26.2.08

salvatore


Un jour, j'écrirai un livre avec Salvatore. Ça s'appellera "101 façons d'utiliser un bas filé de ma femme, à la maison et au jardin".
Salvatore sauve.
Tout. Des chaises hors d'âge, des ferrailles exténuées, des plantules souffreteuses, des échelles sans montants et sans barreaux, des tabourets perclus, des petits pots de bébé, des lits démontés, des récipients de toutes sortes. Des mal vissés aussi, d'ailleurs, mais c'est un sujet sur lequel il est infiniment moins disert que sur son jardin ou son atelier.
Chez Salvatore, tout se transforme tôt ou tard. Ses trouvailles, organisées par couches comme les villes mortes de Mésopotamie, murissent parfois pendant des années, avant de trouver l'emploi qui les oscarisera à jamais.
Il fait son pain dans des plaques d'offset habilement tuilées, ses pieds de table dans des montants de portes, ses crémaillères dans des pieds de table. La porte de son four s'orne d'une poignée de bois, doucement arrondie, polie par son ancien usage de montant de brouette. Les salades poussent en caissettes suspendues sur des escabeaux, ou bien dans des paniers-à salade, bien sûr- suspendus sur un fil à linge. Les tomates sont montés sur roulettes de berceaux, et promenées le long des rayons de soleil. Faute de place, les potirons sont invités à escalader l'amandier. Les dites cucurbitacés, devenues lourdes, seront étayées de combinaisons bizarres, où le manche à balai et la traverse tiennent une place de choix.
A plus de quatre-vingts ans, il s'émerveille encore de l'aide que lui apportent les vers de terre et les oiseaux. Lui qui, sans cesse comme eux, absorbe, déplace et métabolise le moindre brimborion, ne dérangera jamais la graine apportée par le vent ou la mésange. Tant pis si le rang de fraisier se trouve désorganisé par le basilic imprévu, tant pis si la bourrache prospère entre les poireaux.
Les bas filés? Ohhh, piège à guêpes, pansements d'arbres, poupées de chiffons... Et c'est tout. Vous ne voudriez pas que je vous livre d'avance toutes mes bonnes feuilles, hein?

( une photo de la boulange de Salvatore est sur lookskedenn)

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens, la caverne d'un moderne Ali-Baba...
Ta description du jardin est un régal tout à fait congruent avec sa réalité...

Anonyme a dit…

A chaque fois que tu me racontes Salvatore, ca me fait tout chaud au coeur :)

Tellinestory a dit…

huhu, et bientôt, l'atelier de Still?
La cave de Diogène? la légende des hommes-poireaux? l'armoire aux chaussettes sauvages?
(quart-d'heure plaisanterie privée...)

Anonyme a dit…

Je découvre seulement à l'occasion de ce post ton blog photo qui est superbe. J'avais déjà perçu ton talent photo ici mais là il se révèle impressionnant.
Et j'en profite pour te dire mon émotion à propos de ton texte magnifique sur le petit morceau de tissu que je n'ai lu qu'aujourd'hui.
ça c'est le bon côté d'une insomnie: permettre un grand tour de blogamis et les émotions qui vont avec.

Encre a dit…

Caverne d'Ali Baba ou arche de Noé pour objets rescapés de la poubelle???

J'adore la photo, elle est fascinante. Je me mets ton salvatore en fond d'écran (si ça ne te dérange pas). Délicieux billet qui donne envie de prendre les enfants avec soi et d'aller frapper à la porte de Salvatore, question d'aller s'émerveiller un petit peu :)) S'il te plaît, transmets lui nos salutations et dis-lui toute notre admiration!

Ps. pour les bas filés, on peut aussi les découper en lanières dont on se servira pour attacher les plants de tomates ou les rosiers grimpants à leurs supports ;)

Encre a dit…

Je viens tout juste de voir la photo de sa boulange. C'est si beau !

Anonyme a dit…

Les bas filés devaient pouvoir remplacée une courroie brisée... pas vrai, ça fonctionne pas!

Accent Grave

Anonyme a dit…

On soupçonne Salvatore de filer lui-même les bas, mais ne le répétons pas.

Tellinestory a dit…

@Valclair: touchée. Reviens quand tu veux, on est ouvert jour et nuit.
@Encre: ah, si tu va chez Salvatore, il t'offrira le pain et le café. Tu n'as même pas besoin de dire que tu viens de ma part. Dis lui juste que tu as des soucis avec ton plant de tomate qui ne pousse pas bien.
@Accent-grave: un tissu de mensonge!

@ah oui : c'est cousu de fil blanc...

Anonyme a dit…

Les bas filés servent à faire un petit sac pour y placer les restants de savons, savonnettes pour se laver énergiquement les mains en rentrant ... du jardin.
J'accepte que tu donnes le truc à Salvatore :)

Anonyme a dit…

C'est quand que tu te fais éditer ? (Il -faut- !)

Anonyme a dit…

Je l'adore, ce Salvatore.
J'ai l'impression qu'en Occident, il n'y a vraiment qu'en Europe qu'on trouve encore ce genre de patenteux (bricoleux?). Ici, on ne répare pas, on jette et on rachète, vite, mieux, plus cher et pas du tout réutilisable.
Mais mon petit doigt me dit que le genre Salvatore, il va probablement falloir s'y remettre bientôt...

Tellinestory a dit…

@Madeleine: hop! dans la boite.
@Tippie: pfff! je n'ai encore que 99 trucs avec celui de Madeleine. ;-)
@Tassili: ce que j'ai chez moi, c'est un qui garde en JURANT qu'il va réparer. Demain.