2.2.10

De cadeaux.


NOUS NE SAVONS PAS

Nous ne savons pas où nous allons
Nous ne savons pas qu’il n’y a de vie que risquée
Nous ne savons pas pourquoi la Terre doit tout à la Conscience
Nous ne savons pas, oubliant la pesanteur, nous souvenir qu’il fait bon voler
Nous ne savons pas comment prendre deux bonnes secondes pour taper sur les minutes
Nous ne savons pas et nous ne saurons - caramba ! - jamais faire ce qu’il faut quand il le faut
Nous ne savons pas qu’il est prudent de prendre le temps voulu pour faire l’imbécile
Nous ne savons pas où et quand la mort s’arrête de commencer la vie
Nous ne savons pas pourquoi nous n’avons pas le temps
Nous ne savons pas faire le quintuple saut périlleux
Nous ne savons pas trouver sans chercher
Nous ne savons pas ne pas savoir
Nous ne savons pas filer à l’antillaise
Nous ne savons pas substituer la vie au temps
Nous ne savons pas pourquoi ce jour est le 01.01.2010
Nous ne savons pas que nous ne sommes utiles qu’agréables
Nous ne savons pas pourquoi il ne faut jamais demander pourquoi
Nous ne savons pas que la réponse est déjà entre les cornes de l’escargot
Nous ne savons pas pourquoi, au plus fort de notre activité, nous ne faisons rien
Nous ne savons pas encore que notre infini n’est qu’un rameau sur l’arbre de l’immensité
Nous ne savons pas pourquoi les larves de cigale restent jusqu’à dix-sept ans sous terre
Nous ne savons pas avec certitude que nos certitudes sont les clés de l’impuissance
Nous ne savons pas pourquoi et comment nous avons tout notre temps
Nous ne savons pas bien ce dont nous sommes capables
Nous ne savons pas assez demander notre chemin aux aveugles
Nous ne savons pas pourquoi ni comment l’univers et nous sommes nés
Nous ne savons pas les vers de terre plus beaux que le Taj Mahal et l’Acropole réunis
Nous ne savons pas, même tombés très bas (étant assis sur nos lunettes) désenchanter l’azur
Nous ne savons pas pourquoi (mais savons comment) nous changeons l’or en pauvreté
Nous ne savons pas que les vagues de la mer savent que nos jours sont comptés
Nous ne savons pas déchiffrer le balancement de l’éléphant, le bond du cabri
Nous ne savons pas que la bible éternelle est écrite sur l’aile des oiseaux
Nous ne savons pas pourquoi vivre tient plus que tout de la musique
Nous ne savons pas que le bleu de Prusse est fait de noir désir
Nous ne savons pas nous arrêter d’organiser la fin de tout
Nous ne savons pas pourquoi le café de ce matin
Etait nettement meilleur que d’habitude
Parfumé qu’il était d’azur
Et d’un petit rien
Dansé
Nu

Le texte est de Patrick Lafourcade, la photo de JEA, qui tient le blog Mo(t)saïque. Le hasard a réunis ces deux cadeaux dans ma boîte, à peu d'intervalle. Il y avait aussi dans la marge, un tableau tendre, mais je ne savais pas si je pouvais le rendre public.
Je compte mes richesses!
Et j'embrasse Ada, dont c'est l'anniversaire pour de vrai.

PS : Patrick, je suis désolée : je n'arrive pas à rendre, même en justifiant au centre, la forme de goélette que prend votre texte dans l'aperçu...

2 commentaires:

Maryvonne a dit…

Joyeux anniversaire Ada ! Joyeux Annivesaire pour les 4 ans de ce blog, Anita ! Et merci de nous faire partager tant de belles choses.

ada a dit…

Merci Anita.

J'aime beaucoup ce texte. je suis d'accord avec l'ensemeble sauf pour le quintuple saut périlleux que je le fais tous les jours, voire que je double les jours de février.
La photo est une invitation.
Moi aussi je t'embrasse.

Merci Maryvonne !