C'est Fauvette qui raconte. Et à lire l'histoire de sa belle soeur, prise dans un engrenage invraisemblable qui la mène de la place de victime à celle de forcément coupable, et de là, menottée, avec sa petite fille de 18 mois au poste de police, je sais très bien que le sentiment qui m'étreint n'est pas seulement de la colère.
C'est de la peur.
Moi, Anita, la quarantaine, médecin, fonctionnaire, payant mes impôts et la plupart de mes contraventions, n'ayant jamais commis de délit, du moins intentionnel, généralement courtoise avec mes proches et respectueuse des règles du jeu, j'ai peur de la police.
Allez lire ce billet.
11.9.07
8.9.07
Enfance et partage

Elle a la bouche longue, l'oeil creux, la mèche presque exaspérée autour de l'index. Va, je connais ce dos en point d'interrogation, je sais le pourquoi de cette semelle qui racle le plancher, ce mouvement de tête vers la fenêtre qui ne t'offre qu'une évasion insipide à tes yeux. Je sais tout cela pour l'avoir vécu, et je ne sais s'il faut me désoler de te voir encore si peu sensible aux parfums du jardin soulagé, ou s'il faut me satisfaire du résultat d'une éducation que je n'aurai pu autre.
Tu es en manque, ma fille. Et de cette bouche si précise qu'on la dirait dessinée par toi même, va tomber, en gong boudeur, la phrase lancinante de ma propre jeunesse.
"Mômaaaaaaaan, j'ai plus rien à lire".
LE CARTON EN F
Allons, il faut bien que je m'extirpe de ce fauteuil, et que je monte au grenier avec toi. Je ne dirai rien de ce que j'ai lancé dans ton corbillon, ce qui se passe entre toi et les livres sont ta propriété.
Mais de la rencontre de ton doux profil et du carton en F ne pouvait sortir que cet auteur là pour continuer cette série de posts.
Je ne sais pas si tu as l'âge de lire Francis Scott Fitzgerald sans que cela t'ennuie. Mais tout, en toi, a l'age et la nuageuse délicatesse de m'y faire penser.
J'aime Fitzgerald depuis mes quinze ans, comme un frère pour lequel je me serais fait du souci. Je l'aime comme on aime un funambule, en croisant les doigts, priant qu'une traduction maladroite, un vent plus cynique, ne le fasse basculer du côté du mièvre ou de l'obscur. Peu m'importe les scories inévitables, je veux juste que soit préservée l'originelle pitié pour notre vulnérabilité, qui perce sous les accents du jazz des année 20.
Je suppose que tout a été dit sur Fitzgerald et la jeunesse, sur l'adieu sans cesse réitéré, sur l'incantation destinée à éloigner un trop prévisible aboutissement . Toute vie, dit-il, est un processus de démolition. Mais plus je le relis, plus je suis frappée de voir le contraste entre le paradis perdu de l'adolescence, qu'il ne peut aborder qu'avec des sentiments véritablement empoisonnés de nostalgie, et ce qu'il dit au passage, presque par inadvertance, de l'enfance. Alors que la jeunesse amoureuse est omniprésente et le force à l'ascèse d'un détachement douloureux, l'enfance, qui est rarement l'objet central de ses nouvelles, est régulièrement présente, avec un infini naturel, un pragmatisme tendre.
Ainsi, l'une ses nouvelles débute au moment où l'héroïne pianote avant d'aller donner le sein, une ultime fois, à son bébé. Les quelques phrases qui esquissent ce sevrage comme un moment à la fois clé et non avenu- ce n'est pas de donner le sein qui est un évènement, mais de ne plus le donner- sont une mélodie discrète qui me poursuit encore.
J'aime Scott comme un frère, ai-je dit, un frère qui aurait beaucoup bu pour étancher la menace plus que la soif, et pourtant, plus je le relis, plus je vois se dessiner une figure inattendue, celle d'un père spontanément attentif, pertinent, donnant , dans la biographie de ses personnages, une place étonnamment juste aux figures d'enfants. Quelqu'un qui ne faisait pas, de l'enfance, tout un roman.
J'ai aujourd'hui, l'âge qu'il avait quand il est mort. Je suis heureuse de le retrouver. Aussi surprenant que cela paraisse, j'ai trouvé dans cette oeuvre consacré à la célébration de la jeunesse, quelque chose qui a mûri en même temps que moi.
7.9.07
5.9.07
4.9.07
Prise de bénéfices

Bien sûr, j'aurais voulu ne pas rentrer. Bien sûr, jusque dans mon sommeil, j'ai cultivé l'imbécile illusion que, de cette rentrée, je ne tirerai que privations, perte de liberté, bien sûr j'ai couvé le réveil d'un oeil vindicatif, et presque réussi à perdre mon persécuteur portatif et personnel.
Mais qu'ils ont du charme, ces premiers jours entre deux, ces hoquètements du temps avant que la grosse machine ne se mette en route. La rentrée, c'est une semaine où la position de cinquième roue du carrosse peut apparaître comme un grand privilège, et où la pauvreté insigne des moyens est une autorisation tacite aux chemins traversiers.
Pas de secrétaire? Pas d'infirmière nommée sur le secteur? Pas de connexion internet? Il me faut impérativement et rapidement récupérer les listes des élèves dans chacun de mes trente sept établissements? Les messages laissés sur certains répondeurs ont toutes les chances de se retrouver enterrées sous un flot d'autres priorités?
Je ne connais qu'une réelle solution. Prendre mon bâton de pélerin et mon fidèle coursier. Et faire, par pur souci du service public, un petit tour dans ces minuscules écoles, disséminées sur mon secteur, dont je précise qu'il est largement côtier.
L'inconvénient, bien sûr, c'est les quelques 8000 dossiers à trier, reclasser, et mettre en évidence pour certains d'entre eux.
L'illogique, c'est de prétendre faire des économies, alors qu'on paye un médecin quand même plus cher qu'une secrétaire, pour un travail beaucoup moins bien fait. (C'est quoi, d'ailleurs, ce mépris pour le travail de secrétariat qui consisterait à juger que tout un chacun peut l'improviser?)
Le rageant, c'est, au détour de la balade, la directrice blême de colère, qui vous apprend que l'enfant pour lequel on a demandé un(e) AVS tous les matins, pour qu'il soit aidé dans les moments les plus chargés pédagogiquement, en aura un(e) tous les après-midi.
Mais le bénéfice subreptice, c'est la promenade, ces multiples lumières, ces visages qui, tous, reflètent une façon différente d'être dans l'école, c'est l'envie d'entamer une série de photos sur le thème : et toi, tu vois quoi de joli en sortant de ton école? (La mer? un boubou? la vitrine du pâtissier?)
J'ai cueilli une mûre et pris une photo. Je sais, c'est vos sous d'assujettis à l'impôt. Râlez pas, la photo, je l'ai prise à travers le pare-brise.
2.9.07
sociologie de l'aigreur.
Au supermarché une dame choisit puis rejette les fruits. Sourcils froncés, bouche pincée. Quand arrive mon tour, vague sentiment de ne disposer que de ses restes. Brume d'hostilité.
Fruits sur l'arbre, c'est sans arrière-pensée, avec le sourire, que je désigne les plus beaux, les plus mûrs à mon prochain. Pour un peu, c'est moi qui lui remplirait son panier.
Fruits sur l'arbre, c'est sans arrière-pensée, avec le sourire, que je désigne les plus beaux, les plus mûrs à mon prochain. Pour un peu, c'est moi qui lui remplirait son panier.
1.9.07
Amidon en chaine
Mlle Moi m'ayant officiellement refilée ma première patate, je vais me faire un plaisir strictement proportionnel à ma pile de repassage.
Le principe est de répondre à une serie de questions par une série de titres musicaux tirés aléatoirement de votre trukason, ipod ou dans mon cas I tunes.
Le tirage a été effectué en présence de Mzelle Zuzu et de Anna Kronisme qui peuvent en certifier l'honêteté et la transparence.
Allez hop. En piste:
1 Comment vous sentez-vous aujourd'hui:
Chanson: La blanche, de Renaud.
" salut Michel, ça fait une paye.."
Oups, faudrait que je téléphone à mon frère.
Encore que lui soit sans vice, et que chez moi, c'est plutôt le blanc que la blanche. (Mais aujourd'hui c'est grandes marée, alors avec les palourdes, je sais pas qui résisterait à un p'tit muscadet. Santé, les gens.)
2. Irez-vous loin dans la vie ?
Chanson : "Bucéphale" de Fersen.
"Sur ce maudit canasson,
J'ai joué mon alliance
Pour sauver la finance,
Redorer mon blason."
Un aller pour l'Inde, s'il vous plaît.
3. Comment vos amis vous voient-ils ?
Chanson :
"Une chance qu'on s'a" Boulay/Linda Lemay
ben tiens!
4. Allez-vous vous marier ?
Chanson :
"It's only mystery" Eric Serra
"My heart is no beginner
But still I can lose my temper"
Encore?!
5. Quelle est la chanson emblème de votre meilleur ami ?
Chanson :
"le roi des tourbillons" La Grande Sophie
Dans ma cabane en bois il y a un garçon, le seul par là c'est moi
Je vends des ballons aux petites filles
J'aime les tourbillons.
Ça doit être pour cela qu'il n'est plus mon ami.
6. C’est quoi, l’histoire de votre vie ?
Chanson : “Jolie Môme" de Ferré.
Rêvez pas, j'ai pas rien sous mon poull!
7. C’était comment, le lycée ?
Chanson : “Le temps de vivre" Moustaki
"Nous prendrons le temps de vivre
d'être libre..."
Une pensée émue pour le Café de la Ficelle, où j'allais pendant 6 cours sur sept, une certaine année.
8. Comment pouvez-vous avancer dans la vie ?
Chanson : "INRI" de La Tordue
En ressucitant tous les trois jours?
9. Quelle est la meilleure chose à propos de vos amis ?
Chanson :
"Respire" Mickey 3D
C'est vrai, c'est une chose qu'ils me disent souvent. Y m'disent aussi ta gueule, parfois. ce sont de vrais amis.
10. Quoi de prévu ce week-end ?
Chanson :
"Proud Mary" de Status quo
Big wheel keep on turning.
11. Pour décrire vos grands-parents ?…
Chanson :”Hôtel California"
Mmmmh ... Hôtel Lutetia, plutôt.
12. Comment va votre vie ?
Chanson : “Vesoul" dans une version Noir Désir et Louise Attaque.
Grllmph, je ne savais pas I tunes branché sur radio inconscient (nous émettons 24h/24 en infra ondes)
J'ai voulu voir ma soeur et on a vu l'amer.
Mais je te préviens, j'irais pas à Paris Carnet ce mois-ci.
13. Quelle chanson jouera-t-on à votre enterrement ?
Chanson : “Love the one you're with in" de Still.
On s'y emploie, hé. Mais spa toujours de la tarte.
14. Comment le monde vous voit-il ?
Chanson : “That certain female" Bo de Kill Bill
Là, je m'la pête grave, grave, grave.
15. Aurez-vous une vie heureuse ?
Chanson : “les Passantes" chantée par Brassens
Ah, tout est possible, cela dépendra du chemin. Mais ce test a été fait par quelqu'un qui n'avait pas dépassé trente ans.
16. Qu’est-ce que vos amis pensent vraiment de vous ?
Chanson : "When your heart is weak" Cock Robin
Ca se passe de commentaire
17. Est-ce que les gens vous désirent secrètement ?
Chanson : "London Calling" Clash
Décidément, pour les filles de la famille, les désirs secrets passent par Londres.
"les Pipistrelles ont des écailles rouges, je répète, les pipistrelles ont des écailles rouges"
18. Comment me rendre moi-même heureux ?
Chanson : “L'espèce humaine" de Luke
Oui, ça marche assez bien, enfin sous forme non encartée à l'UMP s'il vous plaît, et non addict du scooter des mers.
19. Qu’est-ce que vous devriez faire de votre vie ?
Chanson : “Le Donjon de Naheulbeuk"
" Merde, on se les gèle ici"
Partir à la recherche d'un trésor avec un elfe, un ogre et un barbare?
20. Aurez-vous des enfants un jour ?
Chanson: "sultans of swing" Dires Straits
Hé, des petits enfants, au stade ou j'en suis. Y promettent.
21. Sur quelle chanson vous feriez un strip-tease ?
Chanson : “Stairway to heaven" Led Zeppelin
Mmmh... Prenez le temps de savourer, les gars. Pas ultra hot, mais 8 minutes ...
Pendant l'intro, j'enlève les gants.
22. Si un homme dans une camionnette vous offrait un bonbon, que feriez-vous ?
Chanson : "Don't leave me this way" Bronski beat
C'est qu'il pleut souvent, sur la route de Lanmeur à Lannion
23. Qu’est-ce que votre maman pense de vous ?
Chanson : “Au cabaret des illusions perdues" des Castafiores Bazooka
Ça va faire rire dans le Landerneau des familles.
24. Quel est votre plus sombre secret ?
Chanson : “Mellow Yellow" de Donovan
Un truc jaune et moelleux? Une motte de beurre salé.
25. Quelle est la chanson emblème de votre ennemi mortel ?
Chanson : “Your own special way" Genesis.
C'est qu'il a de mieux à faire, pour autant qu'il existe.
26. Quelle est votre personnalité ?
Chanson : “Whoo hoo" Kill Bill
zop shebamm, plah wizzzzzzzzzz
27. Quelle chanson jouera-t-on à votre mariage ?
Chanson : "Alexandrie"
Pour mon dix septième mariage, qui sait? Ce truc n'a pas pris une ride. C'est toujours aussi quétaine. Mais kekça fout dans mon I tunes?
La patate est officiellement refilée à Mlle Anna Kronisme et à qui veut. Still?
Le principe est de répondre à une serie de questions par une série de titres musicaux tirés aléatoirement de votre trukason, ipod ou dans mon cas I tunes.
Le tirage a été effectué en présence de Mzelle Zuzu et de Anna Kronisme qui peuvent en certifier l'honêteté et la transparence.
Allez hop. En piste:
1 Comment vous sentez-vous aujourd'hui:
Chanson: La blanche, de Renaud.
" salut Michel, ça fait une paye.."
Oups, faudrait que je téléphone à mon frère.
Encore que lui soit sans vice, et que chez moi, c'est plutôt le blanc que la blanche. (Mais aujourd'hui c'est grandes marée, alors avec les palourdes, je sais pas qui résisterait à un p'tit muscadet. Santé, les gens.)
2. Irez-vous loin dans la vie ?
Chanson : "Bucéphale" de Fersen.
"Sur ce maudit canasson,
J'ai joué mon alliance
Pour sauver la finance,
Redorer mon blason."
Un aller pour l'Inde, s'il vous plaît.
3. Comment vos amis vous voient-ils ?
Chanson :
"Une chance qu'on s'a" Boulay/Linda Lemay
ben tiens!
4. Allez-vous vous marier ?
Chanson :
"It's only mystery" Eric Serra
"My heart is no beginner
But still I can lose my temper"
Encore?!
5. Quelle est la chanson emblème de votre meilleur ami ?
Chanson :
"le roi des tourbillons" La Grande Sophie
Dans ma cabane en bois il y a un garçon, le seul par là c'est moi
Je vends des ballons aux petites filles
J'aime les tourbillons.
Ça doit être pour cela qu'il n'est plus mon ami.
6. C’est quoi, l’histoire de votre vie ?
Chanson : “Jolie Môme" de Ferré.
Rêvez pas, j'ai pas rien sous mon poull!
7. C’était comment, le lycée ?
Chanson : “Le temps de vivre" Moustaki
"Nous prendrons le temps de vivre
d'être libre..."
Une pensée émue pour le Café de la Ficelle, où j'allais pendant 6 cours sur sept, une certaine année.
8. Comment pouvez-vous avancer dans la vie ?
Chanson : "INRI" de La Tordue
En ressucitant tous les trois jours?
9. Quelle est la meilleure chose à propos de vos amis ?
Chanson :
"Respire" Mickey 3D
C'est vrai, c'est une chose qu'ils me disent souvent. Y m'disent aussi ta gueule, parfois. ce sont de vrais amis.
10. Quoi de prévu ce week-end ?
Chanson :
"Proud Mary" de Status quo
Big wheel keep on turning.
11. Pour décrire vos grands-parents ?…
Chanson :”Hôtel California"
Mmmmh ... Hôtel Lutetia, plutôt.
12. Comment va votre vie ?
Chanson : “Vesoul" dans une version Noir Désir et Louise Attaque.
Grllmph, je ne savais pas I tunes branché sur radio inconscient (nous émettons 24h/24 en infra ondes)
J'ai voulu voir ma soeur et on a vu l'amer.
Mais je te préviens, j'irais pas à Paris Carnet ce mois-ci.
13. Quelle chanson jouera-t-on à votre enterrement ?
Chanson : “Love the one you're with in" de Still.
On s'y emploie, hé. Mais spa toujours de la tarte.
14. Comment le monde vous voit-il ?
Chanson : “That certain female" Bo de Kill Bill
Là, je m'la pête grave, grave, grave.
15. Aurez-vous une vie heureuse ?
Chanson : “les Passantes" chantée par Brassens
Ah, tout est possible, cela dépendra du chemin. Mais ce test a été fait par quelqu'un qui n'avait pas dépassé trente ans.
16. Qu’est-ce que vos amis pensent vraiment de vous ?
Chanson : "When your heart is weak" Cock Robin
Ca se passe de commentaire
17. Est-ce que les gens vous désirent secrètement ?
Chanson : "London Calling" Clash
Décidément, pour les filles de la famille, les désirs secrets passent par Londres.
"les Pipistrelles ont des écailles rouges, je répète, les pipistrelles ont des écailles rouges"
18. Comment me rendre moi-même heureux ?
Chanson : “L'espèce humaine" de Luke
Oui, ça marche assez bien, enfin sous forme non encartée à l'UMP s'il vous plaît, et non addict du scooter des mers.
19. Qu’est-ce que vous devriez faire de votre vie ?
Chanson : “Le Donjon de Naheulbeuk"
" Merde, on se les gèle ici"
Partir à la recherche d'un trésor avec un elfe, un ogre et un barbare?
20. Aurez-vous des enfants un jour ?
Chanson: "sultans of swing" Dires Straits
Hé, des petits enfants, au stade ou j'en suis. Y promettent.
21. Sur quelle chanson vous feriez un strip-tease ?
Chanson : “Stairway to heaven" Led Zeppelin
Mmmh... Prenez le temps de savourer, les gars. Pas ultra hot, mais 8 minutes ...
Pendant l'intro, j'enlève les gants.
22. Si un homme dans une camionnette vous offrait un bonbon, que feriez-vous ?
Chanson : "Don't leave me this way" Bronski beat
C'est qu'il pleut souvent, sur la route de Lanmeur à Lannion
23. Qu’est-ce que votre maman pense de vous ?
Chanson : “Au cabaret des illusions perdues" des Castafiores Bazooka
Ça va faire rire dans le Landerneau des familles.
24. Quel est votre plus sombre secret ?
Chanson : “Mellow Yellow" de Donovan
Un truc jaune et moelleux? Une motte de beurre salé.
25. Quelle est la chanson emblème de votre ennemi mortel ?
Chanson : “Your own special way" Genesis.
C'est qu'il a de mieux à faire, pour autant qu'il existe.
26. Quelle est votre personnalité ?
Chanson : “Whoo hoo" Kill Bill
zop shebamm, plah wizzzzzzzzzz
27. Quelle chanson jouera-t-on à votre mariage ?
Chanson : "Alexandrie"
Pour mon dix septième mariage, qui sait? Ce truc n'a pas pris une ride. C'est toujours aussi quétaine. Mais kekça fout dans mon I tunes?
La patate est officiellement refilée à Mlle Anna Kronisme et à qui veut. Still?
31.8.07
An dro
Parait que c'est blogday today.
Je suis bien sûr à la rue pour ce genre de trucs , alors vite vite, cinq coups de coeur.
Diane en minuscule, surprenante photographe, elfe sensible.
Marianne, citoyenne bien nommée, langue précise, coeur large. Encore un beau surgeon de la terre bretonne tiens!
Insurrection poétique: faut-il vous faire un dessin?
L'ivresse philosophique. c'est sûr, un jour, il nous la chantera.
Et puis, pour les mirettes, encore une Diane, américaine celle-ci: Diane Varner. Faites vous un thé, ou un café, promenez-vous. Vous ne regarderez plus jamais votre jardin du même oeil.
An dro, ça veut dire plein cercle.
Je suis bien sûr à la rue pour ce genre de trucs , alors vite vite, cinq coups de coeur.
Diane en minuscule, surprenante photographe, elfe sensible.
Marianne, citoyenne bien nommée, langue précise, coeur large. Encore un beau surgeon de la terre bretonne tiens!
Insurrection poétique: faut-il vous faire un dessin?
L'ivresse philosophique. c'est sûr, un jour, il nous la chantera.
Et puis, pour les mirettes, encore une Diane, américaine celle-ci: Diane Varner. Faites vous un thé, ou un café, promenez-vous. Vous ne regarderez plus jamais votre jardin du même oeil.
An dro, ça veut dire plein cercle.
27.8.07
Au radar

Je m'insurge.
C'est faux. Il n'y avait qu'à voir, le jour de l'enterrement du capitaine Jobard, patron du Sokalique, le large sourire, la mine réjouie de notre bronzé président , serrant les louches à tout vat, saluant sur le parvis comme le boxeur avant d'entrer sur le ring, pour savoir qu'il a profondément joui de son bain de foule breton.
Seul l'entêtement de la famille et des marins à pleurer leur mort a quelque peu gâché la fête.
Mais on ne peut pas plus en vouloir aux bretons d'être têtus qu'aux africains d'être de grands enfants immatures.
Ce sont deux populations attachantes et pleines de caractères typiques qui devraient juste, pour pouvoir avancer dans le monde merveilleux promis par le Petit Timonier, apprendre à se débarrasser de quelques unes de leurs encombrantes vieilleries.
Comme ce truc là, comment ça s'appelle, déjà?
(Voix off):
Euh...La dignité, Président?
Bon,ceci étant, que NS se foute des bretons m'importe moins que l'espoir d'une grandissante réciprocité.
edit: pour ceux qui douteraient de l'entêtement proverbial des bretons, le patron pêcheur est mort d'être resté le plus longtemps possible à sa radio pour communiquer la position de ses six marins, qui eux, ont été sauvés.
25.8.07
bienveillante anatomie

Je rêve d'une incision sûre
d' un écarteur pragmatique
Laissez-là donc ces inutiles précautions
ouvrez grand
que se draine enfin ce flot purulent
et que posant mon coeur sur la table
je vous regarde avec l'air fier et buté
de celui qui sait ne pouvoir offrir que cela
que de votre main amicale et bienveillante
vous le lanciez contre les murs
qu'il éclate enfin
et que je puisse enfin
pleurer tout mon jusant
22.8.07
portrait de famille au numéro et série noire

Si je vous parle de John Reese, je vais être obligée de vous parler de mon grand- oncle.
Ou pour dire mieux, si je vous parle de Shapiro, je vais être obligée de vous parler d'Alexandre. Ce sont tous deux des personnages de roman : Shapiro est le personnage central d' Alias Tire-au-But, et Alexandre un élément périphérique et curieusement fondamental de ma propre saga.
Au vrai, je connais bien mieux le premier que le deuxième. Je n'ai rencontré Alexandre qu'en de rares occasions et il est mort depuis longtemps, mais nombreux sont les mots clés qui continuent de créer l'évocation. Par exemple : Russe, anarchiste, juif , ébéniste, Garibaldi, charisme. Et aussi amour et Série Noire, mais nous y reviendrons.
Bref, dans l'histoire, Alexandre tient le rôle d'un homme massif et alerte, avec des mains puissantes, une belle tête de lion aux yeux fendus, comme peuvent en avoir les russes d'un certain âge-voyez Bakounine!- des grands rires d'ogre végétarien, et des colères sans doute inoffensives. Il vivait en concubinage bien avant 68, en plein pays cul-bénit et avait survécu au diabète insulino-dépendant, aux grèves ouvrières parfois mortelles des années vingt, à la deuxième guerre mondiale, et, selon moi, à un père imbécile et brutal. Ce dernier, malgré la proposition de l'instituteur de payer entièrement les études de ce gamin si surprenant, refusa d'un mot rare dans la bouche d'un juif ashkénaze : "je suis ouvrier, mon fils sera ouvrier comme moi."
Il fut donc ébéniste, et pour tout regret, se contenta de dire en souriant :"je n'aime pas les gens qui menuisent".
Je dois à Alexandre deux mailles de mon tricot, qui ne se sont toujours pas usées. La première, c'est que l'amour, vivant, palpable entre deux êtres est possible au delà de soixante dix ans. Sa compagne eut peut-être plus de patience que d'éclat, mais jamais l'amoureuse complicité ne disparut de leurs regards échangés.
A soixante douze ans, il laissa pousser sa belle chevelure grise au delà des épaules, puis la coupa, pour la transformer en faux chignon pour sa compagne, qui perdait la sienne sous l'effet de l'âge et s'en désolait.
L'autre maille, beaucoup plus encombrante que le souvenir de cet inventif amour, surgit de sa grosse patte, lorsqu'il estima que douze ans était un âge respectable pour commencer la Série Noire.
Il m'offrit "Fantasia chez les Ploucs" de Charles Williams, et "Alias Tire-au-But" de John Reese.
Ou l'on voit que la triche fait toujours partie du jeu.
J'ai triché.
L'histoire de Mr Shapiro qui faillit s'appeler Shapiro-une-oreille n'est pas sortie d'un carton.
Je l'ai racheté très récemment à un bouquiniste, parce qu'il m'aurait été trop coûteux de vérifier s'il était bien en caisse, tant je l'ai prêté et perdu, et trop difficile d'imaginer qu'il ne soit plus dans ma maison.
Tire au but est un diamant-minuscule bien sûr, voyez mes mains, voyez ma maison, imaginez vous bouchons de carafe à mes doigts et oeuvres complètes de Chateaubriand à mes rayons?
Minuscule donc, mais d'un éclat insolite. Un diamant noir et tendre, l'auriez vous imaginé?
Non, je ne vous raconterais pas l'histoire, vous n'auriez plus envie de le lire. Mais laissez moi vous parler de Shapiro. Ce n'est pas un héros. C'est un juif né à St Petersbourg et arrivé enfant aux Etats Unis. Il n'est pas très grand, brun, avec des traits flous et agréables. Ce n'est pas un couard, c'est simplement un homme tranquille et observateur, heureux de son métier de représentant de commerce dans l'Ouest américain. Mais son âme de spectateur est traversée du sentiment de la beauté, et c'est pourquoi il aime le désert d'un amour constamment stupéfait, et la jeune Viola d'un amour plein d'oblation et de compassion. De la compassion, il en éprouvera aussi pour Lucille, la femme entretenue brutalement jetée à la rue, et même pour Bert Dysart, le beau cow boy dévoré et malsain, et ceci malgré que Bert ait menacé de lui couper une oreille.
C'est à mon avis ce sentiment de la beauté et son instinctive pudeur qui conduiront Shapiro à devenir le héros d'un instant, parce que quelque chose en lui s'oppose à la fascination du désastre.
Shapiro est un diamant minuscule, sur lequel je marche quotidiennement sans m'en apercevoir, et dont la découverte impromptue me saisit toujours de la même émotion reconnaissante. Shapiro est un brave type.
19.8.07
l'innocence de la comète
16.8.07
Polars en V

Vargas fut l'objet d'un malentendu, qui dura longtemps. Elle était vaguement repérée, mais confondue avec une autre. Je l'avais par erreur rangée dans la catégorie des auteurs qui, horreur après horreur, tentent de rivaliser avec le rapport annuel d'Amnesty International, ce qui est bien sûr impossible. Je ne m'en approchai donc pas, mes journées de consultation absorbant généralement la plus grande partie de ma capacité à métaboliser l'humaine perversité.
Une amie, subtilement, tenta de me rassurer, doublant ainsi un second cap. Car si je me désintéresse de la littérature outrancière, c'est bel et bien celle qui risque de m'émouvoir durablement que je fuis parfois, d'erratique façon.
Je crois que je lus en premier "Pars vite, reviens tard", et je sus immédiatement que cela me cueillerait comme un fruit consentant, et que les autres histoires feraient de même. Vargas, à peu de chose près, pourrait me conter l'histoire de la brosse à dents en pays pagan, tant je suis sensible à son intime mélodie. Là où d'autres se penchent sur la faille, elle observe le miroitement, ce qui en permanence, dans un visage, dans une histoire, dans une certitude, se décompose et se recompose, vacille en instable perspective. Adamsberg, son flic impair, toujours d'instinctif guingois est le type même d'un homme dont je tomberais amoureuse folle perdue-et avec qui je ne vivrais pour rien au monde juste avant de le faire.
Est-ce l'archéologue en elle qui éprouve le besoin de nous dire que rien ne dure vraiment sous la forme annoncée? Que pourtant, ses romans soient traversés d'histoires anciennes éclatant au présent en gaz délétères, fabrique sans doute une tension à laquelle je suis particulièrement sensible.
De la tension, il y en a aussi chez Van Gulik, et je ne peux la qualifier autrement que sexuelle. Ne te précipite pas pour cambrioler la première librairie à cette heure-ci fermée, ô mon avide lecteur, et laisse moi te donner deux raisons à ce renoncement.
La première est qu'il n'y a rien de commun entre le vertueux juge Ti, exerçant son ministère sous la bienveillante, mais implacable tutelle de la dynastie T'ang (663 ap.JC), et les fantoches suréquipés du bas qui peuplent les livres qui, posés sur la tranche, s'ouvrent tout seuls aux mêmes pages. Ce n'est pas tant ce qui est décrit qui fait tension, encore que l'auteur, qui rédigea une " Vie sexuelle en Chine ancienne", possédât solidement son sujet. Non, le principal attrait ce ces romans, en sus de l'intrigue et du formidable aspect documentaire, c'est d'avoir placé, en face de ces turpitudes, un homme tellement corseté, tellement formaté, tout à la fois par la morale confucéenne, par les standards du roman policier chinois, et par la malice même de l'auteur, que le lecteur se trouve immanquablement, comme en présence de Sherlock Holmes, à guetter la défaillance, à désirer que le vernis craque, que les convenances soit balayées, et que se déchire , enfin, la robe austère de la justice, sous laquelle, comme nous le savons tous...
J'ai dit lecteur? C'est là mon deuxième argument. Je crains que sur cet aspect précis des romans de Van Gulik, mon lecteur ne soit de préférence une lectrice. Faire dévier le séminariste de son rigide chemin de vertu me semble un inavouable grillon plus sensiblement féminin.
Mais pour autant, estimable lectrice, ne te précipite pas pour forcer la porte du monastère le plus proche, à cette heure fermé. Il est possible que la seule vraie morale des histoires contées par le très sérieux, très érudit Robert Van Gulik, c'est que certaines choses sont infiniment meilleures sous forme de plaisantes spéculations...
15.8.07
Ce qui s'exténue
14.8.07
Heure paisible.
10.8.07
Tocsin
Brice Hortefeux porte un vrai nom de méchant. Mais cela ne lui suffit pas. Il est le Ministre d'un ministère ignoble, d'une malsaine obsession.
Je le considère aujourd'hui comme moralement responsable de la terreur qui jeta hier un enfant de 12 ans par la fenêtre.
Mr le Ministre de la Rafle et du Drapeau, comme l'appelle RESF, vos agissements menacent bien plus mon identité nationale, que la présence sur MON sol de cet enfant terrifié.
Bien plus que de votre mission, je m'honore de la présence, dans MON pays, de cet inspecteur du Travail qui déclare haut et fort que son mandat n'est pas "de contrôler les travailleurs sans papiers et d'en expulser 25000 pour 2008", mais bien de contrôler les employeurs fautifs, responsables, par le biais des heures supplémentaires non déclarées de travailleurs bien papiérisés, voire tout à fait français, de 85% des constats de travail clandestin.
Votre obsession de l'étranger, portée par celui qu'hélas, la France a élu, va vampiriser tous les secteurs d'activités de ce pays, dévoyer une énergie considérable, pour un gain aussi symbolique que vomitif.
Je le considère aujourd'hui comme moralement responsable de la terreur qui jeta hier un enfant de 12 ans par la fenêtre.
Mr le Ministre de la Rafle et du Drapeau, comme l'appelle RESF, vos agissements menacent bien plus mon identité nationale, que la présence sur MON sol de cet enfant terrifié.
Bien plus que de votre mission, je m'honore de la présence, dans MON pays, de cet inspecteur du Travail qui déclare haut et fort que son mandat n'est pas "de contrôler les travailleurs sans papiers et d'en expulser 25000 pour 2008", mais bien de contrôler les employeurs fautifs, responsables, par le biais des heures supplémentaires non déclarées de travailleurs bien papiérisés, voire tout à fait français, de 85% des constats de travail clandestin.
Votre obsession de l'étranger, portée par celui qu'hélas, la France a élu, va vampiriser tous les secteurs d'activités de ce pays, dévoyer une énergie considérable, pour un gain aussi symbolique que vomitif.
Des fois je pars

Des fois, je pars.
Effilochant la peine
aux poteaux de la route,
ni plus ni moins que la laine
que les moutons cardent aux barbelés.
Je roule, jusqu'au moment où me plaisent à nouveau
mes bras nus dans le soleil,
et la précision des mains dans la courbe.
Je roule, jusqu'à ce que le rosier pâle,
la flèche de l'éolienne,
le vieil homme dans l'ombre de la maison minuscule
et mon propre soupir réconcilié
me disent que quelqu'un,
quelque soit l'aune de son empan,
quelqu'un continue à prendre soin.
Photo déjà publiée dans lookskedenn
4.8.07
Perfect days.
Ce fut peut-être bien deux jours parfaits. Je vous chanterai l'ascèse et l'indifférence au temps, un autre jour. Je me suis, en toute humilité, roulée dans ce soleil revenu, sans autre pensée que de capter la lumière bien au delà de la peau.
J'ai eu la mer, déshabillée longuement par les vives-eaux, presque déserte à l'heure du matin, exactement balancée entre le bleu et le vert, le petit train des optimists judicieusement rouges et jaunes, des enfants spécialement pacifiés, et la conscience aigüe, que seul est perdu le temps dont on ne jouit pas.
Vers neuf heures du soir, nous étions quatre sur la plage immense, à savoir que la mer était rose.
Le lendemain, j'ai eu la campagne crissante de l'inhabituelle chaleur, l'oiseau inconnu qui file à main droite, l'âne prudent et tenté, les liens presque sans mots d'une très ancienne tendresse.
Et puis les guetteurs de pierres sont revenus : ces sculptures anonymes, éphémères et innombrables sont un de mes bonheurs d'été.


3.8.07
31.7.07
Quel petit filet à crevette au fond de la cour? Et ce qu'il y avait dans le carton de polars.
Je voudrais m'insurger contre la rumeur qui prétend que j'ai ENFIN exhumé ma bibliothèque. C'est faux.
Je n'en suis pas, comme Pepe Carvalho, à allumer mon feu avec un livre déchiré, car j'essaye somme toute, de rester en bons termes intérieurs avec les gens et les choses que j'ai aimé un jour. Je n'y réussis d'ailleurs qu'imparfaitement, et je meurs parfois d'envie que certains noms surgissent dans la conversation, afin d'entamer, par mon célèbre sourire en coin, une soulageante séance de bitchage, daube et autres "plumer-déchiqueter".
Mais enfin, cela ne m'est jamais arrivé avec les livres. S'ils m'ont lassée, je n'ai aucune vindicte envers la part de moi qui les a aimé, et je conçois fort bien qu'ils aillent se faire désirer ailleurs. Découvrir dans un livre des relents que ma jeunesse m'avait empêché de voir (antisémitisme bien dosé, racisme tranquille, homophobie puérile- je ne parlerai pas du machisme, cela amputerait tant de rayons!) n'aura jamais l'effet délétère que provoque la découverte de la radinerie de celui-ci, ou du bulletin de vote de celui-là.
Ce n'est pas par rancune que les livres sont au fond du jardin. Ce n'est pas non plus pour les dissimuler aux yeux des autres, car il sont dans une cabane dont la porte ne ferme pas la nuit et qui n'est pas gardée.
Il n'y a d'ailleurs aucune raison raisonnable à cela. La seule chose qui soit clairement identifiable, c'est le sentiment de légèreté que j'ai dans ma maison, qui me semble toujours être une maison de vacance, et la sérénité avec laquelle j'ai fait non, non, de la tête , quand on m'a demandé si le chantier bibliothèque allait s'ouvrir.
Je n'ai plus la possibilité de me dissoudre dans un livre, et je ne sais pas s'il s'agit là, de la fin d'un impérieux besoin, ou de la perte d'un incommensurable secours.
Je sais juste qu'on ne peut vivre sans aucun amour ou souvenir de l'amour. C'est pourquoi je plonge, de temps à autre, la main entre les reliures. Mais ce n'est parce que je les lis comme avant, que je vous en parle.
C'est parce que vous lisez ici.
LE PREMIER CARTON DE POLARS
Je ne pensais vraiment pas les avoir classés par ordre alphabetique. Mais quand ont surgi tout ensemble Vargas, Van Gulik et Van de Wetering, je me dis que je devais être encore pleine de l'espoir candide d'arriver à tout classer. Dois-je dire que les derniers cartons mentionnent "bouquins chiottes du haut" (cela désigne le dernier endroit où ils furent aperçus en vie-et non leur qualité intrinsèque), et qu'à bien examiner ce carton grelottant de cintres enchevêtrés, il est tout à fait possible d'imaginer y trouver "Le manuscrit trouvé à Saragosse "de Potocki?
J'ai déjà parlé de Wetering qui fut longtemps un de ces auteurs, dont le simple fait de me dire que je n'avais pas TOUT lu me remplissait d'une sorte de profonde sécurité affective. C'est un des très rares auteurs que j'ai vraiment eu envie de rencontrer, bien que je me dise maintenant que l'alcool et la métaphysique l'ont probablement rendu insupportable.
Il me fit toujours l'effet d'un écrivain involontaire, étonné du plaisir de ses lecteurs à son plaisir d'artisan, toujours au bord de nous dire qu'il y avait peut être plus important que ses petites histoires, mais finalement non. Je lui doit d'avoir compris que l'humour était moins la politesse du désespoir que celle du désenchantement. Tout n'est pas explicite chez lui, mais, sauf dans les derniers livres, je n'ai jamais senti l'espèce d'agacement que je ressens parfois aux obscurités des autres (je supporte très bien les miennes, en fait). Par un préjugé favorable, je me berce au saugrenu de l'auteur, acceptant de ne pas tout comprendre de la rencontre d'un vieux commissaire rhumatisant avec un tendre vautour apprivoisé, ni même du bien et du mal dans la police d'Amsterdam.
Oui, c'est peut être pour cela que j'ai aimé son trio de héros récurrents : je ne suis pas sûre qu'ils m'aient rendu le monde plus compréhensible. Mais, en acceptant avec cette bonhommie là, que je pose un instant ma tête sur leur épaule pour qu'ils m'entourent d'un bras fraternel, temporaire et virtuel, ils m'ont rendu plus supportable ce que je n'en comprend toujours pas.
Promis, on parlera de Vargas et de Van Gulik.
Et puis, les furtifs, vous avez le droit de vous lâcher. la blogoboule est en vacances, on reste entre nous. Des bises à tous.
Je n'en suis pas, comme Pepe Carvalho, à allumer mon feu avec un livre déchiré, car j'essaye somme toute, de rester en bons termes intérieurs avec les gens et les choses que j'ai aimé un jour. Je n'y réussis d'ailleurs qu'imparfaitement, et je meurs parfois d'envie que certains noms surgissent dans la conversation, afin d'entamer, par mon célèbre sourire en coin, une soulageante séance de bitchage, daube et autres "plumer-déchiqueter".
Mais enfin, cela ne m'est jamais arrivé avec les livres. S'ils m'ont lassée, je n'ai aucune vindicte envers la part de moi qui les a aimé, et je conçois fort bien qu'ils aillent se faire désirer ailleurs. Découvrir dans un livre des relents que ma jeunesse m'avait empêché de voir (antisémitisme bien dosé, racisme tranquille, homophobie puérile- je ne parlerai pas du machisme, cela amputerait tant de rayons!) n'aura jamais l'effet délétère que provoque la découverte de la radinerie de celui-ci, ou du bulletin de vote de celui-là.
Ce n'est pas par rancune que les livres sont au fond du jardin. Ce n'est pas non plus pour les dissimuler aux yeux des autres, car il sont dans une cabane dont la porte ne ferme pas la nuit et qui n'est pas gardée.
Il n'y a d'ailleurs aucune raison raisonnable à cela. La seule chose qui soit clairement identifiable, c'est le sentiment de légèreté que j'ai dans ma maison, qui me semble toujours être une maison de vacance, et la sérénité avec laquelle j'ai fait non, non, de la tête , quand on m'a demandé si le chantier bibliothèque allait s'ouvrir.
Je n'ai plus la possibilité de me dissoudre dans un livre, et je ne sais pas s'il s'agit là, de la fin d'un impérieux besoin, ou de la perte d'un incommensurable secours.
Je sais juste qu'on ne peut vivre sans aucun amour ou souvenir de l'amour. C'est pourquoi je plonge, de temps à autre, la main entre les reliures. Mais ce n'est parce que je les lis comme avant, que je vous en parle.
C'est parce que vous lisez ici.
LE PREMIER CARTON DE POLARS
Je ne pensais vraiment pas les avoir classés par ordre alphabetique. Mais quand ont surgi tout ensemble Vargas, Van Gulik et Van de Wetering, je me dis que je devais être encore pleine de l'espoir candide d'arriver à tout classer. Dois-je dire que les derniers cartons mentionnent "bouquins chiottes du haut" (cela désigne le dernier endroit où ils furent aperçus en vie-et non leur qualité intrinsèque), et qu'à bien examiner ce carton grelottant de cintres enchevêtrés, il est tout à fait possible d'imaginer y trouver "Le manuscrit trouvé à Saragosse "de Potocki?
J'ai déjà parlé de Wetering qui fut longtemps un de ces auteurs, dont le simple fait de me dire que je n'avais pas TOUT lu me remplissait d'une sorte de profonde sécurité affective. C'est un des très rares auteurs que j'ai vraiment eu envie de rencontrer, bien que je me dise maintenant que l'alcool et la métaphysique l'ont probablement rendu insupportable.
Il me fit toujours l'effet d'un écrivain involontaire, étonné du plaisir de ses lecteurs à son plaisir d'artisan, toujours au bord de nous dire qu'il y avait peut être plus important que ses petites histoires, mais finalement non. Je lui doit d'avoir compris que l'humour était moins la politesse du désespoir que celle du désenchantement. Tout n'est pas explicite chez lui, mais, sauf dans les derniers livres, je n'ai jamais senti l'espèce d'agacement que je ressens parfois aux obscurités des autres (je supporte très bien les miennes, en fait). Par un préjugé favorable, je me berce au saugrenu de l'auteur, acceptant de ne pas tout comprendre de la rencontre d'un vieux commissaire rhumatisant avec un tendre vautour apprivoisé, ni même du bien et du mal dans la police d'Amsterdam.
Oui, c'est peut être pour cela que j'ai aimé son trio de héros récurrents : je ne suis pas sûre qu'ils m'aient rendu le monde plus compréhensible. Mais, en acceptant avec cette bonhommie là, que je pose un instant ma tête sur leur épaule pour qu'ils m'entourent d'un bras fraternel, temporaire et virtuel, ils m'ont rendu plus supportable ce que je n'en comprend toujours pas.
Promis, on parlera de Vargas et de Van Gulik.
Et puis, les furtifs, vous avez le droit de vous lâcher. la blogoboule est en vacances, on reste entre nous. Des bises à tous.
30.7.07
Lecteurs Anonymes. Suite du carton en S.
Bonjour, je m'appelle Anita, et je suis accro aux livres depuis l'âge de 6 ans. Je ne peux pas vous dire comment ça a commencé. En fait, je crois que toute ma famille est accro.Pour eux, c'était naturel, ils ne se posaient pas questions. Quand j'étais petite, personne ne m'a prévenue que j'allais bouffer de la poussière, ruiner le dos de mes déménageurs bénévoles, dépenser l'équivalent du PIB de la République de San Marin, et faire crâmer les purées de mes bébés. Et je ne parle pas des nuits sans sommeil.
Je décroche petit à petit. Mais j'ai encore des rechutes. Vous savez ce que c'est, on croise des dealeurs à chaque coin de rue.
Mais ce n'est pas de retomber dans la dépendance qui me fait honte.
Non, le pire, c'est... c'est que...
C'est moi qui ait fourni leur premier livre à mes enfants.
Et maintenant, ils sont accros. (sanglot)
LE CARTON EN S
Dans le carton, il y avait aussi Albertine Sarrazin. C'est presque machinalement que j'ai empoché le Journal de Fresnes. Elle est depuis si longtemps avec moi, a fait tant de déménagements que je ne me suis pas aperçue à quel moment je suis devenue beaucoup plus vieille qu'elle ne le serait jamais.
Figure paradoxalement tutélaire de mes 15 ans, brune, nette, écrivaine, taularde et morte, comment n'aurait-elle pas versé un baume sur ce qui poussait, incohérent et dépareillé en mon propre coeur?
Elle m'apparaissait incroyablement assurée, et il me faudrait des années pour concevoir que les gens si semblablemement sûrs n'écrivent point, et comment les mots jetés, un à un, comme on s'applique précautionneusement à respirer pour éloigner la douleur, comment les mots vous tiennent debout.
Dans mon adolescence trop peu bornée, il y avait un véritable espoir à lire la liberté gagnée dans l'étroit corset de la cellule et des jours judiciairement comptés.
Je ne sais pas si je relirais l'Astragale ou La Traversière. La Cavale, oui, sans doute.
Mais plus encore ses journaux, ou les biftons de prison. Ces écrits, toujours adressés à quelqu'un, ne serait-ce qu'à l'ombre de l'Administration Pénitentiaire susceptible à chaque instant d'y jeter un regard malveillant, offre un mélange d'intimité, de masques choisis, de préciosité et d'abandon, qui ressemble très fort à un exercice actuel que nous connaissons tous ici. Et quelle écriture, incisive et sensuelle!
Pour ceux que la biographie intéresse, notons que l'histoire d'Albertine trop vite disparue est le genre de roman qu'on n'oserait écrire qu' à 18 ans. Enfant des "amours" ancillaires d'un médecin militaire petit et alcoolique ayant engrossé une jeune bonne de 15 ans juive algérienne, (c'est dire, en 1937 la considération qu'on devait lui témoigner), elle fut abandonnée à l'Assistance Publique, réadoptée clandestinement par ce père, dont la femme, stérile, ignora tout du lien entre lui et cette enfant. Elle fut à 10 ans violée par un oncle paternel, enfermée par la volonté de son père au Bon Pasteur à 15 pour des manifestations somme toute classiques du déchirement adolescent, et pour lesquelles, n'importe qui, au courant de son histoire, lui aurait trouvé des circonstances exténuantes.
Evadée, auteur à 16 ans d'un casse minable et maladroit (elle en fera, semble-t-il, de plus brillants avec son époux), l'intelligence confondante de ses journaux intimes saisis au cours de son arrestation, la firent déclarer "perverse constitutionnelle" par la justice et condamner à 7 ans de prison.
Encore un triste cas d'héritabilité du trouble du comportement, mais il eut été sans doute préférable, pour la morale, sinon pour la littérature, de fourrer le médecin-colonel et son frère en taule avant leur fille et nièce. Ce ne fut pas le cas, et le père put tranquillement entamer la procédure destinée à ôter son nom à cette enfant dont la conduite lui faisait franchement honte, et qui ne fut pas assez reconnaissante d'avoir été "ramassée dans le ruisseau" (sic).
Que celui qui redonna vie, amour et nom à l'enfant algérienne reniée soit un Sarrazin, qu'elle ait échangé le patronyme d'un vicieux honnête homme contre celui d'un intègre malfrat, est encore un exemple de ce qu'on n'oserait inventer dans cette histoire.
Voila, Albertine va sortir de sa cellule cartonnée, et je vais relire en plein soleil, cet anté-blog, ce passe-peine vital et exigeant.
Je décroche petit à petit. Mais j'ai encore des rechutes. Vous savez ce que c'est, on croise des dealeurs à chaque coin de rue.
Mais ce n'est pas de retomber dans la dépendance qui me fait honte.
Non, le pire, c'est... c'est que...
C'est moi qui ait fourni leur premier livre à mes enfants.
Et maintenant, ils sont accros. (sanglot)
LE CARTON EN S
Dans le carton, il y avait aussi Albertine Sarrazin. C'est presque machinalement que j'ai empoché le Journal de Fresnes. Elle est depuis si longtemps avec moi, a fait tant de déménagements que je ne me suis pas aperçue à quel moment je suis devenue beaucoup plus vieille qu'elle ne le serait jamais.
Figure paradoxalement tutélaire de mes 15 ans, brune, nette, écrivaine, taularde et morte, comment n'aurait-elle pas versé un baume sur ce qui poussait, incohérent et dépareillé en mon propre coeur?
Elle m'apparaissait incroyablement assurée, et il me faudrait des années pour concevoir que les gens si semblablemement sûrs n'écrivent point, et comment les mots jetés, un à un, comme on s'applique précautionneusement à respirer pour éloigner la douleur, comment les mots vous tiennent debout.
Dans mon adolescence trop peu bornée, il y avait un véritable espoir à lire la liberté gagnée dans l'étroit corset de la cellule et des jours judiciairement comptés.
Je ne sais pas si je relirais l'Astragale ou La Traversière. La Cavale, oui, sans doute.
Mais plus encore ses journaux, ou les biftons de prison. Ces écrits, toujours adressés à quelqu'un, ne serait-ce qu'à l'ombre de l'Administration Pénitentiaire susceptible à chaque instant d'y jeter un regard malveillant, offre un mélange d'intimité, de masques choisis, de préciosité et d'abandon, qui ressemble très fort à un exercice actuel que nous connaissons tous ici. Et quelle écriture, incisive et sensuelle!
Pour ceux que la biographie intéresse, notons que l'histoire d'Albertine trop vite disparue est le genre de roman qu'on n'oserait écrire qu' à 18 ans. Enfant des "amours" ancillaires d'un médecin militaire petit et alcoolique ayant engrossé une jeune bonne de 15 ans juive algérienne, (c'est dire, en 1937 la considération qu'on devait lui témoigner), elle fut abandonnée à l'Assistance Publique, réadoptée clandestinement par ce père, dont la femme, stérile, ignora tout du lien entre lui et cette enfant. Elle fut à 10 ans violée par un oncle paternel, enfermée par la volonté de son père au Bon Pasteur à 15 pour des manifestations somme toute classiques du déchirement adolescent, et pour lesquelles, n'importe qui, au courant de son histoire, lui aurait trouvé des circonstances exténuantes.
Evadée, auteur à 16 ans d'un casse minable et maladroit (elle en fera, semble-t-il, de plus brillants avec son époux), l'intelligence confondante de ses journaux intimes saisis au cours de son arrestation, la firent déclarer "perverse constitutionnelle" par la justice et condamner à 7 ans de prison.
Encore un triste cas d'héritabilité du trouble du comportement, mais il eut été sans doute préférable, pour la morale, sinon pour la littérature, de fourrer le médecin-colonel et son frère en taule avant leur fille et nièce. Ce ne fut pas le cas, et le père put tranquillement entamer la procédure destinée à ôter son nom à cette enfant dont la conduite lui faisait franchement honte, et qui ne fut pas assez reconnaissante d'avoir été "ramassée dans le ruisseau" (sic).
Que celui qui redonna vie, amour et nom à l'enfant algérienne reniée soit un Sarrazin, qu'elle ait échangé le patronyme d'un vicieux honnête homme contre celui d'un intègre malfrat, est encore un exemple de ce qu'on n'oserait inventer dans cette histoire.
Voila, Albertine va sortir de sa cellule cartonnée, et je vais relire en plein soleil, cet anté-blog, ce passe-peine vital et exigeant.
29.7.07
un carton en S
PRÉLIMINAIRE IMPORTANT :
1)une bibliothèque entière laissée trop longtemps abandonnée peut avoir des réactions imprévisibles. Un livre frustré peut se mettre à gémir, à peine à l'air libre " prend moi tout de suite, oui là! à même le sol!" "un autre peut s'ouvrir sournoisement à la page où vous aviez glissé une lettre d'amoureux d'avant l'ère du mail, ou un billet d'avant l'euro, deux objets sans aucune autres espèce d'utilité que de vous mettre la larme à l'oeil et de vous faire oublier vos obligations ultérieures.
Je conseillerais donc à ceux qui s 'y risquent, de prendre quelques élémentaires précautions : ne partez jamais sans avoir averti quelqu'un de l'endroit où vous étiez et sans avoir donné une heures limite de retour, vérifiez que vous n'avez rien laissé dans le four, munissez vous de provisions suffisantes, pistaches, thermos de thé, pommes. N'oubliez pas les mouchoirs, certains tire-larmes sont particulièrement invasifs. Prévenez l'entourage de vos possibles changements physiques. Cet oeil de lapin myxomateux, ce nez en patate dégoulinante, ces ongles dévorés, c'est peut-être vous. Par contre, vous n'êtes nullement obligée d'avouer que c'est la mort de Beth dans "les 4 filles du Dr March" et pas celle de Fantine dans "les Misérables" qui en est la cause.
2) n'attendez des posts suivants aucune espèce de critique littéraire. D'ailleurs, je suis rétive à l'exercice dans les deux sens. Il suffit parfois de me faire l'éloge passionné d'un livre pour le rendre aussi tabou à mes yeux qu'un homme dont une autre femme m'aurait vanté les qualités au lit.
UN CARTON EN S.
Celui-ci semble faire partie de ceux qui furent à peu près classés avant migration. Tous sont des romans dont l'auteur à la lettre S pour initiale, en éditions bon marché pour la plupart. Compte tenu de ma consommation de base, de mon incapacité à emprunter, ou plutôt à rendre les livres de bibliothèque, j'ai attendu un âge canonique avant d'oser les éditions de collection.
Il y a du beau monde chez S. Qu'on me pardonne d'avoir laissé de coté "la bonne grosse montagne en sucre" de Wallace Stegner. Bien qu'il fut tentant, avec ses huit cent pages, son sucre est trop chargé d'une sorte particulière d'amertume finale pour qu'il soit raisonnable de le relire maintenant.
Mais j'emmène les nouvelles de Salinger. J'avais pris cette photo, un jour, et l'aspect légèrement inquiétant qui surgit du noir et blanc, me fit associer sur le titre de la nouvelle de celui-ci.(Un jour rêvé pour le poisson banane) Ai-je raison de sortir ce livre du carton, alors même que l'auteur vit reclus depuis cinquante ans, s'il n'est mort?
En voilà, un écrivain de la faille. Sur un mode comique les indications qu'il donne sur ses personnage ressemblent à la noisette de l'écureuil fou de l'Age de glace. (je vous avait dit de ne pas compter sur moi pour la critique littéraire!) Autrement dit, il vous montre la mince fissure, s'arrête juste au moment où elle s'élargit. Deux pages plus loin, et vous tomberiez en pleine glaciation, pour des siècles, et il ne vous resterait qu'un rire à mi-chemin et une pitié déchirée.
Parce qu'il y a fort à parier que ni l'intelligence blessée, ni l'oxymore de la rage tendre ne parviendront à maintenir suffisamment contenus les bords de cette plaie qui menace éternellement béance.
Oui, je vais le relire très vite, et puis l'enfouir à nouveau dans un carton, en hommage à l'auteur, avec amour et abjection.
1)une bibliothèque entière laissée trop longtemps abandonnée peut avoir des réactions imprévisibles. Un livre frustré peut se mettre à gémir, à peine à l'air libre " prend moi tout de suite, oui là! à même le sol!" "un autre peut s'ouvrir sournoisement à la page où vous aviez glissé une lettre d'amoureux d'avant l'ère du mail, ou un billet d'avant l'euro, deux objets sans aucune autres espèce d'utilité que de vous mettre la larme à l'oeil et de vous faire oublier vos obligations ultérieures.
Je conseillerais donc à ceux qui s 'y risquent, de prendre quelques élémentaires précautions : ne partez jamais sans avoir averti quelqu'un de l'endroit où vous étiez et sans avoir donné une heures limite de retour, vérifiez que vous n'avez rien laissé dans le four, munissez vous de provisions suffisantes, pistaches, thermos de thé, pommes. N'oubliez pas les mouchoirs, certains tire-larmes sont particulièrement invasifs. Prévenez l'entourage de vos possibles changements physiques. Cet oeil de lapin myxomateux, ce nez en patate dégoulinante, ces ongles dévorés, c'est peut-être vous. Par contre, vous n'êtes nullement obligée d'avouer que c'est la mort de Beth dans "les 4 filles du Dr March" et pas celle de Fantine dans "les Misérables" qui en est la cause.
2) n'attendez des posts suivants aucune espèce de critique littéraire. D'ailleurs, je suis rétive à l'exercice dans les deux sens. Il suffit parfois de me faire l'éloge passionné d'un livre pour le rendre aussi tabou à mes yeux qu'un homme dont une autre femme m'aurait vanté les qualités au lit.
UN CARTON EN S.
Celui-ci semble faire partie de ceux qui furent à peu près classés avant migration. Tous sont des romans dont l'auteur à la lettre S pour initiale, en éditions bon marché pour la plupart. Compte tenu de ma consommation de base, de mon incapacité à emprunter, ou plutôt à rendre les livres de bibliothèque, j'ai attendu un âge canonique avant d'oser les éditions de collection.
Il y a du beau monde chez S. Qu'on me pardonne d'avoir laissé de coté "la bonne grosse montagne en sucre" de Wallace Stegner. Bien qu'il fut tentant, avec ses huit cent pages, son sucre est trop chargé d'une sorte particulière d'amertume finale pour qu'il soit raisonnable de le relire maintenant.
Mais j'emmène les nouvelles de Salinger. J'avais pris cette photo, un jour, et l'aspect légèrement inquiétant qui surgit du noir et blanc, me fit associer sur le titre de la nouvelle de celui-ci.(Un jour rêvé pour le poisson banane) Ai-je raison de sortir ce livre du carton, alors même que l'auteur vit reclus depuis cinquante ans, s'il n'est mort?
En voilà, un écrivain de la faille. Sur un mode comique les indications qu'il donne sur ses personnage ressemblent à la noisette de l'écureuil fou de l'Age de glace. (je vous avait dit de ne pas compter sur moi pour la critique littéraire!) Autrement dit, il vous montre la mince fissure, s'arrête juste au moment où elle s'élargit. Deux pages plus loin, et vous tomberiez en pleine glaciation, pour des siècles, et il ne vous resterait qu'un rire à mi-chemin et une pitié déchirée.
Parce qu'il y a fort à parier que ni l'intelligence blessée, ni l'oxymore de la rage tendre ne parviendront à maintenir suffisamment contenus les bords de cette plaie qui menace éternellement béance.
Oui, je vais le relire très vite, et puis l'enfouir à nouveau dans un carton, en hommage à l'auteur, avec amour et abjection.
28.7.07
Livres, est-ce chronique?

Depuis que je suis ici, ma bibliothèque est encore rangée sous forme de cartons exilés au bout du jardin.
Chose choquante pour la blogueuse qui vint me voir, elle même plus que férue, imprégnée, imbibée, imprimée presque, de papier .
Chose frustrante également, puisque comme moi, elle consulte, pour connaître ses hôtes, plus volontiers encore leur bibliothèque que leurs souvenirs d'enfance.
Oui, oui, je connais bien ce coup d'oeil leste et photographique vers les lectures des autres...
Ainsi, j'admis le quasi scandale de cette chair vive entassée dans un recoin, en ordre hâtif, d'abord à peine alphabétique, puis totalement à la va-comme-j'-t'épouse, au fur et à mesure que l'échéance du déménagement se précisait.
Je résistais pourtant à l'injonction, amicale et ferme de faire cesser cette menace d'anolexie mentale.
Car pour la toxico que je fus, pour celle que la promesse d'un livre tout neuf dans son sac faisait saliver aussi sûrement qu'un chien devant une saucisse, il y a une incroyable légèreté à cette situation. Les livres, c'est comme les bambous ou la pervenche. Une fois bien installés, il est illusoire de leur astreindre une place. Ils glissent, débordent, s'empilent, se coincent sous les fauteuils, plongent dans les baignoires pour en ressortir hilares et gondolés, empêchent les portes de s'ouvrir et les glissières de fermer, dégringolent des étagères, fuguent dans le jardin, bossèlent votre lit conjugal.
Je crois même que malgré l'inscription au copyright, ils se reproduisent clandestinement, dans une forme de vie autonome qui m'a toujours semblé quelque peu effrayante.
C'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle, malgré tous ces barrages contre le Pacifique, des exemplaires furtifs et décidés ont réussi à rejoindre la tête de mon lit.
Et parce qu'avec eux, rien n'est stable, tout est toujours insidieusement mouvant, parce qu'il fait enfin beau, que la plage me tend les bras, je suis allée faire un prélèvement, comme un scientifique fait une carotte dans la banquise faussement immobile pour en surveiller l'état, ou dans un mammouth pour en connaître l'histoire.
Il est possible que que je vous tienne au courant des résultats de ces ponctions.
Ainsi, belle B., tu en sauras plus encore sur moi que tu ne l'aurait fait devant la bête entière.
Tu sauras ce qui m'arrache un cri de nostalgie, un soupir d'attendrissement, un frisson respectueux, un tendre sourire. Ceux, devant qui, je rend les armes, et que je prends sous mon bras.
(photo déja publiée dans lookskedenn)
25.7.07
Eté, demeurer.

Depuis quelques saisons, je ne suis pas en vacances.
Je suis chez moi.
Vacante dans ce paysage familier.
Sans autre luxe que celui du temps d'aller saluer des rochers très aimés, des vols de hérons et d'héroïques rosiers bravant le vent de la baie.
Sans autre effort que celui de choisir l'orientation, le grain de la plage où dérouler mes os sous l'éphémère soleil, regarder mes filles se poudrer de sable et de sel, et rêveusement, poursuivre, à mains nues, la transparente crevette dans la flaque.
Me demander, pourquoi ce pays m'a ainsi, par surprise, assignée à résidence, comment il a fait de moi, une vagabonde d'un arpent trois-quart. Ne pas connaître la réponse, ne pas le vouloir.
Seuls luxes, mais quels.
20.7.07
C'est curieux ce besoin qu'ont les marins, de faire des phrases...*

La phrase du jour d'hier venait, comme je le disais en commentaire à EOR, de l'Almanach du Marin Breton.
Ce nom seul, fait naître sur les lèvres des initiés, un sourire erratique, mi reconnaissant, mi-ironique.
Ne voyez aucune accointance dans cet Almanach avec son facétieux collègue à gros ventre, ce Vermot tressautant de rire vulgaire à la fin du banquet arrosé.
Le Maron Bretin est pragmatique, concis dans ses informations techniques, et itérativement poétique pour le terrien-ou le marin du dimanche, ce qui est la même chose.
Où donc, hors ces pages, y rêver sur le Chenal de la Moisie, dont on y apprend qu'il est " franc et profond, mais soumis à de forts traversiers"?
Qui d'autre pourrait nous rappeler que le Banc de la Mauvaise porte bien son nom, et qu'il faut éviter de se laisser tenter par le raccourci entre les bouées 4 et 6, tant y est présent le risque de déferlante?
Dans son ancienne version, ces renseignements indispensables, s'accompagnaient de saynètes, nouvelles, conseils du jour et apophtegmes sans réplique.
Moral, voire vertueux dans son rôle de distracteur prudent de l'homme embarqué, l'Oeuvre de l' Almanach tentait de lutter contre tous les fléaux guettant le marin. Entre deux descriptions de signaux à distance:
-Yankee/golf: il semble que vous n'observiez pas le dispositif de séparation de trafic- ce qui est plus courtois que: "tribord connard!"
l'Almanach adjurait le marin de rentrer chez lui aussitôt son sac déchargé, de remettre immédiatement sa paie à sa femme, ou, s'il n'en était point pourvu, à sa mère.
Elles seules, et les conseils prodigués à longueur de page, pourraient éviter à l'homme de trébucher sur ces deux brisants redoutables : l'Alcoolisme et le Communisme.
A voir hier, la fête organisée sur le port, par la section locale du PCF, il est à craindre qu'ils n'aient échoué, plus radicalement dans un cas que dans l'autre, d'ailleurs.
C'est sans doute parce qu'il le sait, que l' Almanach est venu à une formule plus technocratique, où seuls les hauts de pages portent encore des sentences propres à raviver la nostalgie des afficionado, ceux qui, comme moi, pouvaient acheter le volume de l'année, même à 300 km de la première flaque d'eau salée.
Car, comme il est dit à la page 223 de l'édition 2007: "le bonheur n'est pas dans la recherche de la perfection, mais dans la tolérance de l'imperfection."
C'est pour ça que je l'aime.
* in Les Tontons Flingueurs, of course (au large)
19.7.07
truc idiot du jour.
Planter un arbre en dix secondes : ici, par exemple. Garanti sans tour de rein. Mange pas d ('arbre à)e pain.
16.7.07
aiguillage

Je me souviens de ce très beau texte de Scott Fitgerald qui s'appelle "la fêlure", et qui décrit ce moment où une faille imperceptible change le destin d'un homme.
Dans mon propre imaginaire, cette modification de la destinée prend très nettement une dimension temporelle plus que spatiale. Je la nomme point de cristallisation, instant de bascule, voire effet cliquet quand je veux me donner l'impression de connaître quoi que ce soit en économie.
Quelque soit le nom que je lui donne, cette tache aveugle, cet instant suspendu me fascine.
Chez moi, chez les autres.
Ce ludion inventif, éternellement rebondissant, est-il devenu pour de bon un raté? Ce chantre de l'amour universel sait-il que son toujours neuf ballet de séduction l'a insensiblement amené à la pathétique position de vieux beau, quêtant une gratification de plus en plus compatissante?
Je ne peux dire où et quand l'insolente originalité de cette femme s'est muée en aigreur célinienne, ni à quel moment le raccourci étincelant s'est transformé en préjugé hargneux. J'ai presque perçu le moment où cela a cessé de me torturer, ce lâchage soudain, à la fois minime et définitif, quelque part entre plèvre et péricarde, lorsque j'ai enfin vu la toile peinte , les grossiers artifices du drame répétitif et grinçant. Mais sûrement, cela avait commencé avant, les premières fibres de la laisse s'étaient rompus bien avant.
A quel moment cela a vraiment fait sens?
Et sur mon propre visage, ces deux plis sévères de la bouche, ce regard parfois fixe, cette tendance à la rumination, ce besoin réïtéré de me désentraver, dans combien de temps auront-ils fait de moi, pour toujours, une errante préoccupée, solitaire et marmonnante?
12.7.07
immunité.
Un Roumain,qui avait assigné Dieu devant la justice pour escroquerie, vient d'être débouté de sa plainte, par la justice de Timisoara, au motif que Dieu n'était pas sujet de droit, et n'avait pas d'adresse. (source Libération)
Il faut reconnaitre qu'il est difficile de croire que Dieu ait pu être à Timisoara, au contraire de la Presse.
M'enfin, je soupçonne encore un cas d'immunité, qui une fois levée, annoncerait une belle pagaille.
Il faut reconnaitre qu'il est difficile de croire que Dieu ait pu être à Timisoara, au contraire de la Presse.
M'enfin, je soupçonne encore un cas d'immunité, qui une fois levée, annoncerait une belle pagaille.
concours de chats
Voilà, y a bon pour ton poil qui organise un concours de chaton. C'est parfaitement idiot, et cela ne m'étonne pas de ce suisse et triste individu.
Mais comme j'avais justement une photo et l'immense flemme de poster, voilà... C'est bon pour le poil dans la main.

Non l'esprit n'est pas encore là
réunissons nos fluides...
Les Frères Jacques)
Mais comme j'avais justement une photo et l'immense flemme de poster, voilà... C'est bon pour le poil dans la main.

Non l'esprit n'est pas encore là
réunissons nos fluides...
Les Frères Jacques)
9.7.07
6.7.07
Paris carbet

(pour Still)
Tu raconteras? m'a-t-elle demandé.
Raconter? Mais je ne sais pas faire quand c'est trop près du coeur, je m'emmêle ou bien j'ellipse de trop. Et puis j'ai toujours un peu de vergogna à mettre à l'encan ce qui, même joué en place publique, procède de l'intime.
Mais c'était bien, ça oui.
Tu te souviens, quand Diogène disait qu'il avait eu la chance de mai 68, et que nous avions celle d'internet? Je crois que c'était cela, mon bonheur de ce moment. Ce qui rompt les cercles de craie, mélange les genres, tricote en dehors de la génération. Ce qui fait la parole, comme une eau qui court. Oh oui, nous sommes bavards!
Le café? Je ne crois pas l'avoir très bien vu. Il y avait tant de monde qu'il me laisse le souvenir d'un café brun, comme en Hollande, mais peut-être juste parce qu'un jour, là bas, j'ai vécu un moment comme celui là, où les discussions partent comme des sentiers dans le maquis, où l'on ne va au bout de rien, ni des verres, ni des propos, où l'on finit parfois la phrase de l'un avec le verre de l'autre, sans même s'excuser, où l'on attrape un rire à l'autre bout qui vous fait sourire sans envie, parce qu'on n'est pas là pour tout voir , tout saisir, pas là pour dire de chaque parcelle qu'on y était, qu'on a tout compris de l'instant, du moment.
On est juste là pour faire chaud, pour faire caillou dans l'eau, bribes, étincelles, transparence en fragment, éclat.
Et puis on repart, avec dans ses poches, un peu plus que ce qu'on y avait cherché.
De la cannelle et la muscade par exemple.
Raconter? je ne sais pas.
Mais la prochaine fois, belle Dame, je t'emmène.
Merci à Oxygène, Ada, Traou, Kozlika, Matthieu, Pascal, Mr Ka, la Bacchante, Fauvette, Mlle Moi, Thomas, Bertrand et les autres.
3.7.07
consolation

Ce que la pluie enlève de réjouissance à la peau et à l'oeil, elle le rend, généreusement, au nez sensible.
Mon jardin sent le vent de la mer, l'humus léger, la rose qui sent, elle-même, le litchi et l'abricot plus encore que la rose, la menthe folâtre, l'oranger du Mexique. Et dominant le tout, pour peu qu'on la sollicite du bout des doigts, l'odeur unique d'algue poivrée du dimorphoteca , qui semble décupler à chaque ondée.
(Bonheur sur toi, Anita, tu pars tout à l'heure à la grand ville! A toi, la cinglante odeur d'humanité saturée et de gaz brûlés... Vi, mais il y a les amis. Et avant qu'il ne proteste, je le dis haut et fort: Mr Ka sent sûrement très bon.)
28.6.07
aller jacter à l'est
Je ne suis pas particulièrement collectionneuse. il y a quelque chose dans le désir de ne rien rater, dans la convoitise aussi tôt éteinte que satisfaite, quelque chose qui me glace.
Mais j'aime bien les déclinaisons, les associations de hasard, les variations autour d'un thème. J'ai ainsi une vingtaine de théières, des tableaux, des grattes-dos et ... des chats, oui, je sais.
Alors, quand dans le blogochamps, on trouve sancho qui s'interroge sur la dignité humaine, madeleine qui travaille à la restaurer, Otir qui... qui quoi? Qui fout une claque à certain nombre de gloses sur la chose, illustrant justement ce nous en dit Sancho,
alors je me réjouis de ce collier en opus incertum...
Et puis, je me suis décidée à franchir le Couesnon : je serais, pour la première fois de ma vie de bloggeuse, à Paris-Carnet, sûrement intimidée mais heureuse d'y rencontrer Dame Kozlika, Oxygène, Traou, Fauvette, la Bacchante, Mlle Moi, Ada (toutes déjà en ilôts): quel beau monde!
Je serais facile à reconnaitre: j'emmène une baleine.
Mais j'aime bien les déclinaisons, les associations de hasard, les variations autour d'un thème. J'ai ainsi une vingtaine de théières, des tableaux, des grattes-dos et ... des chats, oui, je sais.
Alors, quand dans le blogochamps, on trouve sancho qui s'interroge sur la dignité humaine, madeleine qui travaille à la restaurer, Otir qui... qui quoi? Qui fout une claque à certain nombre de gloses sur la chose, illustrant justement ce nous en dit Sancho,
alors je me réjouis de ce collier en opus incertum...
Et puis, je me suis décidée à franchir le Couesnon : je serais, pour la première fois de ma vie de bloggeuse, à Paris-Carnet, sûrement intimidée mais heureuse d'y rencontrer Dame Kozlika, Oxygène, Traou, Fauvette, la Bacchante, Mlle Moi, Ada (toutes déjà en ilôts): quel beau monde!
Je serais facile à reconnaitre: j'emmène une baleine.
27.6.07
Mon île au loin, ma désirade

A comme Arz, où une poignée de fous a restauré le moulin à marée de Berno. Il y a vingt cinq ans, le spectacle de cette ruine m'avait serré le coeur.
B comme Batz, du calme, du vent, une jolie jument de travail (cheville épaisse, mais quelle crinière!) qui me fit un long calin de cheval , joue contre joue, après que j'eu dégagé sa patte prise dans la longe.
C comme Chausey, où nous jouâmes-dangereusement- à touche-cailloux et à partir au lof au milieux des courants imprévisibles.
D comme Dumey, une mouette me surveilla avec âpreté, et cette vieille dame un peu dérangée, qui y vivait avec son vieil époux invalide, dans cette maison sans électricité "depuis 45", quel lourd secret cachait-elle?
E comme Elephantines, que je ne peux qu'imaginer noires et or, dans une lumière rouge, que je n'ai jamais vues.
F comme Futuna dont le nom désolé signifie: "l'enfant perdu du Pacifique", d'où venait la petite M. mère à douze ans là-bas, et collégienne à 17 ici, tenace et pudique.
G comme Groix: oui on peut y voir de la joie, encore qu'en été, on n'entre dans son port qu'avec un chausse-pied-et qu'on en sorte au tire bouchon.
H comme Houat et Hoedic : jumelles charmantes et discrètes au charme d'autant plus irrémédiable qu'il est insidieux.
I comme Islande: ne pas mourir sans.
K comme Kerguelen : Où se partage mon désir lancinant d'y aller, et le sentiment très net que l'homme devrait foutre vraiment la paix à certains coins du monde.
L comme Lerins: Iles apprivoisées.Mais il y fait si beau. Et ma foi, (si je puis dire) le vin de l'Abbaye est fort bon.
M comme Molène . Ce petit matin de Novembre, j'étais seule passagère dans le bateau de ligne. L'équipage m'offrit le café, ou plutôt le maquereau et le vin blanc. A 7h du matin, j'en garde un souvenir troublé.
N comme Noirmoutier, pour ce plaisir terrien du Gois, périlleux et fascinant.
O comme Ouessant, l'île entre toutes, mon île inaugurale, que je n'ai pas osé revoir.
P comme Papouasie:mes filles savent encore que sa capitale est Port Moresby. J'espère aussi qu'elles se souviennent combien nous rêvâmes en trempant nos tartines.
Q comme Je n'ai pas de Q...
S comme Sein: mais j'ai celle là! Sein l'opiniâtre, qui résiste au vent, à la mer, et aux intrus.Belle? Pas vraiment. Et pourtant.
R comme Reunion: j'irai. Oui, j'irai voir ce que j'entrevois noir, rouge et vert, à pic, vertigineux, souriant.
T comme Tristan da Cunha : on n'y débarque pas. On peut y être invité, si l'on est utile à la communauté. C'est dans ce genre de circonstance que je me sens inutîle.
U comme Usion: On en revient toujours, on ne la quitte jamais.
V comme Vanuatu: Chut! je vais bientôt m'assoir par terre, je mettrai le menton entre mes mains, elle me fera du thé, et elle me racontera, celle qui y est allé. Et qui n'en est pas revenue?
W comme W bien sûr, déchirante et déchirée, l'île de la blessure, le souvenir d'enfance de Georges Perec.
X comme X, l'île inconnue, celle qui résoudra la quadrature du cercle, l'ile close et inépuisable, qui protège sans emprisonner, stable et mouvante, ouverte et retirée, bruissante sans être bruyante, l'il(e) qui contiendrait une vie entière.
Y comme Yeu : pédaler dans un radieux chemin de printemps, sentir tout "l'orgueil d'être jeune et vivant", marcher sur l'herbe de la détourne, et à deux, perdre son chemin, jouer à cache cache dans les haies, et, bien sûr, comment ne pas en avoir envie, retrouver la mer.
Z comme zanzibar: se rappeler toujours qu'il n'y a nul regret à n'avoir jamais vu Zanzibar pour de vrai, que le nom seul a fait tapis volant depuis si longtemps. Car au fond, c'est ici que la liste a commencé.
Liste clin d'oeil à celles d'Obni, entres autres, celle-ci
25.6.07
il fait un temps à pondre des haiku
22.6.07
qui trop écoute la météo passe son temps au bistrot

Souvent plutôt bonne fille, la Bretagne est en ce moment une humide mégère. Il pleut de toutes façons imaginables, le crachin ne s'arrête que pour l'averse, l'orage succède à l'ondée, le vent ne pousse les nuages que pour en amener d'autres, tout content de nous les faire inaugurer. Chaque jour, malgré les cirés et d'inventifs essais de presse-étoupe, la pluie me dessine entre les omoplates une géographie persistante et sans humour.
Mes pensées sont en crabe et en bigorneaux, tout à la fois immobiles et de travers. Les flaques ne m'amusent plus. Il n'y a guère que la jouissance sardonique des goélands jouant les alpinistes de nuages et les dévaleurs de courants d'air pour m'arracher un coup d'oeil.
J'endure, comme tout le monde ici. La ténacité de ce temps d'eau de vaisselle a même eu raison du prolifique répertoire de phrases météorologiques dont les bretons disposent pourtant par héritage. Nous n'avons plus que des interjections navrées et des épaules haussées, juste assez pour ne pas rompre l'étanchéité.
Tout juste si Elle nous fait encore parfois la grâce de ce sourire en coin des régimes côtiers, ce déchirement des nuages à l'heure de l'apéro, ce soleil tardif jaillissant au milieu des perles d'eau et des hortensias brillants d'un éphémère vernis.
20.6.07
couples
Je me fous totalement du couple ségo-françois.
Par contre, la durée de vie du PACS entre Christine Boutin et Fadela Amara m'interroge au plus haut point...
Par contre, la durée de vie du PACS entre Christine Boutin et Fadela Amara m'interroge au plus haut point...
18.6.07
mortes- eaux
C'est bleu, moins que prévu.
C'est mâle, comme prévu.
Ce matin, aucun article sur la parité. Quelques estimations, autour de 15% de femmes. On rappelle que la dernière chambre, avec ses 12% nous plaçait au 87 rang mondial en ce qui concerne la représentation féminine.
Il y aura encore des gens pour dire que c'est un progrès!
Et d'autre pour dire que ce n'est pas un enjeu.
Mais pourquoi donc ce peuple ne se reconnait que dans le sexagénaire mâle ?
PS (!): chez moi, c'est rose et féminin. Décidément, ce pays est souvent à contre marée. Pour la peine, je vous envoie une carte postale :
C'est mâle, comme prévu.
Ce matin, aucun article sur la parité. Quelques estimations, autour de 15% de femmes. On rappelle que la dernière chambre, avec ses 12% nous plaçait au 87 rang mondial en ce qui concerne la représentation féminine.
Il y aura encore des gens pour dire que c'est un progrès!
Et d'autre pour dire que ce n'est pas un enjeu.
Mais pourquoi donc ce peuple ne se reconnait que dans le sexagénaire mâle ?
PS (!): chez moi, c'est rose et féminin. Décidément, ce pays est souvent à contre marée. Pour la peine, je vous envoie une carte postale :

15.6.07
charcèlement
J'ai un genre de grosse fatigue, alors je vais faire dans ce blog l'équivalent des articles de chul ou de cellulite dans les cause-toujours féminins: je vais mettre des photos de chats.
Vous savez, l'espèce de chat pas fini que nous dûmes nourrir au biberon?

Bon, elle a doublé de volume, chasse l'ombre et l'orteil innocent,

monte trois marches qu'elle ne peut redescendre que si elle miaule assez fort pour attendrir une âme charitable-avec main, l'âme, quand même, regarde d'un oeil éberlué la crotte dont des mauvaises langues veulent lui attribuer la responsabilité, réduit mes filles à l'état de gélatine fondante et bavouillante- au point que je finisse par envisager avec appréhension le degré de gâtisme collectif que nous risquons d'atteindre avec un bébé humain-éparpille des croquettes avec un brio qui lui donne toute sa place dans cette famille à forte entropie, se prend les griffes dans mon châle, et, ne pouvant les rétracter, reste suspendue par la patte, essaie ensuite la technique dite "de l'escalier", constate que cela marche, recommence avec n'importe quoi à portée de griffe, et quand on lui dit, la prenant par la peau du cou:
"mais tu finis par m'emmerder, toi!"
pose sa patte sur votre nez, avec ce mouvement doux et confiant, cet oeil candide et cet embryonnaire ronronnement qui vous lie, irrémédiablement, à cette minuscule Circé.
Vous savez, l'espèce de chat pas fini que nous dûmes nourrir au biberon?

Bon, elle a doublé de volume, chasse l'ombre et l'orteil innocent,

monte trois marches qu'elle ne peut redescendre que si elle miaule assez fort pour attendrir une âme charitable-avec main, l'âme, quand même, regarde d'un oeil éberlué la crotte dont des mauvaises langues veulent lui attribuer la responsabilité, réduit mes filles à l'état de gélatine fondante et bavouillante- au point que je finisse par envisager avec appréhension le degré de gâtisme collectif que nous risquons d'atteindre avec un bébé humain-éparpille des croquettes avec un brio qui lui donne toute sa place dans cette famille à forte entropie, se prend les griffes dans mon châle, et, ne pouvant les rétracter, reste suspendue par la patte, essaie ensuite la technique dite "de l'escalier", constate que cela marche, recommence avec n'importe quoi à portée de griffe, et quand on lui dit, la prenant par la peau du cou:
"mais tu finis par m'emmerder, toi!"
pose sa patte sur votre nez, avec ce mouvement doux et confiant, cet oeil candide et cet embryonnaire ronronnement qui vous lie, irrémédiablement, à cette minuscule Circé.
11.6.07
fête d'école
Je n'aime pas les fêtes d'écoles.
Je n'aime pas la perspective de ramener chez moi une ode complète à la gloire du brimborion poisseux .
Je n'aime pas ces crétins de canards

qui n'ont pas trouvé la sortie, depuis quinze ans qu'on m'astreint à glapir d'admiration chaque fois que ma progéniture en choppe un.
Je n'aime pas que la fédération des parents d'élèves se félicite du succès de sa buvette, feignant d'ignorer qu'une bonne partie de la viande saoule de sa bière avait moins de 18 ans, et parfois moins de quinze.
Je veux bien l'absoudre en ce qui concerne la viande fumée, le circuit de distribution est (encore) légèrement différent.
Mais j'aime quand même:
les enfants fleurs.


Les fanfares bleues

Ou roses.
Je n'aime pas la perspective de ramener chez moi une ode complète à la gloire du brimborion poisseux .
Je n'aime pas ces crétins de canards

qui n'ont pas trouvé la sortie, depuis quinze ans qu'on m'astreint à glapir d'admiration chaque fois que ma progéniture en choppe un.
Je n'aime pas que la fédération des parents d'élèves se félicite du succès de sa buvette, feignant d'ignorer qu'une bonne partie de la viande saoule de sa bière avait moins de 18 ans, et parfois moins de quinze.
Je veux bien l'absoudre en ce qui concerne la viande fumée, le circuit de distribution est (encore) légèrement différent.
Mais j'aime quand même:
les enfants fleurs.


Les fanfares bleues

Ou roses.

8.6.07
ce midi, c'était pique- nique.
6.6.07
How to horripilate people.

On m' a envoyé un appel à signer une pétition qui s'intitule "Sauvons la clinique". Les auteurs, qui préfèrent s'adresser aux citoyens plutôt qu'à leurs dirigeants s'insurgent contre la disparition de la psychanalyse et de la psychopathologie dans les instances de formation des psychologue et dans les instances d'habilitation des institutions.
S'insurgent est le terme approprié, me semble-t-il. Il y a dans ce texte, beau, violent légèrement emphatique-mais je ne crains pas l'usage de l'imprécation prophétique- un appel véritable à mettre, non pas la crosse, mais l'éprouvette en l'air.
Au fond, j'aime qu'un texte dise:
"La standardisation des ratages de la condition humaine en une nomenclature des handicaps habite désormais des maisons sanitaires. Le dénuement social est promis à l'épuration policière ou masqué par des kits de pathologie des comportements. Les logomachies s'ingénient à voiler la massification de l'humain et la marchandisation du vivant. Acceptons-nous de déambuler parmi « les décombres du futur » ?
Et puis, vu la fréquence à laquelle je le rencontre, je suis absolument sûre d'avoir un inconscient. Je me peux même en donner le type: c'est un inconscient fredonneur. La preuve, après avoir lu le texte, je chantonnais, "sans la nommer" (!), bien sûr:
"
C'est elle que l'on matraque,
Que l'on poursuit que l'on traque.
C'est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C'est elle qu'on emprisonne,
Qu'on trahit qu'on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu'au bout, jusqu'au bout."
Je venais par ailleurs justement, de lire, chez l'ami Grange-Blanche, au sein, d'un article sur le traitement médicamenteux du désir féminin, que si le médicament testé provoque de sérieux effets secondaires (raucité de la voix, acné et hirsutisme) chez 18 % des patientes, le placebo, lui, est responsable de phénomènes identiques CHEZ 14%!
Autant vous dire que les tenants de la théorie du tout-biologique-l'amour dure trois ans- et ce n'est qu'une combinaison chimique- naninanère, peuvent aller se rhabiller, je resterai d'essence nue et désirante, merci pour moi.
Bref, je n'ai pour la psychanalyse ni répulsion, ni révérence sacrée, j'en reprendrai volontiers une petite tranche un jour ou l'autre, je tâche de garder une certaine humilité dans l'utilisation des outils du dépistage précoce, et je crois m'être clairement exprimée sur ce que je pense de l'instrumentalisation politique de la misère humaine.
D'où vient alors que je n'ai pas (encore,) signé la pétition?
Simple procrastination? Si je réfléchis un peu, il y a plus que cela.
C'est peut-être dans la suite de chanson de Moustaki, que se trouve la raison pas raisonnable de la chose:
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui traîne en liberté
Où bon lui semble.
Eh ouais. Mon problème, c'est peut être le visage de la psychanalyse en institution- et pas seulement en institution de soin, mais dans tout processus de masse, école comprise.
Je ne suis pas sûre, mais pas du tout, qu'elle y soit moins perverse, moins instrumentalisante que la neurobiologie.
De l'exigence d'une rencontre et d'un chemin parcouru ensemble, mot à mot, et parfois
au milieu de plages de silence déserté, de cette écoute unique, de cette pertinence aventureuse, de cette drôlerie qui parfois, souvent, surgit comme un lumineux rafraichissement, que reste-t-il à grande échelle?
J'ai souvenir de cette psychologue scolaire expliquant fort doctement à l'instit que si G. ne pouvait pas lire, c'est parce qu'il était né après le décès d'un de ses frères-sans à aucun moment avoir pris le temps d'inventorier un temps soit peu les possibilités langagières de cet enfant au plan neurologique. Un bilan d'orthophonie? pourquoi faire quand on tient l'INTERPRETATION du siècle! Et je voyais l'instit se décomposer petit à petit- qui était-il, pauvre de lui, pour lutter avec un adversaire tel que l'ombre de ce frère?
Est-ce que l'enjeu n'aurait pas été plutôt d'aider l'enseignant à tirer les quelques rares brins solides dans cette pelote, pour qu'au moins l'un des deux- l'adulte en l'occurence -croit en la possibilité d'apprendre de G?
Et combien de parents étrangers ai-je vu fuir les consultations de centre medico-psychologique, malgré un désir réel d'aider leurs enfants, parce qu'ils n'y avait rencontré qu'un professionnel mutique qui les regardait, en disant au mieux :
"...mmmmmh?'
Pas sûre qu'il y ait eu toujours de vrais analystes sous les oripeaux, pas même forcémént d'analysants. Mais du coup, ce qui m'est apparu, pour mon usage personnel, comme un précieux, un subversif espace de liberté, m'est parfois apparu comme l'inverse, comme une machine à attribuer des responsabilités et à cimenter la culpabilité.
Alors? La psychanalyse est-elle soluble dans l'institution?
Ben je sais pas, et la question reste ouverte. Mais je suis contente qu'elle soit posée, parce que si je ne me précipite pas sur la réponse militante, elle continue néanmoins de cheminer.
NB: Je précise, à l'attention des fâcheux, que ce billet ne prétend nullement avoir fait le tour d'autre chose que de mon nombril, lequel est pour l'instant dans la situation de l'âne de Buridan.
2.6.07
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