31.8.10

Risque zéro.

Décidément, ce début d'année est stupéfiant de bêtises. C'est une avalanche continue. Après l'expulsion en masse d'européens non fichés par les services de police mais juste un peu Rroms, après le Sermon Au Loup, voilà qu'Air France décide que les mineurs non accompagnés ne seront plus au contacts d'adultes.
Il est pour eux évident que le risque de rencontre ne peut se faire qu'à coup de touche-pipi, et pas de cours de géographie sur les îles rencontrées.
Il est par ailleurs évident qu'un enfant qui voyage seul et qu'on laisse seul aura un grand sentiment de sécurité et de confort.

Soyons plus radicaux.
Cessons de permettre aux adultes d'élever des enfants.
C'est la source de tous les maux.
D'ailleurs, pour nous prévenir d'éventuelles plaintes, cessons carrément de faire des enfants. D'ailleurs ils deviennent tous délinquants.

Est-ce que nous sommes si peu nombreux à penser que la solution, ce n'est pas "zéro adultes" mais "beaucoup d'adultes", les 90% de majoritairement braves gens ayant une relative faculté d'inhiber les 10% de pervers?

Et que, bordel de merde, ça marche aussi avec les mauvaises herbes, les marges sociales, l'art et les bactéries.
Le risque zéro est la pire infection du siècle.

30.8.10

Démissionner, ou ne pas démissionner


To quit , or not to quit : that is the question:
Whether 'tis nobler in the mind to accept
The assets and earnings of gorgeous fortune,
Or to take arms against a sea of troubles,
And by opposing end them? To die: to quit
no more...

Démissionner, ou ne pas démissionner
là est la question.
Y a-t-il plus de noblesse d'âme à accepter
les biens et les revenus de la merveilleuse fortune
ou bien à s’armer contre une mer de douleurs
et à l’arrêter par une révolte? Mourir.., démissionner,
rien de plus.



Les états d'âmes dramatiques de Kouchner, ici

29.8.10

si le loup comprend plus vite que l'électeur, on est foutus.

"Ce que j'espère, c'est que le loup, qui est intelligent, quand il aura compris que quand il vient traîner autour du troupeau, il y a un fusil, il fera attention. Il fera la différence entre la bête sauvage et l'élevage."
Non, vous ne rêvez pas! Cette phrase a bien été prononcée par le président d'une république célèbre, malgré ses faille et sa son modeste territoire, par la qualité de ses scientifiques.
Il y a donc, à la tête de l'Etat, le reste d'un petit garçon qui imagine que dans les tannières, une maman loup et un papa loup réunissent leur petits louveteaux pour les prévenir :
"Attention les petits loups, si vous n'êtes pas sages, Le Grand Nicolas des Humains va venir nous sucrer les allocations, nous tirer des salves de sommations pour nous faire comprendre la différence entre une brebis d'élevage et un faon sauvage.
"

C'est mignon, hein?
Ou pas?

Cela dit, il existe une autre sorte de mouton pour lequel rien n'est encore décidé. Dans le doute, on a le droit d'en bouffer.

26.8.10

Il fait gris, je m'en fous.

Il fait gris, je m'en fous. J'ai tourné à gauche au lieu de rentrer, le vent sent la mer et la mer déroule au vent, avec sa puissance lente et détachée, comme pour s'étirer avant l'automne.
Il fait plus que gris, il fait bistre sur les roches et la lande, il fait flou. Le paysage connu ne montre plus que des fragments et cela reste beau comme un corps familier sous le drap. Le ressac en prend le son d'une rumeur intime, le battement de ma bizarre appartenance à ce pays.
Je perçois à quel point le bonheur est chez moi moins affaire de possession que d'erratique légèreté.

22.8.10

Cas soces.


Je suis née à côté d'une boîte de Pétri. Et dans l'incubateur, il y avait des gamins mal poussés, des adultes parfois eux-mêmes passés très près du couperet qui tentaient d'en tirer autre chose qu'une litanie de condamnations et puis, en bordure, des théoriciens qui tâchaient d'entendre ce qui liait les deux.
Comme une fille de paysans peut avoir l'oreille bercée de récits de vêlages difficiles et du rythme des rotations, j'ai entendue toute mon enfance parler de caractériels, de cas sociaux (dites cassos, casse-os, cas SOS, comme bon vous semble) de mal vissés, d'échappés de l'ASE, d'AEMO, d'éducs spé, de pratiques sociales, de juges pour enfants, de brigades des mineurs.
De gamins plus ou moins dérivetés, déclavetés, bercés trop près du mur, fous comme des paniers, comme des lapins, débiles mais loin d'être cons.
Maltraités, abandonnés, ou si désastreusement abîmés dans des corps intenables, d'étranges modes de perception d'un réel toujours fuyant.
Déroutants, hermétiques, incasables, insupportables, violents, déchirants, déchirés. Ou juste hors d'atteinte.
J'ai appris que la seule chose qui ne se mangeait pas dans le légume, c'était le fauteuil.
J'ai appris que PO (placement d'office) ça se disait aussi planque tes os.
J'ai appris que ces histoires là ont exactement la même fonctions que les plaisanteries de corps de garde, même si je les trouve plus drôles et moins vulgaires : tenir couchée l'angoisse de n'y pouvoir rien faire.

Cette rumeur là, même s'il me fallut des années pour mettre sur des histoires tangibles des noms qui n'étaient plus d'emprunt, m'était moins incompréhensible que celle qui court là, empuantissant les journaux et les têtes. La figure du délinquant délibéré, pourri jusqu'à la moelle puisqu'appartenant à une race maudite droguant ses enfants pour les faire mendier ou égorgeant le mouton dans l'escalier, cette figure de masse, irrémédiable, celle là m'est étrangère.

Je n'y reconnais ni ceux dont la rumeur de l'enfance cassée a bercé la mienne, ni les histoires réelles que croise désormais.
Tout au plus, si l'on insiste à vouloir à tout prix que j'évoque la figure d'un, déjà condamné, qui, sans vergogne aucune, sachant parfaitement le poids délétère de ses actions, persévère dans une ligne dont aucune instance, même internationale, ne le déviera, tout au plus si l'on veut me faire souvenir d'une violence froide, perverse, intentionnelle, répétitive, verrai-je surgir dans ma mémoire le nom et la poupine figure d'un ministre coupable d'injures raciales, continuant, quoique de façon déguisée, d'en vomir à pleine tonne.

A lire, la lettre ouverte du Pr Hochmann dans Le Monde et la très réaliste fiction de Gascogne et Dadouche sur le blog de Maître Eolas.
Et aussi,
le Dies Irae de Samantdi

8.8.10

L'été des amis


Au fond, ce n'est qu'un ressac un peu plus doux, qui use et lave les marches de mon perron. Des amis vont et viennent et je vais chez eux. De vrais amis, qui bavardent en musiciens, trillent et montent la gamme, jusqu'au silence propice d'où monte la note juste, tenue jusqu'à la rupture, jusqu'à ce qu'il redevienne convenable de s'esquiver, de dérober la faille en un haussement d'épaule.
Les failles? Si nous n'avons pas les mêmes, nous en avons le même nombre, la même ironique mesure. Et il est bien rassurant que nous ayons presque tous atteint la possibilité de rire de nos passions sans cesser d'en éprouver.

Nous nous nourrissons les uns les autres, d'une maison à l'autre, et le vin tient moins lieu d'ivresse que de lien fluide. Comme d'autres vertus réconfortantes, l'hospitalité reçue ne se rend jamais en lieu et place. Je ne te rendrai jamais la vue de tes collines, ni à toi, le curry chaud et parfumé, le plaid moelleux sur tes épaules. C'est un autre que tu emmèneras pêcher, c'est au suivant que j'offrirai le café et c'est de lui que je recevrai le moment mystérieux qu'il aura absorbé d'une histoire ailleurs déroulée.

C'est l'été des amis, une vacance en méandres, une broderie espiègle aux points lâches et solides, où il faut avoir l'œil aiguisé pour s'apercevoir que cette main là a resserré le mousqueton, cette autre-ci glissé un discret tuteur, la consoude sur la brulûre, l'eau fraîche à la plante.

Amis, passeurs de balles, grains de komboloï...

6.8.10

Au vrai lusque.


Je croyais connaître quelques petites choses du lusque. Mon pays n'en est pas avare, même s'il le décline de façon discrète. Lumière d'or, pêche enfantine et miraculeuse de coquillages que la marée trompe à coup sûr, muscadet chantant dans le verre.
Et les amis qui passent, qui méritent un billet à eux seuls.
Mais voilà, Samantdi et Coloc m'ont démontré que je n'étais qu'une novice. La découverte de l'année, ce n'est pas le soleil du Sud Ouest ni la pierre chaude du Lauragais, ni même les eaux douces et serviables de la Garonne.
Le découverte, c'est la tente mauritanienne dans le jardin, meublée de matelas de hasard et de tapis d'aventure, de cotonnade flottante et de chats, peuplées de snobs véritables
qui connaissent le véritable goût de la glace à la pomme et de la palabre intemporelle.

Non, franchement, je le dis: si avant cinquante ans tu n'as pas connu la raïma de Coloc, tu es en grand danger d'avoir raté ta vie.


Avec en prime, une rarissime photo du Cheik Ari Ibn Ben Apple

1.8.10

Les Diafoirus de la prévention sortent en escadrille...

On se demande toujours si l'on doit faire un commentaire des âneries gouvernementales, ou bien leur offrir le sort habituellement réservé aux éructations de fin de banquet du grand oncle sénile et ancien collabo.
Bon.
Les parents des délinquants mineurs iront en prison.
Tous les deux?
Ou bien on en tire un au sort?

Quand la mère s'est déjà coltiné toute seule l'élevage de trublions dont la carence de père peut un tout petit peu compter dans le glissement vers la délinquance, elle se coltine aussi la peine d'enfermement?

Et puis juste comme ça incidemment, qu'est-ce qu'on fait des autres enfants? Imaginez que vous êtes le petit dernier, celui qui justement fait tout pour effacer le souvenir des conneries des aînés, qui travaille bien à l'école et tout et que tout d'un coup, on vous fasse faire votre baluchon pour une famille d'accueil, vous faites quoi? A part spécialement bien bosser votre cours de chimie pour balancer une bombe dans le bouzin?

Est ce que par hasard l'espèce d'inconscient court sur pattes qui nous dirige aurait voulu sa môman pour lui tout seul, pour oublier ainsi qu'une famille, c'est composé de plusieurs personnes?