28.2.10

Pas grand chose, finalement, mais du vert liquide.

La tempête est passée bien plus au sud. Des quartiers ont bien un peu les pieds dans l'eau, mais sous un ciel pommelé pour peintre, le vent est doux et l'air sent le mimosa.
Pas de photos spectaculaires de vagues giflant les digues. De beaux rouleaux, entre vert et bleu.
Si vous voulez.







(comme souvent, si on clique sur les photos, c'est mieux)

27.2.10

L'histoire du métier impossible qui n'est pas celui qu'on croit

"J'ai pas quatre bras...
-Mais pourquoi elle dit ça?
-Mais parce que c'est VRAI!"
In le graphique de Boscop, 1976


Trop près, trop loin. Dans l'emprise. A coté des besoins réels. Aveuglée par la nécessité de prendre soin. Etouffant désir de perfection.
Croirait-on pas que j'y parle du métier de mère?
Non, je parle ici de la fonction de médecin, du moins telle qu'elle y transparaît dans le livre d'Elisabeth Badinter.
J'y suis, à plus d'un titre, logée dans le camp des réactionnaires.
Je vais tâcher, dans les jours et les semaines, de voir ce que j'en accepte et ce que j'en réfute.
Je vais tâcher aussi de ne pas me contenter du livre seul, mais d'aller aussi à l'écho des questions qu'il soulève et qui indéniablement sont une des réussites de ce livre.
Pas loin, à mes yeux d'être la seule, mais de grande valeur.
Car enfin, dans le mortifère étouffoir du sarkozisme, dans la régression généralisée à laquelle on assiste, un vent frais venant d'un temps où il était séant de débattre du sexe, du partage des tâches et d'une réussite de la vie qui ne se résumait à la possession d'une Roulex, c'est fichtrement bon à prendre.
C'est donc avec un certain enthousiasme, encore que mâtiné d'un peu de défiance, que j'ai fini par acheter le livre : « Le conflit, la femme et la mère » de la sus-citée.
Là, il a failli plusieurs fois me tomber des mains. Là où certaines de mes blogocopines l'ont trouvé mesuré, porteur d'un message ouvrant au femmes le libre choix, je l'ai trouvé, moi, souvent partial, voire vindicatif quant au fond et faible sur plusieurs points d'argumentation.
La messe sur le libre choix est assez rapidement dite : les écolos, les neurobiologistes, les allaitantes et les médecins y sont, en toute lettres, répertoriés sous la bannière de la Sainte Alliance des Réactionnaires.
L'ouvrage, qui de façon assez juste, pointe l'ambivalence des femmes vis à vis de la maternité, est lui même aux prises avec des tensions contradictoires, dont je ne suis pas sûre qu'elles soient toutes voulues. Il lui faut pointer l'aliénation des femmes sans les traiter ouvertement de gourdes. Exalter leur libre capacité à choisir tout en dénonçant les facteurs qui biaisent ce choix.
Cela donne un ton bancal qui tenterait de démontrer qu'une femme qui choisit de ne pas avoir d'enfant, ou de ne pas allaiter le ferait par résistance, librement, et que celles qui feraient les choix inverses le feraient par culpabilité.
Selon les chapitres, on trouvera, à la page 189 : « une récente étude australienne montre à quel point les discours sur la maternité peuvent peser sur les femmes dans leurs choix maternels » et à la page 193: « La décision de n'avoir pas d'enfant, ou la non décision d'en avoir un relève du privé et de l'intime. La plupart du temps, c'est le résultat d'un dialogue secret entre soi et soi, qui n' a que faire de la propagande. »

Elle n'est donc pas sûre que la propagande opère. Par contre, elle affirme qu'il y en a et que parmi les hérauts, il y a tous ceux qui tentent de comprendre les liens biologiques entre les mères et les enfants. Pardon, tous ceux qui déjà, pensent qu'il y en a sont déjà suspects d'être les sous-marins de l'opération "les mères à la maison".
Sur un plan stylistique, à peu près tous les postulats de l'Académie de Médecine sont, sinon mis au conditionnel, du moins présentés avec ironie. Sur l'allaitement, cela a été abondamment commenté ailleurs.
Mais elle vise aussi la position des médecins sur l'alcool et le tabac durant la grossesse. Pour le coup, elle le fait presque incidemment. Je n'ai pas réussi à déterminer si elle considérait réellement comme un progrès de la cause des femmes de pouvoir fumer et boire pendant la gestation ou si elle se servait simplement de points sensibles pour pouvoir disqualifier l'ensemble du discours de ces médecins si culpabilisants.
Je me félicite qu'elle ne soit pas allée jusqu'à l'ectasy-si-je-veux et m'étonne un peu qu'il ne soit pas fait mention du diktat, pour moi le plus sujet à caution qui est la prise de poids pendant la grossesse. Pour le coup, voilà un impératif bien plus lié à l'image du corps qu'à la santé, curieusement absent de la démonstration.
Il est vrai que depuis « l'art d' accommoder les bébés », une certaine prudence est de mise dans les conseils que l'on peut donner. Et qu'il est bon, pour le médecin, de se demander, dans ce qu'il énonce, quel est l'élément le plus vraisemblablement parti pour être proclamé ânerie du siècle dans 50 ans.
Mais ce qui progresse, à coté de la pédiatrie, c'est la Santé Publique, les conférences de consensus, l'Evidence Based Medecine.
Nous en savons un peu plus sur nos incertitudes.

Et je m'étonne que quelqu'un qui fasse profession de philosophe et de psychanalyste se montre si peu... disons le mot, si peu adulte dans sa façon d'appréhender le rôle de la médecine.
Elle oscille entre la réfutation pure et simple, la disqualification caricaturale et le procès en culpabilisation. Au fond, le médecin ne trouve grâce à ses yeux, que quand il s'agit de dénoncer une plus grande obscurantiste encore, qui est la mère écolo qui ne croit pas à la pharmacopée industrielle. En dehors de cela, ils ont tout faux, qu'ils s'inquiètent des effets des pesticides sur la fertilité, qu'ils parlent d'allaitement, qu'ils tentent de chercher les facteurs influant une grossesse.
Or voyez-vous, les médecins, comme les parents, ne sauraient être parfaits.
Qu'attend-on d'un médecin suffisamment bon?
Que nous tâchions, inlassablement, au prix d'erreurs, de contradictions, de questions sans cesse réorientées, de déterminer les facteurs qui pèsent sur la liberté de chacun-car la maladie est avant tout, une perte de liberté, et de permettre à ceux qui le voudraient, de s'en affranchir.
Si nous conseillons, actuellement, à toute femme enceinte, de s'abstenir d'alcool pendant la grossesse, c'est parce que le syndrome alcoolo-foetal est une réalité et que nous sommes incapables, pour l'instant, de savoir où et comment il frappe. Elle n'en a jamais rencontré? Moi, si. Et je peux vous dire que c'est pas de la tarte.
Une partie de notre travail consiste à baliser le champ des risques. L'autre consiste à permettre à un individu de s'y situer. Si nous ne le faisons pas, qui le fera? Qu'on le veuille ou non, c'est notre rôle, notre partition. C'est pour dire ceci qu'on nous forme, qu'on nous paye, qu'on vient nous voir. Une grossesse sans alcool, sans tabac, sans toxiques, avec le moins possible de médicaments, bien entendu que c'est mieux.
Et en tout état de cause, pour l'instant, c'est bien plus prouvé, avec bien plus d'études, que l'impact de l'allaitement sur le travail des femmes.
Madame Badinter attend-elle de nous que nous nous arrêtions à l'état actuel de nos connaissances? Que nous cessions de chercher? Que nous taisions ce qui risque de désespérer aussi bien Billancourt que Neuilly?
Il y a de mauvaises façons de dire des choses désagréables à entendre, mais il n'y en a pas de bonnes.
Elle vit les préconisations récentes sur le tabac et l'alcool comme un retour de vent mauvais-mais songe-t-elle que leur consommation de masse chez la femme est extrêmement récente? Peut-elle imaginer que l'impact de santé soit différent lorsqu'on passe de 10 à 30% de fumeuses en quarante ans?
Si j'en crois sa date de naissance, elle a probablement fait ses enfants à l'aube des années 70. Qu'en ces temps-là, nul ne soit préoccupé du temps nécessaire pour dégrader une couche-culotte, ni ne se soit posé la question de la différence de poids des nourrissons nés de mère fumeuse, que la courbe des obésités n'ait pas encore explosé au nez des pédiatres, ni les diabètes juvéniles, je le conçois parfaitement.

Et je conçois également qu'on puisse avoir la nostalgie d'un temps où les plus en avance pouvaient jouir sans entrave. « Comme sont loin les années 70 où l'on pouvait vivre sa grossesse avec insouciance et légèreté! » écrit-elle.
Et je la comprends bien. C'est tellement plus facile, parfois, de ne pas savoir.
Mais il faut faire attention à la nostalgie. Elle a vite fait de vous pousser à vouloir immobiliser le temps, les connaissances, les mises en perspective.
Bref, elle a vite fait, sous couvert de vous rendre un paradis perdu, de vous rendre réactionnaire.

22.2.10

Nouvel An Chinois


Défilé sage et coloré, plus bruyant que débordant.
Des trucs en plumes et cette incroyable capacité de l'être humain à créer de l'allusion sexuelle sous le plus épais, le plus fluffy des déguisements.
Faute de pouvoir vous présenter le frétillement rythmé des gros tigres, voilà au moins un peu de couleurs.




Mais pourquoi admettons-nous, avec tant de résignation, le gris pour nous-mêmes?


Du coup, j'en ai profité pour revitaliser un peu l'Œil de la Baleine et il y a et aura d'autres photos là-bas.

18.2.10

Pour continuer dans le débat


Si j'en crois le Monde,
Marianne s'est fait baiser par L'UMP...
Ou bien c'est pour dire qu'Elle en a gros?

17.2.10

L'histoire d'une femme qui n'était pas mon genre.

Ne pas vouloir d'enfant, c'est se préparer à des regrets.
Allaiter, c'est aliénant.
Travailler avec des enfants jeunes, c'est passer à côté de quelque chose d'irremplaçable.
Accoucher sans péridurale, c'est masochiste.
Le voile c'est la soumission.
Le string, c'est la soumission.
Les purées maisons, c'est de l'esclavage.
Les petits pots N..lé, c'est le formatage.
Le nourrissage à la demande, c'est se plier au diktat du bébé
Le nourrissage à heure fixe, c'est se plier aux diktats de la société.


Mais.
Mais je ne dis ça que pour mon propre compte.
L'important dans tout ça, ma sœur chérie, c'est que tu te sentes libre de faire comme tu veux. Parce que tu vois, ta liberté, c'est ce pourquoi nous avons tant lutté.


D'où nous vient ce sentiment de menace double? Nous nous trouvons heurtées de toute ces façons d'être femmes et tout autant de nos désaccords, comme si chaque trait posé risquait d'effondrer la perspective.

Comme je le disais dans mon précédent post, tout en affirmant que le but ultime est de prouver qu'il y a toutes les façons d'être femmes, il se renvoie partout, plus ou moins amèrement : "est-ce donc ça, être féministe?"

Je vois rarement les hommes dans une telle incertitude du fait masculin. Par contre, ce que j'entends là, il me semble l'avoir entendu delà même façon dans d'autres positions, vécue de l'en dehors ou de l'en dedans comme minoritaire.
C'est ainsi que certains noirs se font traiter de bounty, (noir dehors et blanc dedans) avec le même soupçon de traitrise. C'est ainsi que souvent, le regard se détourne des cibles encore à atteindre pour se centrer sur des convulsions intestines.

Est qu'il en va ainsi de tout militantisme? Est-ce seulement la nécessité de la lutte qui codifie ainsi le bon et le mauvais, non pas seulement en soi, mais au regard des objectifs?
Est-ce chez les femmes, compte tenu de l'extrême complexité des liens mères-filles, la marque plus archaïque, plus durable du tabou de la rivalité?
(Peut-être, sur ce dernier point, cela vaut le coup que je fasse une incise pour situer de quel endroit je parle. Oui, je pense que la théorie psychanalytique de l'Oedipe est fondamentale. Oui, je pense également que cela ne fabrique pas tout à fait les mêmes enjeux de l'aborder d'une place de fille et d'une place de garçon. Grossièrement, on peut dire que du sein au fantasme de pouvoir épouser sa maman, le garçon ne change pas d'objet de désir. L'objet change de nature, mais pas de support. Il a toujours été là et le troisième personnage, le tiers qui arrive dans l'histoire pour dire "Eh ,bonhomme, je t'aime bien, mais celle-ci, c'est MON amoureuse, il a toujours été en place de troisième. On peut considérer sans effroi de s'opposer à lui.
Chez les filles, ça me semble de fait un poil plus complexe. Il va falloir que je lâche un objet dispensateur de confort, de chaleur dans lequel j'ai habité des mois, dont l'odeur et l'émotion m'ont marqué d'une façon indescriptible, pour un autre objet extrêmement désirable sans doute, mais quand même arrivé plus tard dans l'histoire. Et je pense que je n'arriverais jamais totalement à traiter en tiers, cette dame qui fait obstacle entre moi et mon objet de désir.
Au fond, un garçon, tant qu'il ne tombe pas sur la limite, c'est à dire sur les effets de la rivalité, il peut tenir cette dernière à distance. Pour la fille, la rivalité est déjà là pour elle, entre ses deux objets internes.

Et je me demande combien de temps les psychanalystes vont feindre de croire qu'une expérience aussi différente dès l'origine n'aurait aucune trace, aucune portée dans le cerveau, la psyché, enfin bref dans le système qui se charge d'organiser et de maintenir le sentiment de nous-même.

Le sentiment de nous-même.

Et voilà que cette longue incise sur l'œdipe, qui m'embarrassait bien que je la trouvasse nécessaire, me fait retomber exactement là d'où j'étais partie. Au point que je vais laisser en coquetterie stylistique, la parenthèse ouverte en haut, sans la fermer en bas.

N'est-il pas temps que ce sentiment de nous-même ne ballote plus au regard de l'autre, qu'il soit homme ou femme?

Battons nous pour des sociétés féministes, pas pour que les individus le soient à ce qui, nécessairement, est notre convenance. On peut choisir d'accoucher sans péridurale tout en veillant à ce que la société fabrique assez d'anesthésistes pour les pratiquer. On doit penser et encadrer les différents choix de maternité pour en limiter l'impact sur le travail des femmes et sur sa rémunération, tout en acceptant qu'il y ait des femmes qui choisissent de ne pas contribuer aux revenus du ménage.

Pour celles d'entre nous qui ont connu le manifeste des 343 salopes, qui ont déverrouillé des professions réservées aux hommes, qui ont librement ouverts les bras à ceux qu'elles désiraient, il a quelque chose d'infiniment secouant à voir une jeune fille déclarer qu'elle veut juste faire un riche mariage.

Pensez, sisters, que nous ne sommes pas les seules.
Pensez à Herz, à Marconni et tiens, à l'oublié Bathélémy. Des vies d'ingénieurs, de scientifiques passionnés, un flux continu de génie humain, de rigueur et de curiosité intellectuelle qui des ondes hertzienne à l'invention des diodes et du tube cathodique
nous donnèrent cette merveille : la télévision.

Et la ferme des célébrités.

Tout ça pour ça?

Oui.

Nous nous sommes battues et nous continuerons à le faire pour des femmes qui, décidément, ne sont pas toujours notre genre.

16.2.10

Y a pas que de la pomme. Y en a aussi, mais pas que...


Comme je suis une dame bien éduquée, je m'attendait bien à ce que mon inconscient, à propos d'un sujet aussi tordu que l'aliénation féminine, me jouât un tour en vache. Laitière.
Mais pas celui d'oublier mes propres mots, jetés sur le blog de Samantdi, sans aucune espèce de dédit possible.
Kozlika peut être considérée comme une vraie copine, qui me prévint d'abord par mail, charitablement, encore qu'hilare, que le cordon du tampaxe me dépassait du maillot qu'il y avait comme un hic.
Bon, c'est une taquine aussi parce que la phrase complète c'était :
Il est difficile de trouver un bon équilibre entre l'état de nos connaissances -l'allaitement c'est bon pour les bébés et les couches, ça pollue grave- et le respect des choix de chacun-un bon biberon vaut mieux qu'un sein contraint et je reviendrais aux couches lavables quand les mecs s'en occuperont à 50/50.
Et que je peux toujours arguer que la dernière phrase se voulait relever des opinions trouvés ça et là sur les fils de commentaires, sans qu'elle soient les miennes. Je peux toujours. Je suis pas totalement sûre de me convaincre!
N'ayant jamais eu l'habitude de tout vous dire, je garde pour moi le plus intime de ce qui est en train de ressortir de cette boîte pandorienne, mais c'est finalement assez drôle.

Au passage, que j'aie pu être agacée par les propos d'une dame psychanalyste mère de n enfants réticente à l'allaitement, moi qui suis ... voyons, née d'une mère qui a eu, oui n enfants, assez nettement réprobatrice au delà du 3° mois d'allaitement, et euh... ah oui, psychanalyste aussi, c'est bien entendu un hasard absolu.

Je me vois poindre dans le crâne une infinité de désirs de billets et ça faisait bien longtemps que je n'avais pas senti cette effervescence de dessous de galet.
Pour tâcher de tordre le cou à ma fainéantise, je vais déjà essayé de donner des noms à quelques-uns. Il y aurait :
1) l'histoire du métier impossible qui n'est pas celui qu'on croit.
2) l'histoire du tout ça pour une femme qui n'était pas mon genre
3) l'histoire du déluge et de ce qui se passe avant.
4) l'histoire de ce qui se passe quand je plonge dans tes yeux.
5) l'histoire de qui mange qui.


Si j'arrive à finir le repassage, il en naîtra peut-être quelques-uns.
Qui a dit " ça dépend des horaires du biathlon!"?

15.2.10

Voie lactée, ô sœur lumineuse...


Bon, je m'étais dit que j'attendrai d'avoir lu le bouquin d'Elisabeth Badinter avant de l'ouvrir sur le sujet, mais voilà... renseignements pris auprès de mon libraire local, n'yen a plus chez lui et c'est en réimpression.
Ceci rapporté au nombre de posts, de commentaires sur le sujet-et encore je ne twitte pas- le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait sacrément causer.
Surtout les dames.
Du moins dans les pages que je fréquente, parce qu'il paraît qu'en certains endroits, le mâle frustré s'est lâché lousse dans le crétinisme gras. On mentionne pour mémoire et puis on zappe parce que je ne suis pas sûre que ce soit le plus intéressant.
Par contre, voir comment le sujet enflamme les fils de commentaires, c'est passionnant et j'en suis tout à la fois ravie et perplexe.
Je me demande si je ne vais pas la jouer flemme perverse et me contenter de dégommer les arguments des uns et des autres, parce que c'est finalement tellement plus facile que de démêler le sac d'embrouilles entre celle qui allaite depuis 4 ans, celle qui a brulé le tire-lait, celle qui croit que la révolution va abolir, outre la pauvreté, la discrimination anti-femme, celle qui vomit la purée de brocolis bio, celle qui sait que les couches ne se compostent pas, celle qui s'alarme de voir la proportion de jeunes filles qui veulent faire un riche mariage et toutes les variations de celles qui veulent dire comment elles se sentent femmes avec ou sans parcelles-mères. Je ne vous mets pas les liens, baladez-vous, vous les rencontrerez vite

Et avec tout ceci, le sentiment que beaucoup, tout en affirmant qu'il y a urgence à être femme comme on veut, aimeraient bien-oh discrètement- qu'il n'y ait qu'une façon d'être féministe.

Est-ce que cela vaut le coup que j'y rajoute une goutte, sur ce blog de dimension modeste?
Bah, je disais justement il a peu, la nécessité, parfois, d'entretenir la rumeur du monde...
Disons que j'écris pour les archives d'un monomaniaque du siècle prochain...
Bien sûr, comme l'homme qui cherche sous le réverbère, la montre qu'il a perdu dans le bois, parce qu'il y de la lumière à cet endroit, il est bien possible que je ne situe rien de mes propres impasses.
On n'arrive pas à quelques encâblures de son demi-siècle sans avoir condamnés quelques-uns de ses projets. En quoi cela tient au hasard, à ma personnalité ou bien au contraintes invisibles que l'on autopsie si facilement chez les autres?
Ma foi, vous vous en débrouillerez.

J'ai beaucoup de mal avec le syllogisme déployé sur les couches lavables :1) il existe un courant qui en fait la promotion. 2) c'est toujours les femmes qui font les corvées. 3) donc il ne faut pas pousser les gens l'adopter.
Mais non d'un chien, pourquoi est-ce qu'on continue à prendre acte du numéro 2 comme s'il allait de soi? Et pourquoi, c'est l'inverse qui me semble toujours aller de soi.
Pourquoi est-ce que les copines, l'œil humide, continuent à couver avec admiration l'Homme pourri de défauts en me disant que j'ai de la chance? Moi, je trouve qu'il a bien eu de la chance d'avoir une femme qui n'a jamais lié le repassage au génome.
Il arrive aussi qu'on fasse avancer les questions en affirmant, mieux, en incarnant que la question ne se pose même pas.

J'ai aussi lu un post qui tenait pour argument que les couches lavables, c'était bourgeois, comme les purées maison et qu'il ne fallait pas en parler parce que ça allait culpabiliser la pauvre mère célibataire qui rame déjà avec ses 3h de transport en commun.
Merde. Pour le coup, le fondement a failli m'en escaper.
Des pauvres, j'en vois. Beaucoup. J'en touche et même j'en humme. Ben oui, des fois, le pauvre s'habille mal. Il fait de la malbouffe à ses gosses, (parce qu'il ne connait le blog de la cuisine de 4 sous), il n'achète pas de macarons à la rose et rendez-vous compte, il n'a même pas d'ordinateur pour lire ceux qui le défendent.
Les pauvres, depuis longtemps, ça sait que ça fait comme ça peut. Et c'est pas sûr effectivement que le jour où il lui tombe un sou de plus, il considère la couche lavable comme une priorité.
Mais je vous promet que le jour où je vois un blogueur renoncer à son ordi pour ne pas peiner un pauvre, promis je vais à Canossa, à pied et en espadrille biodégradable.

Quand j'écoute toutes ces femmes qui crient à la culpabilisation des femmes, je me demande toujours pour quoi j'ai été si difficile à culpabiliser.
En fait, je me fous un peu de la façon dont les femmes décident d'être femmes et féministes.
Je me fous beaucoup moins de la façon dont les sociétés sont féminisés ou non.
Et là, il y a bien entendu des constats d'alertes, que je partage absolument.
Oui, il existe des menaces sur les plannings familiaux, oui, dans la machine à broyer que sont nos sociétés avides, les plus vulnérables seront encore les femmes, oui la richesse mondiale est au mains des hommes, oui, nos pays entretiennent des liens diplomatiques avec une infinités de pays pratiquant une forme ou une d'Apartheid de la moitié de l'humanité.
Et oui, il faut continuer à élever la voix.

Mais, depuis les années 70 et les bons souvenirs de colloques animés
dans lesquels j'étais petite souris, il me reste une question, peut-être encore plus obscène que celle de la purée de brocolis roulé sous l'aisselle :
comment se fait-il que les femmes, celles-là même qu'on écrase sous la responsabilité de l'éducation des enfants, n'aient toujours pas appris à leurs petits mecs à faire une lessive?

Peut-être, suite demain...

13.2.10

rumeurs floues


Allez viens.
Assieds-toi.
C'est bien que tu passes ici, je n'ai rien à te dire.


Je vais me pousser un peu sur la page
et tu vas pouvoir t'installer.
Il y aura un moment de silence.



Puis, nous reprendrons sur des banalités.
ce qu'il fait bon chez toi
Nous échangerons des mots, comme on lèche un galet sur la grève, pour dire en riant que nous avons facilité le travail de la mer et accéléré, infimement, le cours du temps.
Nous échangerons des mots patients et cela nous fera du bien. Sans faire grand sens, cela fera une petite masse que nous ajouterons à la rumeur bénigne du monde.

Elle existe, tu sais, elle est toujours là, même quand nous sommes saoulés des injustices commises en notre nom et dont nous refusons de croire fallacieusement qu'elles le soient pour nous.

Nous ne sommes pas aveugles, ni même indifférents. Mais laissons pour une fois le champ, le chant modeste et banal à ceux qui n'ont d'autres exploits que de tâcher de ne léser quiconque.

Viens près de moi. Je ne te parlerai même pas de la lumière. Pour une fois, elle est plate et grise et le jardin est immobile. Te parlerais-je du chat, qui ne s'inscrit dans un rectangle que quelques minutes par jour? Prend un compas et amusons-nous sans le réveiller, à cette constatation : aux heures d'hiver, près du poêle, le chat est rond.

Un moment viendra où je me lèverais pour nous faire un café. Un thé si tu préfère,
Thé pour moi
ou bien je dégoupillerai la bière que j'aime plus littérairement qu'autre chose. Homme ou femme, je presserais brièvement ton épaule en passant.
far ou crêpes ?
En me rasseyant, je te parlerai de cette photo que j'ai prise, impubliable et douce, d'une enfant dans la lumière des bougies, d'un anniversaire qui n'était pas le sien et qui semblait, pour la première fois, la vieillir, elle aussi.

N'aies pas peur de m'ennuyer. Asinus asinum fricat, c'est juste la phrase d'un qui n'aimait pas les ânes.
Un thé pour moi aussi
Il n'y a pas plus nécessité de choisir tes sujets de conversation que de sculpter chaque grain de sable sur la plage. Dis-moi le tissu de ce qui t'enveloppe, racontes-moi ce qui, trivial et débonnaire, t'amène au jour prochain.
Ce n'est évidemment pas trop mais tellement..

Parles-moi de l'avancement de tes salades, de l'ami(e) que tu espères, du pull que tu as choisi pour ta valise, de la neige qui tombe sur le chemin.
J'ai bien envie d'emmener le gars au Train Bleu
De l'ongle, tu déplieras, comme machinalement, une archive prosaïque de ton existence ou de celle d'un que tu aimes. Si tu es très jeune, ou triste, tu pourras mettre la tête sur mes genoux. Et si ta pensée suit les lignes de la main, je te prêterai ma paume.

Tu dis?

11.2.10

Nouvelle délinquance et aggiornemento

Menottées ou pas, les trois jeunes filles de 14 ans durant leur garde à vue?
Devant l'afflux de suspicions d'infractions de plus en plus violentes, de plus en plus nombreuses, finalement, je vais finir par penser que la vidéo-surveillance est une bonne chose.
Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
Réclamons leur installation dans les commissariats et les cars de police.

Edit : pendant ce temps, juste à côté de chez Marianne,deux enfants meurent brûlés, 15 mois, 3 ans, parce que des Rroms, m'sieurs-dames, c'est juste bon à vivre dans des cabanes. Et la Protection de l'Enfance, c'est soumis à la possession de papiers.

9.2.10

Passage secret


Une page du blog a rompu ses amarres et, remontant quelques cours souterrains, a atterri (ablogui?) chez JEA sur Mot(s)saïques. La mâtine savait qu'elle y trouverait un accueil ardennais. Donc généreux.
J'aime bien l'idée que le flux d'Est venant me voir croise mes lecteurs découvrant JEA, se saluant au passage.

8.2.10

fondu ou givré?


A vous de voir, c'est chez Jathénaïs et Gilsoub, c'est le chic des clics qui vient du froid.
Je remets celle-ci, par pur plaisir.
Je rappelle que vous vous pouvez tous participer, tous voter ! (dit la fille qui oublie une fois sur deux la date limite pour le faire...)
Pas besoin de technique, de super appareil, de chercher l'angle de la morkitu, c'est pour le kif.

Et pour Mirovinben, qui veut DVMEH (Du Vert Même en Hiver), un peu de douceur :

4.2.10

Quelqu'un.

Elle n'est guère jolie, la petite M. Un peu trop ronde, le nez toujours plein et l'œil à dreuze. Cette morve qui lui coule toujours un peu du museau lui obstrue régulièrement les oreilles, elle entend mal et avale les sons. Autour de cette bouche toujours entrouverte, la peau trop blanche, trop fine, rougit et se fendille.
Elle a une maman très jeune et très jolie, une petite brune fine et nette, un peu désemparée devant ce brouillon d'elle-même, pas rejetante, non, mais désappointée, impatiente d'entendre qu'il faudrait retourner voir l'ORL, et puis l'ophtalmo, oui, oui, et puis...
Routine, train-train un peu apitoyé. On se surveille quand même, dans la profession la condescendance menace toujours un peu.

D'où vient alors, comme un jusant discret, ce sentiment qu'il y a quelque chose d'inhabituel? Je regarde la petite fille de 6 ans qui dessine, s'active, intervient parfois de quelques mots dans la discussion entre les adultes.

Je découvrirai plus tard que je ne suis pas la seule à avoir ce sentiment et à m'en étonner, en parlant avec les adultes de l'école. Au nom de M. les visages s'ouvrent, les yeux deviennent plus animés, le ton plus personnel.
Au milieu de ses difficultés, modestes, mais si souvent stigmatisantes pour qui les porte, M. rend heureux les adultes qui s'occupent d'elle.
on dit : " Ah, M!..."
Et cela tient à un charme aussi insidieux qu'imparable. Une façon peut être de témoigner qu'elle vous comprend, vous situe, et pour tout dire, vous accueille. Une façon entière et douce de dire oui, ou non, ou je ne sais pas, de sourire ou de froncer les sourcils quand elle réfléchit.
Une attention dans les gestes qui contraste de façon singulière avec la parole enchevêtrée et l'aspect un peu stupide qu'ont toujours les enfants qui salivent trop.
M. sonne juste, dans tout ce qu'elle fait.
Tout ce qu'elle a fait durant l'entretien a porté la marque la pertinence, de la mesure et de la grâce.

Elle est dans ma tête depuis trois jours et je crois n'avoir pas encore réussi à dire ma surprise et le plaisir que j'ai à penser à cette enfant que je ne reverrai sans doute pas avant des mois.
Il y a trois jours, j'ai rencontré quelqu'un.

2.2.10

De cadeaux.


NOUS NE SAVONS PAS

Nous ne savons pas où nous allons
Nous ne savons pas qu’il n’y a de vie que risquée
Nous ne savons pas pourquoi la Terre doit tout à la Conscience
Nous ne savons pas, oubliant la pesanteur, nous souvenir qu’il fait bon voler
Nous ne savons pas comment prendre deux bonnes secondes pour taper sur les minutes
Nous ne savons pas et nous ne saurons - caramba ! - jamais faire ce qu’il faut quand il le faut
Nous ne savons pas qu’il est prudent de prendre le temps voulu pour faire l’imbécile
Nous ne savons pas où et quand la mort s’arrête de commencer la vie
Nous ne savons pas pourquoi nous n’avons pas le temps
Nous ne savons pas faire le quintuple saut périlleux
Nous ne savons pas trouver sans chercher
Nous ne savons pas ne pas savoir
Nous ne savons pas filer à l’antillaise
Nous ne savons pas substituer la vie au temps
Nous ne savons pas pourquoi ce jour est le 01.01.2010
Nous ne savons pas que nous ne sommes utiles qu’agréables
Nous ne savons pas pourquoi il ne faut jamais demander pourquoi
Nous ne savons pas que la réponse est déjà entre les cornes de l’escargot
Nous ne savons pas pourquoi, au plus fort de notre activité, nous ne faisons rien
Nous ne savons pas encore que notre infini n’est qu’un rameau sur l’arbre de l’immensité
Nous ne savons pas pourquoi les larves de cigale restent jusqu’à dix-sept ans sous terre
Nous ne savons pas avec certitude que nos certitudes sont les clés de l’impuissance
Nous ne savons pas pourquoi et comment nous avons tout notre temps
Nous ne savons pas bien ce dont nous sommes capables
Nous ne savons pas assez demander notre chemin aux aveugles
Nous ne savons pas pourquoi ni comment l’univers et nous sommes nés
Nous ne savons pas les vers de terre plus beaux que le Taj Mahal et l’Acropole réunis
Nous ne savons pas, même tombés très bas (étant assis sur nos lunettes) désenchanter l’azur
Nous ne savons pas pourquoi (mais savons comment) nous changeons l’or en pauvreté
Nous ne savons pas que les vagues de la mer savent que nos jours sont comptés
Nous ne savons pas déchiffrer le balancement de l’éléphant, le bond du cabri
Nous ne savons pas que la bible éternelle est écrite sur l’aile des oiseaux
Nous ne savons pas pourquoi vivre tient plus que tout de la musique
Nous ne savons pas que le bleu de Prusse est fait de noir désir
Nous ne savons pas nous arrêter d’organiser la fin de tout
Nous ne savons pas pourquoi le café de ce matin
Etait nettement meilleur que d’habitude
Parfumé qu’il était d’azur
Et d’un petit rien
Dansé
Nu

Le texte est de Patrick Lafourcade, la photo de JEA, qui tient le blog Mo(t)saïque. Le hasard a réunis ces deux cadeaux dans ma boîte, à peu d'intervalle. Il y avait aussi dans la marge, un tableau tendre, mais je ne savais pas si je pouvais le rendre public.
Je compte mes richesses!
Et j'embrasse Ada, dont c'est l'anniversaire pour de vrai.

PS : Patrick, je suis désolée : je n'arrive pas à rendre, même en justifiant au centre, la forme de goélette que prend votre texte dans l'aperçu...

Ce blog a quatre ans

J'ai souvent eu envie de faire l'expérience suivante: partir, en même temps qu'un être cher mais par des voies séparées, dans une ville inconnue. Ne nous y fixer aucun rendez vous, regarder la ville. S'y croiser, ou pas. Au retour, comparer les trajectoires, les lieux de repos, les points de fixation. N'en tirer rien de précis; ne méconnaître ni la chance, ni les fils souterrains qui nous animent
Je n'ai averti aucun de mes proches de la naissance de ce blogue. Je n'irais pas la claironner sur ceux que je lis depuis quelques mois. Comme tout le monde, j'attends la rencontre.


C'était le premier texte. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai été exaucée bien au delà de ce que j'imaginais. De belles rencontres...

Des temps morts, des gens forts, du bleu, du gris qu'on prend dans ses doigts, un peintre, deux peintres, trois peintres, une duchesse en sabot, une chèvre, un ours, un bouquetin, un loup, un raton laveur,un âne, une vache, une blonde, deux brunes et des chauves, une dame au chapeau vert, des chats qui pelotent, des flamboyants, des photographes, des poètes, des pistaches, un historien, une encyclopédie amoureuse d'un post-it, des clopinettes,des tippie, des coquecigrues, un pêcheur, trois profs, des geeks et des belles, des gothics inside, des qui racontent et des qui regardent, des qui lisent et d'autres qui se taisent.

Des qui aiment les énumérations, parce qu'ici, des fois, il y en a.
Des qui supportent les creux, pasqu'y en a aussi.
Des qui passent sans commenter, mais qui parfois-et même finalement assez souvent, envoient un petit mot en privé. Le genre qui vous transforme l'intérieur en loukoum que c'en est une honte.



La première photo c'était celle-ci.


Le moins qu'on puisse dire... c'est que j'avais de la marge.

4 ans. J'en reviens pas*



*Comment ça vous non plus?