29.11.12

Le 366 du 26 novembre

Le thème d'il y a 3 jours était : une bonne chose de faite.
Je l'utilise pour aujourd'hui.
La Palestine est un Etat.

Je vais donc pouvoir imaginer faire  ce que je me refusais à faire depuis 36 ans : revoir Jerusalem.

23.11.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui séduction de.

Sans doute parce que c'était le dernier d'une consultation un peu morne. Sans doute parce qu'il était au pire moment de l'adolescence de certains garçons, quand ça a l'air de pousser par morceaux mal ajustés, la voix incertaine, le poil qui pointe n'importe comment sur une mâchoire encore trop enfantine. Peut être aussi parce que comme j'étais un peu en retard, il m'avait demandé s'il pouvait aller en griller une en attendant, ce qui le situait à l'ouest de ce qu'un médecin scolaire pouvait entendre.

Je me suis dit  que j'avais pas envie, pas envie d'aller au fond des choses, que j'allais expédier ce truc routinier d'examen systématique. Et bien sûr, quand je dis ça, la minute d'après, je me gronde et je m'applique-même si je sais que je ne suis pas très bonne à ça, que ce que j'aime vraiment quand je vois des enfants sans autre raison qu'une demande administrative, c'est prendre le vent.

Et puis, je ne sais pas. Je ne sais toujours pas. La parole était brève, mais pas hostile. Il était gauche, pas fini, mais pas si mal installé sur cette chaise. Et d'un seul coup, je me suis rendu compte qu'il écoutait. Posément. Sans chercher à esquiver, ni à en rajouter. Sans l'ombre d'une séduction, là où tant d'autres jouent, parce que c'est parfois leur première consultation hors de la tutelle d'un adulte.

J'ai cessé de m'appliquer et quand il est parti, je me suis dit que j'avais rencontré l'esquisse d'un homme charmant.

22.11.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui suffirait de trois fois rien

Je les ai vu arriver en file indienne, disciplinés, moulés de fluo, casqués de noir. Une grâce un peu sèche, pas jeunes mais élastiques,  concentrés. Ils avaient visiblement l'habitude de rouler ensemble, car c'est avec une belle synchronicité qu'il se sont arrêtés quand l'homme de tête a levé la main.
Ils ont mis pied à terre pendant que celui-ci a posé son vélo et, avec la même fluidité, la même économie de geste, a pris par le bras la vieille dame toute ronde à force d'être courbée, pour lui faire traverser cette route qui l'affolait.
Puis il s'est remis en selle, a levé à nouveau la main, et ils sont repartis, en rythme. Au passage, il a accroché mon regard et m'a fait cadeau d'un mince sourire, asymétrique, irrésistible.

21.11.12

366 réels à prise rapide Aujourd'hui, une chance

Le fou-rire devant la situation pantalonnesque de l'UMP me permet momentanément d'oublier les baffes qui se perdent du côté présidentiel.
Mais ce n'est pas sûr que ce soit une chance.

13.11.12

366 réels à prise rapide- Aujourd'hui, pas de place pour...

Pas de place pour les grincheux, les encombrants, les gâte-sauces. Si mes enfants n'aiment pas leurs cadeaux de Noël, je les revends. Je ne devrais pas avoir de mal, elles sont mignonnes.

                                                                               (Source Marmiton.org)

5.11.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui dans l'actualité

Aujourd'hui, une petite fille est perdue, dans un train en rade, quelque part entre le Mans et Rennes. Et on ne la retrouvera pas. Sans doute, parce que cette petite fille n'existe plus que dans mes tripes de mère au tocsin. Ce qui est là-bas, entre le Mans et Rennes, entre exaspération et gloriole, entre faim ( oh mon Dieu!) et coca (Oh my G... non rien) gravement payé au wagon-restaurant, c'est maintenant une jeune fille qui, comme toute sa famille, sait et aime voyager, prend l'intempérie comme elle vient, ne réclame l'assistance que quand elle sent qu'elle ne peut plus. Mlle Bibi prenait le train seule pour la première fois. Elle va être infernale d'assurance en rentrant et j'aurais envie de lui clouer le bec, de l'embrasser et de lui dire combien je suis fière d'elle. Sais même pas si je vais oser un des trois.

28.10.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, rondeurs

Aujourd'hui, flânant sur la toile
j'apprend qu'on propose
un emploi de métreur
à Champ d' Oiseau.

Je le savais.
La pie est un oiseau géomètre,
juste peut-être
un rien trop habillée
pour le poste.

19.10.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, besoin d'un objet essentiel

Parfois, toujours, l'héroïsme quotidien de très jeunes gens me rebute et me fascine tout à la fois. Jusqu'où faut-il intervenir, venir entre eux et ce qu'ils posent comme essentiel à eux mêmes. Point d'appui et fardeau tout ensemble, qui de nous peut dire si cela dépasse leurs forces? Et qui peut renoncer à cette question taraudante? Nous verrons-nous un jour reprocher de ne les avoir pas soulagés? Ou bien, adultes, ricanerons-ils de nous, traitant notre envie de faire avec, à côté comme de pitoyables tentatives de faire à leur place ce qu'ils s'étaient arrogés comme à leur mesure? Petits juges arc-boutés, mordant qui s'approche de trop près, ils réclament de se hisser vers nous, mais sans nous.

8.9.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, croire que.

Aujourd'hui, croire, les yeux fermés sous l'or finissant, que l'on pourra tout retenir de cette journée parfaite. Croire que l'on aura engrangé pour de bon les frissons lumineux de la mer qui remonte doucement sur le sable, le parfum du fenouil sauvage, la sensualité diffuse de jour de septembre, le soleil sous la peau, cette dilatation du temps quand rien d'autre ne vous attend que la framboise maraudée au jardin.
Savoir qu'on oubliera sans oublier.

3.9.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, dans ma poche.

A l'aller, un stylo.
Au retour, des noms avec des quelques indications. Tachycardie,  béta-bloquant, dysphasie probable, parents étrangers, deux poignets dans la plâtre, peut pas manger seul, décès d'un parent, intolérance au gluten et puis tiens, au hasard, L qui passait tant de temps à fuguer de l'école à envoyé des cartes postales à son instit.
Deux.
C'est la rentrée.
Mon stylo a bavé dans ma poche. Patience, ce n'est que le premier. 

1.9.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui : Animaux

Trois chats, cinq poules et plusieurs araignées.
Si je ne m'étonne guère des araignées, dont la présence est dans le droit fil de ma jeunesse insoucieuse d'ordre et d'hygiène, la présence des autres est toujours, chez moi, source d'une certaine circonspection. Contrairement à ce que prétend Fille Dernière, qui m'accuse d'indifférence sous prétexte que je ne me précipite par sur eux avec la même frénésie qu'elle, je les aime bien. Je parle aux poules quand je les rencontre sous mes hortensias et ce n'est pas seulement pour leurs œufs que je leur pardonne d'avoir tout autant béqueté les limaces qui dévoraient mes dalhias que les dalhias eux mêmes.
Quant aux chats, abreuvés de caresses et objets d'une affection qu'à leur place, je trouverais parfois intempestive, je respecte leur besoin de retrait réparateur. Mais lorsque l'enfant a déserté et qu'ils se sentent orphelins de leur persécutrice préférée, c'est bien volontiers que je leur accorde ma main, voire mes genoux. Sinon le clavier.
Toujours, néanmoins, je m'étonne néanmoins que ma jeunesse légère et vite nomade se soit, au fil du temps, à ce point encombrée. Au contraire de beaucoup, je sais que seule, je n'aurais pas d'animaux. Familiers, souvent pertinents, drôles à regarder et somme toute peu dérangeants, ils n'en restent pas moins la métaphore un peu trop évidente de l'acceptation.

24.8.12

D'une expérience d'un ancien chagrin, toujours pour S.

Dans un premier temps, on cherche à le surmonter, parce que qu'on croit que le chagrin est un adversaire. Et puis on s'aperçoit un jour que c'est, malgré son caractère désagréablement humide et sa façon de vous foncer dessus sans crier gare, un drôle d'allié. Dans cette obligatoire réorganisation du monde à laquelle le deuil vous assigne, on n'est pas trop, du chagrin et de nous, pour s'y mettre.
Oui, il faut faire sans l'autre que l'on a aimé et cet impératif est une douleur nue.
Il n'y a pas d'autre remède à cette douleur que le chagrin, sa patience, son inaltérable capacité à ramasser dans le chaos, ces toutes petites choses auxquelles on ne savait pas tenir. 
C'est lui qui organise, fragment par fragment, l'image à l'intérieur de soi, qui elle, jamais ne nous quittera. Il n'a pas de hiérarchie, il se moque des sentiments élevés, il tolère avec tranquillité des vieux trucs un peu ridicules, des tics de langages, des petites manies indéfendables qu'on croyait nous agacer et qu'il replace obstinément dans notre corbillon.
Ce n'est pas un allié confortable. Ce qu'il édifie n'a rien de beau. Vu de l'extérieur,  ça ne ressemble à rien, ça semble sans structure, ça mélange le trivial et le pur, le bibelot et l'instant, le rire incontrôlé avec le sanglot.  Il ne s'annonce jamais poliment, il n'a pas d'égard pour votre fatigue ou votre lassitude, il se moque du lieu où l'on est ou de la tâche qu'on exécute. Plusieurs fois, on lui demandera, on le suppliera même de nous lâcher. Mais son temps n'est pas celui du calendrier. C'est celui de la cohérence retrouvée, du lien pacifié entre l'avant et l'après, des fragments réincorporés maintenant indissociables du maillage de notre vie. 
Et un jour, plus tard, on s'apercevra que cela fait longtemps qu'on ne l'a pas vu. On ne saura pas exactement à quel moment il l'aura fait, mais on sait que ce jour là, il aura laissé de côté sa gravité coutumière et vous aura déposé l'ombre d'un baiser sur la joue en vous disant : 
" Va. Tu peux faire sans moi, maintenant. Je ne reviendrai que lorsque tu auras besoin de moi"

Et l'on continue de se souvenir, sans urgence, sans alarme.

19.8.12

Amarres

Ici, il y avait ce bateau dont l'amarre avait lâché et qui, privé de tout moyen de défense contre la mer, pitoyablement couché, embarquait vagues et goëmons.
Là-bas, il y avait cette vieille dame qui doucement, paisiblement,  se désarrimait, sans drame, sans s'en scandaliser le moins du monde, attentive,  malgré la douleur, à saluer l'affection des siens.

Pas d'autres liens entre ces deux faits que de toucher des gens que nous aimons.

Nous avions longuement parlé, avec S. de ce moment si questionnant pour nous-même, où nous savons qu'il faut lâcher prise, où il n'est plus question de bataille mais de veillée, où la moindre colère, la moindre rancune contre le sort serait un obstacle à la tendresse qui doit là, couler à flot continu. Nous savions aussi que ce moment-là, s'il vient, n'appartient qu'à chacun, dans un temps, d'une façon qui lui est propre.
S. avait choisi d'accueillir sa mère chez elle, parce  que leur histoire, et au delà, l'histoire de son village était comme cela.
Et c'était bien d'entendre son intime conviction d'avoir fait ce qu'elle et sa mère voulaient.

Ici, la veillée allait au rythme de la marée et de ses coups de boutoir dont il fallait protéger le bateau.
Pas d'autre lien.
Et pourtant, dans cette bataille qui dura quatre jours, je savais que l'énergie que j'y mettais était l'exact miroir de ma conversation avec S. Lâcher prise n'a rien d'instinctif. C'est un apprentissage qui ne tient qu'à l'expérience de renoncements antérieurs. Ici, on a poussé, tiré, fait des plans, trouvé des solutions et on a beaucoup râlé contre ces salopes de vagues qui y avaient été vraiment trop fort le mercredi et qui ne se forçaient plus, maintenant, pour arracher le bateau à sa gangue de vase.
Et nous étions plusieurs, dans notre rage, à penser à S., là-bas.

Le samedi, à la seconde même où grâce à un bateau ami, celui de E. s'est remis à flotter sous nos cris de joie, S. nous a annoncé la mort de sa mère.

De ces deux sentiments, la joie et la peine, lequel a subtilement modifié l'autre? Je n'en sais rien.
Mais même une incroyante comme moi se plait à voir dans la simultanéïté de ces deux moments, le signe que cette dame a dénoué ses amarres au moment où la plus belle vague arrivait pour elle.


Pour S. Avec toute ma tendresse.

15.6.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, c'est comme ça et pas autrement

Petite Poule couve. Inlassablement, elle étend ses ailes sur des œufs imaginaires, les vrais ayant déjà connu la mouillette de pain beurré, parce que, hein, bon, c'est quand même un délice.
On a beau lui tremper le croupion dans l'eau froide, la sortir de son nichoir, elle nous regarde, passive et fiévreuse à la fois et, dès qu'on le dos tourné, elle y retourne.
Petite femelle obtusément prisonnière de sa physiologie, elle m'agace et m'émeut.

18.5.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, elle a dit

"J'ai cru que vous étiez partis sans moi!!"
S'attendrir de ce que cachent, mal, la désinvolture et le verbe haut.
Ne pas rire des enfantines angoisses.
Elle l'a fait elle-même et c'est bien.

17.5.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui tache.

C'était une jour sans tâche et ça aurait pu être un jour anniversaire sans tache. Jour paisible, amical et sans enjeux réels. 
 Pourquoi a-t-il fallu que je regarde twitter et que la phrase stupide, grossière, d'un blogueur connu sur ce pays que j'aime,  me saute aux yeux. Pays de ploucs vraiment? Mais où il ne viendrait à personne l'idée d'arriver chez l'autre,  la condescendance à la bouche. Cet homme intelligent vient de se condamner à n'y comprendre rien, jamais. La première des chose à y apprendre, ici, c'est la bénignité habituelle des relations et l'inutilité d'être désagréable pour se sentir exister.
"Oh, J'ai cru voir, sur une fleur, glisser une longue limace."



NB : au lieu Cyrano j'aurais pu citer " la bêtise hannetonnante" de Renard. C'eût été pareil.

15.5.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, un mot en anglais

Bloody Hell.
Holy shit.
It's gonna be legend-wait-ary
The word your'e looking for is: "Anyway..."

Fuck, je crois que je suis plus influencée par les séries américaines que je ne le voudrais.

Oh my God! They killed Kenny!

14.5.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, enfant.

Sur mes huit arrières-grands parents, six étaient des étrangers. Parfois venus sans rien d'autre que le désir de vivre paisiblement. De fortune et d'histoire diverses. Des quatre langues, ne nous reste que le français, pour des raisons elles aussi diverses. Des bouts d'histoires, des attendrissements imprévus qui s'accrochent à des paillettes d'Epinal, recettes transmises, violons sur le toit, vieilles rengaines, douceur de l'accent russe. L'un deux ne fut peut être pas très honnête. Celui là pas très tendre.
Dans leur descendance, six normaliens, un polytechnicien, deux médecins, une linguiste, ingénieurs, infirmière, banquière devenue orthophoniste, ratons laveur en devenir.
Le discours actuel sur ces inassimilables étrangers me pue au nez.

12.5.12

366 réels à prise rapide. Fragment d'aujourd'hui, raconté en pouésie

On avait perdu petite poule
Et l'enfant se battait les flancs
Blanche, noire et grise
Les trois autres, bonnes ménagères
quelque peu défiantes
ne pouvaient tenir lieu
d'amie intime
de soucoupe volante
ou de moufle à plume.
On invita la Batam
qui porte sous sa robe
un pyjama de jambe
ah! tout affriolant!

Poule vole.
Accroupis devant la barrière du voisin
Les adultes se battent les flancs.
L'enfant rit.
Il n'est pas interdit de penser
Que la poule aussi.

11.5.12

366 réels à pris rapide. Aujourd'hui, il faut.

Ce ne sera pas facile. Il faudra compter avec la pluie. Il faudra tenir compte du retard pris dans la matinée, parce qu'il fallait bien, à ces parents, expliquer un peu plus longuement. Il va falloir parler de la couleur du lin et des roses qui peinent encore à s'épanouir.
Il faudra dire le temps qui s'étire un peu dans cette soirée, la jeune fille qu'on avait pas vue depuis longtemps, aussi familière sur le canapé qu'un chat de longue date.
Ça ne sera pas facile mais il faut, en cent mots exactement faire tenir la journée en un court billet.

10.5.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, une multitude de.

Combien de chagrins d'enfants nous font grandir?
Aujourd'hui, un oiseau de proie nous a ravi P'tite Poule, un bébé poule-soie qui prenait Miss Bibi pour sa mère.
Qui peut-être bien était un coq, d'ailleurs. Mais Miss Bibi avait facilement renoncé aux œufs anticipés. Pas aux drôles de piaulements, au bec fourré dans son giron, à sa façon de courir comme un jeune chiot à son retour d'école.
Chagrins d'enfants, en multitude, avant de pouvoir admettre l'impitoyable.

30.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ce qui craque

La jeune fille de cet après-midi.
Elle se fendille de partout, ça pleure de l'œil et du nez, ça déborde et délave le maquillage.
J'ai toujours des scrupules quand j'ai le sentiment d'avoir porté la pointe un peu trop loin, même si je sais qu'on ne fait pas toujours du bien à ceux que l'on prétend soigner. Dans les débris, je tâche de discerner ce qui ira un peu plus loin que cette soudaine incision, quelque chose avec lequel elle pourrait repartir sans avoir le sentiment de n'avoir fait que craquer.

28.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui le confort c'est

L'eau chaude.
Je crois que rien ne me donne plus l'impression du luxe et du confort que l'eau qui ruisselle d'une douche généreuse et sans artifice, constante et fiable dans son débit comme dans sa température. Je l'aurai attendue assez longtemps pour en savoir le prix. J'y efface la fatigue, l'usure et parfois la colère. J'y prolonge la caresse. Et chaque matin, dans ce curieux moment où il faut reprendre les divers morceaux de soi pour aller à  sa journée, la douche brûlante participe de la reprise de mon unité.

27.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, orange.

"C'est la fin du discours : comme une orange abîmée lancée très fort contre un mur par un gamin mal élevé, la MARSEILLAISE éclate et tous les spectateurs éclaboussés par le vert-de-gris et les cuivres, se dressent congestionnés, ivres d'Histoire de France et de Pontet-Canet."

Et, pour l'occasion, comme je n'ai pas grand chose d'orange dans mon quotidien, je vais largement dépasser les 100 mots.
Cher Prévert.


Le soleil brille pour tout le monde, il ne brille pas dans les prisons, il ne brille pas pour ceux qui travaillent dans la mine,
ceux qui écaillent le poisson
ceux qui mangent de la mauvaise viande
ceux qui fabriquent des épingles à cheveux
ceux qui soufflent vides les bouteilles que d'autres boiront pleines
ceux qui coupent le pain avec leur couteau
ceux qui passent leurs vacances dans les usines
ceux qui ne savent pas ce qu'il faut dire
ceux qui traient les vaches et ne boivent pas le lait
ceux qu'on n'endort pas chez le dentiste
ceux qui crachent leurs poumons dans le métro
ceux qui fabriquent dans les caves les stylos avec lesquels d'autres écriront en plein air que tout va pour le mieux
ceux qui en ont trop à dire pour pouvoir le dire
ceux qui ont du travail
ceux qui n'en ont pas
ceux qui en cherchent
ceux qui n'en cherchent pas
ceux qui donnent à boire aux chevaux
ceux qui regardent leur chien mourir
ceux qui ont le pain quotidien relativement hebdomadaire
ceux qui l'hiver se chauffent dans les églises
ceux que le suisse envoie se chauffer dehors
ceux qui croupissent
ceux qui voudraient manger pour vivre
ceux qui voyagent sous les roues
ceux qui regardent la Seine couler
ceux qu'on engage, qu'on remercie, qu'on augmente, qu'on diminue, qu'on manipule, qu'on fouille qu'on assomme
ceux dont on prend les empreintes
ceux qu'on fait sortir des rangs au hasard et qu'on fusille
ceux qu'on fait défiler devant l'Arc
ceux qui ne savent pas se tenir dans le monde entier
ceux qui n'ont jamais vu la mer
ceux qui sentent le lin parce qu'ils travaillent le lin
ceux qui n'ont pas l'eau courante
ceux qui sont voués au bleu horizon
ceux qui jettent le sel sur la neige moyennant un salaire absolument dérisoire
ceux qui vieillissent plus vite que les autres
ceux qui ne se sont pas baissés pour ramasser l'épingle
ceux qui crèvent d'ennui le dimanche après-midi parce qu'ils voient venir le lundi
et le mardi, et le mercredi, et le jeudi, et le vendredi
et le samedi
et le dimanche après-midi. 


Prévert. 1931

26.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui table de.

Un matelas d'1m40 posé sur le bureau de la directrice.

Celui là y viendra sans crainte. Celui là l'approchera avec une fascination non dénuée d'excitation. Il me faudra garer les plus sensibles de mes instruments de ses petites mains exploratrices.
Celui-ci y viendra avec réticence et suivra chacun de mes gestes avec acuité, pressé d'en finir.
Cet autre en sortira avec un grand rire et un grand saut, fier de montrer à quel point il est fort.
De l'autre côté, cette maman dira ce qui la trouble et l'autre racontera ses années d'anorexie.
Table d'examen improvisée dans cette minuscule école de bord de mer.

25.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui familles.

Chantal Jouanno à déclaré : "Mes principes sont clairs : Aux législatives, si pas d'autre alternative entre le FN et le PS, ma responsabilité serait de voter PS."
C'est exactement le cas pour le deuxième tour de la présidentielle.

24.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, à 11h30 précises

Aujourd'hui, à 11h30 précises, j'ai vu J. Mais ce n'est qu'à 16 h30 que j'ai appris qu'en rentrant dans sa classe, il avait, pour des raisons mystérieuses, éclaté en sanglots.
Son institutrice, qui l'aime beaucoup, ne me l'a visiblement pardonné qu'à 17h15.

22.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, je renonce à.

Aujourd'hui, j'ai solennellement renoncé à ses pompes, à ses œuvres, à son armée de bras cassés, au lent pourrissement des Institutions, au cynisme affiché, à la mise en prison d'enfants d'étrangers en situation irrégulière, à l'hystérisation des lois, à la falsification des mots, à la plume venimeuse, à la méfiance de l'autre érigée en système, aux gens modestes, aux effets de manches, aux expulsions imbéciles de gens qui ont le droit de revenir 3 mois après, aux impôts d'autant plus injustes qu'ils ne disent pas leur nom, aux lignes Maginot de la santé

En un mot, comme en cent, j'ai voté.

21.4.12

366 réels à prise rapide, aujourd'hui, plaque de rue

Où donc, sur le trajet, ai-je tourné dans la rue de la Roche aux Fées? J'ai laissé une main amie avant hier et le rouge des derniers distributeurs de tracts, hier. J'ai vu des corbeaux saisissants, tracés comme négligemment, à la pointe du couteau. L'écran leur aplatit l'aile, mais je vous jure qu'ils volent.

Ou qu'ils râlent, comme celui-ci, tête baissé et patte en avant, qui ressemble à un gamin boudeur sorti par l'arbitre.

J'ai vu aussi la tapisserie de l'Apocalypse et c'était savoureux d'entendre, en ces temps de promesses électorales et d'anathèmes, le long récit des menaces terribles qui allaient s'abattre sur nous.
Après, j'ai longé la rue aux Filles.

C'était une belle promenade.
 Demain, je vote.

18.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ça n'aurait pas dû se passer ainsi.

C'est pourtant un mec que j'aime bien. Mais ses explications embarrassées quand à l'absence de procuration, ses esquives embrouillées quand je lui fais remarquer que la Normandie n'est pas si loin qu'il ne puisse faire l'aller retour sur Paris dans la journée, risquent bien de ternir le sentiment que je lui porte.
Tu votes, tu votes pas, tu vote dur, mou, à gauche à droite, bleu, blanc ou rouge mais jamais, jamais, tu ne fais comme si la fatalité en avait décidé pour toi, quand sont programmées depuis si longue date cette élection et tes vacances.

17.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, la chaleur de

La chaleur humide de ce nuage ayant rencontré un fort courant ascendant, il en est retombé une grêle rapide et impitoyable.
On verra demain ce qui reste des projets de poires.
C'est la vie, say the old folks

16.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, faux et usage de faux

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil m'éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et souffler ma lumière ; je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ;

Trop tard. Vous êtes mes complices.

14.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, sacs.

Dans son sac, les produits bobos-chics que je lui avait demandés.
Parce que j'ai beau trouver des pois au wasabi dans mon supermarché, il y a encore des produits que je me fais livrer de Lutèce par char à boeufs par gentille Fillamoi que j'ai.
Donc, entre mélasse de grenade et fèves tonka, du jus de yuzu.
Dans le mien, des coquilles saint-jacques.
Ça tombait drôlement bien.
On se serait cru un 12 avril.

13.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, une pièce particulière

Ce sera chez moi. Une pièce particulière, à moi seule. En échange de quoi, j'ai promis d'exhumer ma bibliothèque de ses cartons, d'acquérir une méridienne avec de vastes coussins et d'y écrire-sans doute moins que je n'y rêverai.
Ce luxe inappréciable, cette "chambre à soi" est au bout du jardin et dire que j'y vois ma maison autrement est tout aussi réel qu'allégorique. Ses murs sont chaulés de vert très pâle et le soleil y dessine des emporte-pièces de lumière que je suis bien obligée de partager avec le chat.
Bienvenue chez moi.

12.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ils vont bien ensemble

La petite poule et le poulailler.
La terrasse du bistrot avec la fin du marché.
les épiphytes avec le mur de pierre
Le citron vert et la menthe dans le mojito.
La pomme et le lard dans la crêpe.
Le fou-rire avec la soirée.
Le thème du jour avec l'humeur du moment.

11.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, moment professionnel

I have a dream.
Je rêve de législateurs qui empêcheraient définitivement notre Etat de mettre des enfants en prison pour un délit sans victime qui n'est pas le leur.
Qui empêcheraient des marchands de vendre n'importe quoi, non seulement à, mais aussi au moyen d'enfants.
Qui, avant tout discours pompeux sur l'Education, commenceraient par rénover, dans toutes les écoles de France, l'endroit où ceux ci mangent et où ils pissent.
Qui comprendraient qu'élever l'enfant d'un autre est la tâche la plus subtile qui soit et qu'on ne peut continuer à mépriser, sous payer et abandonner ceux qui le font, des assistantes maternelles aux AVS.

Bref, je crois que j'ai rêvé qu'on réinventait la politique de l'Enfance.

10.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ce qui brille.

Les promesses.
Pas les trucs en toc qui pullulent en période électorale et se ternissent immédiatement. Les promesses, les vraies, celles qui se déploient avec force, presque sans effort, celles qui attendent les spectateurs patients et admiratifs, les promesses allègres et têtues.
Le sourire de l'enfant qui jusque là, ne se voyait pas jolie. La feuille vernissée, compacte, qui se hisse au dehors de sa cachette. L'averse et la flaque. L'idée précieuse que l'on planque encore, mais qui fait fanal.
Et ce blanc d'argent qui brille enfin et signe tout autant le temps passé ensemble que celui, inconnu, qui reste à parcourir.


NB: la photo est celle qui servira au chic des clics d'avril et est affectueusement dédié à Luce Luciole et FG.

8.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, itinéraire.

Ce sera demain. Mais c'est aujourd'hui que cela se décide. On prendra le vieux pont et on tournera à droite. On passera devant l'église sans toit. Il ne fera pas beau, la centenaire ne sera sans doute pas sur son banc.  On descendra la rivière, on passera cet autre pont.
Il faudra laisser la voiture. On marchera un peu, sur le sentier d'abord et puis directement dans le lit de la rivière marine déjà bien déchalée. Les bottes feront un bruit comique dans cette vase douce et rincée.
Plus loin là-bas, ce sera déjà presque la mer et avec de la chance, nous trouverons en grattant les palourdes grises qui ne ressemblent à rien d'autre qu'à des cailloux obtus.
Les doigts gelés, nous referons le chemin inverse. Ils s'arrêteront à la maison et nous boirons le muscadet. Sans doute serais-je la seule à attaquer les coquillages au couteau, sans même les cuire.

Mais peut-être pas.
Peut-être qu'il fera vraiment trop mauvais et nous aurons envie de rester au chaud. Ils viendront quand même et nous boirons et mangerons aussi. Mais pas les mêmes choses. Du café, par exemple et des petits gâteaux de Pâques.

7.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, laissez passer les petits papiers.

Menons nous, une heure seulement, une réelle vie d'adulte?*


*En dehors, bien sûr, de ce que nous offrons au regard, généralement peu scrutateur,  des autres.

6.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, le temps qu'il fait

Bleu et nettement plus frais que la semaine dernière.
Un petit vent cherche à percer les barrières que je lui oppose.
Le foulard sert encore de presse-étoupe, les châles sont encore à portée de main près du canapé.
Mais la lumière des printemps de ce pays est une aubaine, à profusion.

5.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, un mot que j'ai écrit.

Aujourd'hui j'ai écrit " A suivre".
Et j'ai rajouté +++.
Sur un de ces post-it qui pointent hors de mes dossiers à l'ancienne, que je range dans mes antédiluviennes armoires.
Et puis je pense que j'ai dû soupirer, ou hausser les épaules, ou grogner.
Je n'aime pas quand une lettre de confrère vient confirmer un souci.
Et puis je réfléchis qu'à suivre, c'est très bien. A suivre oui, à voir comment ça se présente, et puis ce qu'on peut faire là, et puis encore un peu plus loin.
Suivre le mouvement, à côté, pas loin.
A suivre, parce que c'est tellement mieux que le mot fin.

4.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ceux que je porte

Strepto variés, staphylo petits et grands,  lactobacilles en nombre, clostridium divers, escherichia coli, actinomycètes, joli bifidus, sans doute quelques pseudomonas, helicobacter pylori...

Oui, je porte tous ceux là et plusieurs dizaines de milliers d'autres avec moi.
Vous m'aimez encore?

Mais ne faites pas les fiers. Vous en portez autant que moi.

3.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ce que l'on porte.

Bonheur.
La clé de Saint Georges.
Et pour ce qui me concerne, " Un Jardin sur le Nil" d'Hermès.

2.4.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, signatures.

J'ai apposé ma signature, outre sur quelques courriers, mails et textos, sur 8 carnets de santé aujourd'hui. Pour 7 d'entre eux, elle est destinée à glisser dans les limbes des archives sans intérêt notable. Quelqu'un est passé là et, après quelques manipulations cabalistiques de chiffres divers, de couleurs,  de lettres, de mouvements, de résistance à la pression, en a conclu, tâchant de rendre son regard amical, que tout allait bien.
Par contre, cet autre là me reverra et je tâcherai, au cours d'épisodes, à nouveau émaillés de signatures et de chiffres, de vérifier que ça ne va pas si mal.

31.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, le monde est petit.

Le monde est petit. Petite phrase qui le rétrécit.
Mots de ceux qui n'aiment pas réellement le hasard. 
Hier, j'ai vue une petite fille qui ne mange pas. Cette nuit, dans mes rêves, une grande fille qui longtemps n'a pas mangé me dit que " la seule formation couture est est à Laval"
Ce matin, un gens que j'aime bien, qui résiste, comme d'autres avant lui, m'envoie des nouvelles lointaines et un petit bout de son intime archéologie.
J'ai passé ma journée au ras du sol et puis, après la douche, j'ai bu un verre d'un vin d'ailleurs.
Dans ma tête se croiseraient les mots, l'hier,  mes rêves, le lointain avec la vie à vivre, les choses à avaler, le pugnace et l'aérien, mes mains rêches de terre et mon cœur attendri, les autres et moi...
Et je trouverais le monde petit?
Allons donc.

30.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, je pourrais écrire sur ma tête.

Aujourd'hui, sur mon front, il y aurait pu y avoir un sceau de vagabond, un signe d'appartenance à la confrérie des flottants.
Cinq écoles, la mer à main gauche en montant, à main droite en descendant, soleil et chemin.
Peut-être, ce que j'aurais appris de cette journée, c'est combien nos vies ne sont lisses qu'en apparence, combien le hasard des rencontres peut mettre au jour un feuilletage insoupçonné, l'intrication, à notre présent, des multiples vies que nous n'avons pas vécues, qui sont restées amorcées, nées d'un moment, d'une humeur, d'une rêverie devant un paysage, d'un désir, instantanément figé, mais non point oublié.

29.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ça change tout le temps.

Les jours précédents ont été des jours de suspens. Etais-je, sans le savoir, malade? Plus perplexe finalement qu' apeurée, je me suis demandé, une fois de plus, comment, pour nous, les choses changent, quand bien même rien n'a, encore, changé. Lorsque notre projection vers le futur se brouille, nous ne savons comment vivre le petit bout de vie juste présent sous nos yeux. Nous hésitons à lui donner un sens et nous savons qu'il est impossible de ne pas le faire.
Ce pique nique improvisé sur cette plage que j'aime tant, était-il le dernier jour d'insouciance?*
Et qu'est ce qui change, sinon l'idée?


* Non.
Infiniment merci à ceux qui ont croisé les doigts, sans même demander pourquoi.

28.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, action éclair

Aujourd'hui a bien donné lieu à une action éclair. Mais je ne dirais pas laquelle. Des éclairs de compréhension, des éclairs d'humour, de gentillesse,  qui ont émaillé cette journée, oui, je veux bien en parler. Pas longtemps, mais juste pour que vous sachiez.
Que ces éclairs là portent loin et bien plus longtemps que leur trace visible.
Des fois, les gens bien, c'est vraiment bien.

27.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, une personne nerveuse

Nerveuse... En fait, je n'aime pas ce mot, sauf pour une viande récalcitrante. A la rigueur, il pourrait convenir à ce foutu SPM qui d'un seul coup, fait aboyer sans raison. Mais guère plus.
"Il ou elle a ses nerfs" me semble très souvent très réducteur. Cette femme qui s'accuse de cela, d' être nerveuse, me semble triste, désemparée. Et trop fréquemment humiliée.
Cette autre-là y masque l'hystérie, l'excitation rampante, la fascination du conflit, fût-il minime.
Et ce petit garçon qui s'effondre en pleurs parce que je lui demande de dessiner un bonhomme est surtout terrifié d'échouer.
Je préfère le sentiment aux nerfs.

26.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, j'éviterai de dire que

Je veux bien éviter.
Mais pourtant, on a assez facilement besoin d'une telle conjonction de coordination.
D'ailleurs, en cherchant une définition un peu plus soutenue, j'apprends avec un certain étonnement sa valeur poétique. Ainsi :
"Sa fonction est de suspendre la valeur de vérité de la proposition introduite, cette valeur pouvant être rétablie "
Et faut -il renoncer à une telle préposition quand on apprend ceci :
" Dans Qu'il est beau!, la suspension de la valeur de vérité conduit à un parcours de possibles et à la restitution de la valeur « vrai », y compris dans les cas d'intensité maximale."
"Que " c'est beau!

25.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, un air en tête.

Bien que je chante faux à faire rater une couvée de mésanges, j'ai la tête comme un juke-box. Littéralement, je pense en chanson comme d'autres en images. Au fond, il est assez heureux qu'un reste d'inhibition m'empêche de fredonner tout haut. Car on pourrait alors lire en moi comme à confesse.
Aujourd'hui, ayant vanté à un ami virtuel, plutôt enchevêtré dans des mouvements contradictoires avec un être aimé, la paix du jardin, c'est naturellement "Monsieur" de Fersen qui m'a entêté.
"Dans la paix de son jardin, il cultive ses roses
Monsieur est un assassin quand il est morose"
Et ma foi..

24.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, super héros

Le super-héros que j'ai rencontré a un costume rouge et noir.
Il est capable d'escalader une feuille entière, ce que je ne sais pas faire.
Et de manger des pucerons, ce que franchement, je me refuse à faire.


23.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, toucher

Je touche. Mes amis, les gens qui ont de la peine, la terre, la farine.
Le ventre très doux des hérissons.
Des enfants. Toujours, je mets ma main à plat sur la poitrine, avant d'écouter leur cœur, avant de poser un stétho qu'ils trouvent toujours trop froid. C'est le signal du départ, quelque chose qui fait entrer l'examen dans un autre toucher. Je mets une main sous les reins, une sur le nombril. J'appuie un peu. Ils prétendent que ça chatouille. Quand je mets ma main sur leur dos, c'est que c'est fini.
Des fois j'ai un bisou. Toujours, je suis touchée.

22.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, le bien, le mal

Le bien, le mal. On jurerai presque que cela a été choisi. Mais le hasard, heureusement, ne connait ni le bien, ni le mal, ni aucun de nos gris-gris contre la peur et le chaos.
J'ai vécu, en direct, la mort d'un autre terroriste, il y a 17 ans. Il avait été scolarisé dans l'établissement scolaire où je travaillais alors. Sa mort sous l'oeil des cameras menaçait de faire trainée de poudre dans ce secteur ultra sensible et le principal du collège, homme de valeur et de  peu de mots avait dit devant tous les gosses survoltés " je ne peux pleurer le terroriste. mais je pleure, comme vous, l'enfant qu'il a été".
Je reste persuadée que ces simples mots ont empêché le quartier d'exploser.
Je ne sais pas comment nous pouvons empêcher les enfants qui nous sont confiés de devenir des hommes arrimés à une dévastatrice folie.
Apparemment, le Conseil Constitutionnel a décidé que cela ne passerait par le fichage généralisé des honnêtes gens.
C'est bien.

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, ce qu'il en restera dans un an.

L'amie parisienne, qui rigole de ne savoir, au jardin, distinguer une asperge d'un poireau, et l'amie toulousaine, fille de paysans  se sont unies pour redonner vie au jardin de la première. Cet automne , l'AT a donc ramené de chez elle, des boutures destinées à s'enraciner selon leur bon vouloir.
Rosier pompon, roses thé, églantiers. Certaines ont pris, d'autres pas. L'AP, revenue sur ses terres m'interroge. Celui-là, avec ses minuscules feuilles vertes, qu'est-ce?
Docte, je tranche.
Un églantier.
Je fais exactement pareil avec les boutons des petits nenfants.
Un coxsakie.
De toute façon, dans un an, personne ne se souviendra de mes prédictions.

20.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, au pied du lit

Au pied de mon lit,
un valet de pied
fait le pied de grue
Au gré de mon pied.


Au pied de mon luth
le pied de mat
d'un valet de gré
je fais les voiles.


Mon lit sans pied
a-t-il encore un pied de lit?
Ou bien suis-je juste prompte
à naviguer dans le lit du vent?

A perdre pied
au fond de mon lit
l'œil fixé
sur la ligne de pied.

19.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, en toc

Après les fusillades de Toulouse et de Montauban, probablement liées, probablement prises dans la même coulée de la folie individuelle implicitement autorisée par les discours nauséabonds, les paroles sont de peu de valeurs. Mais plus toc encore la minute de silence décrétée par le Ministère de L'Education Nationale, si voisin du Ministère Des Civilisations Qui ne Se Valent Pas.

18.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, un moment où j'ai regardé l'heure.

 Le dimanche, je vais chercher, sur ce coin de lande, des pousses de fenouils sauvages qui feront la sauce pour les pâtes du soir ou du lendemain.
A 11 heures 37, le ciel de nuages s'est fendu. Sous la lumière en rideau, le gros rocher un peu plus jaune s'est mis à ressembler à un crapaud levant sa face béate au soleil et la frange des vagues est devenue de ce vert  de glace liquide, insaisissable et si tentant.
A 11heures 51, le grain crépitant de grêle est arrivé. Mon amie Marianna m' a offert un café. Le printemps arrive.

17.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, fallait pas que

Fallait pas que.
Ben si. Rinafoute. J'ai fait ou pas fait comme je voulais aujourd'hui. Mangé des crêpes, réparé une fermeture en un éclair, commis une- petite- horreur écologique, donné mon avis, bâillé, toléré le chat qui pue grave, médit d'un prix Nobel  (ah ouais! tant qu'à faire à dauber, autant bien choisir sa cible) et pensé du bien d'un confrère, écouté la pluie, fondé une secte avec l'ami Franck et torché à la va comme je t'épouse un post sur fallait pas que. Mais en 100 mots juste. Même en mode flemme, il faut savoir garder de la coquetterie.

16.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, une belle image.

Aujourd'hui, la belle image, c'est celle de mon ami Yves. Par un hasard malicieux, elle est arrivée dans ma boîte aux lettres, la vraie au bout du jardin, justement aujourd'hui.
Elle ira dans ma bibliothèque, parce que j'ai envie de travailler sous son regard. Oui, sous ce regard clos pour mieux voir.
Ce dessin me rappelle que je cherche moins à savoir quelque chose des enfants que d'en protéger, en aidant les adultes qui les entourent, la part nécessairement secrète.

15.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, petite satisfaction personnelle.

Ma copine m'a invitée à déjeuner.
En guise de remerciement, je l'ai poussée dans le trou.
Un jour, nous serons peut-être 366 à faire ces petits réels en chaînette.

14.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, moment de solitude.

Je m'accommode finalement assez bien de la sournoiserie goguenarde du roncier. Il se déploie, je l'enroule, nous bataillons un moment, mais quand il cède, c'est avec la prestesse de celui qui, sachant qu'il va resurgir ailleurs, ne s'inquiète guère de ce qu'il abandonne à l'ennemi
Il en va tout autrement avec la raideur gourmée du rosier. Oh, il se laisse tailler, mais dans un silence offusqué, il prépare sa vengeance. Et c'est souvent la plus infime des rognures qui, perçant le gant et la peau d'une épine déloyale, m'arrache un cri.
Alors, suçant mon pouce, dans la solitude de mon jardin, je sens que monte en moi l'envie incongrue d'ouvrir grand la bouche et de brâmer : " Mônmaaaaan, y m' a fait mal!!!!!!"

13.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, il a dit.

Nous sommes quatre autour de cette table. Le petit garçon dont il est question n'a pas voulu venir, tant cette école lui est douloureuse.
La réunion n'est qu'une énumération de signaux de détresse, et nous sommes tout aussi désolés que sa maman. Bien sur il faudra faire un bilan complet pour savoir pourquoi c'est comme ça, mais en attendant, que pouvons-nous faire pour cet enfant qui met la tête dans ses bras à peine arrivé en classe et n'en bouge plus?
Comment pouvons nous le rejoindre? Comment pouvons nous, au moins pour les mois qui restent, soulager sa peine absolue d'être à l'école?
Puisqu'il ne ne nous écoute même plus, peut-on profiter des heures de soutien pour repartir de ce qu'il aime, qu'il n'aime même plus, parce qu'il est en arrêt complet?
Mais qu'aime-t-il? Il aime bricoler, il aime les bateaux et surtout... ah surtout il aime les paquebots.
Il a dit " moi, quand je serais grand, je construirai un Titanic qui ne coulera pas!"
Nous sommes quatre, émus, autour de cette table, méditant la phrase du petit garçon qui, malgré tout, malgré la tête dans les bras et les coups de pieds dans les chaise, voudrait bien ne pas couler.

(Oui, dans ce réel là, il y a 200 mots, malgré la consigne. 100 pour moi et 100 pour lui, qui ne sait ni lire ni écrire)

12.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, facile facile



Ben non. Rien. Y en aura pas de facile. Pas les deux doigts dans le nez, pas comme papa dans maman, pas à l'aise Blaise, tranquille Mimile, cool Raoul.
Et je ne parle pas de relax Max.
D'abord, j'aime pas trop beaucoup ça. Sauf par surprise, quand la légèreté est donnée de surcroit à l'effort, quand c'est inattendu. Comme cette fin de consultation, quand nous avons parlé, cette mère et moi, de la différence entre se faire soigner et prendre soin de soi. Et que c'était plein de chaleur et de drôlerie aussi.
Pas facile facile, non. Mais bien mieux.

11.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, blanc


Blanc d'argent, Blanc d'Espagne, de Meudon, de Zinc.
Céruse, écru, crème, ivoire, cassé, de lait, albâtre.
Neige, titane.

Franchement, si j'étais peintre, j'aurais pu vous faire quelque chose de bien avec ça.

Blanchir sous le harnais, blanchir de l'argent sale, razzia sur la blanche, des hommes en blanc, un meurtre d'oie blanche, j'aurais pu, si j'étais écrivain, vous chauffer à blanc tout en restant blanche comme neige.

Mais voilà, vous m'aviez laissé carte blanche et j'ai fait chou blanc.
Avec des pommes et des petits lardons, c'est très bon.

10.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, sentiment de déjà vécu

Je fais partie de ceux qui imaginent volontiers que le chat veut conquérir le monde, que son sommeil n'est qu'un guet, le plissement amical de ses yeux, une ruse et son détachement, une inexorable patience.
Mais j'ai, à portée de main, l'instrument idéal pour me rassurer. Bien que ses oreilles orientables signent son sentiment de déjà vécu, le chat, saisi, stupéfait et soudain bondissant, n'a jamais rien compris à l'essence de l'aspirateur.
Sans être méchante avec les bêtes, j'éprouve, devant la terreur non feinte de cet animal qui semble toujours en savoir plus que moi, un certain réconfort.

9.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, debout dans.

Oui, oui, je sais. Je suis grande. J'ai un métier, des gens qui m'attendent. Je finirai par accepter. Et une fois que je l'aurai fait, la question ne se posera plus. Les choses suivront leur cours habituel. Je ne me souviendrai même pas de ce cours moment de recul, ce refus un peu obtus, voire grogné. Mais même si je cède, je ne renie pas ce que j'ai brièvement défendu.
Parce que je sais que j'y suis à mon avantage, légère, tiède et rieuse. Mais c'est un matin de semaine et oui, bon, d'accord, je suis debout dans cinq minutes.

8.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, féminité.

Bref échange ce matin avec Y. Je réalise que sauf exception, le nu féminin me barbe souvent, en peinture autant qu'en photo, alors que le visage me fascine. Est-ce d'avoir vu, touché, palpé tant de corps? Je ne crois pas. Il me manque le mouvement, la tension d'une peau habitée.
Et puis, songeant aux nuits sans sommeil, à la jalousie, au dépit, à la morsure de l'attente, à la fantastique énergie dépensée auxquels m'ont conduit mon rapport à la masculinité, je suis subrepticement soulagée de n'avoir jamais vraiment désiré les femmes que, pour autant, j'ai profondément aimées.

7.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, leçon à apprendre par cœur


Par l'effet du hasard, ce jour est celui où je vais à mon moment de théâtre. J'y vais habituellement avec plaisir, mais ce soir avec un peu d'inquiétude. Car ce texte me résiste. J'en oublie des mots, des articulations.
Mais c'est parce que nous ne l'avons pas encore assez joué. Je ne me suis encore assez déplacée de long en large, je n'ai pas encore bousculé mes partenaires, je n'ai pas encore assez levé les bras au ciel. Je n'ai pas pris les mots à bras le cœur, je ne sais pas encore mon texte par corps.

6.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, il faudrait réparer.


Aujourd'hui, il faudrait réparer, chez cette amie, ce qui ne peut l'être. Il faudrait alors faire pousser à côté, en dessous, croiser les branches et les racines, pour que la brèche prenne moins de place.

Aujourd'hui, à mon travail, j'ai réparé un oubli, en grondant sourdement, parce que c'est l'injustice qu'il aurait fallu réparer.

Ce soir, je crois que c'est un soir où je ne crois pas beaucoup à la réparation.

4.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, Oreilles




Oreilles, oreilles, est-ce qu'il m'en reste, d'abord, des oreilles?
Il faut, si vous le permettez, que je vérifie. Normalement, si les boucles sont encore là, les lobes aussi, et sans doute aussi les conques.
C'est qu'il faisait grand vent, aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, un bon vrai grand vent foutraque de Mars, avec des nuages blancs qui jouent à chat et un soleil encore un peu en hibernation, mais pas chien. Un vent qui te souffle au nez, se fourre sous ton pull et rit.
Un temps qui dilate l'âme, mais Gast! qui, si on les arrime pas, fait tomber les oreilles.

3.3.12

366 réels à prise rapide. Fragment d'aujourd'hui raconté en statistique.

100% des palourdes étaient délicieuses, 3%des langoustines ont opposé une résistance à la dégustation. Pour ces dernières, la pression un peu forte exercée sur la carapace est sans doute responsable à 98% de l'écrasement de la chair. ( intervalle de confiance 95% compris entre 0,972 et 0,988 )
J'ai passé 4mn 37 seconde à écrire ce post. On pourrait penser que j'utilise habituellement 0,3 % de mon temps à des conneries. Toutefois l'étude est biaisée par le non comptage du temps passé à se rappeler comment faire un pourcentage foireux et celui passé à tirer les moustaches du chat.

2.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui,difficile

Je peux comprendre, encore qu'avec une certaine difficulté, qu'on ne soit pas de gauche. Mais qu'il reste, à l'heure actuelle, ne serait-ce qu'un seul sarkozyste pour continuer bravement, obtusément, sur les fils de commentaires, la hagiographie de cet Ubu geignard et trépignant, voilà, franchement, qui me troue le cul.

1.3.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, un compliment

Son enfant est autiste. Il n'a pas d'autre langage qu'un écho du nôtre et c'est tout récent. Mais depuis l'année dernière, il a réellement progressé; Il accepte le toucher, vient même, et c'est étonnant, jouer avec un téléphone qu'il tend successivement à sa mère, puis à moi. Rieur.
Sa mère le regarde avec sérénité mais surveille mes propres réactions avec une certaine anxiété. Elle est un peu malmenée par une consœur psychiatre qui semble toujours prendre les gens de haut.
Je dis : "il va bien, dites-donc. Qu'est ce qu'il a changé".
Elle rosit. Mais ce n'est pas un compliment.

29.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, jour en trop

Moije trouve que dans les jours qu'agsistent pas, on al le droit de mettttre les leettttres en pluss même dans les mots en moinsss.
Alorse, j'ai écriée des choses pas sérieusantes à quelqu'un que j'aime bien beaucoup et des trucalires à quelque dégun que je connaissiait pas du toutte.

Et pis si y a vraimente trop de trucalires en trop, c'est que j'ai encore paumationné mon sécateur que j'usois usuellement pour les branches et puis les mots et puis moncoeur aussi.
Les sécateurs se planquettent les 29 févriers. Tout lemonde y sait.

28.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, froid

La consigne d'aujourd'hui tombe juste un jour annonciateur. C'est le nez, le premier, qui m'en avertit. Plus rapide que la joue, pas encore éveillée, plus sensible que l'œil qui ne cille pas encore, le nez dès les premiers pas dans mon jardin, m'avertit que le froid a desserré son emprise.

Ça sent la terre dépliée, la jacinthe et d'un seul coup, venue en bouffée du jardin voisin, une irrépressible, magique, charnelle odeur de mimosa.

27.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui est slogan publicitaire pour vous vendre

Aujourd'hui est un slogan publicitaire pour vous vendre un quotidien.
Mais demain est un slogan publicitaire pour vous empêcher de le lire.

26.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, machine

Machin, machine.
Machines de guerre, comme les effrayantes machines à tuer de l'industrie du tabac. Complaisances presque machinales.
Trop tard pour faire machine arrière?
Machines folles, poétiques machines de l'Ile, qui toujours m'émeuvent et me surprennent.
Machines administratives qui font des hôpitaux des machins sans âmes.
Théâtrales machineries de ces élections dont on voit les grosses ficelles.
La petite machine solidaire, la machine à café, chez machin...
Relancer la machine?
Allez, ce truc en 366 est une jolie machine à écrire.

25.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, moi je

Pour un couple, les retours de vacances sont parfois l'occasion de mises au point. Qui peuvent être dérangeantes. Mais qu'il faut savoir affronter, sous peine de voir le réel vous revenir un jour, brutalement, en pleine figure.
Au bout de vingt ans de vie commune, nos habitudes se sont émoussées, nos rites ont tendance à s'effriter, notre routine, pourtant précieuse, a tendance à se dissoudre.
Aussi important et désormais, sans doute inévitable, que cela paraisse, je ne suis pas sûre qu'il soit bon de faire reposer notre couple sur le seul fait que nous nous aimons.

24.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, parce que je le vaux bien

Ah non! Ne me dites pas que cette journée d'anicroches, d'emmerdements, de tracas, de mesquineries, de couilles dans le potage, d'embrouillaminis, d'avaro, de merdouilles, de chiendent coriace, d'emmouscaillement, de clous rouillés et de moules à gaufres, c'est parce que je le vaux bien.

23.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, musique.

Plus que la musique, j'aime la chanson. La chanson de rue, celle qui traîne et engoue, celle qu'on entonne avec encore moins de justesse que de vergogne quand on est seul en voiture, celle qui glue et qu'on maudit, celle qu'on reprend, en connivence avec le sourire de l'autre. La chanson, c'est de la musique qui n'a souvent l'air de rien, qui se déguise en bonne fille pour masquer la précision avec laquelle, parfois, elle vous troue le cœur.


(dédicace à CC, si par hasard il passe encore ici)

22.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, quelque chose marqué sur un objet

Je rentre chez moi. Très longtemps, cette phrase signait le retour accepté, obligé, la pente à nouveau descendante.
Depuis que j'habite là, l'idée de rentrer me remplit du désir de retrouver la mer et le vent.
Cette fois ci, je note que la ville à coté de laquelle j'habite n'apparait que très tard sur les panneaux, juste en fin de parcours. C'est pourtant une préfecture, mais dissimulée par une voisine plus grande. Cela renforce mon sentiment d'habiter au bout du monde.

21.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, hygiène.

Hier, j'ai raté, oublié, esquivé le thème " ce qui pourrait me faire passer pour fou".
Au fond, dans un sens ou dans un autre, l'hygiène mentale n'a jamais été mon fort. Est fou chez l'autre ce qui menace mon propre semblant de linéarité et je dois admettre qu'il puisse en être de même pour l'autre.
Mais je sais que le voyage, le déplacement, le paradoxal repos de l'œil sur le neuf, fait partie de mon hygiène la plus essentielle. L'inconnu comme un drap frais et blanc, comme une eau pure, le mouvement comme un drain.
Je suis en voyage.

PS : Yves Barré s'y met aussi
et c'est comme toujours réjouissant. Salutaire?

19.2.12

366 réels à prise rapide. Fragment d'aujourd'hui raconté en fait divers.

Dans ce quartier tranquille de B., les habitants évitent les reporters. On est entre soi et il est difficile de se faire une idée des évènements qui se sont déroulés dans ce pub irlandais. Le patron ne se souvient de rien. Le garçon essuie ses pintes sans rien dire. Il finira par avouer qu'elles étaient trois. Deux ont dîné d'un hamburger, la troisième a pris une patate au four. Ce que confirme le laboratoire de l'institut médico-légal. Par contre, aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune n'a pris de dessert.
Notre reporter insiste. Pas même de Cheesecake? Non. Le garçon finira par lâcher un indice : elles riaient beaucoup.

18.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, sonnerie

Et bien non, pas de sonnerie. Pas de réveil, pas d'autre scansion du temps que de considérer le moment advenu et d'en faire ce que bon nous semble. S'étirer dans la flaque d'un premier soleil, boire un excellent bordeaux, prendre cette rue là parce que la moustache d'un chat nous y invite, se rasseoir.
Ne pas même avoir la tentation de remplir un programme de visite, accepter qu'il nous en échappe tant qu'on reviendra peut-être.

16.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, liste à faire demain sans faute

Poser ses valises.
Prendre le temps de savoir comment fonctionnent les bus, le tram.
Chercher un endroit où manger ce soir, demain aussi.
Pour après-demain, faire confiance au pur hasard.
Décider si je prend tous les objectifs, ou un seul.
Essayer de comprendre comment s'offre cette ville.
Déambuler.
Chercher les lumières, les accents, les appropriations spontanées de ce banc là plutôt qu'un autre, de cette place-ci.
Etre en visite.

15.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, serrer

"Serrez ma haire avec ma discipline."
Je ne sais pourquoi ce vers de Tartuffe m'est revenu, à l'énoncé du jour.
Rien de plus éloigné de mon quotidien pourtant. Je ne serre que le café, de préférence avec un chocolat.

14.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, action de votre corps. Que des verbes.

Ouvrir, se baisser. Trier. Jeter? Jeter. Explorer, froncer le nez.

Soupirer.

Jeter.
Reprendre
Rejeter.
Soulever, empiler. Fouiller. Replacer.

Remettre à plus tard.

Aspirer. Nettoyer. Brosser. Epousseter. Désabler, décaillouter, décoquillager, défeuillesmorter. Rincer. Se tremper. Sécher. Vider. Débrancher. Ranger.
Remonter. Tout saloper.


Merde. Ça gsiste vraiment, des gens qui lavent leur voiture plus d'une fois par an?

13.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, végétal




C'est la fin de mon tomatier saugrenu. Il a surgi fin août, au pied de l'olivier en pot, surprise d'un compost pas complètement métabolisé. La sage-femme lui prédit une courte vie, mais tout de guingois qu'il fut, il a bravement poussé ses petites tomates cerise tout l'hiver. Je songe aux multiples façons dont les plantes tiennent à la terre. Racines uniques, radicelles enchevêtrées, profondes, superficielles, celles qui se groupent et celles qui s'isolent, celles qui s'arrêtent à la limite de l'ombre.
Et...

12.2.12

366 réels à prise rapide. Aujourd'hui, l'imprévu.

Ecrire comme on joue à la marelle. Un pied, deux, petits cailloux à pousser, vacillement. Rarement jusqu'au Paradis, on mordra la ligne avant ou on oubliera. Pourtant, comme ils sont tentants, ces 366 réels à prise rapide. L'occasion, imprévue, de réouvrir l'espace de jeu.

100 mots maximum, le cailloulipo est léger. 366 fois de suite? C'est moins sûr.