13.11.07
Heuristique à la chandelle
Un homme, un jour, errait dans un désert, tourmenté par la soif et la faim. Au coeur de la nuit,à bout de force, il se mit à prier. Sa prière fut intense, à la mesure de sa détresse. Un souffle doux passa autour de lui, et la puissance inconnue déposa un petit tas près de lui. Au toucher, il reconnut des figues, mûres à point. Il en goûta une, et tous les jardins du Paradis lui descendirent dans la bouche. Moelleuses, parfumées, fondantes, elles calmaient tout à la fois la faim, la soif, la solitude et le froid.
Éperdu de reconnaissance, il pria à nouveau, remerciant pour ce don divin.
" Ah, pensa-t-il, quel dommage que mes yeux ne puissent se réjouir comme mon palais, quelle dommage que je ne puisse contempler de mes yeux, ces merveilles qui témoignent, Seigneur, de ton infinie bonté."
Aussitôt, surgie du néant, une chandelle allumée apparut.
Et l'homme put contempler les figues.
Elles étaient toutes, absolument toutes véreuses.
L'homme, alors, souffla la chandelle.
Et se remit à manger les figues.
Stupide aveuglement?
Sublime renoncement?
Conscience intime que rien, jamais n'est parfait?
Accomodante lâcheté?
Je n'ai jamais su décider.
Alors j'ai soufflé la chandelle sur la parabole.
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11 commentaires:
Moralité : dieu est un salopard.
Ben oui quoi, ç'aurait été tellement plus honnête de lui filer des figues pas véreuses !
D'un autre coté, si Dieu filait des figues pas véreuses, la blogosphère disparaîtrait.
Et puis, si ça se trouve, c'est les figues véreuses qui nous filent Dieu.
Moi je dis "Quel courage !"
Sinon j'adore absolument les paraboles.
"Dieu", c'est une drôle de façon de parler de ce que refilent en général les fruits véreux :)
N'empêche, je crois bien que j'ai soufflé la chandelle aussi.
Des bisous, m'dame.
Et les vers , les figues et l'homme continuérent d'exister.
Comme quoi Dieu savait qu'il fallait des proteines à l'homme.
Juste le désir de vivre sans voir ? au moins cet homme avait le choix .
Vous avez soufflé la chandelle sur la parabole , j'en doute .
Cette chandelle, on en sent encore les arcanes dans sa boucane...
Si ça ne rend pas malade après ingestion, je veux bien souffler la bougie !
Quoique pervers comme nous pouvons être je me demande si en plus nous ne réussirions pas à prendre du plaisir à manger les vers en les regardant droit dans les yeux.
Ni renoncement, ni lâcheté, ni aveuglement. C'est juste que lorsqu'on a faim, tout est bon. Et que c'est une chose à ne pas oublier en ces temps d'opulence :-)
Un magnifique exemple de principe de réalité ;-)
Mais alors qu'est-ce qu'il y a au paradis ? Dieu et ses figues ?
Fi de la forfaiture des dieux. Me régaler, malgré la chandelle allumée, des figues véreuses.
mieux vaut ne pas voir, parfois ce qui se cache sous le bonheur… la vérité n'est pas plus belle que l'imaginaire et c'est bien triste…
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