31.12.06

Et une clé de douze, une.


(Photo piquée à M'zelle ZUZU, ai oublié de demandé l'autorisation, l'ferais dmain...)

Bon j' ai un peu tardé pour le recrutement des membres du club Demain est une autre année, mais chacun de vous s'y attendait.
Toutefois, comme j'ai plein de choses à faire avant la clôture de 2006 -non t'inquiète, papa, je suis inscrite sur les listes électorales-il est urgent que je m'y mette. Au recrutement, bien sûr.
Diogène-celui qui qui se promène avec sa lanterne pour chercher une clé à molette- est élu président honoraire, sa femme m'ayant communiqué le cubage approximatif de ses archives, et le nombre de chaises à trois pieds attendant réparation dans sa cave.
Samantdi est cooptée à l'insu de son plein gré.
Still est proposée comme photographe de chats au travail.
Mlle Moi, dont le blog n'est qu'une vaste ode à la procratination devrait nous représenter brillament à l'étranger. Pas trop quand même hé!
Le You est coopté unilateralement, bien que n'ayant pas présenté de garantie. Mais ce garçon me fait trop rire.
Otir, Dominique, et Google seront chargées de la décoration du club, Otir, dès qu'elle aura changé son store, Dominique, dès qu'elle aura décoincé le pinceau avec lequel elle cale son armoire Normande. Google a besoin d'une clé à molette pour sa machine à coudre. Quelqu'un en a une?
Myrtille est accueillie à bras ouvert. Pour avoir fini le jeu proposé ICI, il faut avoir une âme de championne du rien fout'.

Marthin Lothar Pierre et Moukmouk sont sur liste d'attente, mais pour très peu de temps. Dès reception des pièces justificatives, leur cas sera étudié.
Le premier qui me dit que ce post recyclé m'a évité d'en pondre un vrai pour le dernier jour de l'année, gagne le poste de secrétaire général à vie.

23.12.06

La trace et l'absence


Mêler la trace et l’absence
Forcer parfois,
la main à la chance,
Sans forcer jamais,
celle de l’autre
Ecrire des cailloux
De Petit Poucet.
Faire un tour du monde
Alphabétique
D’Aden à Mourmansk
Et Zanzibar.
Eprouver des liens
Essentiels et diffus,
Et rire.
Rire souvent.
Et souvent dire
Merde au chagrin.
Nous ne sommes pas
Que des voisins curieux.

21.12.06

Adhérez au PROCRASTINATION'S CLUB, le club de l'élite de demain!


Vous, auquel les impôts ont écrit 34567 fois,
Vous, qui fûtes déshérité(e) par 9 arrières-grandes-tantes et cinq Oncles d'Amérique, faute d'avoir répondu à 96 cartes de voeux,
Vous dont les enfants sont accueillis avec commisération et un air entendu par chaque nouvel enseignant,
Vous qui connaissez par coeur le syndrome de la clé à molette*,
Vous qui ne dérangez jamais le chat qui dort sur vos factures,
Vous enfin, qui lisez ce post actuellement au lieu de faire ce que doit!

Rejoignez nous!

Ce club d'élite a pour vocation de rassembler la crème la moins fouettée des remetteurs à demain, selon des critères de sélection stricte.

1) Les candidatures seront évalués en premier lieu au poids de paperasse en retard.

2) Il sera examiné secondairement les critères suivants:
-nombre d'examens échoués faute de s'être levés assez tôt, après une nuit passé à ingurgiter un trimestre de cours inviolés,
-description minutieuse de projets de voyages dont la réalisation a capoté, faute de réservation à temps,
-durée de calage d'une armoire avec un morceau de carton,
-somme économisée par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie, sur vos frais non remboursés, avant la carte vitale (pas envoyé les papiers) et après, (paumée, pas refaite)
-quantité de poussière sous les lits et de livres dessus. Pour ce dernier cas, une mesure par huissier non asthmatique sera demandée.

3) La participation du candidat dans la demande de mise à la retraite anticipée d'un honnête fonctionnaire de la Caisse d'Allocations Familiales ou du Trésor Public constituerait indéniablement un plus.



Vous vous êtes reconnu, et vous êtes reconnu par vos proches comme un procrastineur d'exception? N'hésitez plus, venez nous rejoindre! Réponse rapide.

(Formulaire d'inscription en ligne très prochainement.)

* Le SDLCLAM va de: ce robinet goutte, il suffit de changer le joint, à: oui, mais pour trouver la clé à molette, faut d'abord que je range l'intégralité de mon garage.

17.12.06

Intermède publicitaire gratuit pour petites merveilles.

Vous cherchez encore des cadeaux pour des enfants sages ou pas? Vous voulez du tendre, du poétique, du sot et du grenu?
Je vous livre une des adresses qui font mes délices, à cet endroit;
Guy Prunier est l'un de mes amours auditifs, si je puis ainsi m'exprimer. Je vous conseille tout particulièrement sa relecture des "habits de l'Empereur" et son roi qui ne sait faire que ça, roi.
"Moi je ne vois rien. Mais si je mens, je m'en tire..."
Et les Histoires en Douce avec Pilgrim, le lutin fourbi, parti naviguer avec la chaussure de la maîtresse, ou encore l'auteur, qui vous présente ses meilleurs oeufs pour cette nouvelle année:
"Mais y a toujours une poule équivoque
Qui préfère les jeux à la coq
Le chapon soupire et lui dit
-ça ne vaut pas les oeufs de l'esprit..."

Moi, j'aime bien quand il y en a pour tous les âges.
Et puis la maman dinosaure qui prépare du harengsaure pour son Pierrot Dactyle- celui dont la petite amie a des yeux doux et des faux-cils.
Les musiques ne sont jamais mièvres, la voix du conteur toujours juste, je ne m'en lasse pas.

Tiens,tant que je vous tiens, allez donc aussi voir à pohenegamouk
un récit inuit à lire bien au chaud. Vous entendrez crisser le traineau, du moins jusqu'au cinquième épisode, parce qu'après, il semblerait que le temps se gâte.
Bon j'ai dit que la pub était gratuite, mais ça prendra quand même un ou deux cubes de phoque, hein?

16.12.06

Anniversaire de rupture.

Il y eu d'abord ce paquet bleu et carré, qu'on partageait.
Ce mouvement parfois, pour relever le menton. Mais aussi la démarche doucement flinguée, les pulls trop grands, le dos rond pour cacher des seins qui n'étaient pas à la mode, le sentiment d'imposture. Ce tabac brun faisait des volutes courtes et rondes, et une haleine de chacal. Il faisait tousser les étrangers, et comme tel, constituait un joli prétexte pour accrocher une conversation. Parce que les sans-filtres s'écrasaient dans ma poche négligente de sans-soin, j'ai souvent acheté des filtres que je décapitais d'un coup de dent.
Je me prenais pour Calamity Jane.
Leur règne a duré cinq ou six ans, à peine entrecoupé par le bref passage d'un chat noir sur fond rouge et blanc, unique leg d'un amoureux aux poses désabusées.
Vint cet aromatique et oblong paquet bleu et ces carnets de feuilles semés partout. Comment, moi qui ne sait pas tirer un trait droit, en suis-je venue à pouvoir faire ce geste sans même y penser? Une petite danse à six doigt, une rapide pression des deux pouces et je tenais entre l'index et le majeur, un mince cylindre, parfaitement net. Il n'est guère de photos qui ne nous montrent ensemble.
On pourrait longuement détailler les oripeaux du rituel, les beaux objets sectaires, les briquets ouvragés, les cendriers poétiques, ces lieux imprégnés de l'odeur lourde et de l'écho d'interminables discussions.

Il s'en fallut de plusieurs années, avant que je n'aperçoive, au détour d'une quête obtuse, le squelette de ce long compagnonnage. Sans doute un dimanche soir, ou bien l'un ces jours fériés qui font se rassembler, dans les rares îlots ouverts, une troupe au sourire confus. Ce fut une pensée fugace, et le spectacle que je donnais avec mes semblables, aussi imprévoyants et avides que moi, pouvait encore passer pour de la connivence d'amateurs éclairés, même si c'était en décembre et sous la pluie.
Un jour, pourtant, la troublante pièce initiatique se réduisit à une scène desséchée, et cette fois-ci, je me souviens du jour et de l'heure. J'ai tout oublié de cette dame, hors la douleur qui perçait dans sa voix. Je ne sais plus ce que j'aurais dû entendre, quels étaient les mots qu'elle imaginait accueillis par une oreille bienveillante et professionnelle à la fois.
Je me souviens juste qu'il était cinq heures, que mon pouce tapotait nerveusement ma bouche close et que je voulais écourter la consultation parce que j'avais une immense, une irrépressible et traversante envie de fumer.

12.12.06

portrait partiel avec figures intercurrentes.

Cette fois, dans le jeu d'Akynou (qui sommes-nous en créole), il s'agit d'illustrer un passage du blog de Kozlika-

Je ne me raconte pas, ne croyez pas ça. Vous ne me connaissez pas. Sait-on à quel tableau appartiennent 46 pièces d'un puzzle de 10 000, même bien réparties ?

Ou peut-être : les couleurs dominantes.


Akynou nous demande : Et vous, comment vous non-portraitiseriez vous?

Des fois comme cela:



Pis des fois pas.

11.12.06

Danse avec les veaux.


Au marché de Saint Christophe en Brionnais, il y a quinze ans, les acheteurs de bestiaux portaient des blouses bleues. Ou bien étaient-elles grises?
Au marché de Saint Christophe en Brionnais, les vendeurs appuyaient leur menton sur un bâton noueux.
Les yeux fixaient le vide.
Les mains effleuraient la croupe d'une vache, négligemment.
Les blouses bleues faisaient un tour, puis deux.
On se saluait par une banalité. Discrètement, le regard s'accrochait. La main, sur le flanc de la bête se faisait plus précise. On exprimait un intérêt poli, sans plus, en passant de bon aloi.
Le troisième tour était plus rapide, plus précis, l'échange verbal plus fourni. Mais là encore, la blouse s'éloignait. Moins loin toutefois.
Au quatrième tour, la danse rituelle n'était plus qu'une oscillation d'un pied sur l'autre.
Ils hésiteront encore, puis largement, se taperont dans la main.

Quand je regarde les mails de cette amitié bloguesque, qui prochainement, bientôt-oh encore un petit tour- aboutiront à une vraie rencontre, j'y retrouve les mêmes entrelacs que ceux du marché au bestiaux de Saint Christophe en Brionnais.
L'intérêt d'abord soigneusement mesuré, la fausse indifférence, la semi-roublardise plus affichée que réelle (encore que?), les esquives qui ne furent jamais des dérobades, l'exigence sous jacente de l'honnêteté sans laquelle le jeu n'aurait plus de sens.
Oui, l'affaire se conclura, et probablement, à la tape dans la main succédera la libation d'alliance. Enfin, un café, s'il vous plait- car pour tout dire, le coteaux du Roannais et la queue de boeuf à dix heures du matin, il faut être à Saint Christophe, dans l'odeur chaude et moelleuse des bestiaux pour pouvoir les supporter.
Nous n'aurons aucun problème pour nous reconnaître. Je vais de ce pas faire l'acquisition d'une blouse bleue. Ou grise.

10.12.06

Un vieillard s'éteint. Les bibliothèques respirent.*

Pinochet a rendu une âme dont on se demande bien de quel métal elle était faite.
Je cherche dans ma tête le texte exact et l'auteur d'une phrase qui disait en substance: celui qui vit dans la haine et l'injure a oublié le nourrisson qu'il fut et ne pense pas au vieillard désarmé qu'il sera.
Il y en a quelques uns ici aussi à qui on voudrait rappeler que, quand ils seront à l'extrême ... vieillesse, l'aide soignant compatissant qui redressera leur oreiller sera peut-être, noir, juif, homosexuel, séropositif et gauchiste.
Heureusement que les chiliens ne croient majoritairement pas à la réincarnation. Sinon les cancrelats de ce pays auraient du souci à se faire.


* Pour la jeune génération. le titre fait référence au proverbe africain: un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. Lui, c'est plutôt de son vivant que les auteurs disparaissaient.

9.12.06

patience dans la verdure.


Cela fait des siècle que le vieux chêne garde son troupeau.

8.12.06

Le drapeau noir flotte sur la marmite, je répète...


Comme promis à Moukmouk ici même, je vous tiens au courant de l'histoire de R.
Il a enfin eu l'accord de la commisssion pour une AVS à mi-temps. Il aura fallu quand même que les parents, en désespoir de cause, se résolvent à descolariser dix jours durant,cet enfant qui n'en pouvait plus de cette mise en échec programmée.

Il aura fallu attendre 50 mn pour être reçu par une commission qui nous avait oublié.
Ne nous plaignons pas: bien embêtés de cette attente, les membres en furent attentifs et courtois.
Et sans cette attente, aurions-nous remarqué que cette salle dévolue à la commission portait le nom d'un très bel endroit: Yeun Ellez.
Appelé en français: "les Portes de l'Enfer".

La bande son de ce post reviendra, sans contestation, à Pierre Mac Orlan:

Alors, l'Etat, accapareur
Qu'a jamais eu l'sens du comique
A mis l'bureau du percepteur
A l'enseigne de la Fille Sans Coeur
A l'enseigne de la Fille Sans Coeur

6.12.06

tous les bouts du monde ne se valent pas.

La famille Raba vient, semble-t-il, d'être expulsée, d'après le communiqué de RSF.
Pourquoi?
Quel gain pour la sécurité publique?
Quel retour sur investissement de cette fantastique dépense de nos deniers?
Comment justifier que Qirim, 7ans, Dashnor,4 ans et Dashrué, 3ans, aient connu le camps de rétention? Dashnor et Dashrué sont nés sur le sol français, et il fut un temps pas si lointain, où notre pays se faisaient une gloire de les considérer comme NOTRES.

Bonne Saint Nicolas.

5.12.06

aller au bout du monde, par des voies détournées.


photo Ali Baba

Je ne m'étais pas aperçue que cela avait commencé LA, chez Anitta justement, dans un très beau texte. Non, il n'y a pas de faute de frappe : Anitta est venue en bloguerie, bien avant moi, autrement que moi. Eussé-je connu ses textes avant, je n'aurais pas choisi ce pseudonyme. La similitude me fit hésiter à entrer directement en contact. Le hasard fit que je me mis à fréquenter des pages, des parages qui nous furent rapidement communs. Puis un jour, je lui rendis visite.
Je lus, avec gravité, avec émotion, ce qu'elle disait d'elle, d'une vie heurtée et entêtée, d'une vie, qui, quoi qu'elle en dise parfois, résistait au désenchantement. Il est facile de lire, dans ses pages, combien la lutte fut âpre. Et l'émotion venait du choc entre cette langue si vive, ce regard si clair, et ce coeur si lourd. Parfois, l'humour de Dame Anitta fut celui d'un noyé cramponné à une lame de rasoir.

Ce que disent les récents billets, c'est qu'elle peut désormais mesurer sa trace. Que l'étau s'est desserré, que les ombres sont redevenues des vivants, qu'un homme, toujours, était resté là.
Et qu'à lui, à lui seul peut-être, cette fille du bord de mer pouvait demander de l'emmener au bout du monde. Pour s'y souvenir, pour y rêver. Dormir? Chanter peut-être.

ce n'est pas à la chanson d'Adamo, que j'ai pensé. Même si, c'est vrai que je les trouve chouette, les filles du bord de mer. Non, la chanson qui m'est venue, c'est celle de Ferré :

"Monsieur mon Passé, laissez moi passer."

Mais c'est sans y penser que je mis en ligne, une semaine plus tard, un post intitulé les bouts du monde.
Il aura fallu qu'Akynou donne les contraintes de son nouveau diptyque pour que je m'aperçoive que ce titre d'Anita faisait écho au texte d'Anitta. Que sur la photo, choisie pour être commentée, je pouvais imaginer cette femme, allégée, vivante, en chemin vers une région habitée.

Alors, si j'ai choisi de commenter la photo d'Ali Baba en souhaitant à Dame Anitta que le bout du monde lui soit hospitalier, c'est bien volontiers que je lui confesse que l'écheveau de sentiments qui m'ont amené à le faire, ressemble exactement à

CECI:



N.B. pour ceux qui ne sont pas du bord de mer: les bouts-prononcer bouttes- sont toute espèce de cordage d'un bateau n'ayant pas de nom spécifique.

4.12.06

les bouts du monde


Ici, à Chioggia, sur la lagune de Venise.


Bouts, mais à bien y regarder, je me demande s'il n'y a pas quelques badernes, bastaques à itague, ralingues diverses, un ou deux bredindins cachés par les balancines, des cartahus, des génopes, bien sûr, entre deux rabans.
Un erseau de filin?

Où ça?

3.12.06

Dis petit que... Part tout




"Dis, c'est quoi la canopée?

- La canopée? C'est cet endroit de la forêt où l'arbre prend enfin sa part de lumière, où ceux nés avant lui ne lui font plus d'ombre. C'est cette région où, après avoir tant peiné pour prendre de la hauteur, il peut pousser ses branches en largeur. Fleurir parfois. Est-ce que cela répond à ta question?

-Oui. Merci Papa.

-De rien, ma grande."



La photo est d'antoine.

2.12.06

A mon bon coeur, m'sieurs dames. Dyptique d'Akynou, part ouane.

Le jeu d'Akynou, c'est, je le rappelle, illustrer un bout de blog de quelqu'un d'autre ET/OU commenter une photo.


Ici, un texte de François Granger:

Un thème qui se propage de plus en plus sur Internet, le don d'objets...

Je viens de découvrir grâce à un commentaire sur Les influenceurs ce site, donnons plutôt que de jeter, qui vous permet de proposer des objets dont vous n'avez plus l'usage. L'idée semble intéressante.




En l'occurrence, je donne, à mon pire ennemi, racines de bambous folâtres, et indestructibles petits bulbes malodorants.

Cherche, par voie de conséquence, personne cédant pire ennemi, n'en ayant plus l'usage. (De préférence à: cause double emploi.)

c'est pas la chanson qu'est la plus on

C'est la geekette qui s'est pas aperçu que

1) les indices étaient dans le titre des photos

2) l'icône "modérer les commentaires", que je n'utilise absolument jamais était activée. Donc, silence radio pendant 2 jours. Et moi qui me suis crue abandonnée!

D'où crue, de la Meuse, bien sûr.

Bravo à Moukmouk, Ka,Still, Anita,Samantdi, You aussi, (on t'a repéré), qui ont reconnu la chanson de Bourvil, SANS AUCUNE AIDE : "un clair de Lune à Maubeuge


Je suis allé aux fraises
Je suis rev'nu d'Pontoise
J'ai filé à l'anglaise
Avec une tonkinoise
Si j'ai roulé ma bosse
Je connais l'univers
J'ai même roulé carrosse
Et j'ai roulé les R
Et je dis non, non, non, non, non
Oui je dis non, non, non, non, non, non, non, non, non

{Refrain:}
Tout ça n'vaut pas
Un clair de lune a Maubeuge
Tout ça n'vaut pas
Le doux soleil de Tourcoing (Coin-coin ! oh je vous en prie)
Tout ça n'vaut pas
Une croisière sur la Meuse
Tout ça n'vaut pas des vacances au Kremlin-Bicêtre

J'ai fait toutes les bêtises qu'on peut imaginer
J'en ai fait à ma guise et aussi à Cambrai
Je connais toutes les Mers, la Mer Rouge, la Mer Noire,
La Mer-diterranée, la Mer de Charles Trenet
Et je dis non, non, non, non, non
Oui je dis non, non, non, non, non, non, non, non, non

{Refrain:}
Tout ça n'vaut pas
Un clair de lune a Maubeuge
Tout ça n'vaut pas
Le doux soleil de Roubaix (coin-coing ! vous êtes ridicule !)
Tout ça n'vaut pas
Une croisière sur la Meuse
Tout ça n'vaut pas faire du sport au Kremlin biceps



A part ça, quelqu'un saurait-il pourquoi ce %¨¨¨%%¨## blogger refuse ce jour de me charger les photos qui pourraient me permettre de participer au nouveau diptyque d'Akynou?

1.12.06

Fin de journée ordinaire.



Pourquoi je suis fatiguée, ce soir? Je n'ai pas coupé de bois, je n'ai pas beaucoup marché, n'ai gravi nul Himalaya.
J'ai juste couru, hop une consult ce matin, puis l'assistante sociale à voir à midi trente, puis reconsult, puis un petit rabiot d'autre chose en fin de journée.

J'ai juste été étrangement remuée par L. vif petit garçon de six ans. Pas envie de
faire de la littérature avec son histoire. Juste eu la tentation de passer le pouce entre ses sourcils, là où il ne devrait pas y avoir ce pli de souci.

Juste vu N., qui intrigue tout le monde-bizarre et pertinent à la fois, massivement en échec.

Juste longuement réfléchi sur ce que je devais faire au sujet de K. Un soupçon plane sur son histoire, rien de plus qu'un soupçon. Mais K. ne fait confiance à personne, ne livre rien d'autre, qu'une défense polie. K. a quatorze ans, une intelligence aigüe, et ce n'est pas de sa faute si, quand elle parle d'une voix si calme, ce sont ses mains que je regarde. Ce que j'ai lu de plus éclairant sur la question se trouve ICI, sur le blogue de Chronique Blonde*. Je suis à peu près persuadée que K. fait partie du clan de ceux qui n'entrent jamais dans la lumière autrement que soigneusement maquillés, tant pis si on est en vrac sous l'armure. Mais je sais aussi qu'il m'est impossible de faire effraction, que ce serait rajouter une volonté d'emprise à une autre, qu'elle a de quoi voir venir de loin ceux qui prétendent lui vouloir du bien.

Je suis juste fatiguée, parce qu'il me faudrait jouer au casse-briques avec les petites cases de mon emploi du temps des trois semaines à venir, pour trouver du temps pour ces trois-là et ceux d'avant. Parce qu'il faudrait pouvoir les voir venir tout doucement.Parce que quand on pêche à la dynamite, on attrape bien du poisson, mais il est mort.

* Si vous passez chez cette dame, ne vous arrêtez pas à ce seul article. Mme Chronique Blonde est une merveille.

30.11.06

chanson on








Pour continuer dans les jeux bloguesques, je poursuis celui proposé par Mr KA-celui de la merveilleuse Boite à Images -à la non moins merveilleuse Samantdi : trouver la chanson qui se cache derrière les images. On a le droit de proposer des indices, pas les solutions avant samedi.

27.11.06

dyptique deuxième partie


Il s'agit d'un extrait de texte du Chieur, tiré de son blog, Vous êtes chez M. Le Chieur, qu'il fallait illustrer.
Donc, 300 bornes en voiture pour M. LeChieur, qui préfère mariner six heures sur les nationales plutôt que rouler comme un dingue derrière les sportifs autoroutiers. C'est long.

Et, sur le trajet, ma ville d'enfance.

Que croyez-vous qu'il arriva ? Évidemment, je m'inventai un prétexte (vessie pleine, envie de café, pénurie de cigarettes) pour y faire une halte. Et, comme je suis un indécrottable nostalgique crétin, j'eus l'idée géniale pathétique de faire un petit tour du côté de chez Maricot.

Chez Maricot, on vendait du café, des cigarettes et des journaux. Soit à peu près 70% de mes besoins quotidiens (s'il avait fait café-librairie, j'y installais mon duvet). Il y avait des flippers, un baby-foot et un jukebox sur lequel des filles avec des foulards mauves faisaient tourner Johnny Clegg en boucle. Pendant les heures de perm', on s'installait sur les tables du fond. On s'affalait, on discutait, on s'engueulait, on se marrait, on refaisait le monde. Ces tables-là ont vu des idylles se nouer, des grèves se faire et se défaire, des rêves s'envoler. Je me souviens notamment de toutes ces fois où on a évoqué nos avenirs respectifs, avec ce mélange excitant de trouille et d'envie d'en découdre.

dyptique première partie





sur une photo Rph A CET ENDROIT et sur une idee d'Akynou ICI MEME

Je me souviens de la barre du milieu. Parce que nous étions trois, à l'arrière, comme des pois dans une cosse. Trois en trois ans. Elle avait pas rigolé, mais nous si, pas mal. On avait beaucoup ri, on s'était battus comme des chiftirs, on avait inventé d'interminables et délirantes histoires à trois, qu'ils écoutaient d'une oreille traînante et ravie. On a beaucoup ri, on les a beaucoup fatigués. Ils étaient fiers de nous. Ils nous ont trimballé dans la moitié de l'Europe. La vie leur devait une revanche, elle dont l'enfance ne devait pas être vue sous peine de mort, lui dont l'enfance n'a jamais été vue par les yeux morts de ses parents.
Nous avons fait des milliers de kilometres et, oui, je sais qu'il faut diviser par trois le temps d'occupation de cette foutue barre du milieu, parce qu'ils tâchaient d'être équitables dans le talage et d'organiser la rotation par paire de fesses.

Il aimait rouler de nuit, franchir des frontières, nous ramener tout d'une traite; on s'endormait en tas, il fallait caler les coudes avec ce qu'on trouvait de menton, et pas de trop de pieds dans l'estomac. On fouissait comme de jeunes chiots, on s'accusait de débordements déloyaux, on chantait des chansons ineptes et d'autres graves à pleurer. Moi j'étais la fille, alors je pouvais renifler. Les garçons étaient toujours un peu condescendants. C'est comme ça les familles, parfois on se partage le gâteau, on peut pas prendre tous la même part.

Mais c'est comme la barre, y a des bouts qu'il faut prendre quand même un jour. J'espère qu'ils ont appris à pleurer, parce que moi, j'ai quand même fini par apprendre à lire les cartes routières.

A l'arrivée, ils nous portaient dans nos lits, il en prenait deux, elle prenait le troisième, au hasard du premier talon qu'ils pouvaient défaire de cette pelote. Ces très jeunes parents avaient compris qu'on pouvaient emmener de très jeunes enfants au bout du monde, parce que leur maison inaliénable, c'étaient ces bras qui tenaient ferme et ce souffle qui scandait la montée de l'escalier.

Bien sûr, quand la revanche à prendre est si grande, on ne reste pas au volant d'une guimbarde.
On ne s'est pas méfiés, elle avait tellement envie d'une résidence secondaire.

25.11.06

Le clou de cercueil d'honneur à...

Selon une dépêche AFP, Paul-Henri Cugnenc, député, médecin déclaré d'Utilité Médicale Pitoyable déclarait, à propos de la manifestation des buralistes que les effets de l'interdiction du tabac (dans les lieux public ndlr) ne se feraient sentir que "dans 20 ans" alors que les élections étaient dans six mois et qu'il n'y avait donc "pas urgence".

Selon la Revue Médicale Suisse, depuis l'application de l'interdiction de fumer dans les lieux public en Italie, soit depuis 5 mois, les urgentistes ont eu la surprise de découvrir une diminution de 11% des admissions pour infarctus du myocarde.

La quasi totalité de cette diminution (soit 10,3%) se fait au profit des non fumeurs.


Non, rien, c'était juste pour dire que la connerie, c'est comme l'alcool au volant, le tabac dans les bars : on a droit à ses vices privés-et je fus longtemps du côté des fumeurs- mais on n'est pas obligé d'en faire crever les autres.

24.11.06

hasard

Comme le conseillait Martin Lothar ICI, je me suis amusée entrer la date du jour sur le site WIKIPEDIA.
D'une part,c'est toujours ça de pris plutôt que de travailler, et d'autre part, ces contributions du hasard font toujours une excellent jeu de contraintes littéraires.

"Imaginez un texte à partir des évènements qui se sont produit le 24 novembre."

-1798 Création de l'impôt sur les portes et fenêtres en France. :
hum, oui, on devrait pouvoir tirer quelque chose de cela.
-1803 Inauguration du pont des Arts à Paris.
Bof -
-1859 Le savant britannique Charles Darwin publie "De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle" : .
Ah, ça aussi, c'est porteur.
-1874 : L'Américain Joseph Farwell Glidden dépose le brevet du fil de fer barbelé.
Plus dur.
-1960 : Création de l'Oulipo.

Je suis bluffée.

22.11.06

On a les Pablo Pineda qu'on mérite.




Les démêlés des parents d'un enfant pas dans les normes avec les diverses administrations ressemblent souvent à une litanie, de celles qu'on entend dans les cours de récrés:
"alors y m'dit..
-alors j'lui dit...

-alors y m'ont répondu...
- mais moi j'ai dit..."

Il importe alors de laisser flotter l'attention, non pas pour refuser d'entendre, mais pour qu'une image puisse se former, au travers des méandres, quelqu'un qui ne saurait être l'enfant lui-même, mais juste un croquis, de préférence avec paysage autour. Des fois cela prend beaucoup de temps, le croquis est pâteux, ou bien de grosses taches d'émotions brouillent la vue.

Quand j'ai reçu Mr et Mme L., il ne m'a fallu que trois phrases pour que l'image de R., leur fils, soit parfaitement nette dans mon crâne. Et parfaitement insupportable.

R est au CP.
Il y est seul, sans l'aide d'une auxiliaire de vie scolaire.
Celle-ci lui a été refusée.


Il faut savoir que R. a eu une naissance pas facile, ce qui entraîne des troubles non vitaux, mais très gênant dans une société qui ne saurait s'envisager sans école. Il a des troubles attentionnels important, et pendant longtemps n'a pas eu accès au langage. Mais il est capable de raisonner, d'apprendre, de progresser. Si l'on veut mesurer cela avec une echelle de QI, il est sur beaucoup de points, dans la normale, pénalisé juste par ce qui a trait à la langue, et ce qui demande une attention et une mémoire soutenue.

Le choix des parents de le scolariser en milieu ordinaire avec une tierce personne, susceptible de l'aider à se concentrer, de suppléer un tant soit peu aux difficultés de langage était peut-être un peu héroïque, mais pas blâmable.

Et bien dans l'esprit de la toute nouvelle loi. De plus, l'école, prévenue à l'avance acceptait de tenter ce beau pari sur l'intelligence.

Nous fîmes donc un sémillant dossier, truffé de courriers émanant des médecins spécialistes, des divers rééducateurs et de votre ci-devant servante.

Quel(le) sous-fifre a pu ainsi passer outre l'avis d'une demi-douzaine de personnes?
Et sur quels éléments?

Dans quoi avait-il trempé son pinceau? dans le fiel?

R. va mal. Je vois gros comme une promesse non tenue au front d'un candidat, qu'un autre sous-fifre va parler de troubles du comportement.

Je sais bien, j'ai déjà dit que la colère était un mauvais outil de travail. Mais comme carburant pour donner envie d'affûter ceux qui restent à notre disposition, c'est pas mal.

Mes amis, je pars à la chasse à l'auxiliaire!


Ah au fait, c'est qui Pablo Pineda? C'est le premier européen à avoir zeugmatiquement une trisomie 21 et un diplôme de troisième cycle.

En sciences de l' éducation.

19.11.06

Invitée



Est-ce parce que je ne l'avais pas vue qu'elle n'a pas eu peur?

17.11.06

Lierre. Et demain?




Un jour, à cet endroit, nous n'aurons plus du lierre sur une porte, mais des débris de bois au milieu du lierre.

Mais quand? A quel exact moment se produira ce glissement de la négligence à la ruine?

Sans doute faudrait-il que j'adopte la vie méditative. Peut-être que si, moi aussi, je me plantais là, les yeux fixés sur la poignée, j'aurai la réponse à cette taraudante question?

Et encore, rien n'est moins sûr. Je la connais, cette foutue réalité progressive. Elle profitera du moment où je clignerai de l'oeil pour destabiliser la porte.

Heureusement, il arrive aussi que ce soit la peine qui s'allège ainsi.

Tiens, où est passé mon souci?



NB : Samantdi et kozlika se posent chacune une question du même ordre. La première se demande à quel moment une apréhension légitime devient une lâcheté. La seconde s'interroge sur le point à partir duquel les projections maternelles emprisonnent l'enfance. J'aime bien ces deux textes.

15.11.06

d'un défi.

On croit toujours faire des choses par hasard. Ainsi, quand M'zelle Zuzu, amusée par mes premiers essais sur photoshop, m'enjoignis, en guise de défi, de rendre acceptable l'horreur architecturale ci-dessous, je ne crus que m'amuser.





Mais à revoir cette image le lendemain, je me demande si, en calque supplémentaire, au fond de moi, il n'y avait pas la conférence de Nairobi...

13.11.06

oui je sais

C'est un peu triste. Mais dès que j'aurais compris quelquechose à quoi que ce soit, je remet de la couleur.

Moi qui était si fière d'avoir réussi à le faire pour la première version.

Ici, un soupir discret, qui pourrait bien être un appel à l'aide.

11.11.06

l'âme des jardiniers


Mon amie Still a ouvert a cette adresse un nouveau blog consacré à son jardin. Comme Dame Still est une de ces enchanteresses avisées qui savent offrir aux miracles une attention patiente et tenace, je n'ai aucun doute sur la reconquête de son jardin.

Mais la lecture de son blog m'amène à deux observations:

La première, c'est que tout jardin a son, voire ses objets persécuteurs. Chez Still, lierre et clématite.
Chez moi, ce sont les bambous, qu'une main criminelle planta en liberté non surveillée, et d'immondes petites fleurs blanches à parfum d'ail.

La deuxième reflexion découle sans doute de la première: seuls les citadins sans verdure croient l'âme jardinière bénigne, paisible et dénuée de rancoeur. Ceux-là sont bons pour s' aller voter, aux prochaines élections, pour le candidat le plus altruiste.

L'âme jardinière est un humus, nécessitant le compostage de sentiments âcres et violents pour que surgisse la légèreté. Le jardinier sait que les ennemis le guettent, qu'ils sont partout, sous la terre, dans le vol d'un oiseau qui fera choir la graine honnie. Le jardinier, civilisé, taira son monologue, qui restera intérieur.

Mais , franchement, ce que cet homme tranquille, ce que cette femme sereine est capable de lâcher comme bordée d'injures basses et crapuleuses à l'adresse d'une adventice un peu plus sournoise qu'une autre, ce déferlement de haine à l'egard d'une racine obtuse, ce hurlement silencieux de victoire quand on brandit la tête, euh non, la queue de l'adversaire...
Ceux-là mêmes qui prônent la négociation en toutes circonstances, les avez-vous vu partir, la bêche -ou la pioche à l'épaule, quand le cas est grave- avec un rictus que ne démentirait pas Gouvernator? Encore heureux que certains d'entre nous résistent à la tentation de la guerre chimique. Pas tous hélas.

Et je ne parle pas de l'envie. Ni de l'hypocrisie.

De la luxure peut-être, quand après toutes ces turbulences du coeur jardinier, on froisse la menthe dans ses doigts, ou bien l'étonnante feuille du dimorphoteca qui sent le poivre et la mer...


Moyennant quoi, les jardiniers sont des gens charmants.

5.11.06

passé récent de l'ailleurs.

Présent de l'ailleurs.

Il y a peu, l'écran de mon ordinateur a chu dans de noires abysses.
Le contenu de mon disque dur, transféré en urgence, fit remonter à la surface de belles pépites.
Par exemple sur ce site on y apprend, sous la plume de Gilles Esposito Farèse que le passé, le présent et le futur ne suffisent plus.
Depuis qu'Einstein a posé les bases de la relativité du temps, il faudrait pouvoir conjuguer l'ailleurs.
Comment cette mirifique proposition dort-elle encore dans les limbes?
Conjuger le présent de l'ailleurs, c'est réécrire Moby Dick en tenant compte de la vitesse relative du bateau, suivant celle de l'animal. C'est admettre que, dans certains espaces, la course d'Achab serut un événement indépendant de l'existence de la Baleine.

Mais on ne peut limiter cette conjugaison à l'ailleurs de l'autre. (Pendant que j'écris, il serut aux champignons)

Il me semble tout à fait propice à l'ailleurs de soi-même. ( je me brûle les doigts en sortant ma tarte du four et j'aureut une rose jaune dans mon jardin)

La belle littérature qu'on aurait, qui dirait enfin à quoi rêvent les jeunes filles. Une grammaire, pour lier dans la même phrase, le désir et le fuir, la présence et l'absence.



Et pour qu'en racontant de pareilles âneries, je pourrut être parfaitement sérieuse.

21.10.06

samedi matin

Apprendre à voir, là haut, la trace éclatée lumineuse, de l'avion qu'on prendra peut-être. Constater que l'homme a fait les vitres, négliger le chiffon qui persiste , ou bien le prendre comme trace de sa bonne volonté, regarder le dessin rieur et vif de la dernière, pas les tentatives ratées qui gisent en boule dans l'entrée, regarder la chatte nouvelle lutter de vitesse avec une mouche, ne pas penser qu'il faudrait bien, quand même, aller ramasser les os de poulets qui décorent le jardin, la voir, tout soudain s'arrêter et venir quémander une caresse, ne pas trop songer, qu'une fois encore, malgré toutes les promesses intérieures, on a remis, encore une fois son coeur en jeu, fut-ce à hauteur de chat...

Se dire que tout ceci a, tout à la fois, la mélancolie et la douceur des gestes volontaristes, savoir que l'élan et la grâce ne nous sont donnés que pour très peu de temps. Savoir aussi que ces moments là, un peu forcés, un peu trop patients, sont des actes de gratitude envers ces autres instants, brefs et miraculeux, où la beauté du monde nous est donnée avec une évidence brutale et joyeuse.

Ecrire à l'ami.

11.9.06

Enjeux de paille

J'aime bien que S. ne soit pas gentille, et ne m'oblige pas non plus à l'être. Le souffle est resté court malgré la greffe, alors la parole, mesurée, est brève. Elle a ce qu'on trouve plus volontiers chez les gens très âgés, ce minuscule laps de temps avant la réponse. Ce temps infime qui considère et pèse la question.
L'oeil, lui, est rapide dans sa sagacité, et parfois le sourcil très légèrement levé, supplée la voix, rejette sans appel la phrase de commisération, la banalité usagée, dans des limbes où règne moins de dédain qu'une très ancienne fatigue.
A vingt ans passés, combien de fois, à combien de passants, l'a-t-elle racontée, cette vie si souvent suspendue à si peu. Entre la répéter sans cesse, et la dire une fois pour toutes, deux écueils tout aussi blessants d'indifférence, nous cherchons une voie médiane.
Il faut apprendre à ne pas tout savoir.
Nous parlons de ce lieu dans lequel elle vit 5 jours sur 7, de l'endroit le plus favorable pour faire une injection triquotidienne, de nombre de marches, de bouteilles d'eau stratégiquement disposées.
Il est surprenant que cette jeune femme puisse avoir besoin de moi pour des choses aussi triviales. Mais ce lieu là, justement, est si corseté, que le simple fait de poser une bouteille d'eau sur un bureau suffit à déclencher une bruissante révolution...
Même majeure, même rompue à l'héroisme quotidien de se lever chaque matin, même après avoir pesé sa vie à quitte ou double, S. reste une élève. Pour ces enjeux de paille, ces minimes déplacements, qui, dans un paysage moins ritualisé, passeraient inaperçus, pour faire pipi quand elle en a besoin, sa parole ne vaut que si elle est doublée de la mienne.

8.9.06

On peut pas se plaindre.

J'ai raté mon quart d'heure warholien.
Qui d'ailleurs n'aurait été qu'une minute et demie au 20h d'une grande chaîne que je ne regarde plus depuis des lustres.
Mais c'est quand même fort triste. Un ci-devant journaliste m'avait démarché, pour me filmer dans l'exercice de mes fonctions, et pour une fois, semblait décidé à évoquer le scandale permanent de notre manque de moyens.
Tout était prêt, ma jeune patiente de 11h était d'accord pour que nous soyons filmées quelques minutes, j'avais programmé le nettoyage de ma voiture, de peur que le journaliste ne décide de changer de scoop.
Mercredi après midi, Moyen Chef m'appelle pour me délivrer le message suivant:
"Ne parle que des MISSIONS, et surtout pas des moyens!"
Ayant manqué l'option faux-derche au cours de mes études, je lui ai donc répondu que je ne me voyais pas continuer à jouer des valses pendant le naufrage.
Et puis, j'ai une irrépressible aversion envers le terme de "missions". On peut à la rigueur envoyer des missionnaires vêtus de lin blanc et de probité candide auprès d'ignorantes populations. Mais un fonctionnaire avec des fonctions, c'est embêtant, parce que cela a des coûts de fonctionnement.

Alors, la veille, soit le soir à 19h, Grand Chef a dit non.

Prenez en une autre.

Des fois qu'on s'apercevrait qu'elle gère 7000 dossiers sans secrétaire, sans portable, sans ordinateur, sans répondeur, et que ses frais de déplacement pour couvrir 40 établissements sont épuisés en Mars.
Encore serait-elle souffreteuse, empruntée, prompte à s'effacer, le public pourrait estimer que c'est suffisant pour un mi -temps thérapeutique.
Hélas, l'effrontée rit souvent, aime ce qu'elle fait, ne recule ni devant le calembour, ni devant la métaphore filée.

Alors, ça va comment, chez vous?
Oh, on peut pas se plaindre.

Mais de nous trois, grand, moyen chef et moi, c'est sûrement moi qui me suis endormie avec le plus grand sentiment d'avoir fait ce que j'avais à faire. Parce qu'à 11h le lendemain, je rencontrais S. avec sa mucoviscidose, son diabète, sa greffe et son foutu caractère pour faire tenir le tout ensemble.
Elle peut pas se plaindre.
C'est pour le faire à sa place que je suis payée.

6.9.06

Il y a deux sortes de genies

Les génies doués, et les génies pas doués.
Appartenant à la seconde, j'avais mis à la fin du post précedent un lien qui ne marchait pas. Maintenant ça marche.
Plaisir des yeux m'sieurs dames?
c'est toujours LA;
Voui, j'insiste un peu.

5.9.06

Et vous, vous faites quoi dans la vie?

Je fais un métier qui a failli exister.
C'est une sensation un peu étrange. Je me dis parfois qu'il existera peut-être, qu'il a même brièvement existé. Voyons... ce devait être dans les années quatre-vingt dix, dans un temps archaïque, où l'on parlait de mettre l'enfant au centre.
L'enfant au centre, et nous dans les interstices.
On était au carrefour, entre l'intime et le public, entre le collectif et l'inviduel. Carrefour le plus souvent inconfortable, traversé qu'il était, de courants contraires, balayé parfois d'un trait de plume à la rubrique "crédits".

Mais quel merveilleux, mouvant, vivant poste d'observation! Pratiquement tous, nous y sommes venus par hasard. Je reconnais tout de suite ceux qui sont restés par passion du spectacle sans cesse renouvelé de l'enfance en mouvement.

Alors, du carrefour, nous avons voulu faire, timidement, une place. Vous savez comment cela se passe. Le premier geste, c'est d'y amener un banc, et de s'y asseoir. D'inviter les passants à voir le paysage, de ce coté là du réel.
On était taquins , parfois dirait Demetan ici. On leur demandait si créer un lieu fait uniquement pour les bébés nés à terme, à 3500g, indemnes, au mois de mai, et utilisateurs préférentiels de leur hémisphère gauche, si vraiment cela était une valeur républicaine.

Après, on essayait d'inventer un espace avec plus de moelleux-et certains nous regardaient d'un air bizarre devant la pauvreté insigne de nos propres possessions.

Nous n'avons pas, bien sûr, convaincu tout le monde. Mais certains sont revenus régulièrement nous voir. Il commençait à y avoir des discussions passionnantes à cet endroit là.

Va savoir pourquoi tout cela s'est effrité...
Pourquoi, je ne saurais te le dire. Mais comment, oui je peux. Si cela t'interesse, c'est LA.

25.8.06

Tant qu'il y aura des fous

Cet été, au détour du sentier des douaniers, dans une crique que j'aime bien, j'ai vu ça:

Un simple empilement de cailloux?

Mais non, regardez bien. Ne les reconnaissez vous pas?








Il y a ceux qui attendent le retour de l'enfant aimé.

















Celui qui médite








Le visionnaire










Et celles qui papotent au bord de l'eau.


Tout ce petit monde a surgi en nuit, et a duré ce que le vent, la mer, et les (enfants des) hommes lui ont laissé.
Cela ne compense pas les mauvaises nouvelles du monde, mais quand même, tant qu'il y aura des fous géniaux de ce genre, rien n'est perdu.

Et puis dans le genre, allez voir Moukmouk, l'ours qui se prend pour un homme, écoute les baleines, taille la bavette avec les oiseaux et nourrit les moufettes.

C'est ici

15.7.06

un bon fils, finalement.

Parfois, je me dis que les médias ont courte vue. D'après eux, le Coup de Tête le plus célèbre de la planète ternit à jamais l'image de notre Zinédine, qu'on fut bien content de décréter Trésor National Vivant. Je parierai au contraire que ce geste fera partie (intégrale) du roman (d'intégration).
Apres tout, n'est-ce pas l'exacte continuité de ce qu'on lui demandait tout au long de sa carrière: la montée d'adrénaline,
l' envie de défendre-un but- des couleurs-sa mère- et surtout l'adolescente candeur de croire que cela était important.

Ceux qui n'aiment le football dans aucun cas ne comprennent rien aux ressorts des antiques tragédies. Encore que le format du jeu court-circuite ce que le théatre autorise comme longs développements.

Il faudrait imaginer Othello répondant au premières insinuations de Iago par un magistral coup de boule dans le pourpoint du perfide. Puis Rideau.
Mais si la phrase que l'on prête à Materazzi est bien "tu es le fils d'une pute terroriste", quelle économie de mots pour aborder tout à la fois la question des origines, celle des moeurs, et la politique internationale!
Tout ceci rappelle leplus court roman mêlant la noblesse, la religion, l'amour et le mystère: "enfer! s'écria la comtesse, je suis enceinte et je ne sais pas de qui.
En tous cas, du Kabyle défendant la vertu sa mère, ou de l'Italien sardonique guettant le faux pas, je sais qui j'aurais envie d'inviter à manger la pasta...


PS: je passe sur mon blog bien moins souvent que sur celui des autres. c'est donc très tardivement que je vais remercier les auteurs des 4 premiers commentaires! qui gagnent l'assurance de mes voeux variés. Et une invitation permanente à revenir.

8.5.06

qousque tandem

Dans ma vie, dit la dame qui ne compte plus ses cheveux blancs, j'aurais passé beaucoup de temps à essayer de comprendre comment les choses basculent. Un genre de théorie de l'embouteillage, ou bien un nuancier perfectionné. Quelque chose qui me permettrais de saisir imédiatement, et avec certitude, que ce violet là est devenu un bleu, ou bien que cette personne est folle pour de vrai.

Ou bien que LA, si j'en crois maître Eolas, nous avons cessé d'être dans une démocratie, parce que l'on fait, en mon nom, au nom d'une protection que je ne demande pas, des choses indignes.

Je pourrais dire que je me fie à mon sentiment; dans le cas ci-dessus, ce serait donc la colère qui m'avertirait de la nécessité de sonner le tocsin.
Mais si la colère est un sentiment que je laisse pousser comme une utile mauvaise herbe dans le champ de la citoyenneté, j' ai toujours trouvé que cela était un mauvais outil de travail. Tout comme la peur. Cela ne veut pas dire que je ne les éprouve pas, encore que cela m'arrive de moins en moins. Cela veut juste dire que je m'en méfie. J'ai moins peur qu'avant, parce que j'accepte que les gens puissent mourir malgré mon désir qu'il en soit autrement. Je suis moins souvent en colère, parce que j'ai enfin admis qu'on fait souvent ça qu'on peut, comme on peut, avec ça qu'on qu'on a. Et ce qu'on a, souvent, c'est peur et colère, en mélange indeterminé, et que ça rend con. Il doit y avoir de cela, dans l'action de ces jeunes flics qui musellent et violentent des étrangers qu'ils reconduisent à la frontière.

Mais par pitié, que quelqu'un se soucie de leur apprendre d'autres outils de travail.

8.4.06

Lear

Je viens d’aller voir le roi Lear.
Pour me changer les idées.

Quoique …

Quoique cette vieillissante figure autocratique, qui ne peut lâcher son pouvoir qu’en échange d’une protestation d’amour, fut-elle de la dernière hypocrisie, avait de quoi faire écho à de très actuelles figures.
Et bien sûr la modernité du texte ajouté au choix de mise en scène qui pose Piccoli en capitaine d’industrie ne pouvait que renforcer ce petit jeu d’associations. Le moyen d’y résister…
C’est d’ailleurs là où le bât a failli blesser la spectatrice pourtant acquise d’avance au texte. Il faut pouvoir éprouver de la sympathie pour Lear, même s’il apparaît l’artisan de son naufrage.
Or le personnage du roi, ainsi incarné, paraissait un peu trop proche de figures réelles du cynisme, pour être attachant.
Car enfin, quand le roi, le cul dans la neige, découvre que les pauvres peuvent avoir froid, il faut que son arrogance soit déjà en partie rachetée par le processus ce de dépouillement qui est à l’œuvre.
Ce n’est qu’après la première demi-heure que je me suis vraiment laissée prendre à la force du texte et au jeu de Piccoli.
Je n’ai pas tout aimé, mais la voix parfois incertaine, brisée et capricieuse de Piccoli, si. Cette histoire est aussi celle du caprice des vieux, qui retournent à cette enfance où l’on tape du pied en disant « je veux, j’ai droit », comme une dernière tentative avant l’ultime renoncement. J’aime que le metteur en scène n’en ait pas fait seulement un père trahi, mais surtout un homme qui vacille d’avoir tout confondu, le pouvoir et l’amour, l’amour filial et conjugal. Ne chasse-t-il pas Cordélia parce qu’elle a osé marquer la place d’un mari auprès d’elle, plutôt que de TOUT donner à son père ?
Ce qui est prodigieux dans ce texte, c’est qu’on finit par avoir de la compassion pour tout le monde. Pour les méchants parce que presque tous ont été des enfants mal aimés, pour les fous parce que leur sagesse ne suffit pas à sauver tout le monde, et pour Lear, le vieil homme nu, privé même en dernier lieu de sa démence, parce qu’il a compris trop tard que le renoncement, c’était bien autre chose que distribuer ses biens.

22.3.06

Bandits, voyous, voleurs et autres chenapans

Comme 132000 personnes à ce jour, je vous engage, si d'aventure vous passez ici, à lire,
A CET ENDROIT
les raisons de la pétition "Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans".
Vous y lirez que certains d'entre nous se verraient dans l'obligation professionnelle de discerner chez leurs patients, dès le plus jeune âge, les caractéristiques suivantes:
" la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme » et la notion « d’héritabilité (génétique) du trouble des conduites ».
Après quoi, nantis de bons conseils, de médicaments appropriés, de methodes éducatives, et d'outils de contrôle social performants, nous pourrions rêver de purger de toute trace de délinquance, notre société qui profite si bien à ceux qui savent s'en servir.

Toute?

Hélàs, même si ce plan orwellien venait à voir le jour, il est à parier que de nombreux villages lui résisteraient encore et toujours.
Des villages pas nécessairement gaulois d'ailleurs. Certains sont monégasques, panaméens, bahaméens, voir franchement multinationaux.
Car la délinquance la plus fréquente, celle qui coûte le plus cher à nos sociétés, nous privant des hôpitaux, des routes,des crêches que nous méritons, qui ôte le pain de la retraite de la bouche nos vieux, c'est quand même bien ce qu'on appelle la délinquance en col blanc.
Il est bien sûr plus tentant d'imaginer, sous le mot délinquant, la figure roublarde, provocante, et de préférence basanée de celui "qui a des airs de te tchourrer l'oxygène"*, que cette pâlotte réalité:


S'il y a , vraiment, un lien organique entre ces symptômes et l'entrée dans la délinquance à l'âge adulte, ce à quoi " la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme » vous mèneront le plus sûrement, statistiquement, c'est à la fraude fiscale.

Dépistons, dès trois ans, les comptables retors, les hommes d'affaires avisés, les élus corruptibles!!!

*"Double peine": Zebda

20.3.06

le fond de ma pensée



J'attends le printemps...

limpide

Comme beaucoup de gens, j'exerce une profession. C'est mon pré carré, un espace minuscule de réel. J'y travaille depuis longtemps, suffisamment pour pour y avoir semé quelques indicateurs. Rien qui puisse représenter une somme, rien de définitif. Juste un fragment, que je scrute régulièrement, tâchant d'éliminer les crapauds les plus gênants de cette boule de cristal morcelée. J'essaie juste d'y voir un peu plus clair.
Je me garde d'extrapoler à l'ensemble des enjeux ce que je mesure à mon aune.
Mais quand même : quand Monsieur le Ministre de la Famille annonce

ICI

qu'il va recruter 4000 personne d'ici trois ans pour prendre le pouls de not' belle jeunesse, mais que dans le même temps, je vois débarquer des collègues, mis sur la sable par une sèche diminution de 30% des crédits de vacation, je me dis...
Je me dis que je suis fondée à penser que ce gouvernement pratique le discours clair, l'oeil serein, la cordiale poignée de main de ceux qui sont décidés à mentir sans vergogne.

8.2.06

à quinze ans, le travail de nuit nuit

Le projet de faire des jeunes apprentis, des travailleurs de nuit, de dimanches et de jour fériés me lève le coeur.
Peu de jeunes gens arrivent en apprentissage sans avoir, dans leur histoire des lignes qui vont de la fracture à la béance.

Le premier qui me brosse un tableau idyllique du "jeune" épanoui avant pendant et après son orientation, annonçant à la famille, en extase recueillie, sa décision de quitter le système scolaire traditionnel, souriant sous les applaudissements, je le renvoie à "Diloy le chemineau".
Je me demande d'ailleurs si l' oeuvre de la bonne comtesse de Ségur n'est pas le livre de chevets de nos députés. Ah l'heureux temps où les pauvres connaissaient leur place, et ne brûlaient les carrioles qu'une fois par siècle...
Bref, pour qui connaît un peu le public, la décision laisse pantois. Aux difficultés scolaires, à la fréquente mésestime de leurs capacités, on prend le risque de rajouter un obstacle supplémentaire, celui de la désynchronisation.
Désynchronisation sociale, mais aussi biologique, touchant deux des domaines qui sont pourtant les serpents de mer de la prévention auprès d'adolescents : le sommeil et l'alimentation.
Toutes les études sur le travail de nuit le montrent: on bouffe n'importe quand, trop gras, trop sucré, pour compenser la fatigue. Les premiers temps du travail de nuit font grossir. Et hop pour la priorité nationale!
Quant au manque de sommeil chronique des adolescents, il a rempli de belles pages lui aussi. Bien la peines de les avoir fait baîller dès la maternelle dans de mirifiques séances d'éducation à la santé.
"Et en rentrant du boulot à 6h, des légumes verts, mon petit!"
Bon, on ne listera pas tous les effet potentiels du travail de nuit, on y passerait la journée.
Juste une image qui m'est revenue...
Je me souviens des vieux d'il y a 25 ans, ceux nés juste avant ou juste après la Première. Ceux là avaient connus le travail à 12 ans, qui, s'ajoutant à la Deuxième, leur avait fait des corps délabrés, le souffle court, les os déformés. Devant un septuagénaire, on se demandait jusqu'où pousser les soins. On les a vu rajeunir à vue d'oeil, les septantes. On pourrait suivre à la poignée de main, à la façon de monter sur une table d'examen, -j'irais jusqu'à dire à la mâchoire-de nos vieux d'aujourd'hui les progrès des acquis sociaux dont certains veulent faire des archaïsmes.


Je crains que nos législateurs n'aient oublié une chose : grandir est déjà un boulot à plein temps. Nuit et jour.

5.2.06

il faut un début

J'ai souvent eu envie de faire l'expérience suivante: partir, en même temps qu'un être cher mais par des voies séparées, dans une ville inconnue. Ne nous y fixer aucun rendez vous, regarder la ville. S'y croiser, ou pas. Au retour, comparer les trajectoires, les lieux de repos, les points de fixation. N'en tirer rien de précis; ne méconnaître ni la chance, ni les fils souterrains qui nous animent
Je n'ai averti aucun de mes proches de la naissance de ce blogue. Je n'irais pas la claironner sur ceux que je lis depuis quelques mois. Comme tout le monde, j'attends la rencontre.