31.5.08

Ethologie du bébé chat


Ils mènent un train d'enfer. Ils grimpent en plantant leurs griffes indifféremment dans le tissu de votre meilleur fauteuil et dans celui de votre meilleur mollet.
Ils roulent l'un sur l'autre et explorent le moindre espace creux, assis dans leur gamelle, dans le lave vaisselle, dans ma sacoche.
Au creux de votre cou.
Ils posent sans aucune vergogne, à grand coup d'oeil bleu et de langue rose et poussent la photographe dans les derniers retranchements de l'esthétique calendrier des Postes. Photos honteuses que l'on enfouit dans son disque dur, insupportables d'afféterie, immontrables aux plus de dix ans.
Ils sont si jeunes qu'ils s'endorment d'un seul coup, geste suspendu, n'importe où, sur leur frère ou soeur, en plein milieu de la pièce, dans la gamelle.
Au creux de votre cou.
Puis ils se réveillent en bloc et recommencent une nouvelle fois la sarabande qu'ils ont appris l'un de l'autre.
j!iàç!uiojhiiuggggiiiiiiiiir wséu&z&&&&&&&&
Ils marchent sur mon clavier.

30.5.08

En raison d'un

un accès de folie furieuse chez des gens très aimés,
j'ai le plaisir de vous offrir la photo d'un coeur de dimorphotéca, prise avec mon nouvel objectif macro:



Mon coeur à moi, l'est pas montrable. L'est tout fondu.

29.5.08

rien à voir

Ici.
Mais aillleurs, c'est fortune
Suis deuze chez tili
La proms, c'est la Reine du chateau et c'est farpaitement mérité. Sa photo de goutte de rosée est une évanescente merveille.
Sinon, chez jathénais, c'est horriblement difficile de choisir. Y a plein de belles choses et je plouffe tous les jours. C'est haffreux et ça me fait le même effet que quand je regarde mes bestioles nouvelles nées, et qu'on me demande "tu gardes quel chaton?"
Life sucks.

26.5.08

...


Sans doute, la vie n'est vraiment supportable que si, en nous, une voix intermittente raconte une toute autre histoire.
Si, au delà de ce qui acquiesce, quelque chose se dérobe et murmure à coté, en coulisse de ce qui convient, de ce qui est convenu. Part réfractaire, pouls asymétrique de notre mesure au monde, interstice précieux.

Prend garde seulement, dit la voix, de n'en faire nul système, que cela même ne devienne pas une défroque de plus, ne t'endors pas dans ton murmure, comme une qui se bercerait dans l'imbécilité d'une rumeur.
Que le rétif en toi reste impair et non attendu, saute une maille ou dix par rang, va d'un pas solide et prudent, ou bien maraude sans qu'il ne te bouge un cil, mais défie-toi, toujours, de ton propre roman autant que des thèses des autres.
Au coeur de ce que tu écris, il y a ce que tu ne vois pas, ce qui manque, ce que tu n'as pas réussi à dire et ce que tu gardes pour toi.

25.5.08

souvenirs de voyage et d'enfance


Regarder les routes brûlantes miroiter comme si elles étaient mouillées, et toujours espérer atteindre la flaque.
Tenter de croiser le regard des vaches, et guetter la biche promise par les panneaux. Sans succès.
Garder les yeux grands ouverts, sans cligner, entre les zébrages d'ombres et de lumières des routes bordées de platanes.
Se rappeler les numéros des départements.
Souffler sur la vitre et dessiner un soleil, ou la tête à Toto.
Anticiper la trace des gouttes d'eau sur le pare-brise, quand il pleut, et se réjouir d'une trajectoire particulièrement longue, échappant à la faux de l'essuie-glace.
Demander quand est-ce qu'on arrive.
Faire des grimaces à la voiture derrière nous.
Dormir.

23.5.08

Si c'est pas ce qui s'appelle être à côté de la plaque...

Bon , pour ceux qui auraient la flemme de cliquer sur l'article de Libé, je vous la fais courte.
Pour justifier les sanctions envers les chômeurs qui refusent des emplois raisonnables, notre présiprince a cité le cas, qui lui aurait été rapporté en personne par un agent de l'ANPE de Melun, d'un plaquiste qui aurait refusé 63 emplois successif en un an.
Non seulement, notre Tullius Détritus national ne s'est pas aperçu que le sieur qui lui a tenu ces propos est un malade mental, mais en plus il n'a absolument pas tiqué sur le fait qu'1,2 annonces par semaine d'emploi de plaquiste à Melun, c'tait p'têtre un peu beaucoup.
Il y a quand même moins d'offre dans ce créneau que dans celui de chef de courant au PS.
"La tectonique du plaquisteuh...
C'est de bien observer
Sans se fair' remarquer.
La taca taca tac tac tiqu'
Du president,
Ce s'rait d'avoir avant tout
Les yeux en fac' des trous.
"

Mais les chômistes, Mâââme Michu, c'est pas pire que les assurés sociaux. J'connais une dame, eh ben, ça fait sept fois qu'elle se fait enlcver la vésicule. Y a de l'abus, hein!

22.5.08

Sept choses qui m'émeuvent bizarrement


Un âne qui baisse la tête sous la pluie
La vaillance d'un rosier éreinté, qui semble jeter son ultime énergie dans le parfum miraculeux d'une toute petite rose.
Le regard agrandi de ma chatte qui se fait manger par ses quatre petits.
Le soin que met le bibliothécaire de ce tout petit village à proposer à chacun des livres aimés.
La transmission des comptines dans les cours de récréation.
L'air perplexe, quinaud et quand même curieusement décidé d'un très jeune homme devant l'éventaire d'un fleuriste.
Et toujours, inlassablement, ce moment précis où le vent change d'odeur, parce que je me rapproche de la mer.

21.5.08

printemps et reflets

Comme je le disais l'autre jour, y a foule de concours photos...
tili a besoin de printemps, et on la comprend.
Donc, en cette saison, il y a chez moi des chatons qui piaulent

Des marais qui se taisent à l'approche


et des qui bossent et qui en ont plein les pattes.


Et spécialement pour Tili aussi, un monument de délicatesse, de douceur élégiaque pour saluer la poésie du printemps.
boomp3.com

Pour "chic des clics" de gilsoub et jathénais., j'ai choisi celle-ci, que j'avais déjà publié

Cela reste un de mes reflets préférés

Tag Melba

Servie fraîche par Myrtille Melba, blogueuse croquante et légèrement fondue, comme j'aime :
mettre le lien de qui m'a taguée (fait)
- mettre le règlement sur mon blog (fait)
- répondre aux 6 questions suivantes (fait)
- taguer 6 personnes à la fin du billet en mettant leur lien (fait)
- avertir directement sur leur blog les personnes taguées. (pas fait encore)

1 - un aliment ou produit que je n'aime pas du tout

- La langue et la cervelle.
"On ne mange pas ses outils de travail, mademoiselle!", disait le maître, quand je grignotais mes crayons jusqu'à la mine.
Maintenant, je pense pareil.


2 - mes 3 aliments favoris
-Les petits chèvres qui se fendent comme des cailloux translucides
-les poires qu'on ne sauraient manger proprement
-le chocolat.
Une infinité d'autres choses... J'ai le malheur d'aimer la crème et l'huile d'olive, le piment et le sucre, le poisson et le pot au feu, le nord et le sud, le cru et le cuit.

3 - ma recette favorite
Spaghetti aux fenouils sauvages.
Ça tombe bien, j'avais promis, ici, de la mettre en ligne.

Si d'aventure vous vous promenez en bord de mer, ou si, prévoyants, vous en plantâtes dans votre jardin, Avril, Mai ou Juin sont les mois idéaux pour récolter les branches naissantes de fenouils sauvages... Prenez-en une grosse poignée,les branches doivent être un peu moins grosse qu'un petit doigt féminin.
Vous pouvez éliminer le feuillache fin qui a tendanche à rechter entre les dents.
Coupez les en tronçons d'un cm et faites cuire dans l'eau salée, jusqu'à ce qu'ils soit tendres. (Entre 20mn et 1/2 heure)
Gardez l'eau de cuisson, ça servira pour les pâtes.
Quand les fenouils sont tendres, faire chauffer dans une cocotte, un demi verre d'huile d'olive, 4 ou cinq gousse d'ail écrasées-ou plus selon les goûts- et faire fondre six anchois. Touiller quelques minutes, puis ajouter les fenouils et un kilo de tomates, ou bien une boite de pulpe de tomates. Poivre, pas de sel.
On laisse cuire jusqu'à ce que l'huile remonte à la surface.

Faire cuire les spaghetti dans l'eau de cuisson des fenouils.
Une fois égoutté ( avez vous égoutté attentivement?), mettre la sauce et présenter avec un bol de parmesan et un bol de chapelure revenue au beurre et légèrement caramélisée. Le top, c'est de prendre du beurre salé (ben voui!) et de soupoudrer la chapelure d'une cuillère de sucre roux dans la poêle.
Ecrit comme ça, ça peut paraitre étrange, mais je vous jure que c'est un pur délice avec ces pâtes.



4 - ma boisson de prédilection
Mon t'it verre de muscadet du soir.
Le mojito à ma façon, plutôt allongé avec beaucoup de menthe pilée.

5 - le plat que je rêve de réaliser et que je n'ai toujours pas fait
les diners monochromes de "La vie mode d'emploi".

6 - mon meilleur souvenir culinaire
De mes blanches mains, mon dernier Tiramisu. Paraît que j'ai égalé Rose, et croyez-moi, c'est un titre ...
Fait par d'autres, un agneau en gargoulette servi lors d'un mariage à Kerkenna. A faire faire par d'autre, pasque c'est d'un long...
Mais le tajine de mon anniversaire était assez dans le genre sublime, aussi.

Et hop, patate sautée à
Still
Mlle Moi
Encre,
chronique blonde
Yves? Entre deux choux?
Tiphaine, d'elbolg


Tous ceux qui y ont échappé peuvent se dire que ce n'est que partie remise.

19.5.08

bientôt, dans la pêche à la baleine...

Bon, très vite, parce que pas beaucoup de temps:
y a concours de photo chez gilsoub et jathénais. Le thème, choisi par votre (humble) servante, c'est "reflets".
Chez tili le thème, c'est le printemps, et la gourmande veut trois photos!
Mais la plus vache à vous rendre chèvre, c'est kozlika et ses matriochkas, une histoire à emboîter d'une drôle de façon, et pour laquelle je participerai le 8 juin, pour le chapitre 6. Mais allez voir le principe, vous verrez que c'est pur coton.
Pour les photos, je mettrai en ligne mercredi ou jeudi, parce qu'ici, en mai, les anniversaires pleuvent.
Edit: pis aussi, faut que je réponde à la tag melba de Myrtille. Pffff! j'ai un de ces planning!

18.5.08

anniversaire


Hier, au jour anniversaire, mes amis sont venus. Ils ont amené des cadeaux, des fleurs, des enfants et des lieux.
Des endroits qu'ils aimaient, pour partager du rêve, pour moi qui aime tant les voyages, même les voyages immobiles.

Me voilà, plus qu'avant-hier, riche de désirs et d'images.

J'ai des amaryllis et une colline kanak dont les hautes herbes ondulent sous le vent, du vert clair au rouge sombre. J'ai une ile fleurie et deux autres presque plates, lumineuses sous le maerl, et puis des roses d'un blanc vert. J'ai un château en Ecosse, dont la brume en écharpe va si bien aux rhododendrons échevelés, de hiératiques arums et même une toute petite étoile du côté d'Antarès.
Le grand caroubier de Mégrine n'est plus, alors en échange, j'ai la place de la gare d'El Fahs. Si j'y regarde bien, je suis sûr d'y trouver encore un âne, et des hommes qui portent le jasmin en bouquet derrière l'oreille.
C'était une très belle idée, un cadeau saugrenu et tendre. On a bu et mangé, on a parlé et ri, et ramassé chacun notre tour, un des minuscules chatons qui nous piaillaient entre les jambes.
Tard, on a distribué des enfants recuits et poisseux, et un tout petit, qu'on a enroulé dans du mohair, pour qu'il continue de dormir au chaud. On a rangé les chats, les verres et les tabourets de toutes les couleurs, et puis on s'est dit qu'on finirai tout ça demain.
Et c'était bien.

16.5.08

vraiment, j'vois pas le facteur commun.

Bien sûr, je me méfie de la stigmatisation possible d'une population, dès lors qu'on tente d'en cerner une ou quelques caractéristiques récurrentes.
Bien sûr, je me méfie des effets d'une épidémiologie de trou de serrure sur un tout petit groupe, non fiable statistiquement.
Mais quand, dans un groupe de vingt enfants, je retrouve deux encoprésiques, un constipé du diable, deux enfants atteints de terreurs nocturnes, un intoxiqué de son propre chef aux suppos de DO....NE à 4 ans (fallait quand même le vouloir pour s'en enfiler- oui, c'est le mot- neuf à la file), et un autre qui ne fixe son attention que vingt secondes, je me demande.
Ils seraient du même quartier, j'te chercherais le plomb dans les peintures...
Mais ils viennent de partout, dans cette classe à projet pédagogique particulier-au demeurant fort sympathique.
Pa moyen d'incriminer le milieu social, sont presque tous fils d'enseignants, de chefs d'entreprises, de commerçants aisés, tous solvables et très soucieux de bien élever leurs enfants.
Très.

14.5.08

j'suis pas superstitieuse pour un kopeck, mais...



Si quelques bonnes âmes parmi vous pouvaient croiser les doigts, réciter mantras, poser cierge à Sainte Rita, faire la bonne chance avec gris-gris, sortilège d'empicassement , conjurer la jettatura, envoyer patte de lapin, trèfle à quatre feuilles et fer à cheval,
et surtout
marabouter la main qui, demain, tirera le premier sujet du concours de M'zelle Zuzu,
je promet d'aller chercher pour vous la meilleure gwrac'h des Mont d'Arrée quand vous en aurez besoin...
Qu'elle s'envole, la belle!

Sans, tout est possible

J'apprends, sur le site de Marianne2, que 90% des Jeunes Populaires, UMP pour ambitieux de moins de trente ans, n'ont pas renouvelé leur adhésion en 2008.
Ils n'auraient pas dû élire à leur tête un président nommé Fabien de Sans Nicolas.
(si, si! j'ai pas bédave des OGM à l'huile de vidange, promis!)
Voir aussi chez Oxygène.

12.5.08

Le bal des nostalgies


Sur le papier, cette journée apparaissait aussi traitresse, aussi propice à l'enlisement qu' une promenade en baie de Saint Michel. Aussi méfiant qu'on soit envers les principaux dangers, on sait, dès le départ, que les eaux souterraines ont creusé comme bon leur semblait et que les fondrières les plus menaçantes sont peut-être bien celles que recouvre une croûte apparemment ferme.
Mais des nostalgies à ciel ouvert, il y a en avait déjà une belle palanquée.
Le lieu, d'abord. Cette plage du Débarquement, c'est l'un des seuls endroits où je peux, de droit, m'asseoir et dire à mes enfants "voilà un endroit où, petite fille, j'ai joué, comme vous, au même endroit. "
Bien sûr, la ville s'est étendue derrière le front de mer et se plie à un merchandising de la mémoire, inconnu au temps où nous grimpions en toute innocence sur le char Sherman (?) qui tenait lieu de principal monument commémoratif.
Mais n'ont changé ni les haveneaux à crevette, ni la maison de mes grands-parents. Hideuse en en 1930, ayant survécu à l'occupation allemande et aux ravages des solides canadiens (;-))))) , elle reste petite, malcommode et charmante. La boulangère s'appelle peut-être bien encore Madame Marc et le glacier "le Bengali". L'extraordinaire stabilité des commerces permet même aux septuagénaires de la famille de désigner tel magasin par : " chez Msieur-dames-Merci" et un autre par :" chez Ça-Manque-en-ce -Moment-".
Identique est l'odeur de sable poussé sous les portes, et suspecte cette envie que j'avais proposer une partie de pêche à pied à l'enfant dernière...
Le deuxième exercice redoutable, c'était, en cet endroit le mariage d'un mien cousin, qui après une éclipse de près de vingt ans, rêvait du mariage qui n'avait pas eu lieu. Sans s'être aperçu-comment l'aurait-il fait, dans cette nuit tétanisée dans laquelle il luttait pied à pied?-qu'il n'y a que dans les contes de fées que le reste du château s'endort en même temps que le héros. Pour heureux que nous étions, et profondément car nous l'aimons, nous étions tous alourdis d'âge et d'histoires et nous sentions difficile de recréer les belles fêtes que l'on fait à vingt-cinq ans, quand les épousailles n'annoncent que des bonheurs sans mélange et des avenirs radieux.
Nous ne nous en sommes pas mal tiré. Il y eut des mots justes, posés en passerelles légères et lucides qui nous permirent de n'être ni dans la parodie, ni dans la répétition du drame. Il y a eu de la gaieté affectueuse et c'est absolument sans arrière- pensée que nous avons dansé sur des airs qui nous faisaient ricaner quand ils étaient de leur temps et du nôtre. *

Je me suis tirée d'un pas encore plus épineux et, qui plus est, sans dommage aucun, avec un plaisir doux et diffus, un tintement de cloche en argent dans le silence. J'ai reconnu sans hésitation , sous le poivre et le sel et derrière la joue plus émaciée, l'amour mince et blond de mes vingt ans. J'ai reconnu, à son sourire touché et réservé à la fois, qu'il y avait un vrai bonheur à se revoir, un bonheur sans poison et sans amertume, un bonheur qui nous a permis d'effleurer avec justesse les cicatrices de l'autre. Nous savions, l'un comme l'autre, illusoire et inévitable le désir d'effacer certaines balafres et nous avons été capables d'entendre le symétrique message:
"Ne me plains pas. Ceci est ma vie et il n'y a pas à regretter de ne pas en avoir eu d'autre. Ce que j'ai traversé et que je ne peux te présenter qu'en somme globale a été fait, pour moi, de jours passés l'un après l'autre, mélangé d'héroïque et de trivial, de résistance et de lâcheté, de questions métaphysique et d'histoires de yaourts périmés. Une vie quoi, contre laquelle j'ai fulminé parfois, dont j'aurais voulu à d'autres moments que ÇA s'arrête, même si je ne sais pas ce qu'était ce ÇA, mais vois-tu, une vie qui me permet aussi la douceur d'être là et de témoigner que nous avons été sincères et incomplets, et remarquablement tendres pour de si jeunes gens".

Quand je l'ai embrassé pour lui dire adieu, serrant son bras mince, pendant qu'il pouvait vérifier que j'avais suivi un inverse chemin, je me suis dit que la nostalgie, finalement, c'est comme les sables mouvants. Une fois qu'on est clairement dedans, la seule façon de s'en sortir, c'est sans doute de lui offrir volontairement, et pour un temps, le plus de surface possible afin qu'elle vous porte au lieu de vous engloutir.



* Au passage, et sans tag aucun, vous apprenez une chose parfaitement inutile sur Anita: elle PEUT danser sur "Alexandra, Alexandrie..."



4.5.08

objets inanimés


Je regarde mon amie F. , sa garde rapprochée d'objets qui la désignent, ou bien la masquent, c'est selon, et je songe, avec des sentiments mêlés, à la façon fréquente et subreptice avec laquelle certaines choses me quittent.

Irrémédiablement, sans secours aucun, les parapluies désertent, les montres s'esquivent, les bijoux scintillent une dernière fois avant de glisser dans les replis de ma mémoire.
Et je ne parle pas des coûteux objets professionnels, toises vagabondes, tests optiques redevenus illusions, agenda surveillé comme un récidiviste de l'évasion désespérante.

Pour les stylos, c'est moins grave : je connais nombre de leurs sentiers souterrains, et en cas de manque, il me suffirait de saisir délicatement ma voiture entre le pouce et l'index et de la secouer comme on bat un tapis, pour faire émerger une bonne demi-centaine d'exemplaires de toutes les couleurs.
Le téléphone a l'avantage de répondre quand on l'appelle, pour peu que l'homme de la maison ne soit pas absent trop longtemps. Car c'est à lui qu'est dévolue la sollicitude envers cet objet qui , sans lui, mourrait tous les deux jours après une courte plainte que je n'entends jamais.
Je suis pourtant devenue infiniment moins désordonnée qu'avant, mais rien n'y fait : je n'aime pas les objets prothétiques et ils me le rendent.


D'où vient alors, que certains d'entre eux, qui ne brillent ni par leur utilité, ni par leur charme, me suivent d'année en année, alors que cent déménagements, accès de frénésie rangeuse et éliminatrice, voyages propices aux abandons, auraient dû les faire disparaître depuis des lunes?
Je connais, dans mon placard, certaine paire de chaussettes d'un brun ayant viré vers un indéfinissable taupe, rêches et sans grâce, des chaussettes obtuses, pour tout dire, fidèles et sans humour, n'ayant pour elles que d'être les dernières, quand toutes les autres sont au sale.
Soupirant, je les regarde me dire : "il te reste encore nous..."
Je me dis, bien loin de mon amie F. qui n'aime les objets que dans leur premier éclat choisi avec une exigeante discipline, que ces chaussette là ont gagné, à force de patience obstinée, la légitimité borgne qu'on accorde à certain chanteur médiocre mais endurant, ou à certains hommes politiques, véreux, mais infatigables.
C'est pourquoi, bien que guettant l'usure définitive, je viens, presque superstitieusement, de réunir en paire, sous le sourcil légèrement offusqué de F. , ces étranges pénates, moches et coriaces.
Mais je les préviens sourdement que l'humilité leur est de rigueur. Qu'elles se croient indispensables, qu'elles se mettent à se pousser du col et à se figurer qu'elles sont pour toujours les Elues de ma garde-robe, et je pourrais bien être radicale.
C'est moi qui décide, non mais.

Edit, spécial Marianne:

boomp3.com

2.5.08

entendre, parfois, l'arbre et la racine

Nous sommes traversés d'histoires

qu'elles nous surgissent
en grêles péremptoires
ou bien en couleuvres
données en becquées

par la bouche souriante
et les yeux sans appel
de nos pères et mères

Nous n'en connaissons;
que l'écho
autour de nous
comme le bruit du vent
dans les branches de l'arbre
qui parle tant

Si rares les instants
Où l'on entend le bruit même,
ce craquement de bois,
du vivant en train de vivre



(en écho à ce texte, cum commento)