28.6.07

aller jacter à l'est

Je ne suis pas particulièrement collectionneuse. il y a quelque chose dans le désir de ne rien rater, dans la convoitise aussi tôt éteinte que satisfaite, quelque chose qui me glace.
Mais j'aime bien les déclinaisons, les associations de hasard, les variations autour d'un thème. J'ai ainsi une vingtaine de théières, des tableaux, des grattes-dos et ... des chats, oui, je sais.
Alors, quand dans le blogochamps, on trouve sancho qui s'interroge sur la dignité humaine, madeleine qui travaille à la restaurer, Otir qui... qui quoi? Qui fout une claque à certain nombre de gloses sur la chose, illustrant justement ce nous en dit Sancho,
alors je me réjouis de ce collier en opus incertum...


Et puis, je me suis décidée à franchir le Couesnon : je serais, pour la première fois de ma vie de bloggeuse, à Paris-Carnet, sûrement intimidée mais heureuse d'y rencontrer Dame Kozlika, Oxygène, Traou, Fauvette, la Bacchante, Mlle Moi, Ada (toutes déjà en ilôts): quel beau monde!
Je serais facile à reconnaitre: j'emmène une baleine.

27.6.07

Mon île au loin, ma désirade


A comme Arz, où une poignée de fous a restauré le moulin à marée de Berno. Il y a vingt cinq ans, le spectacle de cette ruine m'avait serré le coeur.

B comme Batz, du calme, du vent, une jolie jument de travail (cheville épaisse, mais quelle crinière!) qui me fit un long calin de cheval , joue contre joue, après que j'eu dégagé sa patte prise dans la longe.

C comme Chausey, où nous jouâmes-dangereusement- à touche-cailloux et à partir au lof au milieux des courants imprévisibles.

D comme Dumey, une mouette me surveilla avec âpreté, et cette vieille dame un peu dérangée, qui y vivait avec son vieil époux invalide, dans cette maison sans électricité "depuis 45", quel lourd secret cachait-elle?

E comme Elephantines, que je ne peux qu'imaginer noires et or, dans une lumière rouge, que je n'ai jamais vues.

F comme Futuna dont le nom désolé signifie: "l'enfant perdu du Pacifique", d'où venait la petite M. mère à douze ans là-bas, et collégienne à 17 ici, tenace et pudique.

G comme Groix: oui on peut y voir de la joie, encore qu'en été, on n'entre dans son port qu'avec un chausse-pied-et qu'on en sorte au tire bouchon.

H comme Houat et Hoedic : jumelles charmantes et discrètes au charme d'autant plus irrémédiable qu'il est insidieux.

I comme Islande: ne pas mourir sans.

K comme Kerguelen : Où se partage mon désir lancinant d'y aller, et le sentiment très net que l'homme devrait foutre vraiment la paix à certains coins du monde.

L comme Lerins: Iles apprivoisées.Mais il y fait si beau. Et ma foi, (si je puis dire) le vin de l'Abbaye est fort bon.

M comme Molène . Ce petit matin de Novembre, j'étais seule passagère dans le bateau de ligne. L'équipage m'offrit le café, ou plutôt le maquereau et le vin blanc. A 7h du matin, j'en garde un souvenir troublé.

N comme Noirmoutier, pour ce plaisir terrien du Gois, périlleux et fascinant.

O comme Ouessant, l'île entre toutes, mon île inaugurale, que je n'ai pas osé revoir.

P comme Papouasie:mes filles savent encore que sa capitale est Port Moresby. J'espère aussi qu'elles se souviennent combien nous rêvâmes en trempant nos tartines.

Q comme Je n'ai pas de Q...

S comme Sein: mais j'ai celle là! Sein l'opiniâtre, qui résiste au vent, à la mer, et aux intrus.Belle? Pas vraiment. Et pourtant.

R comme Reunion: j'irai. Oui, j'irai voir ce que j'entrevois noir, rouge et vert, à pic, vertigineux, souriant.

T comme Tristan da Cunha : on n'y débarque pas. On peut y être invité, si l'on est utile à la communauté. C'est dans ce genre de circonstance que je me sens inutîle.

U comme Usion: On en revient toujours, on ne la quitte jamais.

V comme Vanuatu: Chut! je vais bientôt m'assoir par terre, je mettrai le menton entre mes mains, elle me fera du thé, et elle me racontera, celle qui y est allé. Et qui n'en est pas revenue?

W comme W bien sûr, déchirante et déchirée, l'île de la blessure, le souvenir d'enfance de Georges Perec.

X comme X, l'île inconnue, celle qui résoudra la quadrature du cercle, l'ile close et inépuisable, qui protège sans emprisonner, stable et mouvante, ouverte et retirée, bruissante sans être bruyante, l'il(e) qui contiendrait une vie entière.

Y comme Yeu : pédaler dans un radieux chemin de printemps, sentir tout "l'orgueil d'être jeune et vivant", marcher sur l'herbe de la détourne, et à deux, perdre son chemin, jouer à cache cache dans les haies, et, bien sûr, comment ne pas en avoir envie, retrouver la mer.

Z comme zanzibar: se rappeler toujours qu'il n'y a nul regret à n'avoir jamais vu Zanzibar pour de vrai, que le nom seul a fait tapis volant depuis si longtemps. Car au fond, c'est ici que la liste a commencé.


Liste clin d'oeil à celles d'Obni, entres autres, celle-ci

25.6.07

il fait un temps à pondre des haiku

il pleut dans son cou
la dame seule sur la plage
pond des haiku



le grain de sable
n'a pour lui que sa lumière
vertu du fragment

22.6.07

qui trop écoute la météo passe son temps au bistrot


Souvent plutôt bonne fille, la Bretagne est en ce moment une humide mégère. Il pleut de toutes façons imaginables, le crachin ne s'arrête que pour l'averse, l'orage succède à l'ondée, le vent ne pousse les nuages que pour en amener d'autres, tout content de nous les faire inaugurer. Chaque jour, malgré les cirés et d'inventifs essais de presse-étoupe, la pluie me dessine entre les omoplates une géographie persistante et sans humour.
Mes pensées sont en crabe et en bigorneaux, tout à la fois immobiles et de travers. Les flaques ne m'amusent plus. Il n'y a guère que la jouissance sardonique des goélands jouant les alpinistes de nuages et les dévaleurs de courants d'air pour m'arracher un coup d'oeil.
J'endure, comme tout le monde ici. La ténacité de ce temps d'eau de vaisselle a même eu raison du prolifique répertoire de phrases météorologiques dont les bretons disposent pourtant par héritage. Nous n'avons plus que des interjections navrées et des épaules haussées, juste assez pour ne pas rompre l'étanchéité.
Tout juste si Elle nous fait encore parfois la grâce de ce sourire en coin des régimes côtiers, ce déchirement des nuages à l'heure de l'apéro, ce soleil tardif jaillissant au milieu des perles d'eau et des hortensias brillants d'un éphémère vernis.

20.6.07

couples

Je me fous totalement du couple ségo-françois.
Par contre, la durée de vie du PACS entre Christine Boutin et Fadela Amara m'interroge au plus haut point...

18.6.07

mortes- eaux

C'est bleu, moins que prévu.
C'est mâle, comme prévu.
Ce matin, aucun article sur la parité. Quelques estimations, autour de 15% de femmes. On rappelle que la dernière chambre, avec ses 12% nous plaçait au 87 rang mondial en ce qui concerne la représentation féminine.
Il y aura encore des gens pour dire que c'est un progrès!
Et d'autre pour dire que ce n'est pas un enjeu.
Mais pourquoi donc ce peuple ne se reconnait que dans le sexagénaire mâle ?
PS (!): chez moi, c'est rose et féminin. Décidément, ce pays est souvent à contre marée. Pour la peine, je vous envoie une carte postale :

15.6.07

charcèlement

J'ai un genre de grosse fatigue, alors je vais faire dans ce blog l'équivalent des articles de chul ou de cellulite dans les cause-toujours féminins: je vais mettre des photos de chats.
Vous savez, l'espèce de chat pas fini que nous dûmes nourrir au biberon?



Bon, elle a doublé de volume, chasse l'ombre et l'orteil innocent,




monte trois marches qu'elle ne peut redescendre que si elle miaule assez fort pour attendrir une âme charitable-avec main, l'âme, quand même, regarde d'un oeil éberlué la crotte dont des mauvaises langues veulent lui attribuer la responsabilité, réduit mes filles à l'état de gélatine fondante et bavouillante- au point que je finisse par envisager avec appréhension le degré de gâtisme collectif que nous risquons d'atteindre avec un bébé humain-éparpille des croquettes avec un brio qui lui donne toute sa place dans cette famille à forte entropie, se prend les griffes dans mon châle, et, ne pouvant les rétracter, reste suspendue par la patte, essaie ensuite la technique dite "de l'escalier", constate que cela marche, recommence avec n'importe quoi à portée de griffe, et quand on lui dit, la prenant par la peau du cou:
"mais tu finis par m'emmerder, toi!"
pose sa patte sur votre nez, avec ce mouvement doux et confiant, cet oeil candide et cet embryonnaire ronronnement qui vous lie, irrémédiablement, à cette minuscule Circé.

11.6.07

fête d'école

Je n'aime pas les fêtes d'écoles.
Je n'aime pas la perspective de ramener chez moi une ode complète à la gloire du brimborion poisseux .
Je n'aime pas ces crétins de canards


qui n'ont pas trouvé la sortie, depuis quinze ans qu'on m'astreint à glapir d'admiration chaque fois que ma progéniture en choppe un.

Je n'aime pas que la fédération des parents d'élèves se félicite du succès de sa buvette, feignant d'ignorer qu'une bonne partie de la viande saoule de sa bière avait moins de 18 ans, et parfois moins de quinze.
Je veux bien l'absoudre en ce qui concerne la viande fumée, le circuit de distribution est (encore) légèrement différent.

Mais j'aime quand même:
les enfants fleurs.




Les fanfares bleues


Ou roses.

8.6.07

ce midi, c'était pique- nique.


Je sais, je ne devrais pas vous le dire.
Des fois, pendant la consultation de l'après midi, je souris toute seule, parce que j'ai du sable dans mes chaussures.

6.6.07

How to horripilate people.


On m' a envoyé un appel à signer une pétition qui s'intitule "Sauvons la clinique". Les auteurs, qui préfèrent s'adresser aux citoyens plutôt qu'à leurs dirigeants s'insurgent contre la disparition de la psychanalyse et de la psychopathologie dans les instances de formation des psychologue et dans les instances d'habilitation des institutions.
S'insurgent est le terme approprié, me semble-t-il. Il y a dans ce texte, beau, violent légèrement emphatique-mais je ne crains pas l'usage de l'imprécation prophétique- un appel véritable à mettre, non pas la crosse, mais l'éprouvette en l'air.
Au fond, j'aime qu'un texte dise:
"La standardisation des ratages de la condition humaine en une nomenclature des handicaps habite désormais des maisons sanitaires. Le dénuement social est promis à l'épuration policière ou masqué par des kits de pathologie des comportements. Les logomachies s'ingénient à voiler la massification de l'humain et la marchandisation du vivant. Acceptons-nous de déambuler parmi « les décombres du futur » ?


Et puis, vu la fréquence à laquelle je le rencontre, je suis absolument sûre d'avoir un inconscient. Je me peux même en donner le type: c'est un inconscient fredonneur. La preuve, après avoir lu le texte, je chantonnais, "sans la nommer" (!), bien sûr:
"
C'est elle que l'on matraque,
Que l'on poursuit que l'on traque.
C'est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C'est elle qu'on emprisonne,
Qu'on trahit qu'on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu'au bout, jusqu'au bout."


Je venais par ailleurs justement, de lire, chez l'ami Grange-Blanche, au sein, d'un article sur le traitement médicamenteux du désir féminin, que si le médicament testé provoque de sérieux effets secondaires (raucité de la voix, acné et hirsutisme) chez 18 % des patientes, le placebo, lui, est responsable de phénomènes identiques CHEZ 14%!
Autant vous dire que les tenants de la théorie du tout-biologique-l'amour dure trois ans- et ce n'est qu'une combinaison chimique- naninanère, peuvent aller se rhabiller, je resterai d'essence nue et désirante, merci pour moi.

Bref, je n'ai pour la psychanalyse ni répulsion, ni révérence sacrée, j'en reprendrai volontiers une petite tranche un jour ou l'autre, je tâche de garder une certaine humilité dans l'utilisation des outils du dépistage précoce, et je crois m'être clairement exprimée sur ce que je pense de l'instrumentalisation politique de la misère humaine.


D'où vient alors que je n'ai pas (encore,) signé la pétition?

Simple procrastination? Si je réfléchis un peu, il y a plus que cela.
C'est peut-être dans la suite de chanson de Moustaki, que se trouve la raison pas raisonnable de la chose:

Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui traîne en liberté
Où bon lui semble.


Eh ouais. Mon problème, c'est peut être le visage de la psychanalyse en institution- et pas seulement en institution de soin, mais dans tout processus de masse, école comprise.
Je ne suis pas sûre, mais pas du tout, qu'elle y soit moins perverse, moins instrumentalisante que la neurobiologie.

De l'exigence d'une rencontre et d'un chemin parcouru ensemble, mot à mot, et parfois
au milieu de plages de silence déserté, de cette écoute unique, de cette pertinence aventureuse, de cette drôlerie qui parfois, souvent, surgit comme un lumineux rafraichissement, que reste-t-il à grande échelle?

J'ai souvenir de cette psychologue scolaire expliquant fort doctement à l'instit que si G. ne pouvait pas lire, c'est parce qu'il était né après le décès d'un de ses frères-sans à aucun moment avoir pris le temps d'inventorier un temps soit peu les possibilités langagières de cet enfant au plan neurologique. Un bilan d'orthophonie? pourquoi faire quand on tient l'INTERPRETATION du siècle! Et je voyais l'instit se décomposer petit à petit- qui était-il, pauvre de lui, pour lutter avec un adversaire tel que l'ombre de ce frère?
Est-ce que l'enjeu n'aurait pas été plutôt d'aider l'enseignant à tirer les quelques rares brins solides dans cette pelote, pour qu'au moins l'un des deux- l'adulte en l'occurence -croit en la possibilité d'apprendre de G?

Et combien de parents étrangers ai-je vu fuir les consultations de centre medico-psychologique, malgré un désir réel d'aider leurs enfants, parce qu'ils n'y avait rencontré qu'un professionnel mutique qui les regardait, en disant au mieux :
"...mmmmmh?'

Pas sûre qu'il y ait eu toujours de vrais analystes sous les oripeaux, pas même forcémént d'analysants. Mais du coup, ce qui m'est apparu, pour mon usage personnel, comme un précieux, un subversif espace de liberté, m'est parfois apparu comme l'inverse, comme une machine à attribuer des responsabilités et à cimenter la culpabilité.

Alors? La psychanalyse est-elle soluble dans l'institution?
Ben je sais pas, et la question reste ouverte. Mais je suis contente qu'elle soit posée, parce que si je ne me précipite pas sur la réponse militante, elle continue néanmoins de cheminer.


NB: Je précise, à l'attention des fâcheux, que ce billet ne prétend nullement avoir fait le tour d'autre chose que de mon nombril, lequel est pour l'instant dans la situation de l'âne de Buridan.

2.6.07

j'ai toujours pensé



Que cette enfant avait un visage pour peintre