14.9.11

Nidification


Un jour, quelqu'un y oubliera un livre. Un autre jour, une autre personne laissera, entre les pages, une fleur ramassée sur le chemin, au cours d'une de ces balades qu'on choisit de faire, malgré le temps gris, et qui vous récompense d'une miraculeuse lumière entre la déchirure des nuages. Un grain de sable viendra se loger dans l'embrasure de la porte et s'y fera oublier. La fêlure d'une tasse fera un coup au cœur, un regret minime et déchirant et puis on s'habituera. On la tournera du bon côté en buvant le café pendant un temps et on la jettera un jour. Ou bien non.
La maison perdra de son apprêt, se griffera au fil du temps, comme tous les visages qu'on aime pour longtemps. Il y aura des objets qu'on aura pas vraiment voulu, des cadeaux qui ne vont pas vraiment mais qu'on garde parce que les gens ont tellement voulu dire merci. Le jardin ne sera jamais exactement comme on voudrait, mais d'une année sur l'autre, il pourrait bien y avoir des belles surprises, des abondances imprévues qui remplissent de gratitude et d'un certain étonnement. On fera même l'emplette d'un sécateur pour faire un bouquet qu'on placera là, sur la table basse et il ne sera jamais pareil que le suivant.
C'est la maison de mon amie, une maison toute neuve malgré son grand âge et qui débute dans ses fonctions. Une maison qui lui ressemble déjà tellement, à la fois précise et improgrammée, une maison qu'elle prête, pour que d'autres qu'elle puissent y dérouler un moment de leur histoire avec ce pays au charme prenant.
Je ne passe jamais à proximité sans lui lancer un regard amical et je sais qu'elle me le rend malgré ses volets fermés. Elle attend, sans urgence, de sentir à nouveau la crêpe et le café.
C'est une maison et, déjà, c'est toute une histoire.

PS: et, pour ceux qui ont eu la gentillesse de me demander, au vu de mon long silence, si tout allait bien, la réponse est : oui, cré bien, ne vous inquiétez pas. Juste que l'écriture, ça a toujours des reflux. Mais je vous aime toujours, hein!