27.2.09

60 Millions de délinquants?

On pourrait penser que l'auteur d'un délit, c'est celui qui commet l'acte.
Que nenni.
L'auteur d'un délit, c'est le législateur.
C'est lui qui, en portant le regard de la société sur un acte présumé condamnable, inscrit l'auteur dans la catégorie des délinquants.
Pour que le crime existe, il ne suffit pas d'Abel et de Caïn, il faut la loi, le gendarme et le juge.
Sinon, c'est au plus une mauvaise action.
Des crimes et délits, il s'en invente tous les ans, ou bien, comme les mots rares dans le dictionnaire, il en disparait, sans bruit ou avec fracas, d'eux-mêmes ou sous la pression du regard lourd, persistant et tenace du corps collectif.
Ainsi, des capitaines de navire ont appris que le dégazage sauvage en pleine mer est une infamie, la main aux fesses des patrons n'est plus une innocente plaisanterie, il vous est signifié que fumer au bar tue les autres et que ne pas mettre votre ceinture de sécurité vous coûtera la peau du dos et celle du visage.
A l'inverse, il n'importe plus à personne en France que vous aimiez quelqu'un du même sexe que vous et on préfère, si vous vous piquez, que vous le fassiez avec des seringues propres délivrées au grand jour par votre pharmacien.
Il y en a toujours eu, au cours de l'évolution, pour s'indigner de la perte de liberté ou pour crier au laxisme.
Rien d'étonnant donc à ce que la création de nouveaux délits soulève un débat.

Mais quand même.

Est-ce qu'on n'est pas en train de créer à tour de bras des délits d'un nouveau genre depuis deux ans?
Le délit de citation des phrases présidentielles, quand Monsieur Heon est condamné pour avoir brandi une pancarte avec le désormais célèbre: "casse-toi pauv'con".
Le délit d'avoir des parents qui n'ont pas les bons papiers, quand des enfants sont placés en centre de rétention.
Le délit de ne pas savoir lire et écrire à cinq ans, quand une enfant présentée devant un juge est présumée avoir refusé de signer un procès verbal d'interpellation
Le délit de protestation, quand des citoyens s'élèvent contre les conditions d'expulsion des étrangers dans les avions d'Air-France
Le délit de ne pas faire passer des évaluations aberrantes de Cm2, quand ce sont les gendarmes eux-même qui viennent vérifier, alors cela regarde simplement un supérieur hiérarchique.

Et aujourd'hui, dans Libé, l'histoire de Monique Pouille, gardée à vue pendant neuf heures pour avoir accepté de garder trois portables de migrants chez elle pour les recharger.

Et bien pour moi, et quitte à me faire huer par les historiens et les spécialistes du droit, c'est peut être exactement cela, le début du fascisme.
C'est l'invention de délits qui ne sont plus connectés a des réalités sociales, fussent-elles discutables, à des nécessités impérieuses (oui, la ceinture de sécurité, ça sauve des vies) mais uniquement destinées à permettre à un système de se survivre.

Lors de son génial réquisitoire contre JM Le Pen, au cours du Tribunal des Flagrants Délires, le tout à fait génial Desproges citait une phrase pas mal non plus d'Ettore Scola : "Vous vous méprenez, monsieur : ce n'est pas le locataire du sixième qui est anti-fasciste, c'est le fascisme qui est anti-locataire du sixième."

Notre société, au dire de l'actuelle justice, souffrirait mille morts du fait de ses membres qui s'indignent de la grossièreté, ne supportent pas de voir des enfants en prison, trouvent inepte d'en évaluer d'autres sur des données non encore apprises, s'opposent au fait de maltraiter des hommes enchaînés et pire, donnent bénévolement un peu d'électricité à des hommes sans maison.

Or, quand un patient vient voir son médecin et énonce toutes les parties du corps qui le font souffrir quand il appuie, soit là, là et puis encore là, et tenez, si j'appuie ici, c'est atrocement douloureux, il y a une chose que le médecin doit examiner en premier : c'est l'index de son patient. Si ça fait mal vraiment dans tous ces endroits, c'est que l'index est très probablement cassé.

Allez, on lance une association de plus? Le "Non A la Pénalisation Outrancière", par exemple. Napo, c'est un joli nom?
Non?

25.2.09

D'un autre côté.


Je l'ai prise par les revers et comme dans une scène de film noir, j'ai approché mon visage du sien. Je l'ai gardée ainsi, pour qu'elle ne s'échappe pas, pour que son regard puisse se dérober et je lui ai tenu des mots durs et nécessaires. J'étais dans une colère calme et profonde à la fois et je sentais ma force dans le mouvement de mes mains. J'ai tout dis de ce gâchis, de l'urgence qu'il y avait à le regarder en face. Je n'ai tu aucune blessure, je ne voulais même pas savoir comment on en était arrivé là, je lui ai juste dit que cela ne devait pas continuer, qu'elle n'avait pas toujours été comme cela, que peu importe au fond la nature de sa dope, que ce soit l'alcool, la malveillance ou la peur, mais qu'il fallait qu'elle s'arrête.
Jamais je n'ai été aussi profondément en colère mais aussi attentive à ne pas la lâcher, à ne pas lâcher prise, comme si c'est à moi qu'il revenait de l'extirper de cette coulée de boue qui la sépare de nous, du vivant, de l'acceptable. Jamais je n'ai été aussi déterminée, aussi puissante, aussi sûre.

Et jamais je n'ai su à quel point il est dommage que ce soit impossible à dire et à faire pour de vrai, parce qu'au premier mot articulé, non, au premier rapprochement, je serais, comme un météore présomptueux dans une atmosphère tellement trop lourde, pulvérisée, expulsée, incendiée avant même de pouvoir, ne serait-ce que la toucher.
Ce n'est, depuis longtemps, qu'en rêve que je parle à ma mère.

22.2.09

Indécision.


Cet arbuste est moche, encombrant, poussé n'importe comment et il prend la lumière de mes rosiers.

Qu'est-ce qui m'empêche de le couper?

Il a été planté par un autre que moi. J'ai un respect superstitieux des traces laissées dans les jardins, par d'autres que moi, même si, sans doute, elles sont bien moins volontaires que je ne l'imagine. Au jardin plus qu'ailleurs, j'habite des endroits dont je ne me sens qu'usufruitière, transitoire, plus gardienne que propriétaire. Même dans cette maison que j'ai choisie plus que tout autre et dont je trouve qu'elle me ressemble bien.

Et puis il y a un nid dans la fourche. Il n'est plus habité, mais c'est un nid. La prescription trentenaire joue-t-elle pour les arbres? Ai-je le droit de rayer cette enclave d'un trait qui ne serait même pas de plume?

Et puis, cet arbre mal fichu a une vertu : celle de me rappeler que je n'aime pas, non que je crains plus que tout les vies et les espaces tirés au cordeau, que je pense comme Devos qu'un homme fait est un homme fini. Cet arbre, c'est aussi un rabicoin, un carré de sédimentation, un humus soustrait à l'ordre.

Oui mais.
Oui, mais il est vraiment vilain.
Et puis, une petite voix me dit que, pour les jardins trop propres, je ne risque rien, je suis immunisée de longue date. Les oiseaux iront dans l'arbre d'à côté, je ferai fouillis avec un beau camélia, ou avec ce rhododendron dont je rêve depuis si longtemps.
Et puis, il ne sent rien, je ne l'aime ni de l'oeil, ni du nez.


Allez hop.

Mon guieu, Anita, tu ne crois pas que tu te prends le chou avec l'arbre?

20.2.09

Ça aurait pu être les Iles Cook.

Le monde est plein d'innocents, invisibles et redoutables monomaniaques. Oh, je ne parle pas de ceux que vous voyez, dans le métro, tenir des discours à une brosse à dents ou de ceux qui notent les paroles de Lefevbre pour la postérité.

Non, je parle de monomaniaques bien plus réjouissants, ceux qui éclatent délicieusement sur la toile, qui s'enflamment pour un projet sans aucune autre finalité que de faire circuler de l'imagination et faire miroiter des petits fragments étincelants, des bribes scintillantes. Petits calumets sans prétention, qu'on passe, avec gourmandise, au voisin.

Vous connaissez les pelleteurs de nuages, les chercheurs d'alphabets, les photographieuses de tresses de petites filles, les collectionneuses de je t'ai.me, les réécriveurs de cartes postales, les ramasseurs de cartes à jouer, les contempleurs de chat, les démons du dis-moi dix-mots.
Et puis il y a les cuisiniers.
Ceux du quotidien, ceux du snob, ceux du beau, ceux de l'insolite, que je lis souvent sans mettre les recettes à l'épreuve, mais qui me fascinent par cette passion très humaine du jamais encore fait. Cent mille façon d'utiliser une gousse d'ail et une fève tonka... Et qui dira le nombre de recette de Cheesecake en circulation?

Je vous ai parlé de Ciorane et de sa cuisine de quat'sous. c'est chez elle que j'ai trouvé mention du projet de Gwen, un projet tout à propice à détourner de son devoir professionnel une blogueuse très gourmande et pas mal vagabonde.
Mzelle Gwen a décidé de faire le tour du monde en 232 recettes, dont une bonne partie par procuration. Si vous lui envoyez un mail, elle vous attribue par tirage au sort un pays. A vous d'en réaliser un plat et d'en publier la recette.
Cuisine, jeu du hasard, tour du monde et inoculation au lecteur... Vous voudriez que je résiste?

J'ai donc envoyé candidature.
M'ont échu les Iles Salomons.

Ah, les Iles Salomons! Ses cocotiers, ses coups d'Etat, sa gastronomie mondialement connue!
Des pages et des pages entières dans le web.
Ses ingrédients en promo sur le marché du jeudi, Taro, crabe de cocotier, poissons de récifs...
Bref.

A ce stade là, je pourrais tricher. Inventer une recette, ou bien mendier chez Mlle Moi, la recette du Lap-lap en prétextant que Vanuatu n'est qu'à 2000km, c'est à dire un jet de bigorneau.
Ou pire, je pourrais être tristement réaliste et dire qu'au moins dans les villes, la pizza et le hamburger sont à la cuisine locale ce que le pidgin est aux quatre-vingts langues du pays...

Mais je suis un genre de polymaniaque à ma façon.
Comme disait l'un de mes amours littéraires, c'est bien plus beau quand c'est inutile.
Alors, soit je drague un chercheur du Lacito
récemment rentré de voyage, dans une manif, soit je me livre à une manoeuvre dont la seule évocation me fait sourire jusqu'aux oreilles.
Je vais, dans mon anglais de cuisine, écrire à de parfaits inconnus, à l'autre bout du monde, dont je ne connais que l'adresse au bas de leur page internet, pour leur demander ce qu'ils font à manger ce soir.

Internet, parfois, c'est magique. :-D
Tanggio tumas fo helpem mi.
(Merci beaucoup de m’avoir aidé)

15.2.09

Retour à l'envoyeur.

Une amie m'envoie par mail, la copie du courrier qu'un maire du Nord a adressé à l'Inspecteur de la circonscription dont dépend sa commune.
Je ne résiste pas au plaisir de vous la faire partager :


Monsieur l'Inspecteur,

J'ai bien reçu votre courriel du 27 courant à 8h50 au sujet du droit d'accueil concernant le mouvement de grève du jeudi 29 Janvier 2009.
J'ai pris bonne note que dans 4 groupes scolaires, les grévistes dépassaientles 25%. les services municipaux étant touchés également par le mouvement de grève, n'ayant qu'une seule dame de service à l'Ecole G. qui n'est pas gréviste et plus de 90% du personnel communal absent à cette date, nous sommes donc dans l'incapacité d'assurer quelque service d'accueil que ce soit.
Par ailleurs, vous connaissez ma position sur cette loi qui demande aux voisins de régler ses propres conflits de couple et qui ne m'agrée nullement.
Mais dans la même optique, je vous saurai gré de bien vouloir m'adresser par retour, une liste d'enseignants, de personnels de l'Education Nationale non grévistes le 29 janvier 2009 et qui pourraient assurer la continuité du service public en venant tenir les guichets de la mairie, fabriquer les repas à la cuisine centrale, mettre les couverts, servir les enfants, faire la vaisselle et le nettoyage.

Je pense bien évidemment que vous n'aurez aucun mal à trouver le personnel compétent (...)

Si j'avais un début de liste à faire et à vous soumettre, je mettrais :
  • Monsieur l'Inspecteur de l'Education Nationale Douai-Waziers
  • Le personnel de l'inspection de l'Education Nationale Douai-Waziers (...)
  • Monsieur le Sous-Préfet de Douai
et, pourquoi pas Monsieur le Préfet de Région!
Et, pour changer les couches, Monsieur Darcos, ministre de l'Education Nationale.

je pense que l'ensemble de ces personnes sont parfaitement qualifiées pour exercer le droit d'accueil dans les écoles de Waziers
Jacques Michon
Maire de Waziers
Conseiller général du Nord

14.2.09

sel gemme



Ah! la Saint Valentin! ses coeurs en peluche rouge cramoisi, ses cartes postales sucrées, sa comptabilité féroce sous le masque dégoulinant, son faux-semblant verrouillé, son menu spécial à 39 euros, gingembre à tous les étages et triple chocolat, son SMS de folaï et son bon-cadeau valable jusqu'au tant.

Mais le gingembre, c'est vraiment bon, le chocolat aussi; je viens de voir des rouges somptueux et les je vous aime, voyez-vous, les je vous aime...
Quelquefois, on trouve des je vous aime en bouquets frais. Chez jevousai.me, par exemple.
C'est un oui-qui, alors si vous aussi, vous en aimez un, une, des tas, pour de vrai, si vous aimez les rousses de 83 ans ou les pinceaux en poils de martre, votre voisin ou l'inconnu du septième étage, ou si vous aimez juste les je vous aime des bloggeurs, c'est à cette adresse.

13.2.09

photo tag

Lyjazz me tague, d'une photographique patate à se refiler. Il faut aller dans le sixième dossier photo, à partir du plus récent, et vous montrer la sixième image.

Moi je veux bien. Mais cela procède d'une douce illusion. Celle que je serais capable une fois, d'avoir organisé de façon cohérente les images qui trainent dans mon ordinateur. Or, il en traine partout, de l'extracteur au dossiers de traitements intermédiaires, sans parler de leurs destinées différentes entre Lookskedenn, la pêche, les albums picasa, les photos de mariages qui attendriront sûrement les arrières petits-enfants du couple auquel je dois toujours les envoyer...
Bref, une tag de plus pour mettre en évidence une de mes facultés les plus récurrentes : comment bordéliser le maximum d'espace avec le minimum de choses.
Enfin voilà, dans le dossier d'extraction, la fameuse 6eme image, brute de décoffrage, sauf un minime recadrage, qui prouve aussi que je suis capable de prendre n'importe quoi. En l'occurrence, ce qui m'avait frappé, c'est l'absence de couleur de ce tableau hivernal, pris dans le gris.
Je pense que j'étais aussi ce jour là dans le gris.


Allez, la Tag à Miss Glu, si elle veut, ainsi qu' à Benjamin s'il passe ici.

9.2.09

Trois ans



Décidément, je suis nulle en anniversaire, brouillée avec la chronologie, et sans doute obscurément réfractaire aux célébrations.
Cela fait quand même trois ans que j'ai ouvert pour la première fois, une minuscule échoppe à ce coin de rue. Je m'étais dit qu'un jour, je ferais un post sur l'avant et l'après, sur demain si vous le voulez bien.
Mais je crois que je suis aussi nulle en bilan qu'en bougies à souffler.
Juste vous dire que je suis toujours impressionnée, quand je me promène chez vous, du nombre de génies modestes et bienveillants qu'il y a dans le monde, de génies partiels bien sûr, mais si souvent généreux de leur temps, de leur astuce, de leur sens du beau.
Comme ça.
Comme pour jouer.
For free.
Pour tout vous dire, au bout de trois ans, il arrive qu'Anita m'agace.
Mais vous, jamais.












(Joni Mitchell-for free)

7.2.09

butin

J'ai rarement la ballade désintéressée.
Cela peut, bien sûr, m'arriver de goûter le plaisir pur du corps en mouvement, surtout quand je suis restée enfermée trop longtemps, ou bien quand c'est le soleil qui est resté trop longtemps dans un fauteuil de nuages.
Adolescente, je me suis prêtée beaucoup au jeu du "courage, c'est la dernière courbe de niveau, après, tu verras, la vue est superbe."
Mais en promenade, j'aime le butin. J'aime guetter ce qui se mange ou qui sent bon, la première violette, la fraise des bois, la châtaigne, le champignon que je ne mangerai pas, l'homme que je ferai qu'humer. J'aime ramasser des petits bouts de verre polis sur la grève, des coquillages troués, des morceaux d'écorces.
Moi qui ne court jamais à l'heure de rater le train, vous me feriez trotter en me promettant des myrtilles et des noisettes, moi la frileuse, je serai la dernière à lâcher le filet à crevette, même transie.
Si je garde un souvenir ému d'un lieu secret de la colline de mon enfance, c'est peut-être autant pour le chemin compliqué qui m'y amenait que pour la découverte que j'y fis : au delà de ce vieil immeuble, de cette porte ouverte au premier étage sur une cour minuscule, de cet escalier sans rampe, moussu et vertigineux, qui franchissait des espaliers abandonnés depuis des lustres, là haut, tout en haut, il n'y avait pas seulement une table en pierre, un rosier et une vue sur toute la ville. Il y avait aussi le plus saugrenu, le plus inattendu, le plus généreux des figuiers croulant sous les fruits.

Il fait trop froid pour la pêche à pied, les mûres ne sont encore qu'un appel vers l'été, je vieillis et les hommes comme les champignons me semblent plus souvent fades que réellement vénéneux; heureusement, la photo me tire encore du coin du feu et les amis veillent.
L'ami des villes, expert en contraintes, en chausse-trappes et en jeter d'os à ronger, me mit, en partant, sur la piste de cette mirifique idée : trouver l'alphabet qui dort dans le paysage environnant, et le réveiller d'un clic.

Comme plus y a de contraintes, meilleur c'est, j'ai décidé que mon alphabet serait, obligatoirement, portuaire et rouillé.



Edit: voili, je cherchais l'adresse sur le blog de Cali Rezo pour voir d'où venait l'idée... D'autres lettres, magnifiques.

5.2.09

De vils despotes deviendraient les maîtres de nos destinées ?

Selon Le Monde, le député UMP de Menton vient de déposer un projet de loi pour obliger les sportifs de l'équipe nationale à chanter La Marseillaise.
Effectivement, c'est une des urgences du moment.
Remarquez, il a raison, nous avons un gouvernement qui aime bien les Mouvements de Menton.

3.2.09

l'école buissonière.


0,4 mm.
C'est l'épaisseur de la couche de neige qui suffit à désorganiser un pays breton, qu'il soit ar vro Vigouden ou ar vro Kemper.
Et ma journée avec.
N'allez par croire que je me plains : sous l'écorce rude du médecin, il y a une franche, une abyssale feignasse.
Ou bien, s'il faut se trouver un alibi, une éthologue inaboutie qui profite des consultations annulées pour venir à pied, regarder et écouter.
Comme cela change vite, le paysage sonore d'une ville.
Perplexes, les goélands ont pour une fois cessé de la ramener, et j'entends une infinité de petits oiseaux aux chants tellement plus grand qu'eux.
Presque pas de voitures, et, quand elles roulent, elles ne font vrrrrrr, elles font schlusshshssh.
Pas de voiture, les voix humaines ressortent comme des pensées sur la neige. Celles des enfants dominent au passage des trois écoles que je croise. C'est bon, on sait d'avance qu'ils seront trempés et heureux, et que les mots se bousculeront pour raconter quoi, comment et que, que c'était bien.
Pas d'énervement, ou peu. Discordante, quand même, la note de désespoir d'un homme à côté d'un camion tanké dans le rond-point :
"P'tain!, je bosse que trois jours par mois et je reste coincé!
-trois jours? dit celui qui a traversé la rue d'un pas incertain pour venir lui serrer la main.
-Ouais...Peu plus, peu moins. Mais tu sais.
-Ouais".
Le silence dit ce que tout le monde sait.
Une dame bien mise, joliment chaussée de ce qu'elle met habituellement pour aller au ski, sourit gentiment et tente de le réconforter. C'est vrai que la neige dure peu, que l'ouest est annoncé.
J'habite un pays amène, où l'habitude est restée de se saluer en se croisant dans une petite rue, de se sourire au pas des portes. Les transports sont arrêtés. La ville est pleine de jeunes lycéens gais et bavards qui n'ont pu se rendre à leur établissement.
Je taillerai six ou sept rapides et bienveillantes bavettes tout au long du petit kilomètre qui me sépare de l'un de mes bureaux.
De l'automobiliste heureux et fier d'avoir réussi à freiner pour me laisser passer, et qui me raconte son périple depuis la côte à la dame emmitouflée, qui sort un minuscule APn pour photographier la rivière, et me raconte son mariage, ici, sous la neige. Le mari avait dit "premier samedi de février".
L'année de ma naissance, je le sais maintenant, les marches de l'église étaient blanches.

2.2.09

Jeter le cogne après la Manche.

Souvent, ils m'affligent.
Quand ils veulent mettre les enfants de 12 ans en prison. Si, si allez voir le site même si vous ne voulez pas signer la pétition. Parce qu'on y apprend plein de choses tout à fait intéressantes sur la fameuse délinquance des mineurs.

Quand ils suppriment les crédits pour le planning familial. Délit d'initiée, m'sieurs-dames, investissez dans l'aiguille à tricoter, il va y avoir un boum sur les actions. Si vous avez moins de vingt ans et que l'allusion ne vous évoque rien, raison de plus pour exprimer sur la pétition en ligne.

Donc ils m'affligent et je rêve de virer tout.
Le grigne, le gras, le gris, le grinçant, le grossier, la greluche et les gravats.
Et hop.

Mais il y en a un qu'il faut garder, c'est Lefebvre. Celui-là, il est tellement, mais tellement trop qu'il en devient drôle.

Celui dont vous dites:
" Tu connais pas la dernière?
-Non? la dernière? Pour de vrai?"

Bon l'avant dernière de ce grand dépendeur d'andouille de la Manche, c'est de prétendre que si le préfet d'icelle a été lourdé, c'est parce que Bernard Tibault, le cégétiste-bras-armé-de-la chienlit-communiste, il a cafté à minicolas comme quoi le préfet s'était mal conduit envers les manifestants.
Tout le monde sait parfaitement que, quand le président de sa république est sifflé, sa première idée, c'est de s'assurer que les manifestants soient traités avec égards, et qu'on leur dise pas des vilaineries. Au contraire, si le manifestant vient à glisser sur le pavé, il est de bon ton, dans la France d'aujourd'hui, de lui dire avec douceur "Ne te casse pas, pauvre sondé!"...
L'acharnement de Lefebvre à défendre son maître, jusqu'où il est obligé d'aller, le pauvre... ça me fait tout à fait penser à cette scène du Sacré Graal :



N'empêche, vous conviendrez que j'avais eu le nez creux, en août, quand je vous avais proposé de jouer avec moi au grand jeu de "déplace un haut fonctionnaire de ta région et gagne des caramels au beurre salé".
Maintenant, vous avez le choix entre deux théories de jeu : ou vous sifflez durant la visite du présiprince, ou vous vous fendez d'une missive après pour vous plaindre qu'un policier vous a marché sur le pied.
C'est vous qui voyez, mais l'une est certainement plus efficace que l'autre