28.7.07
Livres, est-ce chronique?
Depuis que je suis ici, ma bibliothèque est encore rangée sous forme de cartons exilés au bout du jardin.
Chose choquante pour la blogueuse qui vint me voir, elle même plus que férue, imprégnée, imbibée, imprimée presque, de papier .
Chose frustrante également, puisque comme moi, elle consulte, pour connaître ses hôtes, plus volontiers encore leur bibliothèque que leurs souvenirs d'enfance.
Oui, oui, je connais bien ce coup d'oeil leste et photographique vers les lectures des autres...
Ainsi, j'admis le quasi scandale de cette chair vive entassée dans un recoin, en ordre hâtif, d'abord à peine alphabétique, puis totalement à la va-comme-j'-t'épouse, au fur et à mesure que l'échéance du déménagement se précisait.
Je résistais pourtant à l'injonction, amicale et ferme de faire cesser cette menace d'anolexie mentale.
Car pour la toxico que je fus, pour celle que la promesse d'un livre tout neuf dans son sac faisait saliver aussi sûrement qu'un chien devant une saucisse, il y a une incroyable légèreté à cette situation. Les livres, c'est comme les bambous ou la pervenche. Une fois bien installés, il est illusoire de leur astreindre une place. Ils glissent, débordent, s'empilent, se coincent sous les fauteuils, plongent dans les baignoires pour en ressortir hilares et gondolés, empêchent les portes de s'ouvrir et les glissières de fermer, dégringolent des étagères, fuguent dans le jardin, bossèlent votre lit conjugal.
Je crois même que malgré l'inscription au copyright, ils se reproduisent clandestinement, dans une forme de vie autonome qui m'a toujours semblé quelque peu effrayante.
C'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle, malgré tous ces barrages contre le Pacifique, des exemplaires furtifs et décidés ont réussi à rejoindre la tête de mon lit.
Et parce qu'avec eux, rien n'est stable, tout est toujours insidieusement mouvant, parce qu'il fait enfin beau, que la plage me tend les bras, je suis allée faire un prélèvement, comme un scientifique fait une carotte dans la banquise faussement immobile pour en surveiller l'état, ou dans un mammouth pour en connaître l'histoire.
Il est possible que que je vous tienne au courant des résultats de ces ponctions.
Ainsi, belle B., tu en sauras plus encore sur moi que tu ne l'aurait fait devant la bête entière.
Tu sauras ce qui m'arrache un cri de nostalgie, un soupir d'attendrissement, un frisson respectueux, un tendre sourire. Ceux, devant qui, je rend les armes, et que je prends sous mon bras.
(photo déja publiée dans lookskedenn)
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13 commentaires:
Ainsi tu es en train de franchir le couesnon,
Tu assures ton passage en ouvrant une rubrique bibliothèques -le s rend impatient-
Et moi, je dis "Alea jacta est"...
Oui, oui, tiens nous au courant de ces "ponctions" ! Je suis d'accord avec toi, les livres ont leur propre vie dans nos maisons, il faut les laisser faire !
De déménagement en déménagement, d'un méridien à l'autre, mes livres ont fini par rester dans les cartons. Ils me manquent et quand j'y pense je revois la place de chacun d'eux dan la bibliothèque qui n'est toujours pas remontée.
Je te lis et je vois ma maison !
Quoi que je fasse, même confinés dans des cartons dans le cafoutche au fond du jardin ils reviennent, ils s'installent partout, dans tous les recoins, sur tous les meubles, sous les piles de vêtements, sur les coussins des chaises, sur les piles de CD, entre les plantes, dans, sur et sous le lit et tout autour aussi, dans les toilettes et la salle de bain, sur le rebord de la cuisine, entre les coussins du canapé... ils sont partout chez eux.
J'ai fini par l'accepter : contrairement aux animaux, on ne peut pas leur apprendre à ne pas aller quelque part.
Aimer lire, je me dis que c'est aimer vagabonder, passer d'un livre à l'autre, ne pas se sentir tenu de finir, se laisser séduire par un mot, une couverture, lire c'est la liberté, lire ce n'est pas l'ordre. Normal que les livres en profitent eux aussi pour se faire la belle. Mais ceux que l'on aime restent tout près du coeur.
Ceci dit, je me demande toujours si ceux qui se retouvent un jour cote à cote ne se créent pas des affinités entre eux ? J'ai du mal à séparer certains... (huhu, tu me donnes une idée de billet !)
L'invasion des livres de la maison n'est que le début. Ils envahissent ensuite nos heures, nos jours... C'est un peu comme les chats même si on résiste, ils envahissent la maison et nous dominent, nous sommes obligés de les caresser et de la nourrir.
@ tous: répétez après moi : "je m'appelle X... et je suis accro aux livres."
...et après on répond tous en choeur : Bienvenue, X ! :-)
Tiens, c'est drôle, la première chose que je sors des cartons quand j'emménage, ce sont mes livres. Par contre, dans mon dernier emménagement se sont mes fringues qui sont restées encartonnées. Bon j'avoue que j'étais alors enceinte et qu'aucune ne m'allait plus ;-)
J'adore ta façon de raconter ;-)
délicieusement génial! je suis fan…
hmm....
Comment peux-tu affirmer que Belle B. ne l'aurait jamais fait devant la bête entière?
Tu admets donc que cela retourne de ta décision!
Donc, Belle B. ne peut pas savoir le cri, le sourire, le frisson et le sourire!
Et toi, tu ne peux donc pas rendre les armes!!!
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