30.10.09

les lits bordés


Nous choisissons nos mots
comme des sacs de sables
l'œil en amont.
Soigneux.


Cela s'appelle de la retenue.


Et pourtant, dans nos miroirs mélancoliques,
tout appelle le débordement
La trace des anciens oueds se fendille
réclame que se déplie
ce que nous avons trop tôt ferlé.


Ah! comme j'ai bien appris
à mettre les mains
derrière mon dos.

18.10.09

Vivante(s)


Part 1:
Brève fureur. Elle avait griffé, j'avais aboyé, les portes avaient claqué.
Sans jeu de mot, la mer nous tendait les bras, il était temps. Le temps de prendre un peu de temps, ensemble, de remonter la plage, sur ce sable durci qui ne garde presque aucune trace.
"Choppe-moi l'aileron", dis-je. Une de ces phrase toutes faites dont je ne sais plus la provenance, que je réserve à mes filles, une clé pour dire qu'une fois leur bras passé sous le mien, je serais toute ouïe, toute là.
J'écoute les aléas d'amour de ma fille et j'en dis les banalités qu'on ne peut que dire. Je sens son inconfort, ce qui tire et veut fendre l'enveloppe, ce qui bouge et remue. Ce qui naît. Rien d'une peine irrémédiable et, passé l'écume et la mousse, remisée la violence du verbe, une foncière honnêteté.
Parce que c'est ma fille, ce qu'elle débat me situe dans un lien d'histoire ni autre ni identique. Comme sa soeur, avant et autrement, elle éclaire une facette de cette autre jeune fille que j'ai pu être. Et la mise en lumière tient tout autant de ce que je reconnais comme mien que de ce qui m'échappe.
Son inconfort, paradoxalement me réconforte. Ma fille aime, s'interroge, se heurte et s'abandonne. Vivante.

Part 2

Le seul regret que j'aurais pu avoir en laissant la grand ville, c'est peut-être l'accès au spectacle vivant. mais finalement, faute de temps et d'argent, nous en profitions assez peu. Je suis beaucoup sortie la première année, puis de nouveau, cela s'était éloigné.
Je retrouve un plaisir infini du théâtre en découvrant la très vivante salle de L'Archipel à Fouesnant. Hier, c'était la première de la première pièce d'une troupe d'au moins deux, le théâtre Fools and Feather. J'ai beaucoup aimé leur deux clowns-clochards, déterminés par hasard à en finir au même endroit dans la Tamise un triste soir de Noël. N'ayant que cela à offrir comme présent et, tout aussi courtois que désespérés, ils s'échangent le pavé fatal qui devait les faire couler, emberlificotant la corde et liant par là-même leur improbable, grotesque et touchante histoire. J'ai aimé la pièce tant que j'étais assise et puis, quand on a bu un coup au bar du théâtre, j'ai aimé la foi. 6 mois d'écriture, six semaines pour la faire vivre une soirée et l'espoir, rien que l'espoir de la faire tourner. Comme ils ont eu raison de ne rien craindre. Leur pièce est un spectacle qui rend vivant.*

Part 3

J'ai enfin résolu, du moins je le crois, l'énigme posée par Monsieur Ka dans le premier post de la Nouvelle Boite à Image.
Mais pas avant, comme chaque fois, une longue et libre balade dans les tableaux du monde entier. De l'avantage, parfois des connaissances fragmentaires. J'ai ouvert des pages de peintres qui m'étaient totalement inconnus, j'ai retrouvé de vieilles connaissances que j'ai vu d'un autre œil. Et surtout, je me suis rappelé que j'aimais la peinture, dans le désordre et sans système, mais depuis toujours.
Je me suis souvenu qu'à vingts ans, ma mère m'avait pressé d'accepter un billet de train pour la Haye parce qu'il fallait que je puisse rencontrer, au moins une fois, la "Vue de Delft"de Vermeer. Souvenir vivant.

* pour le mécène qui passerait, la pièce s'appelle: "Le destin tragi-comique de Stykydyk et Hapykok"

17.10.09

...

Comme les chevaux, les réverbères dorment debout.

16.10.09

Une nouvelle épidémie s'annonce.


Mais où a-t-il attrapé ça?

Je conseille également à Madame Balkany de surveiller attentivement sa langue. Avouer que le petit Jean est "le meilleur d'entre nous"... Quel aveu!

13.10.09

Cadet Roussel est bon enfant

Cadet ROUSSEL a deux maisons (bis)
De l'Elysée à Matignon (bis)
On l'attend toujours à Grandrange
Faire des promesse ne le dérange
Ah! Ah! Ah! mais vraiment,
Cadet ROUSSEL est président


Cadet ROUSSEL a eu trois femmes : (bis)
la seconde le traite d'infâme; (bis)
La troisième est si bien refaite
Qu'elle a la planque pour sa retraite
Ah! Ah! Ah! mais vraiment,
Cadet ROUSSEL est président


Cadet ROUSSEL a trois garçons (bis)
L'un au maillot, l'autre au combo, (bis)
Le troisième est un peu ficelle
Il finira comme Cadet ROUSSEL
Ah! Ah! Ah! mais vraiment
Cadet ROUSSEL est président.

Edit du 15/10/09
Pinaise: à peine 48h après ce post, Il décide d'aller à Grandrange! J'te l'avais dit, Anita Grand Marabout te fait le retour de l'absent par magie garantie et gris-gris spécial. Demain, je m'attaque à l'EPAD. Tu verses juste petit supplément...

12.10.09

Oyez, braves gens!

Réjouissez-vous!
Que battent les trompettes et que sonnent les tambours!
Que les filles se parent
Que les garçons cessent de tirer la queue du chat
Que les aïeules vident leur camomille dans l'aspidistra famélique
et se lèvent de leur lit pour allumer leur Mac!


Monsieur KA, Trésor National Vivant, l'Oeil du Kremlin Bicêtre, le Sherlock du Louvres, Le Gaboriau des rouges, le Grand Schtroumphf des bleus, le Torquemada des copiteurs ingrats, le Dr House des tableaux mystère réouvre la Boîte à Images, faisant renaître la félicité après des mois de famine occulaire.
Et il commence par un jeu à bouche-que veux-tu!
Cours-z-y vite!

C'est là.

11.10.09

Bulletin de situation

Cher inconnu(e)

Voici des nouvelles de votre caillou.
C'est miss Bibi qui la rapporté. L'en empêcher aurait été inutilement frustrant. Beaucoup de carrières, qu'elles soient d'artistes, de chiffonniers ou de patenteurs patentés ont commencé par un talent fructueux de pilleur d'épaves, entre cette pointe-ci et ce rocher-là.
Sans doute, si j'avais été seule, il en aurait été autrement. Votre caillou serait resté sur la plage. Ma propre carrière d'écumeuse de laisse de mer se trouve un peu ralentie par l'âge, le nombre de mes possessions et la répugnance que j'éprouve aux tâches de dépoussiérage.
Mais surtout, je me serais interrogée sur vos intentions. L'avez-vous oublié distraitement? L'avez-vous abandonné, parce que vous étiez déçu(e) par le cheminement de votre pinceau? L'avez-vous délibérément confié à l'état d'ébauche au vent et au ressac, pour qu'ils finissent votre travail?
Si j'en crois le petit arbre à gauche, ce n'est pas la première fois que vous usez d'un pinceau. Ce pin maritime léger est bienvenu. Le penty au toit d'ardoise est peut-être plus ventru que vous ne l'auriez voulu et il semblerait bien que cela vous en ai découragé.
Je choisis de croire que vous l'aviez laissé pour cela, pour le destin précis qui lui est advenu.
Une petite fille, ayant décidé de fort loin que la fantaisie est le plus long chemin d'un point à un autre, l'œil épars, courant comme un chien de souk d'un reste de couteau à la dépouille d'un ormeau, a ramassé ce caillou peint pour l'emmener dans sa maison.

Je puis vous promettre qu'il y est en bonne compagnie. Pour l'instant, il est entre la maison d'Yves, (tiens! sans porte non plus, comme la vôtre!) le grimoire de Still et un bloc d'argile gravé d'écriture cunéïforme, dont je me demande bien la provenance.
Demain, il sera peut-être près de l'orchidée ou du raku portugais, veillé par le chat. Il est possible aussi qu'on le retrouve un jour dans la boîte à couture, s'il est animé, comme bon nombre d'objets chez moi, de vagabondages subreptices et nocturnes.

Peu importe. Aucun des occupants de cette maison ne lui fera grise-mine. Il est en sécurité. Au contraire de la lettre-très-importante et du formulaire-indispensable, il ne court aucun risque d'être jeté. Porteur d'une trace d'humaine création, ne fut-elle qu'une esquisse, il échappera à la férocité qui balaye parfois les marrons desséchés et les amas de bigorneaux

Si je pars d'ici, il fera, comme ses frères de hasard et de rencontre, un, deux, dix déménagements.

Sauf si vous spécifiez, à l'adresse mail ci-jointe, que je doive le remettre sur sa plage, nous sommes partis, lui et moi, pour un compagnonnage de longue durée. Peut-être même jusqu'à la fin de mes jours.
J'ai, en effet, quelques doutes sur les promesses de Miss Bibi, d'emporter, le jour venu, son trousseau de trésors de grève dans sa chambre d'étudiante.

Bien à vous.

Anita.

Ps : je joindrais sa photo demain. Sans la lumière du jour, il témoigne mal de son charme.

10.10.09

Marronnier assumé

Quelques clichés sur l'automne...
C'est le chic des clics de saison chez Jathénais et Gilsoub.

Celle que j'envoie à la votation, c'est celle-ci :


Mais, les photos, c'est comme les châtaignes, c'est bien aussi quand il y en plusieurs.
Alors, je vous en mets d'autres, mais n'oubliez pas de passer voir celles des copains. Y en a déjà des superbes.


Mauvaise fille 2

Le Sénat viens d'interdire les portables à l'école.
Les élèves qui renonceront à envoyer des SMS en cours durant toute leur scolarité se verront offrir un I°phone en fin de troisième.

9.10.09

Mauvaise fille.

Tiens, je vais faire ma mauvaise et rajouter un reproche au concert de ceux qui entourent Fréderic Mitterrand : sa méconnaissance des infinies ressources de la Francophonie.
Plutôt que de prétendre que ses gosses avaient 40 ans, ce qui peine à convaincre ceux qui n'ont pas, a priori, le désir d'être convaincus, pourquoi ne s'est-il pas défendu en prétendant que ce passage avait été écrit en référence à son amour du Canada?

Là-bas, la fascination pour les gosses est tout à fait admise.


Ça lui aurait au moins permis de prouver qu'il a possiblement des compétences comme Ministre de la Culture.

7.10.09

Le ruban de Moebius.


Vers l'âge de six ans, je cédais à la demande latente qui m'entourait, et j'acceptais d'apprendre à lire.
J'ai écrit, ici, ce qu'il est advenu ensuite, comment les mots ont irrigué mon paysage, sans aucune symétrie, sans plan préparé, sans autre constance que la variété de leur présence.
Ai-je fait une si bonne opération?
Finalement, rien n'est moins sûr.

Car, à coté de cette topographie, j'en ai construit une autre, encore moins systématisée, encore plus déroutante. J'ai rencontré des gens. Des milliers. Moins qu'un employé de la SNCF, mais plus longtemps. Différemment. Et puis, j'ai tenté, et parfois réussi à en aimer.
Alors, vous, moi, nous, les gens, les mots, les brèves et soulageantes remises en ordre de notre chaos, c'est ma mine quotidienne, mon chantier indiscutable, ma tâche de technicien de minuscules surfaces.
Et au fil du temps, quelque chose, dans cette histoire qui, partout et tout le temps, nous pousse à raconter des histoires, a fini par émerger : une désolation secrète que nous soyons si bien fait pour écrire et si peu habiles avec les mots qui aident à vivre.

Et pourtant...
Et pourtant, aucune littérature, même la plus ricanante, la plus outrancière, la plus sanglante, celle dont la lecture vous met le cœur au bord des lèvres et une infamante excitation au creux du ventre, aucune littérature ne peut rivaliser avec l'économique efficacité de la vie .
Là où le livre, toujours, aura besoin d'une machinerie coûteuse, de contreforts péniblement visibles, d'un surcroît de perversité, la vie s'en tirera avec deux personnes, ou trois selon le type de tragédie, et de rarement plus de deux sentiments, le désir et la terreur en grands favoris.

D'où vient que nous terminions souvent le livre, quitte à le jeter, mais que nous nous esquivions si poliment devant le malheur des autres, avec sa crudité, son odeur de chair vive, son poids tout à coup si réel à portée de notre main.

Nous éludons. Avec plus ou moins d'élégance, selon son éducation et son degré d'intimité, mais si souvent, avec une pauvreté de commentaire, une platitude que nous ne supporterions pas pour notre divertissement.

Sur le papier, nous avons la réplique splendide, le geste d'une folle pertinence. Nous séchons les larmes du bout des doigts, nous ouvrons les bras dans l'idéal tempo, nous déchirons les secrets de famille sans trembler et regardons le pus s'écouler sans en être tachés, nous savons pratiquer des abandons définitifs et ouvertement libérateurs et nos lâchetés mêmes se sauvent d'être si précisément inscrites dans le décours de l'histoire.
Comme nous savons prendre soin de nos personnages! Combien nous sommes patients, respectueux, tous, lecteurs et auteurs confondus. Combien nous nous soucions, au travers des mots écrits ou lus, de leur permettre d'accéder à leur intime vérité; avec quelle force, quitte à rater le repas du soir, nous les encourageons à tenir, ligne après ligne.
Vous voulez comparer avec ce que nous réservons à nos proches, aux plus aimés de nos proches?
« tu sauras ça plus tard. »
« Non, rien. »
« Ecoute, on en reparlera ».

Ai-je fait une bonne affaire? Avez-vous, gens que j'aime si mal, si imparfaitement, fait une bonne affaire avec moi qui lit si bien, qui apprécie en artiste, le tombé d'une phrase et le silence qui suit?

(Toujours, j'ai rêvé de déchirer le ruban de Moebius, rêvé d'un geste ou d'une parole sublime, dont je garderai, tout au long de mes jours, le souvenir et le pouvoir consolant d'un poème enfin chair.)


(C'est la vie, hé.)


Je vous laisse choisir, à votre gré, la fin du post.

5.10.09

Apparences


J'ai jeté hier l'un de mes soutiens-gorge préférés.
J'ai un petit regret.
Je l'avais acheté juste avant une première rencontre avec un blogueur. Ce n'était pas un rendez-vous galant. (Quoique...) Mais j'avais très envie de l'apprécier et finalement, on aime mieux quand on se sent jolie.
Je l'aime vraiment beaucoup, mais ce dessous a fait son temps. Pas de regret, prenons le dessus.

Et ce matin, j'ai mis des boucles d'oreilles parce que j'avais rendez-vous avec une petite fille triste.
Je ne sais pas si les patients savent qu'on les portent ainsi dans la tête, longtemps parfois avant l'heure du rendez-vous.
Il faut juste, quand la porte s'ouvre, faire taire la petite voix avec laquelle on leur parle et se souvenir qu'il faut, d'abord, écouter.

Je croyais aussi ce matin, en voyant, par la fenêtre, le ciel gris et les arbres secoués de vent qu'il ferait froid. L'air était doux, velouté, presque alourdi par la mer. Comme si l'on vous posait un châle sur les épaules dès que l'on sort.

Trois petites bornes qui ont tenu éveillée ma journée.

4.10.09

Sortie de toiles.

(T'sé, tu peux toujours cliquer pour élargir.)

Dimanche, les artistes ouvrent leurs ateliers.
Sur l'étendage déserté, les araignées
ont mis leurs toiles aux enchères.

Pfff, j'en ai déjà plein chez moi.


Et, puis je suis passée (entre autre) chez Anh Gloux et Catherine Glaye, qui forment, avec Patricia le Merdy, les Quatre Sardines. Oui, toutes les trois.
Belle rencontre concarnoise, courtoise, matoise et framboise. Il y des iles, des gens qui s'enlacent, des pieuvres superstitieuses qui croisent les tentacules, des phares et même des dessous chics.

2.10.09

T'artagueule à la récré.


Ce matin-là, Z décida de ne ne pas se lever.
Comme ça.
Peut-être parce qu'il avait un peu trop fumé la veille. Parce que rien, finalement, dans cette journée, n'avait de quoi le hisser hors de son cocon de demi-sommeil. Parce qu'il faisait gris. Parce que ça faisait un moment que tout ça s'effilochait.
Il se promit, vaguement, que demain ça serait différent. Ouais, demain j'arrête de faire le con, faut quand même.
Z. bailla, pas méchant. Gentil par intermittence, feignant souvent, largué presque toujours. Pfff, quelle prise de tête.

C'est donc vers seize heures, que Z. se leva. Alors que le quartier connaissait l'un de ses pics d'animation, parce que les mères se préparaient, en groupes bavards, à aller chercher les petits à l'école.
Les grands, eux étaient déjà sortis. Le proviseur du lycée savait organiser ses emplois du temps. Sauf pour les options choisies par les élèves, maintenir une heure de cours le vendredi de 16 à 17h, c'était s'exposer au triple d'emmerdements à la vie scolaire le lundi matin. Entre les absents et les incidents, on y passait la matinée.

C'est pourquoi une bonne partie de la seconde se retrouvait là, sur le parvis, quand Z. se décida à sortir de chez lui.
Ils l'attendaient, en groupe compact, dur, hostile. De bons élèves, de ceux qui avaient parfaitement compris le jeu social. Ceux qui acceptaient la part de contrainte.
Ceux qui avaient fait alliance avec le monde adulte et en avaient accepté les valeurs.

Ils entourèrent Z.

"Tu nous dois dix briques. Alors, maintenant, tu payes."


Voilà, c'était ma réaction à chaud à l'idée abjecte de donner une prime à une classe pour lutter contre l'absentéisme des élèves.

Une classe n'existe pas. Ce n'est qu'une construction artificielle, temporaire et qui n'existe que par la commodité administrative. Une société, par contre, ça existe et le message ainsi transmis est... d'une violence cachée qui me suffoque.
Ceci étant, j'aurais pu vous pondre un truc sur la récente déclaration de Vanneste ou sur l'indécence des réactions de nos politiques aux faits-divers de la semaine.
Même arrière-goût.
A moins que, merde, ce ne soit qu'un avant-goût.