22.6.07

qui trop écoute la météo passe son temps au bistrot


Souvent plutôt bonne fille, la Bretagne est en ce moment une humide mégère. Il pleut de toutes façons imaginables, le crachin ne s'arrête que pour l'averse, l'orage succède à l'ondée, le vent ne pousse les nuages que pour en amener d'autres, tout content de nous les faire inaugurer. Chaque jour, malgré les cirés et d'inventifs essais de presse-étoupe, la pluie me dessine entre les omoplates une géographie persistante et sans humour.
Mes pensées sont en crabe et en bigorneaux, tout à la fois immobiles et de travers. Les flaques ne m'amusent plus. Il n'y a guère que la jouissance sardonique des goélands jouant les alpinistes de nuages et les dévaleurs de courants d'air pour m'arracher un coup d'oeil.
J'endure, comme tout le monde ici. La ténacité de ce temps d'eau de vaisselle a même eu raison du prolifique répertoire de phrases météorologiques dont les bretons disposent pourtant par héritage. Nous n'avons plus que des interjections navrées et des épaules haussées, juste assez pour ne pas rompre l'étanchéité.
Tout juste si Elle nous fait encore parfois la grâce de ce sourire en coin des régimes côtiers, ce déchirement des nuages à l'heure de l'apéro, ce soleil tardif jaillissant au milieu des perles d'eau et des hortensias brillants d'un éphémère vernis.

20.6.07

couples

Je me fous totalement du couple ségo-françois.
Par contre, la durée de vie du PACS entre Christine Boutin et Fadela Amara m'interroge au plus haut point...

18.6.07

mortes- eaux

C'est bleu, moins que prévu.
C'est mâle, comme prévu.
Ce matin, aucun article sur la parité. Quelques estimations, autour de 15% de femmes. On rappelle que la dernière chambre, avec ses 12% nous plaçait au 87 rang mondial en ce qui concerne la représentation féminine.
Il y aura encore des gens pour dire que c'est un progrès!
Et d'autre pour dire que ce n'est pas un enjeu.
Mais pourquoi donc ce peuple ne se reconnait que dans le sexagénaire mâle ?
PS (!): chez moi, c'est rose et féminin. Décidément, ce pays est souvent à contre marée. Pour la peine, je vous envoie une carte postale :

15.6.07

charcèlement

J'ai un genre de grosse fatigue, alors je vais faire dans ce blog l'équivalent des articles de chul ou de cellulite dans les cause-toujours féminins: je vais mettre des photos de chats.
Vous savez, l'espèce de chat pas fini que nous dûmes nourrir au biberon?



Bon, elle a doublé de volume, chasse l'ombre et l'orteil innocent,




monte trois marches qu'elle ne peut redescendre que si elle miaule assez fort pour attendrir une âme charitable-avec main, l'âme, quand même, regarde d'un oeil éberlué la crotte dont des mauvaises langues veulent lui attribuer la responsabilité, réduit mes filles à l'état de gélatine fondante et bavouillante- au point que je finisse par envisager avec appréhension le degré de gâtisme collectif que nous risquons d'atteindre avec un bébé humain-éparpille des croquettes avec un brio qui lui donne toute sa place dans cette famille à forte entropie, se prend les griffes dans mon châle, et, ne pouvant les rétracter, reste suspendue par la patte, essaie ensuite la technique dite "de l'escalier", constate que cela marche, recommence avec n'importe quoi à portée de griffe, et quand on lui dit, la prenant par la peau du cou:
"mais tu finis par m'emmerder, toi!"
pose sa patte sur votre nez, avec ce mouvement doux et confiant, cet oeil candide et cet embryonnaire ronronnement qui vous lie, irrémédiablement, à cette minuscule Circé.

11.6.07

fête d'école

Je n'aime pas les fêtes d'écoles.
Je n'aime pas la perspective de ramener chez moi une ode complète à la gloire du brimborion poisseux .
Je n'aime pas ces crétins de canards


qui n'ont pas trouvé la sortie, depuis quinze ans qu'on m'astreint à glapir d'admiration chaque fois que ma progéniture en choppe un.

Je n'aime pas que la fédération des parents d'élèves se félicite du succès de sa buvette, feignant d'ignorer qu'une bonne partie de la viande saoule de sa bière avait moins de 18 ans, et parfois moins de quinze.
Je veux bien l'absoudre en ce qui concerne la viande fumée, le circuit de distribution est (encore) légèrement différent.

Mais j'aime quand même:
les enfants fleurs.




Les fanfares bleues


Ou roses.

8.6.07

ce midi, c'était pique- nique.


Je sais, je ne devrais pas vous le dire.
Des fois, pendant la consultation de l'après midi, je souris toute seule, parce que j'ai du sable dans mes chaussures.

6.6.07

How to horripilate people.


On m' a envoyé un appel à signer une pétition qui s'intitule "Sauvons la clinique". Les auteurs, qui préfèrent s'adresser aux citoyens plutôt qu'à leurs dirigeants s'insurgent contre la disparition de la psychanalyse et de la psychopathologie dans les instances de formation des psychologue et dans les instances d'habilitation des institutions.
S'insurgent est le terme approprié, me semble-t-il. Il y a dans ce texte, beau, violent légèrement emphatique-mais je ne crains pas l'usage de l'imprécation prophétique- un appel véritable à mettre, non pas la crosse, mais l'éprouvette en l'air.
Au fond, j'aime qu'un texte dise:
"La standardisation des ratages de la condition humaine en une nomenclature des handicaps habite désormais des maisons sanitaires. Le dénuement social est promis à l'épuration policière ou masqué par des kits de pathologie des comportements. Les logomachies s'ingénient à voiler la massification de l'humain et la marchandisation du vivant. Acceptons-nous de déambuler parmi « les décombres du futur » ?


Et puis, vu la fréquence à laquelle je le rencontre, je suis absolument sûre d'avoir un inconscient. Je me peux même en donner le type: c'est un inconscient fredonneur. La preuve, après avoir lu le texte, je chantonnais, "sans la nommer" (!), bien sûr:
"
C'est elle que l'on matraque,
Que l'on poursuit que l'on traque.
C'est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C'est elle qu'on emprisonne,
Qu'on trahit qu'on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu'au bout, jusqu'au bout."


Je venais par ailleurs justement, de lire, chez l'ami Grange-Blanche, au sein, d'un article sur le traitement médicamenteux du désir féminin, que si le médicament testé provoque de sérieux effets secondaires (raucité de la voix, acné et hirsutisme) chez 18 % des patientes, le placebo, lui, est responsable de phénomènes identiques CHEZ 14%!
Autant vous dire que les tenants de la théorie du tout-biologique-l'amour dure trois ans- et ce n'est qu'une combinaison chimique- naninanère, peuvent aller se rhabiller, je resterai d'essence nue et désirante, merci pour moi.

Bref, je n'ai pour la psychanalyse ni répulsion, ni révérence sacrée, j'en reprendrai volontiers une petite tranche un jour ou l'autre, je tâche de garder une certaine humilité dans l'utilisation des outils du dépistage précoce, et je crois m'être clairement exprimée sur ce que je pense de l'instrumentalisation politique de la misère humaine.


D'où vient alors que je n'ai pas (encore,) signé la pétition?

Simple procrastination? Si je réfléchis un peu, il y a plus que cela.
C'est peut-être dans la suite de chanson de Moustaki, que se trouve la raison pas raisonnable de la chose:

Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui traîne en liberté
Où bon lui semble.


Eh ouais. Mon problème, c'est peut être le visage de la psychanalyse en institution- et pas seulement en institution de soin, mais dans tout processus de masse, école comprise.
Je ne suis pas sûre, mais pas du tout, qu'elle y soit moins perverse, moins instrumentalisante que la neurobiologie.

De l'exigence d'une rencontre et d'un chemin parcouru ensemble, mot à mot, et parfois
au milieu de plages de silence déserté, de cette écoute unique, de cette pertinence aventureuse, de cette drôlerie qui parfois, souvent, surgit comme un lumineux rafraichissement, que reste-t-il à grande échelle?

J'ai souvenir de cette psychologue scolaire expliquant fort doctement à l'instit que si G. ne pouvait pas lire, c'est parce qu'il était né après le décès d'un de ses frères-sans à aucun moment avoir pris le temps d'inventorier un temps soit peu les possibilités langagières de cet enfant au plan neurologique. Un bilan d'orthophonie? pourquoi faire quand on tient l'INTERPRETATION du siècle! Et je voyais l'instit se décomposer petit à petit- qui était-il, pauvre de lui, pour lutter avec un adversaire tel que l'ombre de ce frère?
Est-ce que l'enjeu n'aurait pas été plutôt d'aider l'enseignant à tirer les quelques rares brins solides dans cette pelote, pour qu'au moins l'un des deux- l'adulte en l'occurence -croit en la possibilité d'apprendre de G?

Et combien de parents étrangers ai-je vu fuir les consultations de centre medico-psychologique, malgré un désir réel d'aider leurs enfants, parce qu'ils n'y avait rencontré qu'un professionnel mutique qui les regardait, en disant au mieux :
"...mmmmmh?'

Pas sûre qu'il y ait eu toujours de vrais analystes sous les oripeaux, pas même forcémént d'analysants. Mais du coup, ce qui m'est apparu, pour mon usage personnel, comme un précieux, un subversif espace de liberté, m'est parfois apparu comme l'inverse, comme une machine à attribuer des responsabilités et à cimenter la culpabilité.

Alors? La psychanalyse est-elle soluble dans l'institution?
Ben je sais pas, et la question reste ouverte. Mais je suis contente qu'elle soit posée, parce que si je ne me précipite pas sur la réponse militante, elle continue néanmoins de cheminer.


NB: Je précise, à l'attention des fâcheux, que ce billet ne prétend nullement avoir fait le tour d'autre chose que de mon nombril, lequel est pour l'instant dans la situation de l'âne de Buridan.

2.6.07

j'ai toujours pensé



Que cette enfant avait un visage pour peintre

31.5.07

question métaphysique


J'ai l'air et l'eau, et la boussole.
Mais comment fait-on feng shui sur un bateau?
J'ai dit au capitaine que s'il voulait aller loin
Il fallait mettre la barre à la proue
pour que l'arbre de la décision le pousse en avant
Il m'a dit que j'avais perdu le nord,
et que j'étais à l'ouest.
Depuis, cette histoire tangue.

29.5.07

Journée ordinaire d'un fonctionnaire qui coûte trop cher


(pour kadidja)

Dans mon cause-toujours local, un testalacon.
Le genre de truc que je lis d'un oeil bovin en croquant ma biscotte, parce que je suis incapable de ne pas lire à certains moments, et que le petit déjeuner en fait partie. Bon, c'est ou la feuille de chou ou la composition en acide folique de ladite biscotte.
Cette fois j'aurais fait mieux de, remarquez.
Le testalacon du jour s'intitulait: "êtes-vous audacieux ou frileux?" Des questions destinées à prouver que si vous pissez dans votre froc devant votre patron, c'est que vous êtes plutôt frileux. Comme le lecteur local est moyen cortiqué, d'après le rédac-chef, pas de fantaisie fine sur l'évaluation, pas de carré rouge ou rond bleu à reporter dans la colonne B27. Non, une simplicité biblique: plus vous cochez de cases, plus vous êtes inhibé.
Et là, old chaps, une question qui tue:
"vous êtes fonctionnaire et fier de l'être."
Crac, un point de plus.

Les fonctionnaires du GIGN, des urgences, pédiatriques ou pas, les pompiers professionnels et autres mous du système limbique apprécieront certainement que soit ainsi coté leur légendaire amour de la routine.

Moi-même, je me suis souvenue, à la suite de ce test et juste avant de me désabonner, de mon premier jour de visite de troisième dans ce collège de ZEP. Vous allez me dire que j'en rajoute, mais même pas. J'y étais allée la fleur aux dents, simple vacataire, totalement ignorante de ce qu'était cette profession. Pour tout viatique, j'avais une liste de paperasses, et pour toute information sur cette banlieue qui flambait régulièrement, cette phrase merveilleuse de mon chef:
" oh! ne vous inquiétez pas, je crois que vous pourrez garer votre voiture à l'intérieur de l'enceinte de toutes les écoles..."
Vous dire si j'étais outillée.
Kadidja était la première sur la liste, donc la toute première adolescente que j'ai vue dans ce cadre. Elle m'avait demandé d'un air maussade si elle était obligée de se déshabiller. Je lui ai proposé de garder son vaste tee-shirt, que je soulèverais pour l'examen quand ce serait utile. Elle s'est allongée sans un mot. Lorsque j'ai soulevé le tissu, je me suis aperçue qu'elle s'était quadrillé, longuement, presque géométriquement l'abdomen à coup de cutter.
Les scarifications n'étaient pas la mode des adolescentes en quête de scénarios pervers, comme elles le sont devenues. Mais Kadidja, violée à 12 ans, vivant dans famille dont aucune parole de réconfort ne pouvait sortir, n'avait pas trouvé d'autre issue à son immense douleur.


Je sais, madame ou monsieur le rédacteur de ce testalacon: si j'avais été en quête d'audace, j'aurais dû tourner les talons.
Il est bien plus courageux de porter son regard sur le graphique ascendant d'une action boursière, que de soutenir celui de Kadidja.
Mais, ça, faudra me le dire en face, les yeux dans les yeux. A moi, pis à quelques autres fonctionnaires frileux de la protection de l'enfance.

27.5.07

offre valable en France métropolitaine seulement:

Attention mesdames et messieurs, prochainement dans votre ville, à votre porte et sans bouger de chez vous
CECI



Par contre, pour cela:



Un petit déplacement est encore nécessaire.

c'est çui qui dit qui y est.


J'ai beaucoup de sympathie pour D. Ou plus exactement, je suis très sensible au charme de D. et profondément séduite par la riche personnalité qui émane de sa mère, Mme I.

D. est un jeune homme né avec une agénésie du corps calleux, cette structure qui, pour faire grossier, gère les transferts d'informations entre les deux hémisphères. Son absence entraîne des difficultés variées dans certaines programmations, et donc, assez fréquemment des troubles des apprentissages.

Mme I., est une grande femme élégante, assez classique dans son habillement et dans ses propos, d'un abord calme et mesuré. Mais son sourire en coin quand elle raconte que sa première bataille fut de faire naître cet enfant malgré le regard réprobateur de la Faculté, mais tout ce qui se dégage de son attitude corporelle, sans tension aucune, quand elle énumère les batailles suivantes pour le scolariser, dénonce la révolutionnaire d'autant plus dangereuse qu'elle est masquée sous l'habitus de la bourgeoise claire.
Ironique , tenace, et pleine de compassion pour ceux qui, par crainte de l'aventure, passent à coté du bonheur qu'offre la présence de ce délicieux jeune homme. Et cette compassion n'est pas feinte. Depuis longtemps, elle entreprend de rassurer ses interlocuteurs. Plus la position hiérarchique de ceux-ci est élevée, plus elle se fait attentive, pleine de sollicitude pour la responsabilité qu'ils endossent, en acceptant son fils dans leur établissement.
Je considère comme une très grande preuve de confiance le bref regard, sans aucun commentaire, qu'elle m'a lancé à la fin de l'équipe éducative dès lors que les administratifs avaient tourné les talons.

Nous avions convenus qu'il serait bon que D rencontrât la conseillère d'orientation psychologue pour affiner le projet pédagogique. D. éprouve un certain nombre de difficultés pour des activités séquentielles, certains enchaînements logiques, simples et évidents pour d'autres lui apparaissent insurmontables. Ainsi réaliser une recette de cuisine demande à l'examinateur de lui rappeler les étapes une à une. On pouvait mettre ceci en relation avec une mémoire à court terme qu'un test de QI avait testée comme déficiente.

Or, Mme COP au cours de l'entretien, a décidé de lui faire repasser un nouveau test de QI, avec une batterie relativement récente, et qui semble plus fine que l'ancienne en ce qui concerne les processus cognitifs.
Il faut peut-être que je précise que le facteur temps est très important dans ces tests. On peut choisir de travailler en supprimant le chronomètre quand la lenteur paralyse le sujet, mais la cotation sera alors différente. Par ailleurs, il ne faut pas laisser quelqu'un trop longtemps en face d'une question non résolue. Tous ceux qui sont un jour resté en rade, le cerveau asséché, en grand désert blanc, devant une question de math savent combien un échec peut compromettre la suite des évènements. Si l'on se passe du chronomètre, il faut un bon sens clinique pour clore un item et passer au suivant, avant que le découragement ne s'installe.

Je pense que Mme COP, au vu de ce qu'on lui avait dit sur la mémoire à court terme, ne devait pas s'attendre à des miracles en ce qui concernait le test de répétition d'une suite de chiffres. Par quel miracle justement, cette femme s'est aperçue que la radicale immobilité et le silence de D. n'était pas de l'effondrement mais du travail?
Par une grande finesse d'observation sans doute. Et là où le professionnel précédent avait abrégé, elle a attendu. Un temps infini. Au point de me dire plus tard avec humour que c'est elle qui avait souffert- et que sans doute plus que D- pour se rappeler, non d'un chien où est-ce qu'on en est de ce truc là?
Parce qu'elle-même a accepté de pousser au delà de ses propres limites ils sont venus ces foutus chiffres. Et même en nombre impressionnant. Avec un effort immense, une ténacité sans faille, et sans doute un jeu de processus convoqués qui n'en valait guère la chandelle, mais ils sont venus.
Bref D. a pulvérisé les scores. Il est, si l'on supprime le facteur temps, dans les 2% de la population les plus performants.


Ce n'est rien, sans doute. Cela ne changera rien au destin de D., ne modifiera rien au regard chaleureux et perspicace que Mme I. porte sur son fils.
Pour moi, cela valide juste la demande que je fais régulièrement aux enseignants, de laisser du temps à certains élèves, en leur rappelant que même à leur imprimante, ils permettent de choisir entre rapidité et performance.
Pour Mme COP, cela valide la nécessité de ne pratiquer ces tests qu'en présence d'un observateur formé à autre chose qu'à enregistrer des réponses binaires.
Mais cela ne suffit pas à expliquer la sorte d'allégresse qui circulait entre Mme I., Mme COP et moi, nettement perceptible sous le formalisme de nos rapports.

Si ténu que soit le déplacement induit par cette découverte, il nous a fait l'effet d'une note bleue, d'un ajustement minime, mais qui tout d'un coup, permet de déverrouiller une porte pesante, l'effet d'une harmonie restaurée.
Une joie d'ébéniste.

26.5.07

En vrac


J'ai de nouveau une connexion stable. Du coup, j'ai le plaisir d'annoncer l'ouverture d'un blog photo, parce que j'étais un peu à l'étroit avec blogspot. Les peintures sont pas faites, y'a encore des ampoules nues ( déménager, Mâme Kozlika, c'est rien: c'est emménager qui tue sa reum!), mais vous êtes les bienvenus, surtout ceux qui préfèrent quand je me tais. Celui qui aura compris l'abominable jeu de mot brittonnique du nom de blog se verra payer l'coup d'lambig. Je ne risque pas grand chose.

Autre annonce joyeuse, l'atterrissage de Mlle Moi, revenue de ses lointaines îles. Trois mois sans internet, mais avec chaleur humaine de très haut débit semble-t-il.
Mlle Moi, consens-tu à reprendre ton blog? Même en bislama, on est preneurs.
Oxygène est, elle, accessible irrégulièrement, et cela me chagrine. Je venais justement dire qu'on pouvait de nouveau voir ses photos de tresses subtiles et de forêt flamboyante et écouter sa langue nette et digne, mais le lien refuse aujourd'hui de s'afficher. J'espère bien que ce n'est que provisoire.
Anitta me manque. Beaucoup.
Ab6 va-t-elle clore aussi? Elle me manquerait. Beaucoup.

24.5.07

pause involontaire




Petit problème de connexion, le bloug il est fermé pour encore un jour ou deux.
-Ah, Anita en a sûrement profité pour lire ses revues en retard?
-...
-Lesiver ses placards?
-....
-faire ses papiers? Son repassage?
-......
-des mamours au chaton en ratant des réussites idiotes?
-!!!!!!!!!!!

21.5.07

je m'en lasserai peut être un jour, mais en attendant, vous n'avez pas fini d'en bouffer, de la vieille coque...


Celui-ci, c'est le rêve d'un vieil anglais, tel qu'il apparait dans la rivière étale. Un ancien chalutier de bois, immense et ventru, dont tout, hors la coque, est à reprendre.
L'ami John s'active, désosse, brouette, fume, donne un coup de main à tout être humain sur le chantier, gratouille toute espèce de chien, boit une bière, cintre, rectifie, rit beaucoup, et abat une besogne démentielle.
Je le surveille du coin de l'oeil: m'est avis que dès que le pont refait, la coque étanche, bien avant les instruments de navigation, les animaux vont arriver par paires...

20.5.07

message personnel (bis)



Bon anniversaire à toi, ma très belle, mon irrésumable enfant, du vent, des livres, du bonheur ailé pour cette année. Et de l'eau à courir, de l'impatience, du rire, de la vie vive sous la peau, et de l'humour, de l'humour partout...

19.5.07

Ce soir un homme est heureux.

Celui ci:



Son voyage est déja commencé, entre rêve:



Et quelques réalités obstinées.



Que toujours, le rêve sous la quille l'emporte...


Inithiael a été mis à l'eau ce soir.
(Et pour l'instant, il flotte!)

18.5.07

les couleurs de l'âge


Quand je serais vraiment très très vieille, je voudrais ressembler à un vieux bateau de bois.
Des rencontres inattendues m'auront paraphée de couleurs étrangères,
et j'aurais trace de tous mes écueils.
Je pencherai chaque jour un peu plus
vers mes vieux penchants
et je m'en irai par miettes de bois
qui seront minuscules butins
aux enfants d'aventures.

17.5.07

se mettre au 4 4



Aujourd'hui, j'ai quarante-quatre ans.
Ça recule encore un peu plus cette échéance rêvée, celle du jour où je me sentirai enfin complètement adulte.
Quelque chose me dit que dans dix ans, ce sera pareil.
Pas vous?



16.5.07

vous prendrez bien un petit bleu?


Passer de la grand-ville à une petite agglomération vous fait parfois découvrir des endroits de socialisation inattendus.
Ainsi le conteneur de récuperation du verre.
Il est de bon ton de s'y croiser d'un sourire rapide et de baisser les yeux sur le chapeau de la gamine, pardon sur ses propres affaires.
Mais cette fois, je n'ai pu m'empêcher de saisir le sourcil effaré de la brave dame, et sa muette interrogation:
"Gast! de deux choses l'une: ou le docteur boit comme un trou, ou elle ne fait pas le ménage souvent..."
Et par chez nous, le plus infamant des deux n'est pas forcément celui qu'on croit.

PS: ceci dit, demain je trinque avec vous. Je me mets au 4 4 mais juste pour un an!

13.5.07

retour



Les chemins lavés
Les chevaux baissant la tête
J'ai roulé sous la pluie
Les arbres m'ont laissée passer
Non sans méfiance
Je n'étais pas d'ici .

8.5.07

Parfois, la beauté seule


J'aime cette cale de carénage. J'aime cette activité, soutenue parce que les bateaux ne doivent pas rester immobilisés trop longtemps, et patiente à la fois, parce que les points vulnérables sont parfois masqués et que tous savent le prix qu'il en coûte, une fois en mer.
Un bateau est un outil de travail avec un nom, une histoire impartageable avec ceux qui n'embarquent ni ne carènent, un outil qui vampe de très jeunes adolescents dont les visages tendus s'éclairent, tandis que celui des mères se partage entre fierté et peur...

La cale est un endroit où le travail s'arrête parfois, où les homme se rassemblent en conciliabules graves, où l'on hoche la tête, argument pour argument, parce que la couleur que l'on prend pour cinq ou dix ans est d'une légitime importance, parce qu'au mileu de toutes ces duretés, il arrive que la beauté seule, et l'espèce de fierté qu'on éprouve à la contempler, cela seul vous console.

6.5.07

Nicolas, nous voilà


Pour Nicolas, le jour se lève.
Et les ennuis commencent.
Il est dans la situation du petit ours qui voulait tant voir l'autre côté de la montagne, et qui est bien obligé de s'apercevoir que, derrière ce sommet si péniblement gravi, si férocement souhaité, il y a...
L'autre côté de la montagne.
Alors de deux choses, l'une moins pire que l'autre.
Les ayant, selon une de ses expressions paraît-il favorites, "tous nikê", il ne peut se résoudre à s'en satisfaire, et continuera de s'exciter sur des objets les plus divers, pour y imprimer frénétiquement sa marque. Et là, de la justice à la santé, en passant par l'éducation et la culture, le social et l'environnement nous sommes dans la mouise pour un bon bout.

Ou bien, s'apercevant après l'ivresse, que l'exercice du pouvoir est infiniment plus morne que sa conquête, quelque chose se déprime et qui sait? ... laisse place à un doute, une ombre de temporisation, une possibilité, même minime, de se dessaisir d'une miette de pouvoir. Ce serait le mieux qu'on puisse lui, nous souhaiter.

Vivons heureux en attendant la sixième! Tâchons d'être rigolards, solidaires, pas dupes. Continuons d'oeuvrer en sous-main, de soutenir les associations d'aides aux sans papiers, aux sans logis, à toute détresse... continuons de faire des répubrunchs, des soliloques, des chénalacons. Continuons à penser qu'on est quand même mieux ici qu'en face!
Des bises à tous.

3.5.07

Après cinq ans?


le droit opposable, kekcé?
Je ne suis pas juriste, alors j'aimerai bien qu'on m'explique cette nouvelle marotte du droit opposable.
Par contre, je suis une médecin très préoccupée de la scolarité des enfants malades et handicapés.
Alors quand un candidat dit:
"Qu'une famille au bout de cinq ans, à qui on refuserait une place dans une école, pourrait aller devant le tribunal en disant : la République m'a promis un droit.
".

Je gaspe ou je pouffe?

Cinq ans?

Et pour le droit opposable à la place en garderie c'est après cinq ans aussi?

Pour la place en maison de retraite aussi, tiens!

Mon Dieu, si tous mes problèmes thérapeutique pouvaient se résoudre ainsi.

2.5.07

JE SUIS PROMUE



Chers amis,
je suis très émue. Je crois même que la dernière fois que j'ai été aussi émue, c'est quand j'ai été, au bord de l'épilepsie, promue empereure dans CESAR III.
Voui, y a pas la version impératrice, mais on a l'habitude.
Madame LA MINISTRE DU GOUVERNEMENT BLOGOSPHERIQUE, vient de me faire l'insigne honneur de me nommer conseillère en matière de Santé, m'assurant de sa confiance. (La vérité, et l'horreur de toute langue de bois m'oblige à dire que j'ai été nommée en même temps qu'un gône obscur mais fort sympathique, mais bref.)
Madame la Ministre, prouvant ainsi que sa confiance n'est pas un vain mot, vient de me charger d'une mission de la plus haute importance : trouver une autre couleur à la carte vitale.
Madame la Ministre trouvait en effet que la couleur verte s'harmonisait mal avec ses nouvelles chaussures.
Je commence donc à travailler d'arrache-pied sur le sujet. Sachant- héhé!- que Madame la Ministre fut professeure de lettres dans une vie antérieure (y a -t-il une vie avant le Pouvoir?), j'espère qu'Elle verra un discret hommage dans le premier projet que je lui propose.


Coté face, la rhubarbe:




Coté pile, le séné:




Vive la Blogosphère Libre, Vive Madame la Blogoministre, vive Vercintego, vive Vergincé, euh... Vive Versac Ier!!

1.5.07

message personnel



Bon anniversaire, la très chérie, que cette année te soit douce, pleine, rieuse, que tes jupes virevoltantes te soient des ailes!

28.4.07

27.4.07

critique d'art.



J'aime beaucoup ce tableau. Sous l'apparente simplicité de la composition, la touche légère et nerveuse inscrit une veine quasi documentaire. L'artiste y a posé une question essentielle, celle du support même de la projection picturale. Il déconditionne ainsi son propre classissisme, laissant sédimenter, couche par couche, le résidu-quasi sidétique- de l'acte perceptif.

Hélas, ce tableau n'est pas à vendre.
Ou bien :



C'est toute la cale de carénage qu'il vous faudra acquérir.

25.4.07

Où l'on reparle d'Eugène (François Vidocq, bien sûr*)


Il y a un petit moment que je me dis qu'il faut que je réponde au passant. Celui-ci m'écrit, en commentaire de ce post:

l'âge du consentement ne veut pas dire qu'il n'y a pas un certain nombre de troubles qu'on peut identifier comme une attirance exclusive pour des partenaires non nubiles (...) Et rien ne dit que ces troubles ne soient pas génétiques ou du moins innés (rien ne dit le contraire non plus car de toute façon, la première chose à faire serait d'avoir une nosographie non plus basée sur les symptômes mais sur les processus en jeu).
Alors qu'il fait si beau, et que je serais si bien, assise par terre, à me coller du terreau sous les ongles et à foutre en l'air mes chaussures neuves en jardinant avec. Passant, je ne te remercie pas, mais bon.

Merci quand même d'avoir fait une distinction entre inné et génétique. Au moment où nous naissons, ce qui est "inné" chez nous, nous a été transmis de façon bien plus subtile encore que par l'ADN. Ainsi, on viendrait de mettre en évidence que le système sérotoninergique qui influençe précocément le développement du cerveau du foetus serait celui de la mère. Voilà donc de l'inné, mais qui n'est pas transmis par le code génétique présent dans l'embryon.
En naissant, on possède aussi nombres d'expériences, certaines relativement invariantes (c'est quoi ce poum-ta que j'entends régulièrement?), d'autres culturellement codées (miam, maman a encore mangé du pili-pili, du gigot bouilli à la sauce à la menthe, un big beurk, usw...) d'autres encore franchement personnelles (p'tain c'est quoi cette invasion d'adrénaline? ah! c'est maman qui a encore regardé les prévisions du second tour. )
Mais bref, génétique, ou sous forme d'engrammes précoces, il faudrait imaginer un système subtil qui coderait tout à la fois la pulsion (jusque là, OK), l'objet du désir, et la propension à la transgression.
Là, franchement, le bât me blesse.
Sans entrer dans des détails oiseux (les détails en ont marre, eux aussi, non mais!), il faudrait imaginer une série allèlique, comme pour les groupes sanguins.
Soit un gène P pour perversion codant sous sa forme Ppf (petites filles), Ppg (petits garçons), Pa( animaux) Pn (nécrophilie) Pe (électeurs)
Ad libido, pardon ad libitum, puisque, je le rappelle, l'une des caractéristiques de la perversion, c'est souvent la triste répétition des scénarios excitatoires, dont les relations avec les enfants non nubiles ne sont que le versant le plus horrifique pour notre société.
Et comme, pour compliquer le tout, on ne voit pas pourquoi seuls les objets du désir interdits par la loi seraient génétiquement codés, il faudrait admettre d'autres séries de gènes pour le genou de Claire et les coups de menton du petit N.S (à moins qu'on ne range cela dans la catégorie Psm pour sarko-masochisme?)

Franchement, je ne vois pas pourquoi la nature se serait embarrassée d'un système aussi coûteux. Sans compter que toute mutation ayant été plus ou soumise à une sélection naturelle, jusqu'à ce que les scientologues me prouvent contraire, je pense que la mutation "violeurs de t'its n'enfants non en âge de procréer" aurait fortement couru le risque de s'éteindre, que ce soit naturellement ou sous la pression du groupe, qui en plus leur aurait bouffé le foie.

Non, la nature, qu'est une brave chose souvent assez économe, a trouvé un moyen beaucoup moins couteux de stocker l'information " bas les pattes ".
Un truc qui s'appellerait l'éducation, la culture, la transmission des interdits, le soin, l'attention portée aux personnalités troublées, la prévention précoce des carences affectives, la protection de la jeunesse, le soutien de la parentalité.
Ce n'est pas un système parfait, loin de là. Il bugge, souvent. Mais finalement, pas forcément plus que l' ADN...

Donc, scientifiquement, les propos du candidat sont de la bouillie pour chat. Politiquement, ils ont une ombre portée, qui va bien au delà d'une interrogation métaphysique, pour l'instant aussi utile que l'existence d'une tasse pour gaucher. Balayons rapidement les soupçons d'eugénisme, encore qu'on ait vu, dans dans de respectables démocraties, des femmes stérilisées pour moins que ça.
Par contre, pour qui sait combien sont mises à mal toutes les politiques de prévention, de travail social, de soins de proximités, y compris en psychiatrie, et surtout quand on sait combien le lobbying pharmaceutique est prêt à payer pour que tous les troubles mentaux ou presque soient déclarés organiques, et donc accessible à la pharmacopée, les propos du candidat sont tout, sauf candides.


* Eugène François Vidocq, pour ceux qui ne sont pas tombés raides dingues de Claude Brasseur dans le rôle titre de la série télévisée, commença bagnard et finit chef de la Sûreté.

23.4.07

Trompe l'oeil.



Le Pen n'est pas au second tour. Ses thèses, si hélàs.

22.4.07

A cette heure là, la grande gagnante de la soirée


Est, sans contestation aucune, la démocratie.
85% de participation estimée.

C'est toujours bon à prendre.


Edit : m'enfin entendre un ex ministre du budget, grand pourfendeur de fonctionnaires, verser une larmichette sur "les cantons désertés", passer la rhubarde aux malades abandonnés, le séné aux handicapés, sans une seule fois évoquer l'idée que des postiers, des infirmiers, des auxiliaires de vie, ça se paye... Quel culot!
Je sais, c'était ma minute de naïveté.

Bon, faudrait songer à virer, les mouettes ont pied.

quand faut y aller...

19.4.07

Au vent d'ouest



Fendu, rompu par l'hiver,
L'arbre crochu
laissa voir son âme de peintre

18.4.07

Un QI aux petits oignons.


J'ai eu, très récemment, une journée de formation sur les enfants dits à haut potentiel, intellectuellement précoces ou surdoués. Je suis devant la question comme une poule devant un couteau, à moins que ce ne soit comme un cloporte devant un ophicléïde.
D'une part, les conditions mêmes de la formation m'ont légèrement fait lever le sourcil: une intervenante professionnelle, (multi professionelle d'ailleurs), mais aussi membre d'une très militante association, des parents qui veulent entrer,une "invitée" d'abord présentée comme intervenante de seconde intention, professionnelle du soin, mais que se révèlera être membre de la dite association, et donc, parent d'enfants IP. La séance n'avait d'ailleurs débuté qu'après que nous ayons poliment, mais fermement refusé la présence d'une journaliste dans ce qui, dès le départ, se voulait une formation interne.
Vais-je le dire?
Oui.
Ça sentait très fort l'entrisme.
Il m'arrive d'avoir le sourcil sourcilleux, même envers des associations dûment agrées.

Ce sujet m'embarrasse, à plus d'un titre. D'abord parce que toutes les études présentées sur la relation entre haut potentiel et échec scolaire sont d'un grand flou. Les seules que j'ai trouvées sont toutes réalisées à partir d'enfants déjà détectés comme EIP. Or généralement, quand on a éprouvé le besoin de faire un test psychométrique, c'est, en général, qu'il y a déjà un rhinocéros dans le potage.
La question reste donc posée : combien d'EIP vivent raisonnablement bien dans l'école, sans faire suer ni eux ni leurs proches?

Que le mode de souffrance des EIP en échec soit particulier, qu'il pose en soi un paradoxe, je veux bien le croire. Ça ne pense pas forcément mieux, mais ça pense plus vite, et surtout ça pense tout le temps. Ça conceptualise souvent si vite, que ça se demande pourquoi diable on se fatiguerait à faire. La représentation de ce qu'il y a en haut de la montagne est tellement précise, pourquoi mettre un pied devant l'autre pour y aller? Passons à autre chose, tiens, ce ravin...

Qu'il soit nécessaire d'affiner, toujours plus, notre clinique de l'échec, qu'il faille se méfier des diagnostics de carences intellectuelles hâtifs, non étayés, voir biaisés par des observateurs trop prompts à chercher sous le réverbère la montre perdue dans le bois , parce qu'il y a de la lumière à cet endroit-là, soit. Je dirais même que j'applaudis d'une main (oui, j'ai toujours la chatonne dans l'autre)

Qu'on puisse se servir de ces paradoxes pour penser ce que pourrait être une école bien traitante, oui encore. (je la change de main et j'applaudis derechef) Au passage, s'apercevoir que l'école est moins affaire d'intelligence que d'adaptation, c'est loin d'être une révélation.

Que celui qui vit mal parce qu'il se sent "différent" recueille de notre part, respect, attention, et ce qu'il faut d'éclairage pour s'apercevoir qu'il est loin d'être le seul, c'est le minimum.

Mais pourquoi faut-il que l'intervenante, des trémolos dans la voix, nous annonce ainsi le summum de l'horreur:
" Rendez-vous compte, cette dame a un enfant qui a 150 de QI, eh bien il est dans la rue maintenant."
Moi, qu'on soit à la rue, cela me navre, quelque soit la façon dont on résout une suite logique.

De même, lorsque on me dit que tel enfant a "fini" dans un LEP, je me demande pourquoi une société n'aurait pas le droit d'avoir un plombier de génie. Après tout, c'est rare qu' au moment où l'on réussit à déboucher un lavabo, on en vienne à murmurer: " si j'avais su, j'aurais inventé la bombe atomique".

Une fois de plus, je touche l'une des limites de ma profession, agent de l'intime au coeur de la plus massive des institutions. Comment laisser place à l'exceptionnel, sans le rechercher à tout prix, comment le laisser émerger, sans pour autant outiller l'institution d'une désastreuse machine à extraire et rentabiliser l'enfant intellectuellement précoce?

17.4.07

j'avais bien dit que j'en voulais plus!



Vous avez déjà essayé de bloguer sérieusement avec un chaton de 15 jours sevré brutalement par sa mère, et qui ne veut pas seulement un biberon 6 fois par jour, mais des bras en permanence?

15.4.07

Anita vous mène en bateau.

Normalement, à cet endroit là, aurait dû se trouver un post sur la génétique et la neurobiologie des comportements, extrêmement précis, documenté, et rasoir. Pour tout dire, je me suis moi-même endormie en l'écrivant.
Je vais donc le tenir à disposition de tout électeur de NS qui en fera la demande, ce qui ne devrait pas encombrer ma boite, et, parce que l'humeur du moment est au léger, je vais vous présenter un ancien nouveau venu:

Ci-dessus, vous avez une vue imprenable sur le troisième chandelier babord d'Inithiael, jeune homme de 46 ans et de 8m50, qui ne demandait qu'un peu de soins pour reprendre l'eau. Il n'a jamais été aussi près depuis fort longtemps.
Ma foi, on a la cabane de jardin qu'on peut
Poncez, poncez l'escarpolette!
Et aspirer, peignez, reponcer, faites la causette avec les voisins, (la marine, disait mon père, c'est saluer tout ce qui bouge et repeindre le reste), reculez, admirez votre oeuvre, repassez le pinceau sur une pétouille, et surtout rêvez.
Et tiens, puisque vous avez été sages, un aperçu sur l'ultime toilettage du voisin, un certain Pen Duick:

Bon vent!

13.4.07

Qui c'est qui vote S....Y?


Je sais c'est un post à l'économie
c'est pas gentil
Demain, vous aurez un complément
ce sera pas méchant.

Ou p'têt que si.

8.4.07

Enfin libres !

Je sais que je ne risque guère de convaincre qui que ce soit, puisque je pense sincèrement que la quasi totalité de mon lectorat est convaincu d'avance, et l'autre partie non concernée. Mais de temps en temps, il faut bien dire les choses, simplement parce qu'elles nous tiennent à coeur :
Les récents propos de l'ex-ministre à hautes pressions sur l'héritabilité de la pédaufillly, qui fait écho à la recherche des caractères génétiques de la délinquance, ces propos, donc, me soulagent grandement.
Cela fait un peu plus de 18 ans que je m'échine, depuis la rencontre avec celle qui me fit mère pour la première fois, à trouver des moyens d'enseigner les notions de permis/interdit, de limites, de lois, et tout d'un coup, je découvre, benête que je suis, que je n'avais qu' à croiser les doigts et faire confiance à cette nouvelle science prédictive, toute belle, si, comment dire... si BASIQUE!
La génétique des comportements vient de me délivrer d'une astreinte éducative, qui il faut bien le dire, me pesait un peu. Plus besoin d'éducation mes enfants! Un petit cierge à Sainte Thymine, une prière à Sainte Guanine et ses frangines Adénine et Cytosine, un ex voto en passant à Saint Uracile, et tout roule!
Reste à savoir si j'ai choisi le bon géniteur... Car moi, vous me connaissez, je traverse toujours dans les clous.

Cela dit, il m'apparaît nécessaire, compte tenu du rayonnement de la France, de porter nos regards en dehors de nos frontières, et de mondialiser un peu nos reflexions.
Chez nous, sont considérés comme paidaufilllles, les auteurs d'actes sexuels sur moins de 15 ans.
Mais l'âge du consentement varie entre 12 et 21 ans selon les pays. Je ne dis pas que je suis favorable, amis argentins, yémenites, et iraniens, aux relations sexuelles à 12 ans, mais euh... êtes-vous partant pour un caryotype généralisé, afin d'éclairer notre débat?
Et vous, amis malgaches, pour qui l'âge du consentement libre et éclairé ne commence qu'à 21 ans, de quel oeil navré devez-vous regarder la bande de tarés, au sens génétique bien sûr, que nous sommes en France. Pardonnez-nous, nous avons manqué sans doute, du fantastique brassage génétique qui fût le vôtre, et nous avons concentré nos gènes défectueux.
Toutefois, ce n'est rien en comparaison du chaudron de violence et de délinquance que doit représenter la fraction de l'Australie peuplée par les européens, bagnards de droits communs, ayant pratiqué une relative endogamie jusqu'à la fin du XIX° siècle. Tous ces gènes de délinquants rassemblés sur une mince frange littorale, j'en tremble. Perth doit être plus dangereuse que la gare du Nord.
Monsieur l'ex-ministre des Hautes Pressions, je vais vous faire une confidence de quelqu'un qui s'intéresse un peu, professionnellement à la question. Comme les gènes n'ont pas été encore clairement identifiés, leur transmission reste floue. Nous risquons donc de ne pas pouvoir les éliminer. La seule solution reste de noyer ces gènes défectueux par un apport massif de chromosomes venus d'ailleurs. Régularisez préférentiellement ceux qui ont montré leur courage et leur détermination, eux aussi génétiques sans doute, en venant chez nous dans des conditions héroïques. Encourageons nos fils et nos filles à faire des bébés avec eux.
Je suis prête à prendre le pari que le taux de délinquance baissera.
Par simple diversification génétique, bien sûr.

7.4.07

Enigme



C'était un bon jour pour le pique-nique, c'est sûr. Etait-ce un jour rêvé pour le poisson banane?

6.4.07

printemps des sables



J'aime la plage de Pâques, ces premiers jours où, pour peu que la Bretagne soit généreuse, le corps cesse de se défendre. Le printemps s'y déverse comme par surprise, révèle ceux pour qui l'arrivée du soleil marque la fin de l'hiver et ceux qui s'en saisissent comme d'un début d'été.
On croise alors, sur la même étendue de sable, des manteaux tout juste entrouverts et des enfants en maillots de bain. Les premiers, les yeux clos, offrent leur visage au soleil, quand les seconds lui font déjà le dos rond, accroupis sur leur trésors éternellement renouvelés.
Ça gratouille, ça se promène, ça court après les nouveaux ballons, ça échafaude des projets pour les prochaines vacances, ça regrette de ne pas avoir acheté la combi qui aurait permis dès aujourd'hui de se mettre à l'eau, ça fait, bien sûr, d'inépuisables comparaisons météorologiques, ça glisse une ou deux allusions sur le réchauffement de la planète, qu'on déplore ce jour là, du bout des lèvres, tandis que la peau, elle, semble s'allonger et s'assouplir sous la caresse.
Ça glisse aussi un regard ou deux, suivant l'âge ou la compagnie qu'on a, vers un corps ou un autre, à peine émergé de l'enfouissement de l'hiver, et ça rêve, pas encore précisément.
Ça s'étire, ça soupire, ça désire un peu, ça s'offre et s'adoucit, c'est un printemps sur une plage tiède en Finistère.

2.4.07

1968 : sous la plage


En soixante-huit, j’ai cinq ans.
Dans un journal, paraît l’avis de décès de Nicolas Bourbaki, célébrissime mathématicien imaginaire, qui recouvrait un courant bien réel.
Oui, 68, cela pourrait être cela, un événement menteur, le trompe-l’oeil d’une notice biographique, qui offre le spectaculaire en dissimulant l’essentiel, une blague de potache qui masque le déplacement fondamental.
Il ne m’est rien arrivé cette année-là, rien dont je me souvienne.
Néanmoins, ce qui s’y passa alors, court dans ma vie comme un filon de quartz au milieu du granit. Dissimulé le plus souvent, ressurgissant en affleurements parfois très loin des uns des autres, immédiatement reconnaissable.
Je n’ai rien connu du bruit, de la fumée, de l’agitation, ou bien rien ne m’en reste. Peut-être me suis-je endormie, un soir, comme peuvent le faire les enfants de 5 ans, la bouche un peu ouverte, tombée d’un coup au milieu des voix qui s’entrecroisent, de la fumée, du tintement des verres, et de la voix de Francesca Solleville.
Je ne suis pas sûre des sillons qu’ont tracés, en moi, les mots « autogestion », « situationnisme » et « division du travail ». Je pense même que leur principal stigmate est une méfiance ironique et embarrassée de toute théorie verticale, une préférence innée pour le fragmentaire, le douteux, l’incomplet. Je n’aime que les théories asymptotiques, celle qui tendent vers, en se gardant bien de l’atteindre, celles qui admettent en leur sein, une part d’irréductible qui, seule, leur donne sens.
Je sais par contre, ce qui est et demeure ineffaçable en moi. Dans ces discussions fiévreuses, les voix d’hommes se mêlaient à celles des femmes, comme rarement sans doute dans l’histoire. Ces voix de femmes disaient le désir à l’égal de celui des hommes, elles disaient la nécessité urgente d’être compagnons, elles disaient l’amour qui naissait du choix enfin possible, la volonté de porter des enfants voulus qui ne seraient plus des fardeaux...
Cela s’est dit dans la fièvre, cela s’est dit dans la tension, la violence parfois, le théâtralisme sûrement, car l ‘époque, plus encore que Dieu, vomissait les tièdes. Mais enfin cela s’est dit, et je suis presque certaine que la controverse ne s’interrompait même pas, lorsque l’un d’entre eux allait déposer l’un d’entre nous sur un matelas de fortune, au milieu d’autres enfants. Singulière berceuse à laquelle je dois une liberté inégalée dans le choix de mes amours, de mes voyages, de mon métier.
Berceuse qui compense le profond mensonge qui fit surgir, de dessous les pavés, non point la plage, mais un immense, un permanent, un obscène supermarché. Je n’ai pas le culte de la révolution de 1968, mais l’infime et fondamental déplacement que fut la révélation du fait féminin dans ma poreuse enfance, je le vis tous les jours, je m’en nourris, et, croisant les doigts, j’espère en avoir bercé mes petits.

(comme tous les billets qui portent une date, celui-ci est publié également sur le site des Ricochets des blogueurs)

vieille coque




La vague cinglante
Le vent abrupt et traversant
sont des dangers que je connais.
Je me suis moins méfiée
de la vase douce
du chant torpide
de cette invitation rampante
à me coucher et à me taire.
Quelque chose d'indispensable
s'est défait,
et je ne porte plus rien,
qu'une mémoire que chaque marée amenuise.
Pour vous, pour moi
et pour chaque bateau
cela porte un nom tentant, troublant
et sans retour :
cela s'appelle consentir.