel précédent avait abrégé, elle a attendu. Un temps infini. Au point de me dire plus tard avec humour que c'est elle qui avait souffert- et que sans doute plus que D- pour se rappeler, non d'un chien où est-ce qu'on en est de ce truc là?
Parce qu'elle-même a accepté de pousser au delà de ses propres limites ils sont venus ces foutus chiffres. Et même en nombre impressionnant. Avec un effort immense, une ténacité sans faille, et sans doute un jeu de processus convoqués qui n'en valait guère la chandelle, mais ils sont venus.
Bref D. a pulvérisé les scores. Il est, si l'on supprime le facteur temps, dans les 2% de la population les plus performants.


Ce n'est rien, sans doute. Cela ne changera rien au destin de D., ne modifiera rien au regard chaleureux et perspicace que Mme I. porte sur son fils.
Pour moi, cela valide juste la demande que je fais régulièrement aux enseignants, de laisser du temps à certains élèves, en leur rappelant que même à leur imprimante, ils permettent de choisir entre rapidité et performance.
Pour Mme COP, cela valide la nécessité de ne pratiquer ces tests qu'en présence d'un observateur formé à autre chose qu'à enregistrer des réponses binaires.
Mais cela ne suffit pas à expliquer la sorte d'allégresse qui circulait entre Mme I., Mme COP et moi, nettement perceptible sous le formalisme de nos rapports.

Si ténu que soit le déplacement induit par cette découverte, il nous a fait l'effet d'une note bleue, d'un ajustement minime, mais qui tout d'un coup, permet de déverrouiller une porte pesante, l'effet d'une harmonie restaurée.
Une joie d'ébéniste.

26.5.07

En vrac


J'ai de nouveau une connexion stable. Du coup, j'ai le plaisir d'annoncer l'ouverture d'un blog photo, parce que j'étais un peu à l'étroit avec blogspot. Les peintures sont pas faites, y'a encore des ampoules nues ( déménager, Mâme Kozlika, c'est rien: c'est emménager qui tue sa reum!), mais vous êtes les bienvenus, surtout ceux qui préfèrent quand je me tais. Celui qui aura compris l'abominable jeu de mot brittonnique du nom de blog se verra payer l'coup d'lambig. Je ne risque pas grand chose.

Autre annonce joyeuse, l'atterrissage de Mlle Moi, revenue de ses lointaines îles. Trois mois sans internet, mais avec chaleur humaine de très haut débit semble-t-il.
Mlle Moi, consens-tu à reprendre ton blog? Même en bislama, on est preneurs.
Oxygène est, elle, accessible irrégulièrement, et cela me chagrine. Je venais justement dire qu'on pouvait de nouveau voir ses photos de tresses subtiles et de forêt flamboyante et écouter sa langue nette et digne, mais le lien refuse aujourd'hui de s'afficher. J'espère bien que ce n'est que provisoire.
Anitta me manque. Beaucoup.
Ab6 va-t-elle clore aussi? Elle me manquerait. Beaucoup.

24.5.07

pause involontaire




Petit problème de connexion, le bloug il est fermé pour encore un jour ou deux.
-Ah, Anita en a sûrement profité pour lire ses revues en retard?
-...
-Lesiver ses placards?
-....
-faire ses papiers? Son repassage?
-......
-des mamours au chaton en ratant des réussites idiotes?
-!!!!!!!!!!!

21.5.07

je m'en lasserai peut être un jour, mais en attendant, vous n'avez pas fini d'en bouffer, de la vieille coque...


Celui-ci, c'est le rêve d'un vieil anglais, tel qu'il apparait dans la rivière étale. Un ancien chalutier de bois, immense et ventru, dont tout, hors la coque, est à reprendre.
L'ami John s'active, désosse, brouette, fume, donne un coup de main à tout être humain sur le chantier, gratouille toute espèce de chien, boit une bière, cintre, rectifie, rit beaucoup, et abat une besogne démentielle.
Je le surveille du coin de l'oeil: m'est avis que dès que le pont refait, la coque étanche, bien avant les instruments de navigation, les animaux vont arriver par paires...

20.5.07

message personnel (bis)



Bon anniversaire à toi, ma très belle, mon irrésumable enfant, du vent, des livres, du bonheur ailé pour cette année. Et de l'eau à courir, de l'impatience, du rire, de la vie vive sous la peau, et de l'humour, de l'humour partout...

19.5.07

Ce soir un homme est heureux.

Celui ci:



Son voyage est déja commencé, entre rêve:



Et quelques réalités obstinées.



Que toujours, le rêve sous la quille l'emporte...


Inithiael a été mis à l'eau ce soir.
(Et pour l'instant, il flotte!)

18.5.07

les couleurs de l'âge


Quand je serais vraiment très très vieille, je voudrais ressembler à un vieux bateau de bois.
Des rencontres inattendues m'auront paraphée de couleurs étrangères,
et j'aurais trace de tous mes écueils.
Je pencherai chaque jour un peu plus
vers mes vieux penchants
et je m'en irai par miettes de bois
qui seront minuscules butins
aux enfants d'aventures.

17.5.07

se mettre au 4 4



Aujourd'hui, j'ai quarante-quatre ans.
Ça recule encore un peu plus cette échéance rêvée, celle du jour où je me sentirai enfin complètement adulte.
Quelque chose me dit que dans dix ans, ce sera pareil.
Pas vous?



16.5.07

vous prendrez bien un petit bleu?


Passer de la grand-ville à une petite agglomération vous fait parfois découvrir des endroits de socialisation inattendus.
Ainsi le conteneur de récuperation du verre.
Il est de bon ton de s'y croiser d'un sourire rapide et de baisser les yeux sur le chapeau de la gamine, pardon sur ses propres affaires.
Mais cette fois, je n'ai pu m'empêcher de saisir le sourcil effaré de la brave dame, et sa muette interrogation:
"Gast! de deux choses l'une: ou le docteur boit comme un trou, ou elle ne fait pas le ménage souvent..."
Et par chez nous, le plus infamant des deux n'est pas forcément celui qu'on croit.

PS: ceci dit, demain je trinque avec vous. Je me mets au 4 4 mais juste pour un an!

13.5.07

retour



Les chemins lavés
Les chevaux baissant la tête
J'ai roulé sous la pluie
Les arbres m'ont laissée passer
Non sans méfiance
Je n'étais pas d'ici .

8.5.07

Parfois, la beauté seule


J'aime cette cale de carénage. J'aime cette activité, soutenue parce que les bateaux ne doivent pas rester immobilisés trop longtemps, et patiente à la fois, parce que les points vulnérables sont parfois masqués et que tous savent le prix qu'il en coûte, une fois en mer.
Un bateau est un outil de travail avec un nom, une histoire impartageable avec ceux qui n'embarquent ni ne carènent, un outil qui vampe de très jeunes adolescents dont les visages tendus s'éclairent, tandis que celui des mères se partage entre fierté et peur...

La cale est un endroit où le travail s'arrête parfois, où les homme se rassemblent en conciliabules graves, où l'on hoche la tête, argument pour argument, parce que la couleur que l'on prend pour cinq ou dix ans est d'une légitime importance, parce qu'au mileu de toutes ces duretés, il arrive que la beauté seule, et l'espèce de fierté qu'on éprouve à la contempler, cela seul vous console.

6.5.07

Nicolas, nous voilà


Pour Nicolas, le jour se lève.
Et les ennuis commencent.
Il est dans la situation du petit ours qui voulait tant voir l'autre côté de la montagne, et qui est bien obligé de s'apercevoir que, derrière ce sommet si péniblement gravi, si férocement souhaité, il y a...
L'autre côté de la montagne.
Alors de deux choses, l'une moins pire que l'autre.
Les ayant, selon une de ses expressions paraît-il favorites, "tous nikê", il ne peut se résoudre à s'en satisfaire, et continuera de s'exciter sur des objets les plus divers, pour y imprimer frénétiquement sa marque. Et là, de la justice à la santé, en passant par l'éducation et la culture, le social et l'environnement nous sommes dans la mouise pour un bon bout.

Ou bien, s'apercevant après l'ivresse, que l'exercice du pouvoir est infiniment plus morne que sa conquête, quelque chose se déprime et qui sait? ... laisse place à un doute, une ombre de temporisation, une possibilité, même minime, de se dessaisir d'une miette de pouvoir. Ce serait le mieux qu'on puisse lui, nous souhaiter.

Vivons heureux en attendant la sixième! Tâchons d'être rigolards, solidaires, pas dupes. Continuons d'oeuvrer en sous-main, de soutenir les associations d'aides aux sans papiers, aux sans logis, à toute détresse... continuons de faire des répubrunchs, des soliloques, des chénalacons. Continuons à penser qu'on est quand même mieux ici qu'en face!
Des bises à tous.

3.5.07

Après cinq ans?


le droit opposable, kekcé?
Je ne suis pas juriste, alors j'aimerai bien qu'on m'explique cette nouvelle marotte du droit opposable.
Par contre, je suis une médecin très préoccupée de la scolarité des enfants malades et handicapés.
Alors quand un candidat dit:
"Qu'une famille au bout de cinq ans, à qui on refuserait une place dans une école, pourrait aller devant le tribunal en disant : la République m'a promis un droit.
".

Je gaspe ou je pouffe?

Cinq ans?

Et pour le droit opposable à la place en garderie c'est après cinq ans aussi?

Pour la place en maison de retraite aussi, tiens!

Mon Dieu, si tous mes problèmes thérapeutique pouvaient se résoudre ainsi.

2.5.07

JE SUIS PROMUE



Chers amis,
je suis très émue. Je crois même que la dernière fois que j'ai été aussi émue, c'est quand j'ai été, au bord de l'épilepsie, promue empereure dans CESAR III.
Voui, y a pas la version impératrice, mais on a l'habitude.
Madame LA MINISTRE DU GOUVERNEMENT BLOGOSPHERIQUE, vient de me faire l'insigne honneur de me nommer conseillère en matière de Santé, m'assurant de sa confiance. (La vérité, et l'horreur de toute langue de bois m'oblige à dire que j'ai été nommée en même temps qu'un gône obscur mais fort sympathique, mais bref.)
Madame la Ministre, prouvant ainsi que sa confiance n'est pas un vain mot, vient de me charger d'une mission de la plus haute importance : trouver une autre couleur à la carte vitale.
Madame la Ministre trouvait en effet que la couleur verte s'harmonisait mal avec ses nouvelles chaussures.
Je commence donc à travailler d'arrache-pied sur le sujet. Sachant- héhé!- que Madame la Ministre fut professeure de lettres dans une vie antérieure (y a -t-il une vie avant le Pouvoir?), j'espère qu'Elle verra un discret hommage dans le premier projet que je lui propose.


Coté face, la rhubarbe:




Coté pile, le séné:




Vive la Blogosphère Libre, Vive Madame la Blogoministre, vive Vercintego, vive Vergincé, euh... Vive Versac Ier!!

1.5.07

message personnel



Bon anniversaire, la très chérie, que cette année te soit douce, pleine, rieuse, que tes jupes virevoltantes te soient des ailes!