23.3.07
Coeur d'artichaut(1)
Cela parle beaucoup d'amour, dans ma blogosphère, ces jours-ci. Moukmouk, d'abord qui s'interroge sur la pérennité de l'amour, Samantdi et Meerkat, qui y répondent à leur guise charmante.
Par hasard mon ricochet sur l'année 67 écrit de longue date, tombait dans la soupe en même temps que les choux et les roses des mes blogamis.
Toutefois, ce billet, pris isolément, risque de de donner une fausse image d'Anita.
Il est temps de lâcher la vérité toute nue dans les printanières prairies.
Je fus un coeur d'artichaut.
Mon amour le plus durable, peut- être parce que le premier, celui dont on peut se souvenir avec ironie, mais pas sans émotion, s'appelait Michel Strogoff.
Il était grand, il était beau, il sentait les bouleaux de la Sibérie, mais surtout, surtout... Il avait cette façon, lui, le taciturne, le monolithe taillé dans le devoir et le permafrost, de tendre la main et de dire:
"viens"
qui lui ouvrit mon coeur pour toujours.
Viens, n'est ce pas, dès lors qu'on est libre de répondre oui ou non, le plus beau mot d'amour qu'on puisse dire? Et ce trait de génie, de faire pleurer le héros, une seule, une unique fois? Pour le moins, la meilleure incitation à rêver de l'épisode numéro deux, celui, où, en lieu et place d'une lame chauffée à blanc, mes doigts se seraient posés sur ses paupières.
Ah les taiseux magnifiques de ma jeunesse... L'Apache. ( les lectrices de Pif Gadget, avec moi!) Son cigarillo, l'ombre sur sa joue, ses jambes interminables, ses quatre mots tous les dix épisodes.
Corto Maltese, lui-même, commença de profil et de peu de mots. Est-il seulement besoin que je vante ses charmes à celui-là? Il a tout conjugué, le noir et le blanc, la quête de la fortune et le dépouillement insoucieux, l'inaliénable et la fidélité en filigrane, la mystique et le désenchantement. Plus il s'est fait nomade, plus il s'est fait loquace, et dans mon coeur, il a annoncé les bavards, sans pour autant, d'ailleurs, leur céder complètement la place.
Alors, oui, j'ai aimé conjointement Figaro et Cyrano, et le vibrionnant Arsène Lupin. J'ai aimé Jeoffrey de Peyrac aussi, et ne riront que ceux qui ne le connaissent par d'affligeants navets filmés. (laissez tomber ces derniers, et tentez les livres. Vous dauberez toujours autant, mais par la Libellule Cornue, je vous jure que vous avez toutes les chances de vous retrouver à 4H du matin avec le tome trois.)
Plus tard, mes amours prirent du poil un poil plus fourni, ou bien en perdirent carrément.
Sans doute, ne connaissez-vous pas les moustaches du Sergent De Gier? C'est JanWillem Van de Wetering qui nous a présenté. J'ai passé des heures dans son petit studio, essayant de caresser son chat sans me faire griffer et comprendre quelque chose au zazen. (non les griffes du chat ne font le même effet que le bâton du maître...) Et puis des heures encore à trottiner à sa suite dans Amsterdam, tâchant d'éviter, cette fois-ci, la fiente de héron.
Tant d'amants à longues jambes... Je me reposais avec Adamsberg et Frère Cadfael. Oui, je sais un flic étrange et un moine sexagénaire tonsuré : je vous l'ai dit, je vous livrerai toutes mes vésanies.
Je n'ai pas parlé de Rett Butler? C'est que je souffre encore. Vous riez, là aussi? ah, c'est qu'il ne vous a pas regardé jusqu'au fond de l'âme, avec ces prunelles noires, soudain éteintes et lasses pour vous dire: "Il ne vous est jamais venu à l'idée que même un amour aussi grand que le mien pouvait s'éteindre et disparaître?". Oh, je cite de mémoire, mais je me souviens encore de cet écho de porte claquant sur un absolu, et du désert soudain. Et je me souviens aussi que la boîte de kleenex était vide.
(a suivre)
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15 commentaires:
Anita, j'adore ! Nous pourrons bientôt faire la confrérie des anciens coeurs d'artichaut.
Il y a un bon moment, j'avais fait un billet sur mes amours de papier. J’ai d’abord aimé les grands costauds protecteurs (Blek le Roc, Buck Danny). Et après ce fût le tour des hommes insaisissables et mystérieux. Là je suis fort jalouse, car Corto Maltese était aussi dans mes préférences. Mais surtout Blueberry, la forte tête indisciplinée, cette Tunique Bleue passée du côté des Sioux et des Navajos.
Et tu as raison, quelle belle invitation que le mot "viens", plein de promesses.
Un peu différemment de toi, je m'identifie aux filles des romans : filles car même à mon âge, je me sens plus fille que femme :))
Mes héroïnes s'appellent Alice, Maria Chapdelaine, Arlette (Ces dames aux chapeaux verts), Scarlett bien sûr, ... et je tombe amoureuse avec elles des hommes qu'elles rencontrent ;-)
et blacksad alors :o) ?
Pourvu que tu ne sois pas une poupée qui dit non, non, non, alors, on ira tous au paradis !
Ca alors, une autre amoureuse de Bleck le Roc ! Et en plus c'est Meerkat que j'apprécie tellement...
On rencontre du beau monde chez toi Anita.
Anita dans mes bras! Michel Strogoff! Thierry la Fronde (j'ai épousé son sosie en secondes noces) Corto Maltèse (je m'apprête à épouser le sosie de celui-ci)!
On y échappe pas, à nos émois d'enfance. Mais d'ailleurs, pourquoi y échapper?
Haut les coeurs d'artichaut!
Nous le savions déjà qu enous avions de communes lectures... Pour moi il y avait aussi Kit Carson... et Winnetou le bel Apache....
J'ai suivi le fil depuis Chronique blonde et me voici. Juste à temps pour lire ce blog et soupirer en choeur avec vous...Comme je les ai aimé moi aussi, Arsène Lupin qui m'a envoyé tout droit à la librairie acheter toute la collection de romans le mettant en vedette. J'ai aussi soupiré pour Thierry La fronde, plus tard, jouant Gaston Phoebus, du grand art coté séduction. Et Bob Morane! J'abonde entièrement quand il est question du comte de Peyrac....Ouf, j'en ai des palpitations!
@Meekat: je ne conais pas Blek le roc, il sentait bon le caillou chauffé au soleil? ne soit pas jalouse, va, c'est l'avantage immense de ces amours littéraires, plus on est de folles...
@ Madeleine: bienvenue à toi! Oui, je dis souvent que Scarlett est l'un des très rares personnages féminins ni sacralisé, ni diabolisé, mais authentique.
@M'zelle ZUZU Vouiiiiiiii
@Oxygène: il me semble que j'ai éliminé d'office certains électeurs, le degré de sensibilité et d'imagination doit s'en ressentir (je sais, c'est partial)
@ Still: un peu plus que des lectures, même.
@Chronique: je suis prête à rajouter quelques samouraï à ce panthéon... pour ceux qui sont perplexes, voir le site de la dame.
@Bibco: bienvenue à toi! levons nos verres au grand Boiteux du Languedoc!
Enfin, @leu Warou, seul mâle à oser s'aventurer dans ce maquis féminin: si c'est pour voir le loup, je dis rarement non. Mais à une infime minorité cependant!
Ah oui, Thierry la Fronde, mais aussi Rahan l'homme préhistorique (palpitations itou), Gaston Phoebus oh la la !!!
C'est vrai que les filles ont plus de choix pour les amours dans les livres surtout de l'époque. Peu de femmes des livres de ma jeunesse était inspirante. Virgule de Guillemet, ou Mademoiselle Jeanne n'inspire pas beaucoup. Par chance il y avait Laureline.
@Samantdi: je connaissais moins Gaston Phoebus. (n'a-t-il pas été incarné par le Rodolphe des "Gens de Mogador?")
Le Fils des Ages Farouches? RHAAAAAAAAAAAAAAA!!!
@ Moukmouk : alors, à quoi rêvent les ours? Barbarella? Hypocrite? (non ce n'est pas un adjectif, c'est une autre héroine de Forrest) Tu n'as pas rêvé de la Pandora de Ballade de la Mer Salée?
Je ne sais plus qui incarnait Gaston Phoebus, car je ne voyais pas l'acteur mais LE VRAI Gatson Phoebus, eh oui....
(Rahan, c'était le top, les muscles et la griffe sans oublier l'opulente chevelure!)
Rahan je n'avais pas osé en parler ;-))
Il me faisait le même effet et en plus nous n'avions pas de rivale !
Je me régale ! Moi aussi, moi aussi j'ai été amoureuse de tous les héros rencontrés au hasard de lecture, de films ou feuilletons, et je n'ai jamais été déçue !
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