31.1.08

grosse fatigue

Je suis une enfant de la Laïque Et Obligatoire. Je suis totale mécréante, mes enfants sont toujours allés à l'école la plus proche. Avant de venir ici, je ne travaillais quasiment pas avec les écoles privées, considérant qu'ils ont toujours, au moins statutairement, la possibilité de faire appel à un médecin de l'extérieur, pendant que je gère la pénurie de mes moyens et de mon temps.
Ici, la philosophie du service est différente, plus de 40% des enfants étant scolarisés dans le privé, et selon des strates historiques et géographiques complexes. Alors je m'y suis mise, sans réticence, sans enthousiasme non plus.

Et bien, au bout de quelques temps, je me demande si je ne vais pas travailler plus avec eux qu'avec les établissements publics! Et pourtant vous me connaissez, hein, j'ai été tricotée service public, en pure maille fauchée, avec bâton de pèlerin incorporé.
Mais voilà. Il y a un an, jour pour jour, requise pour intervenir auprès des enseignants du collège privé sur le thème des élèves à besoins spécifiques, ils étaient tous présents, de 17h à 19h. Et ils décidaient d'aménagements collectifs dans la semaine suivante. Depuis, la demi-douzaine de mal-vissés* que je suis chez eux s'épanouit visiblement.
Aujourd'hui, pendant l'heure libérée de 13h à 14h, dans le collège public, ils étaient cinq sur cinquante-cinq. Intéressés, soit. Réactifs, soit. Prenant date pour un complément d'information soit. Et infiniment sympathiques.
Mais cinq.
Alors étant donné le nombre d'heures dont je dispose pour l'exercice, je suis forcée de constater que j'enterre mon seuil de rentabilité.
Pourtant, je peux quand-même pas refourguer tous mes zoizillons déplumés au privé...
La musique du jour :
boomp3.com






* les nouveaux venus sur le blog voudront bien lire l'expression en y mettant dessous une foultitude de sentiments variés que je ne peux transmettre par écrit, mais qui va de la sollicitude à l'étonnement, en passant parfois par une vraie jubilation.

29.1.08

Le moral des ménages au plus bas

La chanson française, Mââme Michu, y en a pour toutes les situations. Et moi, faut que je vous dise, j'ai l'inconscient fredonneur. Donc, en lisant cet article de libé, voilà ce que je sifflotais:

Je croyais en m'embarquant à bord de la Carmeline
Faire un voyage d’agrément de Bordeaux jusqu’à la Chine
Mais je me suis baisé à fond la barque n’est qu’une sapine
Mais je me suis baisé à fond la barque n’est qu’un ponton

Le cap'taine n'est qu’un requin, le second n’est qu’un soldat
Le lieutenant un failli chien, le bosco qu'un renégat
Ils se promènent comme des morpions sur l’arrière de la sapine
Ils se promènent comme des morpions sur l’arrière du vieux ponton...


(La Carmeline, chanson à virer traditionnelle.)


boomp3.com

27.1.08

Fièvre


Journée blanche.
Dans la rumeur de fièvre, les signes de vie de la maison ont des bruits de papiers froissé. En rêve, tu suis la tuyauterie, l'eau qui coule là-bas, le long du mur, te rappelle la soif de ta bouche et des lèvres fendillées. Tu rêves d'une rivière verticale, que ton mince voilier remonterait sans effort, tu es si légère dedans, ascendante, délivrée.
En ces jours indécidables, tu as choisi : tu es tombée malade, juste ce qu'il faut pour t'abstraire. La gorge desséchée, les longs frissons, cette forge derrière tes orbites ne sont rien en comparaison de ce privilège : la jouissance de te tenir à volonté sur cette crête entre veille et sommeil, cette faculté d'échapper à ton corps écrasé pour organiser ta rêverie, y convoquer la tendresse et l'élan qui te manque.
Tu sais très bien être un peu malade, si rare et si bref que ce soit chez toi. Tu sais être patiente.
Rien de tout cela n'est vraiment grave, ni ta fièvre, ni ce contre quoi elle te protège.
D'ailleurs, c'est déjà demain.
Lève-toi.
Et je t'en prie, lave toi.

23.1.08

Améliorer sa communication, disait-il

Pour améliorer sa communication, le leader minimo a demandé à la belle chanteuse une suprême preuve d'amour. Lui consacrer une chanson dans le fameux disque qui l'empêche de le suivre en Inde. (Ce qui aurait été pourtant la place d'une suprême dinde)
Non, ce ne sera pas " le plus beau du quartier". J'ai réussi à me procurer le texte de la chanson, qui, je crois, a été écrite par un pote à lui. Mais j'ai pas le titre, vous avez une idée?



{Intro féminine:}
"A vous autres, hommes faibles et prétentieux
Qui mettez tant de mauvaise grâce à vous retirer du jeu
Il faut qu'une main posée sur votre épaule
Vous pousse vers la sortie, cette main tendre de l'électeur


On a toutes au doigt quelque chose de Sarkozy
Une bague de vingt carats avec un peu d'or gris
Ce désir fou de vivre une autre vie
Ce rêve en lui de se sentir grandi

Quelque chose de Sarkozy
Cette force qui le pousse vers Carla Bruni
Y a peu d'amour avec tellement d'envie
Si peu d'amour avec tellement de bruit
Quelque chose en nous de Sarkozy

Ainsi vivait Sarkozy
Le cœur de pierre et la rolex dernier cri
Avec ce formidable usage du déni
Ce rêve en nous c'est son départ à lui

Quelque chose de Sarkozy
Comme une Star Ac qui finit dans l'oubli
A l'heure où d'autres résistent à la folie
de l'ADN et des étrangers reconduits

Ainsi disparut Sarkozy
dans un avion rafale vers la Lybie
apres le dernier sondage de samedi
Il flottait un sentiment comme une envie
Ce rêve en nous c'est son départ à lui

Quelque chose en nous de Sarkozy

22.1.08

L'important, c'est ce qu'il y a dans la boîte.

Ce n'est pas le réchauffement climatique en soi qui m'inquiète. La Terre cesserait-elle son histoire convulsive, simplement parce que nous avons découvert le plaisir de construire en béton le long des rivages et l'angoissante capacité de mesurer la fonte de la banquise?
Ce qui est inquiétant dans l'histoire, c'est de nous sentir, nous, pourvus de moyens d'informations et ayant satisfait nos besoins vitaux, à la fois parfaitement avertis de notre participation humaine à ce réchauffement, et dans l'incapacité d'y faire face. Ce n'est pas la montée des eaux qui m'affole, c'est la pesanteur de notre système, c'est la machine folle qui fait se croiser à Paris les camions de tomates espagnoles partant en Hollande aux mêmes péages que les tomates néerlandaises attendues à Bilabao, et notre impossibilité à y renoncer.

La tuile qui vient de m'atterrir sur la crâne n'est même pas grave, elle est juste le signe consternant que l'un de mes proches est aux prises avec une organisation fermée, aux effets obligatoirement délètères. L'accident, ce n'est pas grave. C'est l'architecture sous jacente qui l'est.

Et je me dis pareil en ce qui concerne la machine folle des expulsions et cette invraisemblable idée qui risque de nous priver des fondements même de notre droit, depuis l'abolition des privilèges de juridiction. Saurons nous les défaire, une fois installés, ces pièges qui feront de nous des étrangers à chaque autre, des justiciables sur estimation d'intention?

Ne laissons pas les chacals brouter nos idéals.

15.1.08

D'une question à cent sous-et d'une réponse à deux balles




Tassili, en commentaire de mon dernier post, m'en colle une bien bonne.
"J'aime à penser, écrit-elle, que tu es heureuse".
Bien sûr que oui, ai-je pensé immédiatement de mon hémisphère droit.
Bien sûr que non, ai-pensé un pouillème plus tard de mon hémisphère gauche.
Ou bien le contraire.
Sans compter qu'Anita et moi-même nous nous sommes exclamée en choeur : "Qui? Moi ou l'Autre?"

Et puis je me suis arrêtée là, parce que la vie, qui est farceuse, m'envoya immédiatement en travers de la figure, le genre de tuile désespérante qui vous donne envie de faire grève de toute espèce de sentiment, en dehors d'un quant-à-soi renfrogné.

Mais pas que.

Parce que, bien entendu, la remarque de Tassili a continué sa fermentation instable et je tourne autour, bien obligée, quand même, d'en considérer quelques bulles.

Je ne sais pas si je suis heureuse, mais je suis heureuse et embarrassée qu'Anita puisse le donner à imaginer. Je ne sais pas pourquoi j'écris, mais je sais qu'il y entre quelque chose de l'envie de prendre soin.
De vous, de moi, des instants qui passent, des lumières obliques et de la nécessité de regarder à demain.
Mais je ne peux écrire ici que ce qui me semble pouvoir se transformer chez vous. Dire parfois la peine n'a de valeur que si cela peut, par le semblant de cohésion que font les mots, alléger quelque chose de la vôtre.
Mes cartes sont de toute nature. N'y a-t-il pas, dans le geste de les découvrir en public, l'espoir que vous, là bas, ici et autre part, à votre façon, en ferez meilleur jeu que moi?
Prenez soin de vous.

12.1.08

1971-Idoles et premiers bars.


En 1971, j'ai 8 ans. Le jour de congé des élèves est encore le jeudi, et à la télé, y a Quentin Durward.
Je dois sauter une classe, le CM1. Il entre dans cette décision, un calcul alambiqué de mes parents, deux déménagements prévus en deux ans, une maison en construction pendant un an (les innocents!), aucune demande de ma part, mais peut être une certaine satisfaction de faire enfin comme mes deux frères.
Je voue à ma maîtresse un culte plus grand encore qu'à Quentin Durward, chaque sourire d'elle me traverse d'un sentiment proprement amoureux, mais je crois bien qu'au fond, je me fiche de l'école.
Menu déroulant sans histoire, routine benoîte et incolore. J'ai lu dès ma première année tous les livres de l'école et je bée d'envie et d'admiration devant les filles magiciennes qui jonglent au mur avec trois balles, et font vinaigre à la corde à sauter.
Je suis enveloppée d'enfance, sous-jacente encore, esquisse râblée, parfois débrouillarde et imaginative, parfois butée et chagrine.
Craignant, avec quelques raisons, que mon bagage soit un peu juste, mon père décide de se transformer en mentor, durant un mois, chaque matin.
Cet été, nous campons, dans ce Finistère que j'aimerai tant. Pour de vrai, dans un champ, avec une toile à l'architecture complexe, qui pèse un âne mort. Chaque matin, nous rejoignons un bistrot près du port, mon père bourre sa pipe, commande un café et une grenadine, et m'explique le monde et la règle de trois. J'en ai sans doute profité, ravie de l'avoir rien que pour moi. Je me suis sûrement tortillée sur ma chaise, gonflée d'importance, surjouant d'une voix aigüe le plaisir de ce moment d'intimité, posant à la fifille à son papa. Mais il joua loyalement son rôle, et je veux croire, à écouter en moi l'écho de ce moment, que j'y trouvais autre chose qu'une satisfaction de petit vampire de famille nombreuse.
J'aimerai le bruit de la pluie sur une toile de tente, j'aimerai intensément ce port sur l'Atlantique, les bars et plus particulièrement cette place près de la fenêtre où l'on peut regarder dehors tout en écoutant les conversations du dedans, le tabac aussi, et le café.
Je me souviendrai que j'étais en sécurité dans la voix patiente de mon père et que, plus que tout autre démonstration, c'est peut être cela, avoir été un enfant aimé : le confort immédiat que procure la voix de son parent, ce contact qui a traversé les années, les conflits et les nécessaires accommodements, et qui, maintenant encore, me nomme en un centre toujours vivant.
Par contre, en ce qui concerne Quentin Durward, ça ne marche plus du tout. Je l'ai réécouté vingt ans après, et le verdict fut sans appel. Ce bellâtre joue décidément comme une bernique.

Droite cassoulet

Justement, grâce à Julie, de coming oust, ci-dessous mentionné, je découvre cette brillante définition de la droite cassoulet par Anne Roumanoff, sur A2, à une heure de grande écoute.
Est-ce après cela que le chef de l'état-limite a décidé de supprimer les ressources publicitaires de la chaîne?

9.1.08

Chez les voisins.


Promenades:
Ces derniers mois, j'ai regardé par dessus le mur ici et là:
A l'enseigne Issue dérobées, de très beaux textes en noir et blanc. Curieusement, l'abonnement rss ne les garde pas en mémoire. En plus de leur beauté, ils ont alors pour moi le charme d'instants saisis au vol, comme en buvant un café brûlant au comptoir.
Mon amie la rose vient juste de commencer, et là aussi c'est une très belle écriture, entre quête et chronique, encre voilée de tristesse et irriguée de tendresse, qu'elle doit appeler colère. Mais chut! ne lui faite pas peur, on en n'est qu'aux premiers pétales.
Encre vivace, alerte et nuancée, c'est chez Encre et Plaisir, son amour des pinceaux et du geste calligraphié, son humour vrai.
Dent dure, qui éclate parfois dans un grand rire, je viens de pousser la porte de chez Julie, dans son blog "Comming Oust". Je n'aime habituellement pas les procédés 'qui est in qui est out", mais son art d'épingler notre national joueur de bonneteau me va droit au coeur gauche.
Ici treize carte postales repêchées par un cartophile éclairé, qui brode une histoire sur chaque verso. Méfiez-vous, il n'hésite pas à parfumer d'arsenic le trivial pot au feu de nos échanges épistolaires. J'attends la quatorzième avec impatience.
Il y aussi Boutoucoat, ma voisine en sabots fins, qui fait de belles photos d'endroits que j'aime, et qui dit, à petites touches, l'Ar Vro Vigouden, le pays d'ici, comme il est.
J'ai déjà dit du bien d'Ah Oui, presque à mon premier clic. J'en redis encore. Une caverne d'Ali Baba, tableaux, papiers collés, poèmes...liés par l'humour tendre du tenancier- et des commmentateurs. Une fan qui signe "La Maguerite du Pré aux Bouzes", ça réchauffe le coeur et élève l'âme, même si ça crotte les sabiots.
Ah, et puis l'Ane Onyme. Oui, il râle, il bougonne et parfois même, il gueule franchement. Mais vous le connaissez. Si, si, j'en suis sûre. Dans un bistrot justement, ou bien au bout du quai. La fraternelle bourrade, c'était lui.


Et vous, vous avez vu quoi récemment, chez vos voisins?

Edit: Passant chez la Jolie Rousse, j'ai retrouvé le Générateur Interactif de Bonnes Intentions. Donc ma première résolution sera:
Renoncer hypocritement à l'attirer sans en avoir l'air.
Uhu. Même pas triché :-)

8.1.08

Aller au chagrin


La Gueuse est allée au marché. Le plus jeune de ceux qu'elle a raflés, d'une vague traitresse ou d'une collision sournoise, aura à jamais dix-neuf ans et n'aura qu'effleuré cette tenace passion de la mer qui leur tend les mâchoires et les remet inexorablement dans leurs bottes.
Y-a-t-il métier plus constamment dangereux, plus tributaire de l'imprévisible? Quelques soient les progrès techniques des bateaux et de la sécurité, chaque départ est un pari assumé d'un haussement d'épaule.
Oui, c'est triste ce soir, du côté de chez moi.

6.1.08

épiphanie


Toi ou moi
quelle importance
puisque toujours je reconnaitrai
chez toi, chez moi
cette façon de marquer le pas
comme sous l'offense.
Maquiller la houle
qui ne cesse de se dilater,
qui rêve de crever
en délivrances illusoires
Poser par incidence
son front sur l'épaule de cet inconnu
Adopter un lamentin
ou bien encore
crier tout bas
qu'on est trop jeune
pour avoir fini de rire
Même si l'on sait
de toute chair gravée
que chaque assomption
n'est qu'une locale imposture
la mue est moins dure
que de s'en croire
à sa dernière peau.

4.1.08

1970-Voyage en Irlande avec un âne et un cheval

Alors, comme cela, on peut.
On peut ouvrir un coffret clos depuis longtemps
et y retrouver intacte
une perle.
D'un bijou en or massif
on se serait attendu
à en revoir l'éclat solide et un peu âpre.
mais cela?
cette douceur enclose
qu'on aurait cru évanescente
c'est si têtu?
En 1970, j'ai sept ans, et De Gaulle, personnage pas marrant dont on parle de temps en temps à la maison avec colère, et beaucoup à la télé, avec trémolo, meurt. Pour avoir titré "Bal tragique à Colombey : un mort" Hara Kiri est interdit, et Pilote, le journal qui m'amuse, accueille un certains nombres de dessinateurs transfuges qui me feront réfléchir, mais plus tard.
Cet été, nous partons en famille en Irlande. C'est peut-être l'un des très rares moments de ce temps là qui fonctionne réellement comme un souvenir, et non comme une histoire de mon enfance, parce qu'au delà des mots, du récit forcément réaménagé, il me semble que je peux sentir encore l'odeur et les sensations de ce voyage. La douceur qu'il m'en reste est bien plus qu'un vestige.

Il y a d'abord l'âne, qui accepte par moment de nous porter. Plus tard, comme de nombreuses filles en quête de maîtrise, je prétendrais idolâtrer le cheval élégant et capricieux. Mais mon coeur ombrageux est allé à l'âne indulgent, sans aucune défiance et, pour la vie, j'aimerai son oeil fardé et son pas équitable.

Il y aura l'admiration que j'éprouve pour l'anglais de mon père, nullement entachée par la réponse du marin auquel il demandait son chemin :
-"Ah ça j'sais pas mon pote, nous autres, on est du Guilvinec, alors!.."
Après cet échange, il y aura la soirée, passée dans l'étroit carré du chalutier, qui sent le pétrole et la cigarette, les kilos de langoustines cuites dans la cambuse et offerts malgré les protestations de mes parents, la main qui ébouriffe les cheveux des mômes ravis, une sensation de chaleur et de tribu.
On retrouvera cette chaleur dans un pub parfaitement conforme aux promesses du syndicat d'initiative Irlandais. Nos parent s'étant enquis de nos désirs en matière de consommations, la mystérieuse unité de notre enfance, jointe à notre culot d'enfants aimés, nous fit claironner: "un whisky!" avec un ensemble qui fit hurler de rire le public, et ouvrit les portes de la soirée.
Il y aura ce périple en roulotte. Bien sûr, et surtout il y a quarante ans, cela représentait un sommet d'exotisme, et nous l'avions abordé avec une intense excitation. Mais ce qu'il m'en reste, c'est une façon extraordinairement paisible et intime de faire famille. Je retrouverai probablement plus tard en bateau, le pragmatisme tendre de ces menus gestes qui font le bien-être de chacun dans un espace minuscule. Oeuf mobile, déplacement sans autre enjeu que le bercement, parfums et lumière volés au passage...

Voilà. Si l'on me demande ce qui, dans mon enfance, incarne le réconfort, l'ingéniosité, le souci de faire plaisir et d'être ensemble qui peut-parfois- surgir d'une famille, c'est cette image là qui me vient: un pot de jelly, violemment rouge ou verte, figeant lentement dans un plat en pyrex, sur le siège d'une roulotte, au rythme du pas d'un cheval et des haussements d'épaules amicaux d'Irlandais en casquette de tweed.
Une vieille dame, peu avant notre retour, nous demanda de saluer Monsieur de Gaulle de sa part. Mon père promit gravement qu'il n'y manquerait pas.