31.10.07

ben voui, encore une pétition.

Médecins du Monde lance une pétition contre l'instrumentalisation de la médecine au profit de la politique de contrôle migratoire.
Elle vise non seulement les contrôles de l'ADN des individus demandant un regroupement familial, mais aussi les pressions exercées sur les médecins de santé publique, la réalisation d'âge osseux sur les grands adolescents pour permettre aux institutions de ne pas appliquer les lois sur la protection de l'enfance
Vous vous doutez bien que que je l'ai signée des deux mains.
Après tout, si l'on veut vraiment utiliser les progrès de la science pour le confort de notre population, il y a largement à faire avec la question des élèves à besoins spécifiques dans l'éducation nationale, la lutte contre les maladies orphelines, l'éradication du SIDA, etc...

30.10.07

un week end en épices douces


Dimanche à Paris.
De la lumière, sur le canal, sur une frimousse drôle et futée de petite fille, dans le sourire d'ADA, qui est et a une fille formidable.
Je suis venue avec des langoustines, repartie avec une incroyable confiture de Traou, et l'envie de connaître mieux Valclair.
Et une recette de feuilles de vignes farcies.
Et une chaude expérience de hammam.
Et des heures de conversations.
Le désir de lire Pamuk.
Une forte envie de voyage.
Franchement, si la SNCF avait évalué mon bagage de retour, je n'y coupais pas d'une surtaxe...

26.10.07

brouette illégale


(cliquer pour voir en plus grand)

Poursuivre l'illégale brouette...? Oui, mais avec quel véhicule?

22.10.07

La chaine et le roseau pensant


Me voilà maillon.
Moukmouk, celui de Pohenegamouk, vient de me lister comme l'un des cinq blogs qui le font réfléchir, et me demande de continuer ce qui semble être une chaîne.
Si je réfléchis bien au boxon qui se produit dans mes neuromédiateurs, il y a du plaisir, de l'orgueil (cogito ergo je m'la pète), un intense sentiment d'imposture (mais un jour il vont finir par s'EN apercevoir!...), et une certaine perplexité.
Parce qu'au fond, je crois que je réfléchis peu.
Par contre, je rêve beaucoup, je soliloque, je marmonne-et de plus en plus-je divague, je contemple, flâne, surfe et songe.
Finalement, je ne réfléchis au sens strict que quand un caillou vient faire dérailler le train de ma rêverie: ce peut être une émotion, une sensation de discordance, une réminiscence, et bien sûr une obligation professionnelle. Je cherche alors ce qui fait scrupule, épine irritative, ce qui insiste comme obstacle.
Je défroisse, parce que je ne peux pas faire autrement, parce que, face à ce qui peut attaquer, déstabiliser, rendre fou, il n'y a eu, pendant longtemps, pas d'autre moyen que la mise en mot.
Ça n'a sans doute pas moins ni plus de vertu que courir ou de confectionner des cornes de gazelles. (ou des feuilles de vignes farcies)
L'amusant, c'est que Meerkat, nomminée en même temps que moi au Moukmouk Thinking Award, a titré son billet suivant "rêver la vie?". Ce qui tendrait à me sussurer que je ne suis pas la seule à dégainer rêverie quand on ma parle de refléchir.

Réfléchir, c'est interroger l'accroc. Du coup, me voilà en train de creuser pour savoir ce qui me sort de ma flânerie.
Ben c'est variable.
L'auteur de l'Ivresse Philosophique m'en voudra -t-il si je lui dit que rêve peut-être plus en lisant que je n'y réfléchis? Ce n'est pas que son blog manque de consistance, c'est parce que je suis sensible à son plaisir, à sa jouissance quand sa pensée est fluide. Alors parfois, j'échappe au sujet proposé, et je navigue à l'estime.
A l'inverse, Samantdi écrivit là, un billet qui me fit tellement réfléchir que je n'en suis qu'aux prémices. Sa brève échappée sur la notion de confort me semble contenir un point central de ma propre existence. D'ailleurs c'est souvent le cas, tant elle pose, avec une apparente simplicité et en quelque traits, des questions tout à fait fondementales.
Mr Ka, aussi, a l'art de soulever un point comme un caillou sur une plage, et de m'y faire découvrir tout un monde, à travers un mode que je maitrise peu, l'image. Au fait, d'un texte, je dis que le lis et le relis. Des images soulevées par Mr KA, dois-je dire que je les regarde, puis les garde?

En fait, dans mes blogs vraiment à réfléchir, qui ne servent qu'à cela il y a ceux de Maître Eolas et de JP Rosencweig. Parce que la frénésie de lois des derniers gouvernements, la façon, à la fois candide et perverse de croire qu'on peut, par la loi, combler tout les trous, supprimer tout vertige, réduire toute marge, ça, c'est un vrai caillou dans ma chaussure.
Itou, Technologie du langage, de Jean Veronis
Mais comme cela me fatigue, je retourne vers ceux, tous en lien, qui distraient en instruisant.
Car, disait Boby Lapointe:

"je peux instruire en distraisant
Treize ans 1/2 maximum.
Après, je prend ma retraite".

19.10.07

La jeune lectrice et le carton en L.

Elle descend l'escalier, à peine réveillée. C'est encore une enfançonne, le mollet bâillant hors du pyjama défraîchi, la tignasse embroussaillée masquant le visage mince, l'oeil encore enfoui . Elle oursonne, grognonne, s'étire. Pendant que je prépare le chocolat, la tartine rituellement fendue et beurrée, elle file chercher son Asterix du matin.
20 minutes durant, rivée à sa lecture matinale, elle remuera le contenu de son bol avec son peigne et tentera de se coiffer avec son toast.
Elle est si jeune! N'est-ce donc pas possible de faire dévier cet implacable destin?Ne vous moquez pas, je vois poindre les premiers éléments liturgiques de cette secte infâme:

-Je finis mon chapitre.
-Attends!
-cékika pris mon livre?
-On pourra acheter le tome trois, quatre-cinq-dix?
-Cekika perdu ma page?
-j'arrive!
- y meurs à la fin?
-t'as fini? je peux le prendre?
-Tu peux porter mon sac, l'est trop lourd...

Que peuvent, contre cela, mes exorcismes pauvres et mal convaincus?
-Dépêche -toi!
-Quand je dis tout de suite, c'est tout de suite!
-Eteins la lumière!
-Ah non, tu as voulu les emporter, tu portes.

Rien sans doute.
Et dès que j'ai le dos tourné, la marée rampante du livre reprend l'escalade du lit, du bureau rose, de l'escalier et de la branche basse du figuier...

LE CARTON EN L


Dans le carton en L, il y a , il y a toujours eu Rosamond Lehmann.
Qui la lit encore?
Elle est en Purgatoire, après avoir connu la célébrité dans les années 30. Au vrai, si l'on peut se figurer le Purgatoire des Écrivains comme un lieu matériellement bien achalandé en cigarettes et en gin, je ne crois pas qu'elle s'émeuve plus que ça d'y séjourner.
J'ai dit gin et cigarettes. Le thé aussi bien sûr. Mais si j'avais rajouté ce dernier élément au fait qu'elle soit femme, anglaise et qu'elle s'appelle Rosamond j'aurais eu peur de voir filer la déjà mince partie masculine de mon lectorat, et franchement, c'eût été dommage.
Alors, dans ce Purgatoire qui ressemble plus à la Gare de Paddington dans le fog, qu'au salon de thé de Harrod's, il faut imaginer R. Lehmann en position d'observatrice attentive, masquant sous son détachement, une sensibilité extrême. Ironique avec les traits de classe si évidents dans la bonne société anglaise de l'entre-deux guerre, violente, parfois (" vos enfants savent-ils déjà qu'ils vous détestent?"), et pourtant pitoyable à leur involontaire emprisonnement, elle se révèle, peut-être malgré elle, une entomologiste élégante et parfois cruelle.

Rien n'est moins mièvre que Rosamond, malgré son prénom et les titres de ses livres, malgré même ses thèmes. L'invitation à la valse raconte la semaine d'une adolescente qui attend un premier bal, Poussière le parcours sentimental d'une étudiante fascinée par une famille de cousins, Intempéries, mon préféré, un livre interlocuteur, en quelque sorte, retrouve l'héroïne de L'invitation à la valse, dix ans plus tard, précarisée par son divorce et son choix de vivre indépendante, et décrit son histoire d'amour avec un homme marié.

Les personnages de son oeuvre sont toujours au bord de quelque chose, assez près pour s'y sentir lié, trop loin pour y appartenir complètement. Et c'est dans cette distance, même minime, que naît le récit
Olivia, l'héroïne de l'invitation à la valse, eût elle entièrement plongé dans le bal qu'elle n'en n'aurait rien eu à dire. Et, dans le roman suivant, c'est à mi-chemin entre le monde de l'aristocratie et celui de la précarité qu'elle inscrit une histoire d'amour incomplète et un avortement clandestin.
Pourtant, ce n'est pas par empêchement à sentir, que se dérobe l'achèvement de l'histoire, sous forme d'un statut dûment reconnu par la société et les contes de fée. S'il y a une tragédie de l'impuissance, ce n'est pas par la glaciation des sentiments, mais par l'impossibilité de la fusion associé à l'impossibilité de renoncer au désir de fusion avant que l'histoire ne soit vécue.
Les histoires d'amour ne tiendront pas d'autres promesses que d'être à vivre.
Peut être, d'ailleurs, que le point central, chez Rosamond Lehmann, est moins la difficulté de se lier à un être, que l'impossibilité de se sentir appartenir à un groupe. Judith, l'héroïne de Poussière, est fascinée par la famille entière des Fyfe, et l'amant d'Olivia lui entrouvre une porte vers un monde de l'aristocratie qui l'attire et la rebute à la fois. (Oui, Samantdi, je pense à ton moëllamant!)
Chez Rosamond Lehmann, les mères sont essentielles, nécessaires, solides et pas toujours bienveillantes. Voici ce qui apparaît après la description de la maison de famille d'Olivia:
"Oui, c'est certain, ces murs renferment un monde. Ici, la durée tisse sa toile d'une pièce à l'autre, d'un an à l'autre. Le temps est en sûreté, dans cette maison. Quelque chose d'énergique, de concentré, de fort, de calme s'y développe, quelque chose qui a ses lois, ses habitudes, quelque chose d'inquiétant, de tyrannique, à quoi il ne faut pas se fier tout à fait; quelque chose d'atroce peut-être. Une plante curieuse, aux fortes racines enchevêtrées : un spécimen unique. Une famille en un mot."
(L'invitation à la valse)


Ceux qui savent ce qu'il y a sous Anita sauront que je vous livre ici bien plus qu'une chronique littéraire. Deux de mes filles portent le noms d'héroïnes de cet écrivain, et si le choix fut délibéré pour l'une d'entre elle, la coïncidence pour l'autre me revint un jour dans la figure comme une évidence évitée. Par ailleurs, Rosamond Lehmann aime les jardins, l'adolescence, les livres et les hommes.(Et peut être aussi, à distance, les femmes qui aiment les femmes).
Par dessus tout, je la considère, à l'instar de Jane Austen et Margaret Mitchell, comme l'un des très rares écrivains jusqu'à une date récente, capable de poser un personnage féminin qui ne soit pas sublimé ou forcé. L'exigence de l'authenticité a un coût, et c'est sans doute pour cela, qu'aucun roman de cet écrivain ne se clôt sur la rassurante certitude qu'ils furent très heureux et eurent beaucoup d'enfants.
Mais comme dit une très belle chanson de Mac Orlan :
"C'est peut-être le prix d'une vie sans sagesse
Mais pour la sagesse, c'était pas mon fort
lalalalalala....."




Ps: pour ceux qui débarquent, cela a commencé ICI.

17.10.07

Le commerce, ce serait le plus beau métier du monde, s'il n'y avait pas les clients.


j'ai longtemps aimé l'infirmerie du Lycée du Grand Bigorneau, même s'il s'agit d'un bâtiment excentré dans lequel mon bureau offre le confort douillet et le degré de subtile invitation à la confidence d'un local du Guépéou, avec ameublement d'époque.
J'aimais cette infirmerie, parce que les deux dames infirmières qui y officiaient pratiquaient une forme d'écoute à la fois tonique, pleine de sollicitude et très professionnelle, qui en faisait un lieu précieux pour cet internat de lycée professionnel accueillant des jeunes gens variés, dont quelques uns pas mal cabossés.

Depuis le début de l'année, du fait de départs multiples, dont celles des deux dames sus citées, j'assiste, impuissante et navrée, au complet succès du module expérimental: "Vous qui souffrez, allez parler ailleurs"

Coté infirmières, ce fut vite plié. La titulaire du poste déplaça quelque fauteuils, ferma ostensiblement une porte ou deux, ressortit- de quel placard, Ma Doué?- un paravent tout à fait Assistance Publique 1960. Quelques traînements de savates malgracieux plus tard, le mot d'ordre avait circulé parmi les élèves. La titulaire pouvait amener son tricot, nul ne la dérangerait dans l'exécutions d'un audacieux point de riz perlé.

Restait donc, une accorte dame contractuelle,pas tout à fait en position de de force, mais pleine de bienveillance, décidée à contourner cet obstacle. Sans doute atteinte par le charme aussi mystérieux qu'insinuant du travail auprès d'adolescents, je la vis, après quelques jours éberlués, se préparer sereinement à faire le travail pour deux.

Mais voilà que l'administration, elle aussi nouvelle, enfonça un deuxième clou du cercueil: elle exigea que les élèves passent au bureau des surveillants avant d'aller à l'infirmerie.
Dans un lycée, avec de grands adolescents, cette mesure est une parfaite calamité sur le plan de la prévention, et d'une incroyable candeur en ce qui concerne la maîtrise du flux des élèves. Car enfin, quand un élève sort de classe, il est toujours PRESUMÉ se rendre quelque part, et seul l'accusé de réception de cet élève en fait preuve. Qu'un élève sorte de sa classe, ou qu'il sorte de la vie scolaire, s'il préfère courir le guilledou au lieu profiter des charmes de l'infirmerie, on ne le saura que si l'on s'informe auprès de l'infirmière.
y est-y venu, ou pas?
A moins d'exiger un bracelet électronique, y papu de sécurité là dedans que dans un parachute en béton cellulaire.

Par contre, il est parfaitement évident que cela a pour effet de filtrer les demandes. Du coup, les "je-meurs-allez-m'acheter-un hopital!" auront la double jouissance d'exposer leurs maux à deux étages.
Ceux qui va nous manquer, ce sont les dépressifs silencieux, les furtifs, les que le secret étouffe de l'estomac à la glotte et qui ne savent comment le faire sortir, les qui se parlent en crabe, de guingois, une patte devant, une patte derrière, les qui crânent, même pas mal et qui sont soi disant venus parce qu'ils ont la gueules de bois de leur week-end d'enfer, et ceux qui viennent justement à l'infirmerie pour éviter de cogner le CPE.
Ceux auxquels il me semble qu'on va manquer.

L'administration n'a rien voulu savoir lorsqu'excipant de mon ronflant titre de "conseiller technique auprès du chef d'établissement", j'ai fait remarquer que cette décision allait obérer gravement la prévention du suicide et sans doute celle des maltraitance.

L'année dernière, je partais en croisade pour que R ait une auxiliaire de vie scolaire. (Il en a une, et, curieusement, fait des apprentissages galopants, vient en chantant à l'école, et commence à emprunter des livres.)
Je crois que mon Delenda Carthago est de cette année est tout trouvé.

14.10.07

ineffables.


Voilà, j'étais là. Ce vendredi, vers dix-huit heure, après une journée consacré au repérage de la souffrance psychique chez l'adolescent, j'étais exactement à cet endroit.
Et c'était comme cela, dans ce paysage qui jouait à sa propre carte postale, en la paraphant de son odeur unique. Pour la première fois depuis des houles, j'ai pu laisser se dénouer des fils lancinants, j'ai écouté les vagues friser les galets légers de la rade, et j'ai vu jaillir hors de l'eau, un banc entier de minuscules poissons, comme des ricochets inverses, pour le plus grand affairement des mouettes.

La connaissez vous, cette heure suspendue, ce singulier sursis de la mer étale? L'avez vous, un jour vécue, dans un soir de douceur sans vent, dans l'estompe d'une brume qui, charitablement, bascule l'argent cinglant vers un or débonnaire?
Sans doute alors, vous êtes-vous, comme moi, partagé entre le désir de croire que tout ceci a été fait pour vous, que vous êtes, pour quelques secondes, propriétaire de cette beauté qui vous ravive et vous réchauffe, et l'insinuante certitude qu'il n'en est rien.
Que c'est, bien au contraire, la perception que tout cela se passe entièrement de vous, que rien ni personne ne vous a assigné à être là, qui allège soudain votre poids d'humain.
Tiède et indifférent, le granit, doucement, desserre mes doigts crispés, décentre mes inquiétudes et rassemble d'éparses sensations en un bouquet consolant.

13.10.07

le jour où


Anita s'est dit: "arrête de te gratter, et rentre à la maison."

De retour soon, et je bise tout ceux qui, ici ou par mail m'ont envoyé pleins de petits grains de sable pour ma collec.

6.10.07

Le fond de l'air est humide, voyez-vous.


Il faut, disent les marins, arrondir les caps et saluer les grains.

Saluer les grains, oui, quand ils viennent d'en haut, arrondir les caps, quand ils ne se sont pas dissouts dans ces remontées saumâtres, dans cette lente corrosion qui vient du fond.

Le grain est là, sans aucun doute, et je fais eau. Du dehors comme du dedans.

Je sais que Monsieur Seguin voulait, de sa chevrette, l'oeil et le pied sec, la corne épurée sous les mâchoires du loup. Mais l'espèce humaine ne souffre jamais là et comme on voudrait, et certaines féminines douleurs ne peuvent s'empêcher de ressembler à des limaces bovarysant dans les trognons de chou.



photo: décor d'un spectacle de la compagnie Trois Points de Suspension

4.10.07

Free Burma

Je vais donner dans le cliché, ce soir, mais bon.

Dis-moi, combien pèse un flocon de neige ?", demanda la mésange à la colombe.
"Rien d'autre que rien", fut la réponse.

Et la mésange raconta alors à la colombe :
"J'étais sur une branche d'un sapin quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Comme je n'avais rien de mieux à faire, je commençai à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3.751.952. Lorsque le 3.751.953ème tomba sur la branche - rien d'autre que rien comme tu l'as dit - celle-ci cassa."

Sur ce, la mésange s'envola.

La colombe, une autorité en matière de paix depuis l'époque d'un certain Noé, réfléchit un moment et se dit finalement :
"Peut-être ne manque-t-il qu'une personne pour que tout bascule et que le monde vive en paix !"



Donc, je vous propose de relayer l'action Free Burma.
Lire Ici aussi


Passants, amateurs de passerelles, passeurs de balles, inventeurs de passe-peines, pacifistes...passez y donc.

1.10.07

par le petit bout de la lorgnette

Hier vers 16h, je reçois un message triste et révolté d'un ancien médecin scolaire, une de celle , partie dès les années 70 à l'aventure avec pelle et pioche crayons -feutres et stéthoscope, avec l'idée, bien au delà des pratiques hygiénistes, d'aider à inventer une école bien traitante et respectueuse de l'enfant.
Autant dire qu'en en plus du stétho, toise, balance, audit vérificateur, tensiomètre, échelle de monoyer z-et de Snellen, Lang, Ishihara, marteau à réflexe, centimètre, otoscopes et autres babioles qui la faisait ressembler au Senhor Oliveira, elle partait avec la FOI, dont tout le monde sait qu'à l'inverse des articles précédents, elle a tendance à alléger le quotidien.
De la foi, pas de statuts, pas de mission, un océan a épuiser et une petite cuillère trouée.

J'aime bien cette increvable dame drôle et teigneuse. J'aime aussi qu'elle ne ramène pas les temps héroïques pour nous traiter de mauviettes qui n'ont pas à se plaindre, mais pour nous secouer les branchies et nous dire: "râlez! plaignez -vous, mais haut et fort, gueulez, faites du foin, mais restez dans le navire". Et si elle n'ajoute pas "bordel à cul de pompe à merde" c'est probablement un vieux reste de bonne éducation bourgeoise. Mais elle n'en est pas loin.

Parce qu'après 20 ans de bagarre pour former un corps professionnel avec un vrai cadre d'expertise, de vraies possibilités de travail en profondeur, des échanges interprofessionnels de qualité, voir un secteur comme la Seine Saint Denis retomber à un médecin pour 8600 élèves ( 4000 il y cinq ans...), la Mayenne à un équivalent temps plein pour 20 000, elle a de quoi avoir la rage.

Hier, vers 18h, je reçois un appel de ma chef, qui du fond de son WE parisien, m'annonçait l'hospitalisation d'un collégien pour une forme grave d'infection à méningoccoque.
Ce qui constitue l'une des rares urgences absolues de notre service: identifier, prévenir, et s'assurer d'un traitement prophylactique les sujets en contact étroit avec l'élève, rassurer l'immense masse des autres, penser à la petite copine, décider les jeunes gens à nous dire, si par malheur, il en embrasse une autre, et s'il partage son clope derrière le mur, rassurer, répondre au téléphone, refuser toute inutile désinfection, rassurer, pister le copain perdu de vue par l'institution tellement il a été viré, mais qui traine encore avec les potes, rassurer, répondre au téléphone, rassembler les données, rassurer, savoir si celui qui est absent avec "une forte fièvre" n'a qu'une angine, envoyer paître avec douceur tous ceux qui se sont trouvé mal à la tête depuis le début de la journée, rassurer...
La journée de lundi promettait d'être longuette.
Elle l'a été.
L'élève semble tiré d'affaire.
J'ai oublié de répondre à M.C.


" Je frappe au n°1
j'demande l'médecin scolaire
la concierge me répond
mais quel métier fait -elle?
Elle fait d'la prévention
et dans les ptits ronrons
Elle fout un peu l'bordel
Je ne connais pas ce genre de métier
Allez voir à côté."



On en recausera.