8.5.06

qousque tandem

Dans ma vie, dit la dame qui ne compte plus ses cheveux blancs, j'aurais passé beaucoup de temps à essayer de comprendre comment les choses basculent. Un genre de théorie de l'embouteillage, ou bien un nuancier perfectionné. Quelque chose qui me permettrais de saisir imédiatement, et avec certitude, que ce violet là est devenu un bleu, ou bien que cette personne est folle pour de vrai.

Ou bien que LA, si j'en crois maître Eolas, nous avons cessé d'être dans une démocratie, parce que l'on fait, en mon nom, au nom d'une protection que je ne demande pas, des choses indignes.

Je pourrais dire que je me fie à mon sentiment; dans le cas ci-dessus, ce serait donc la colère qui m'avertirait de la nécessité de sonner le tocsin.
Mais si la colère est un sentiment que je laisse pousser comme une utile mauvaise herbe dans le champ de la citoyenneté, j' ai toujours trouvé que cela était un mauvais outil de travail. Tout comme la peur. Cela ne veut pas dire que je ne les éprouve pas, encore que cela m'arrive de moins en moins. Cela veut juste dire que je m'en méfie. J'ai moins peur qu'avant, parce que j'accepte que les gens puissent mourir malgré mon désir qu'il en soit autrement. Je suis moins souvent en colère, parce que j'ai enfin admis qu'on fait souvent ça qu'on peut, comme on peut, avec ça qu'on qu'on a. Et ce qu'on a, souvent, c'est peur et colère, en mélange indeterminé, et que ça rend con. Il doit y avoir de cela, dans l'action de ces jeunes flics qui musellent et violentent des étrangers qu'ils reconduisent à la frontière.

Mais par pitié, que quelqu'un se soucie de leur apprendre d'autres outils de travail.