9.4.09
mon quart d'heure de férocité.
Chaque printemps, je dois admettre que mon jardin est la pierre d'achoppement de mes convictions sociales.
J'y pratique finalement bon nombre d'horreurs qu'il est temps de regarder en face.
J'ai recours sans vergogne à l'immigration choisie, appâtant la coccinelle , draguant les vers de terre en leur promettant nourriture choisie dans mon compost, convivialité et respect absolu de leurs moeurs, fussent-elles franchement ambisexuelles et partouzardes.
Le hérisson, privilégié, voit la trêve hivernale étendue aux quatre saisons et c'est avec mille remords que j'ai tâché de le reloger quand ma lutte bisanuelle contre le roncier s'est soldée par son accidentelle expulsion.
Montrez-moi vos quotas de nuisibles dévorés, vous voilà résidents choyés.
Pire, je pratique la chasse au faciès. Piquants, rampants et gluants, vous êtes mal barrés. Mais même ici, votre traitement ne sera pas équivalent, selon que vous serez à la rue ou coquillés. Allez savoir pourquoi je me contente parfois de déporter l'escargot par brouette spécialement affrétée, alors que la limace qui dort dans son sac de couchage de cuir orange subit un martyr immédiat et sans pitié. Tout juste si je consens à adoucir de bière ses derniers moments. Pour le reste, je ne détaillerai pas. Enfin, si, justement.
Je trie, je déracine, j'extermine, utilisant le fer et le feu, la cendre et la poix, au rebours de tout ce que je tâche de discipliner en moi et prêche par ailleurs.
Sans doute, pour contrebalancer cette férocité, me sera compté que je répugne au poison et plus encore, ma relative inefficacité : La velléité me sauve du mal.
C'est si vite que j'abandonne la lutte quand la fougère déroule sa crosse naissante qui ressemble à une main de nouveau né.
Même la ronce peut m'attendrir en son printemps minuscule d'un vert si net et si tendre.
Et le velours presque inquiétant de la tulipe noire...
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12 commentaires:
Toi, on va faire des manifs dans ton jardin, non mais... C'est un vrai scandale moi je dis ;-) mais bon, si c'est pour la bonne cause...
Je me fait le même genre de réflexions quand j'officie dans mon jardin en tyran sanguinaire ;-D
Bouhouhou l'ortografe "fais" !
Je conçois les choses différemment dans mon potager, je laisse vivre un peu tout le monde. Au pire, j'en déplace quelques-uns, sans plus. Mais peut-être est-ce simplement parce qu'à la base, je déteste me charger de la basse besogne... je n'ai pas l'âme d'un bourreau (d'insectes).
Et puis, les gentilles bébêtes, faut bien qu'elles se nourrissent, et pour se nourrir il faut de tout : s'il n'y a pas de "nuisibles", il n'y a plus de "bénéfiques" non plus...
Allez allez, un peu de tolérance madame anita ! :-)
Seulement un quart d'heure ?
De la vigne en Bretagne ? Je croyais qu'on n'y buvait que du cidre !
main de fer dans gant de velours ? nonnnn....ton jardin est accueillant !
BC
C'est pas bien joli joli ça quand même... appâter les nérissons en les enivrant avec des limaces confites à la bière.
Zut, j'aurais dû camoufler ce billet, trop tard... en voilà deux qui se ramènent les piquants en bataille, clamant sur l'air des lampions : nous voulons des limaces à la bière blonde ! des limaces à la bière rousse ! Va falloir que j'interdise la transhumance à l'ouest.
Voici un des plus jolis textes que j'ai lu depuis longtemps.
tu me prêtes ta photo d'alien végétal pour mon blog?
Bien sûr!
Tu la récupère ici ou tu veux le fichier?
Je la récupère ici! Merci!!!
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