30.3.07

Modernes saints.

JANVIER

1er janvier Journée mondiale de la paix
6 janvier : Journée mondiale des orphelins de la Guerre
26 janvier : Journée internationale de la douane et sur l'éthique
27 janvier : Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste
30 janvier : Journée mondiale des lépreux


FEVRIER

2 février : Journée mondiale des zones humides
4 février : Journée mondiale contre le cancer
6 février : Journée internationale contre les mutilations génitales féminines
12 février : Journée Internationale des enfants soldats
16 février : Journée internationale du patrimoine canadien
21 février : Journée internationale de la langue maternelle
27 février : Journée européenne de la mémoire l'holocauste et de la prévention des crimes contre l'humanité


MARS

7 mars, 2007 Semaine nationale de lutte contre le cancer
8 mars, 2007 Journée mondiale de la femme
9 mars, 2007 Journée nationale de l'audition
17 mars, 2007 Journée nationale du sommeil
21 mars, 2007 Journée internationale des forêts
22 mars, 2007 Journée mondiale de l'eau
23 mars, 2007 Journée mondiale de la météorologie
24 mars, 2007 Journée mondiale de lutte contre la tuberculose


AVRIL

2 avril, 2007 Journée internationale du livre pour enfants
7 avril, 2007 Journée mondiale de la santé
11 avril, 2007 Journée mondiale de la maladie de Parkinson
17 avril, 2007 Journée mondiale de l'hémophilie
22 avril, 2007 Journée mondiale de la Terre
25 avril, 2007 Journée africaine du paludisme
28 avril, 2007 Journée mondiale sur la sécurité et la santé au travail

MAI

1er mai, 2007 Journée mondiale du travail
3 mai, 2007 Journée mondiale de l'asthme
3 mai, 2007 Journée du soleil
3 mai, 2007 Journée internationale de la presse
6 mai, 2007 Journée nationale de dépistage du cancer de la peau
11 mai, 2007 Journée du pied
12 mai, 2007 Journée internationale de l'infirmière
14 mai, 2007 Journée mondiale contre l'hypertension
15 mai, 2007 Journée internationale des familles
16 mai, 2007 Journée nationale de l'autisme
28 mai, 2007 Journée internationale d'action pour la santé des femmes
31 mai, 2007 Journée mondiale sans tabac


JUIN

5 juin, 2007 Journée mondiale de l'environnement
8 juin, 2007 Journée mondiale des océans
12 juin, 2007 Journée mondiale contre le travail des enfants
14 juin, 2007 Journée mondiale du don du sang
17 juin, 2007 Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse
18 juin, 2007 Journée nationale contre les maladies orphelines
22 juin, 2007 Journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe
26 juin, 2007 Journée internationale contre l'abus et le trafic illicite de drogues


JUILLET

2 juillet, 2007 Journée mondiale de lutte contre la tuberculose
11 juillet, 2007 Journée mondiale de la population (???)


AOUT

7 août, 2007 Journée internationale de l'éducation
12 août, 2007 Journée internationale de la jeunesse


SEPTEMBRE

10 septembre, 2007 Journée mondiale de prévention du suicide
10 septembre, 2007 Journée mondiale des premiers secours
15 septembre, 2007 Journée européenne de la prostate
16 septembre, 2007 Journée internationale de la protection de la couche d'ozone
21 septembre, 2007 Journée mondiale de la maladie d'Alzheimer
25 septembre, 2007 Journée mondiale de la surdité
25 septembre, 2007 Journée mondiale du cœur
30 septembre, 2007 Journée mondiale de la mer (dernière semaine de septembre)


OCTOBRE

1er octobre, 2007 Journée mondiale de l'allaitement maternel
1er octobre, 2007 Journée internationale des personnes âgées
1er octobre, 2007 Journée mondiale de sensibilisation aux hépatites
6 octobre, 2007 Journée mondiale des animaux
7 octobre, 2007 Journée nationale des aveugles et malvoyants
9 octobre, 2007 Journée mondiale du handicap
10 octobre, 2007 Journée mondiale de la santé mentale
12 octobre, 2007 Journée mondiale contre la douleur
12 octobre, 2007 Journée mondiale pour la vue
12 octobre, 2007 Journée internationale de la prévention des catastrophes naturelles (2ème Mercredi d'Octobre)
16 octobre, 2007 Journée mondiale de l'alimentation
17 octobre, 2007 Journée mondiale du don d'organes et de la greffe
18 octobre, 2007 Journée mondiale de la ménopause
21 octobre, 2007 Journée nationale pour l'épilepsie
23 octobre, 2007 Journée mondiale de l'ostéoporose
29 octobre, 2007 Journée mondiale du psoriasis


NOVEMBRE

6 novembre, 2007 Journée nationale contre l'herpès
14 novembre, 2007 Journée mondiale du diabète
17 novembre, 2007 Journée mondiale contre les Broncho-Pneumopathies Chroniques Obstructives
20 novembre, 2007 Journée internationale des droits de l'enfant
21 novembre, 2007 Journée nationale de la trisomie 21


DECEMBRE

1er décembre, 2007 Journée mondiale de la lutte contre le SIDA
5 décembre, 2007 Journée mondiale du bénévolat
11 décembre, 2007 Journée internationale de la montagne


Rude journée.
J' en ai sûrement oublié.


(source wikipédia et service de santé scolaire)

29.3.07

27.3.07

Un cadeau

Il est arrivé à 13h 24. J'étais à la bourre quand j'ai vu arriver madame La Poste. J'ai failli ne pas m'arrêter, parce que je venais déjà de perdre quelques minutes pour regarder le bleu du céanothe, et puis les tulipes parce que.
Sur l'enveloppe, c'était marqué "De partout... jusqu'à vous."
Le genre de slogan qui vous fait ricaner sur votre propre territoire, mais qui vous met la larme à l'oeil, quand il vous dit que là bas, loin, quelqu'un s'est ému à l'idée que cette petite merveille tarderait peut-être à traverser la mare aux canards.
Il est petit, dense, presque carré, d'un bleu gris, comme un gratte-ciel verre et acier, il dit la ville, ses éclats doux et blessants, et ses lumières qui vous traversent au vol.
Un peu avant les mots imprimés, il y a quelques mots manuscrits, simples et chauds, comme un café qu'on aurait partagé, un jour par hasard, dans cette ville.
J'ai ouvert le livre, je l'ai reniflé, je l'ai empoché, et je suis allée travailler.
Vous saviez, vous, que 220 grammes de papier, cela pouvait tenir chaud à ce point?
Merci Pierre Léon.

26.3.07

Coeur d'artichaut (2)


Mes passions littéraires furent de vraies amours, n'en doutez pas. Mais je prend de l'âge, et il arrive aussi aux histoires virtuelles de pâlir quelque peu. Alors, parfois, même envers eux, un soupçon d'ironie me monte aux lèvres.
Mes trois blogamis, cités dans le volets 1, dénonçaient ce que l'usure fait aux amours de chair, d'eaux et de couci-couça.
M'en voudrez -vous de faire de même avec mes, avec vos idoles? Vous imaginez vous mariés depuis 20 ans:

A MICHEL STROGOFF? "
" Ah écoute, ça commence à bien faire J'en ai ras le bonnet sibérien de ce tsar qui t'expédie encore une fois un dimanche en Tatarie, et pour un salaire de misère, encore. Il a qu'à le porter lui-même son courrier!"

A ARSENE LUPIN?
"Non, non et non! Je n'ai aucun besoin d'une septième crédence XIII° siècle! On ne peut plus se tourner dans le salon. Et c'est pas toi qui te tape la visite de la Sûreté toutes les semaines..."

A RAHAN?
"Je m'en fous que cela vienne de ton père! Je te jure que si tu ne jettes pas une fois pour toutes cet immonde colllier de griffes, je retourne chez ma mère, et tant pis si je dois recommencer à marcher à 4 pattes."

A RETT BUTLER

"Oui, chéri, le siège d' Atlanta... Oui, oui, l'incendie, l'explosion de l'armurerie, oui oui.. Tu veux bien lâcher cette bouteille, et prendre tes gouttes?"

A CYRANO?
"Oui, de tes oeuvres je finis le catalogue
et je viens tout de suite corriger ton blog
Si de ta rapière, tu remettais la mouche?
Car du clavier, hier, tu as pété une touche..."

A RINUS DE GIER
Je te demande pourquoi tu as oublié les poireaux, et toi tu me réponds que la vie est une carotte?

Et, sans doute, parce que je l'aime encore...

A CORTO MALTESE?
" Chéri, hum... je sais que c'est moins passionnant que la Cabbale, mais hum... c'est encore un papier pour la Caisse de Retraite... Tu peux reprendre précisément où tu étais de 1918 à 1935?



Me restent intouchables l'aventurier boiteux, sans doute parce qu'il fut alchimiste, et un moine, sans doute parce qu'il fut jardinier. Quant à l'Apache qui persistait dans son silence, tout en jouant avec son couteau...

23.3.07

Coeur d'artichaut(1)


Cela parle beaucoup d'amour, dans ma blogosphère, ces jours-ci. Moukmouk, d'abord qui s'interroge sur la pérennité de l'amour, Samantdi et Meerkat, qui y répondent à leur guise charmante.
Par hasard mon ricochet sur l'année 67 écrit de longue date, tombait dans la soupe en même temps que les choux et les roses des mes blogamis.
Toutefois, ce billet, pris isolément, risque de de donner une fausse image d'Anita.
Il est temps de lâcher la vérité toute nue dans les printanières prairies.

Je fus un coeur d'artichaut.

Mon amour le plus durable, peut- être parce que le premier, celui dont on peut se souvenir avec ironie, mais pas sans émotion, s'appelait Michel Strogoff.
Il était grand, il était beau, il sentait les bouleaux de la Sibérie, mais surtout, surtout... Il avait cette façon, lui, le taciturne, le monolithe taillé dans le devoir et le permafrost, de tendre la main et de dire:
"viens"
qui lui ouvrit mon coeur pour toujours.
Viens, n'est ce pas, dès lors qu'on est libre de répondre oui ou non, le plus beau mot d'amour qu'on puisse dire? Et ce trait de génie, de faire pleurer le héros, une seule, une unique fois? Pour le moins, la meilleure incitation à rêver de l'épisode numéro deux, celui, où, en lieu et place d'une lame chauffée à blanc, mes doigts se seraient posés sur ses paupières.
Ah les taiseux magnifiques de ma jeunesse... L'Apache. ( les lectrices de Pif Gadget, avec moi!) Son cigarillo, l'ombre sur sa joue, ses jambes interminables, ses quatre mots tous les dix épisodes.
Corto Maltese, lui-même, commença de profil et de peu de mots. Est-il seulement besoin que je vante ses charmes à celui-là? Il a tout conjugué, le noir et le blanc, la quête de la fortune et le dépouillement insoucieux, l'inaliénable et la fidélité en filigrane, la mystique et le désenchantement. Plus il s'est fait nomade, plus il s'est fait loquace, et dans mon coeur, il a annoncé les bavards, sans pour autant, d'ailleurs, leur céder complètement la place.

Alors, oui, j'ai aimé conjointement Figaro et Cyrano, et le vibrionnant Arsène Lupin. J'ai aimé Jeoffrey de Peyrac aussi, et ne riront que ceux qui ne le connaissent par d'affligeants navets filmés. (laissez tomber ces derniers, et tentez les livres. Vous dauberez toujours autant, mais par la Libellule Cornue, je vous jure que vous avez toutes les chances de vous retrouver à 4H du matin avec le tome trois.)
Plus tard, mes amours prirent du poil un poil plus fourni, ou bien en perdirent carrément.
Sans doute, ne connaissez-vous pas les moustaches du Sergent De Gier? C'est JanWillem Van de Wetering qui nous a présenté. J'ai passé des heures dans son petit studio, essayant de caresser son chat sans me faire griffer et comprendre quelque chose au zazen. (non les griffes du chat ne font le même effet que le bâton du maître...) Et puis des heures encore à trottiner à sa suite dans Amsterdam, tâchant d'éviter, cette fois-ci, la fiente de héron.
Tant d'amants à longues jambes... Je me reposais avec Adamsberg et Frère Cadfael. Oui, je sais un flic étrange et un moine sexagénaire tonsuré : je vous l'ai dit, je vous livrerai toutes mes vésanies.

Je n'ai pas parlé de Rett Butler? C'est que je souffre encore. Vous riez, là aussi? ah, c'est qu'il ne vous a pas regardé jusqu'au fond de l'âme, avec ces prunelles noires, soudain éteintes et lasses pour vous dire: "Il ne vous est jamais venu à l'idée que même un amour aussi grand que le mien pouvait s'éteindre et disparaître?". Oh, je cite de mémoire, mais je me souviens encore de cet écho de porte claquant sur un absolu, et du désert soudain. Et je me souviens aussi que la boîte de kleenex était vide.
(a suivre)

21.3.07

N. nous cherche.

N. se cogne aux parois de l'institution, tout le temps, répétitivement, compulsivement.
"Ah, dit le maître , il nous cherche en permanence."
N. est intenable, provoque les autres, claque les portes, tient tête, le verbe haut, le menton levé, les poings serrés, d'autant plus arrogant qu'il est pris dans les rêts d'une argumentation pathétiquement enfantine.
D'ailleurs, N. est un enfant.
Mais N. pense qu'il doit absolument montrer qu'il est un homme, puisqu'il en faut bien un dans la famille. Celui qui avait signé pour le rôle à sa naissance vient quand il veut, veut très irrégulièrement, arrive parfois comme Tonton Cristobal, des objets plein les poches, et c'est alors la fête excessive, l'abondance ingérable et sans horaire. Parfois c'est lui tout entier qui est plein, de menaces, de colère, de vide, d'alcool.
N. se dit que c'est bien d'être grand, parce qu'on fait ce qu'on veut. Ceux-là, en face de lui, qui lui disent que les grands essaient surtout de faire ce qu'ils peuvent, et qu'en tout, cas, face à lui, ils tentent de faire ce qu'il doivent, ne pas le laisser seul, ne pas renoncer à lui apprendre à tirer parti de son intelligence, ceux-là ne comprennent rien, ceux-là sont dangereux.
Parce qu'enfin, s'il se pouvait qu'ils aient, oh juste un peu, sinon raison, du moins des raisons de dire ce qu'ils disent, si c'est vrai qu'il faille un jour-oh! ne serait-ce qu'un peu, ouvrir les mains, baisser sa garde, alors on sait ce qui vous attend, s'asseoir par terre et pleurer, longtemps, longuement, sur cet immense gachis.

Pleurer jusqu'à ce que l'enfantine morve vous déborde du nez et du coeur, jusqu'à atteindre le noyau de détresse sous le flot purulent, jusqu'à ce qu'une alliance soit possible.

Mais qui peut attendre ce temps des larmes? L'éducateur qui n'est pas encore venu? Le pédo-psychiatre qui ne peut le voir qu'une fois par mois?

Bien sûr, N. aurait sa place en Institut, spécialisé dans les enfants qu'on appelait autrefois caractériels. Pourquoi faut-il que depuis un an, le guichet d'entrée pour cette prise en charge s'appelle la "Maison du Handicap"?

Malgré tout les précautions oratoires que j'ai prises, malgré mon refus absolu, sans ambiguïté, de le considérer comme handicapé, ce noyé qui se cramponne à des lames de rasoir, vous avez une idée de ce qu'il m'a répondu, le N. ?

chaque chose en son temps



Je sais, je lui dit parfois que son gaspillage m'énerve. Mais à 6 ans, j'espère qu'il entre, dans la photo ci-dessus, plus de goût de l'exploit technique que d'inquiétude pour le sort des forêts amazoniennes!

19.3.07

1967 : souvenir de contrebande


En 1967, j'ai quatre ans. Le Professeur Barnard réalise en Afrique du sud, la première greffe de coeur.
Je me promène parfois le long de cette rivière lente et sombre, avec mon manteau rouge dans lequel je ressemble à une boule à chaussures blanches. Si l'on cherche la raison de la gravité de nos enfances du dimanche, interrogez ces tissus lourds et raides, ces emmanchures étroites, cet engoncement qui vaut sagesse, pour les générations d'avant le lycra. Je tiens mon ballon à deux mains. Il n'y a pas de voitures sur ce quai, je n'ai pas besoin de donner la main.
Ce petit garçon là est bien habillé aussi. Sa mère désargentée a des des doigts de fée, et une exigence sans faille. Il a une dizaine d'année, il est rond, brun, et pour l'instant, totalement absorbé par sa jeune tante. Un peu trop, même, au goût de celle-ci, qui se serait bien passé du chaperon imposé par sa soeur aînée. Oui, c'est entendu, elle raffole habituellement de ce garçon expansif et secret comme un vrai homme du sud, mais là, il lui vole le temps de son fiancé. Le petit garçon n'y voit pas malice, la tante est belle, rit tout le temps, virevolte, il la regarde, émerveillé.
Allez savoir pourquoi, comment, j'ai laissé échappé le ballon. Il y avait du vent, le ballon a roulé vers l'eau et j'ai crié. Serviable, il a couru, l' a rattrapé in extremis. Il a dit "attend!" à sa tante, et il est venu me le rapporter, avec toute la solennité d'un chevalier servant.
Il dit que c'est la première fois qu'il voyait des yeux avec un cercle jaune à l'intérieur. Il dit que j'avais déjà à quatre ans, les paupières plissées quand je riais,et qu'il s'est senti grand et fort. Il dit que cela a dû se passer comme cela, cette année où il a traversé la mer pour venir aux fiançailles de sa tante.

Il peut dire ce qu'il veut. Tout ceci est une légende, bien commode pour tenter d'expliquer ce qui nous lie, cette greffe de coeurs qui battent parfois en rythme, et parfois pas, cette amplitude parfois, qui dilate chacune de nos artères, ces rejets brusques, véritables urgences qui font sonner toutes nos alarmes, ces transfusions alternées de lui à moi, de moi à lui, cette force partagée.
Il peut dire ce qu'il veut, l'histoire n'est là que pour masquer l'émotion, parfois la gêne d'un sentiment si curieusement vivant, si profondément ancré sous la peau même.
Mais comme dans toutes les histoires de greffe, l'histoire n'est pas que rose. Pour que se rejoignent la petite fille des bords de Saône, et le petit garçon d'Outre Méditerranée, il faudra des années, et une suite d'évènements pour lesquels nous n'aurions jamais signé.
Qui voudrait d'une histoire annoncée dont les chapitres obligés comporteraient exil, séparation, divorce , un mort si jeune que c'en était indécent, en sus d'une ou deux guerres?
Personne. Pourtant c'est ainsi, et le petit garçon est cet homme, qui, ce soir comme un autre, depuis des années, effleure mon cou, pose une tasse de café à coté de moi, sans même tenter de lire par dessus mon épaule, au moment même où, à ce post je met ce point.

la jeune fille



Des fois, devant la funambule adolescence,
on retient son souffle.
Surtout ne pas applaudir.

18.3.07

He has a dream


récupéré sur le site de Christophe Grebert, cette photo saisissante.
D'habitude, je me contente de savourer ces clins d'oeil en privé, mais là...

17.3.07

1966: D'ancre et d'erre


En 1966, débute le projet Arpanet. J'ai trois ans, et mon premier souvenir qui dépasse celui de l'image immobile, est le voyage qui amènera famille et paquets dans la région que j'habiterai presque quarante ans.
Dans cette gare noire d'ancienne fumée et de monde, je tiens la main de mon père, avec gravité, et une appréhension qui se mêle d'un sentiment d'importance. Sans doute, fus-je quelque peu chapitrée sur la nécessité d'être sage dans un train de nuit, car je me vois droite et digne, très consciente du protocole du voyage. Déjà, j'aime l'odeur et la fièvre, et les bruits dans ces gares qu'on ne se préoccupe ni d'insonoriser ni de sonoriser.

Nous déménageons, dans une région que j'aimerai peu, mais dans une maison qu'encore aujourd'hui, je décrète idéale pour abriter une enfance. C'est peut être d'ailleurs parce qu'elle remplit si bien, si pleinement son rôle de maison de mon enfance, qu'y repenser aujourd'hui ne provoque ni regret ni nostalgie, mais une forme de reconnaissance. Ce fut une bonne maison, et je ne manque jamais de lui dire, quand je la revois.
Elle était d'une couleur et d'une forme attendrissante et insolite, jaune avec un pignon, légèrement perchée, avec un jardin en haut et un jardin en bas. Cette maison que nous louions était en bordure du parc d'une maison de maître, si souvent mystérieusement fermée, attirante et troublante. Interdite, bien sûr, sinon, où serait le plaisir? Oui, j'ai des souvenirs de frissons partagés, de marche en file indienne, guère plus bruyants que des bisons, vers tel bosquet de buis centenaires, qui faisaient une cabane naturelle.
Mais ces exotiques séductions pâlissaient devant la fidèle bonhomie du mur de devant, sur lequel il était si facile de se jucher, à partir du portique, d'un balancement exact du trapèze. Moins poste d'observation que royaume longiligne, j'y ai régné sur un trésor : d'innombrables dômes de mousse verte, émeraudes de peluches, douces, tentantes et immédiatement déshonorées par le coup d'ongle qui les détachait de leur support. Sur ce mur, j'ai croisé la chatte, soliloqué, interpellé et parfois fui les passants.
De cette maison, je suis partie et revenue, car de cette époque datent les longs voyages qui ont marqué l'été de mon enfance. A partir de la maison jaune, rejointe en train, j'expérimenterai le vélo, le patin à roulettes, les longs voyages en voiture, l'avion, et même la roulotte.
Le bateau et la montgolfière viendront plus tard, ainsi que diverses formes de transports amoureux.
Et quand l'antique ARPANET deviendra INTERNET, je découvrirais cette forme de voyage curieusement mouvant et immobile, ce bruissement sans voix, encre et air.

Qui me lit de Chine?

15.3.07

La tortue



Telle que vous me voyez
Il me faudra encore quelques millions d'années
pour toucher au but.
Mais ne croyez pas tout savoir de moi.
Je ne suis ainsi, tortue lente et lourde
Qu'à marée basse.
Dans l'eau, loin de vos terrestres regards,
cessant de feindre,
Je danse.

13.3.07

Trop bon élève?



La note de vie scolaire entre en vigueur. Je n'envie pas les enseignants sur ce chapitre. A voir les milliers de pages blogs qui apparaissent sur les moteurs de recherche, il y en a que cela interpelle au niveau du vécu et du référentiel, comme aurait dit Brétecher.
Moi, j'ai envie de vous parler de Z.
Z a enfreint le réglement à de multiples reprises. Pire, il sait, nous savons, tout le monde sait qu'il l'enfreindra encore d'innombrables fois. C'est avec une infinie désolation que le principal se prépare à lui appliquer les rigueurs de la loi. Au nombres d'infractions, légitimement sanctionnées, il ne peut garder la note de 20/20 en vie scolaire.

Pourquoi cet accablement des adultes à peser, au trébuchet de Robien, les mauvaises actions de cet adorable larron?

Z. est fumeur. Un fumeur toxicomaniaque, tombé dans le chaudron à nicotine à 11 ans. S'il reconnaît, et nous reconnaissons tous la nécessité d'une interdiction de fumer, il ne peut pas s'en empêcher. Il se planque, ruse, explore les moindres recoins. Il ne fait aucun prosélytisme, ne file pas ses clopes aux copains. Il a vu l'infirmière, m'a vu, il a vu l'assistante sociale, la COP, son médecin traitant. Les surveillants, en désespoir de cause, finissent par essayer de ne pas le voir, mais des accidents se produisent. Des professeurs le surprennent, ou bien le nombre d'élèves autour de lui ne permettent pas décemment de l'ignorer.
Z. est contrit, sincèrement, mais reste impie et relapse. Il a fait des heures de colles, bouffé des gommes, ramassé les mégots dans le parc. D'imperméables bonnes âmes ont demandé le marquage à la fleur de lys-pardon, l'abaissement de la vie scolaire, arguant que cette atteinte au règlement valait tout autre.
Mais.
Mais, contrairement à celui qui crache au nez d'un autre, Z a obéi à de respectables adultes. Pas à de ténébreux corrupteurs, planqués sur la toile ou dans l'encoignures des portes d'immeubles. Non,non, à des adultes qui payent patente, étudient, raffinent, fabriquent, commercialisent, annoncent, et jusqu'à très peu, vendaient en toute liberté.
Quand on voit la drague effrenée des cigarettiers et des alcooliers envers la population adolescente, leurs embuscades dans tout ce qui peut être un rassemblement de jeunes, leurs luttes féroces, faut-il réellement punir Z d'avoir été, à cet égard, trop bon élève?

12.3.07

maërl



Cendrillon des sables
Jamais ne sera
Princesse au petit pois.
Petit Poucet de dune,
Elle dort au milieu des coquillages.
Un os de seiche même
Ne la réveille pas.

11.3.07

Identité déclinée


Dans un billet de la série "Ricochets", j'évoquais le double sens, voire l'antinomie, contenus dans le mot partage. Mon très cher Diogène ( mais ouvre un blog, sacré nom d'une clé à molette!), qui continue, bien que je le connaisse depuis des années, à me scotcher sur place, me dit alors, qu'en fait d'ambiguïté, on ne pouvait guère faire mieux que le mot "Identité".

Un blog à développement durable fonctionnant bien entendu sur le recyclage, je m'étais promis de faire un billet là dessus. Je ne pensais pas le faire dans une actualité si crue.

Un Ministère de l'Identité Nationale? Mais de laquelle?
Mon identité, c'est en partie ce qui me fait ressembler aux autres. Qui fait que je me repère, ici ou ailleurs comme française, apte, non pas génétiquement, mais culturellement, à apprécier les escargots à l'ail et dédaigner la croustillante sauterelle grillée. J'ai aussi une identité de femme, qui me programme, génétiquement cette fois-ci, (dixit une enquête de l'Inserm), pour virer définitivement le rouleau de carton signant la fin de la réserve de PQ, DANS la poubelle, et pas À COTÉ. Il y a entre vous et moi, une certaine identité de vue, si j'en crois vos commentaires, sur l'instigateur de ce fameux ministère, et une tendance à attribuer cette promessse électorale, à la nécessité d'aller pêcher les voix de ceux qui s'identifient au borgne vitupérant.

Mais mon identité, c'est aussi celle qui fait de moi un être singulier, et ma carte d'identité porte (devrait porter, elle est périmée depuis 3 ans, et, oui, cela fait partie intégrante de mon identité): yeux verts, 1m 63, sexe féminin, et mes empreintes digitales uniques, tous ces signes qui permettent sans coup férir à un gendarme de ne pas me confondre avec un terroriste syrien barbu, et encore moins avec une fraise des bois.

Alors, ce ministère, c'est pourquoi faire? pour vérifier qu'un natif de l'Ohio a bien ingéré sa ration d'escargots et de pages du Bartholo Magazine? Ou pour vérifier que tel natif de l'Ouzbekistan continue, malgré la loi dite "BENISTI" à "parler aux enfants le patois du pays"?
(vous ne trouverez plus cette formule texto-elle était dans le premier rapport qui déclenché une telle volée de bois vert chez les linguistes que la piétaille sous secretariale a été obligée de lui faire un lifting d'urgence!)
Je dénierai pas à cette graine de dictateur son identité française. Mais je ne m'identifie pas à ses supports obsessionnels. Dans mon identité française, il y a eu du hasard et du désir, il y a de l'appropriation et du refus, du situé et du volatil, de l'ancre et de l'erre.
Je me permet donc de revendiquer ici, sous une identité d'emprunt, une identité nationale inassimilable, invérifiable, insituable,inencadrable, inencartable, mais poreuse, mouvante, jouissive, reliée, vivante...

10.3.07

Tu quoque simone?

Madame Simone,
Tu as beau être couverte des ors de la République, je te tutoie, parce que tu es une de celles qui ont évité à des milliers de femmes de mourir dans le sang et le pus. Tu as su là, où était le vrai danger.
Je pourrais aussi vous vouvoyer, parce que là bas, à Auswitcz, vous avez peut-être croisé les ombres de ceux de ma famille que je ne connaîtrai jamais, et que pour toujours, vous êtes, sans doute parfois à votre coeur et corps défendant, multiple, porteuse de voix éteintes qui n'ont eu que vous.

alors tu/vous ne pouvez pas. Vous ne pouvez pas tu es/tuer ces voix là sous la frénétique recherche de voix électorales.
Vous ne pouvez pas cautionner un MINISTERE IGNOBLE qui s'intutitulerai " de l'immigration et de l'identité nationale".

Madame Simone, je ne sais pas comment s'appelaient tes grands-parents. Les miens ont sûrement emporté la bouche des fonctionnaires qui les ont inscrit pour la première fois. Mais quand je pense à eux, ils n'étaient pas des étrangers, ils étaient des futurs français.
Tu ne vas quand même pas attendre qu'on rajoute à ce ministère un secrétariat à la pureté de la filiation pour te sauver, pour nous sauver de cette histoire honteuse?

Tu ne peux pas, à ce point, t'aveugler. Pas vous, Simone.

8.3.07

1965 : être et/ou avoir


En 1965, Perec publie "Les choses", et moi, je m'essaye aux mots. Deux ans, c'est le bon moment pour vous faire le coup du mot et de la chose.
Dans cette famille, l'appropriation du langage est l'une des bases de la survie. Les mots fusent, rebondissent, se détournent à l'envie, se dotant de double-fonds et d'emplois surprenants, chantent souvent, se mêlent de larmes parfois, de cris, point trop encore.
Mon père aime le mot précis et le calembour approximatif, fredonne d'une voix de basse, explique patiemment, et déjà, esquive les questions trop intimes d'un "humm" qui dépasse à peine la barbe. Ma mère chante faux, mais cultive la formule stupéfiante et l'étincelante répartie, bretteuse dans l'âme passionnée, excessive, mais capable d'enchanter notre monde d'alors.
Ils n'ont pas beaucoup d'argent, et cela leur évite sans doute de voir à quel point les objets les possèderont différemment quand viendra le temps des vaches grasses.

Nous avons bien quelques jouets, projectiles de choix, lorsque nous décidons de renverser les lits pour en faire des barricades et bombarder nos parents-Mais surtout, nous sommes bavards, nous inventons des histoires interminables, nous sommes intarissables et fatigants. Directs et curieux, nous avons le privilège de croire que ce que nous disons intéresse les adultes.
Les mots, dans ces premières années, sont monnaie d'échanges abondants, matière vivante, échelle de Jacob.
Du désordre, moins qu'il n'y en aura plus tard. Peu de choses, ou bien de peu d'importance. Moins qu'il n'y en aura plus tard.
Elles viendront , ces choses , figeant chez ma mère un territoire sacralisé, étouffant les voix, asphyxiant les codes. A bout de mots, les assiettes voleront, ultime sacrilège.
Les mots et les choses. Aujourd'hui encore je me méfie des choses, je les aime parfois, elles m'attirent et me pèsent. Tous les moments de ma vie qui m'ont vue sans bagages m'ont connue allégée, presque délivrée.
Il m'arrive de me dire que j'ai la même ambivalence envers les mots. je les aime, les cherche, les donne parfois, et pourtant, j'aimerai tant savoir me taire.

6.3.07

le dessinateur, comme la plus belle conquête du chat.

Depuis que M'zelle Zuzu m'a fait découvrir Maliki, je me régale. Tout être humain légitimement possédé par un ou plusieurs chats peut s'y reconnaître, et savourer, par tranche de 4 à 12 cases, chaque croquette de son masochisme. Ce strip ci est particulièrement délectable.
Mais pourquoi, pourquoi ai-je laissé la contraception de la chatte nouvelle aux bons soins de Sainte Procrastination? Et surtout pourquoi ai-je promis que je garderai un chaton, le chat crétin ayant récemment défuncté?

Parce que BIBI me l'a demandé. Et que parfois :
"Elle a dans les yeux
un p'tit chat sauvage
qui resemble au tatouage
que j'ai dans l'coeur"

(Higelin)(faux, Vivien savage, Anitta-la-grande soit louée)

simple comme : "bonjour madame"

Il n'y en a pas beaucoup qui font la manche dans cette petite ville. Celle-ci le fait si discrètement qu'il est facile de ne pas la voir. Elle ne parle pas le français, et esquive les questions en souriant. Cette fois-ci, il ne lui a pas donné un euro. Il a mis l'euro dans le monneyeur du chariot, lui a tendu le chariot et lui a fait signe de rentrer dans le supermarché. Elle a fait ses courses, et il a payé. Il me l'a dit deux jours après. Je me rend compte que s'il m'est arrivé de tendre un sac de courses, je n'ai jamais eu l'idée d'inviter quelqu'un de cette façon là. Il dit qu'il s'est fait plaisir, sans fausse honte, et il sourit de son sourire de loup.
J'aime bien vivre avec cet homme-là.

4.3.07

1964 : Inaccessibles archives


En 1964, j'ai un an et Brejnev accède au Soviet Suprême. Vu mon jeune âge, les générations en quête de justification des horreurs passées m'accorderont que je n'y étais pour rien.
Comme un certain nombre d'enfants mystérieusement avertis que c'est le bon jour pour un faire un cadeau à leurs parents, je marche le jour de mes (mon) un an.
J'ai très peu d'informations sur ce que j'étais à l'époque. Je sais juste qu'on m'appelait "la douce", et que sur l'une des très rares photos dont je me souvienne, j'illustre assez bien le slogan " Dans le bébé, tout est rond".

Pour reconstruire l'histoire d'une façon assez vraisemblable, il faudrait confronter les souvenirs et les documents. Or si le lien existe avec l'un, c'est l'autre qui a emmené les archives. Je suis donc en face d'une page, sinon blanche, du moins codée en une écriture incompréhensible.

Tout ceci me rappelle, que dans l'ex-URSS, il n' y avait quasiment que deux journaux d'information. L'un s'appelait les "Izvestia", à savoir les nouvelles, et l'autre, la "Pravda", à savoir la vérité. La-bas, comme souvent en famille, il n'y a généralement pas d'izvestia dans la Pravda, et pas de pravda dans les Izvestia.

Billet publié aussi dans les ricochets des blogueurs.

3.3.07


Plus de fièvre de l'attente,
ou bien pas encore
celle de l'ultime bord.
Je suis au portant, sans heurt.
Les jours que j'ai
devant moi sont à ma mesure,
ni trop loin
ni trop près
de l'échouage en terre inconnue.
J'ai retenu mon souffle de peur que que le lien ne se casse.
Il est là, noué autour de mon poignet,
loch inverse du décompte
et sur mon erre,
je ferme les yeux.

2.3.07

Papa, ta relève est assurée, me semble-t-il




J'aime, avec délectation, ravissement, et atavisme, quand cette adolescente canaille me propose "tu veux deux belles ?" pour la préparation du repas du soir, parce que "deux laides", c'est quand même dommage.