Et puis un jour, on ose relever la tête. Enfin, pour moi, cela s’est traduit comme cela : j’ai commencé à arpenter la vie en ne contemplant plus le sol, courbée que j’étais sous le poids de mon encombrant boulet, mais redressée, regardant les autres dans les yeux, et l’horizon vers lequel j’allais...
je ne sais pourquoi j'avais attendu si longtemps. Peut être parce que c'est le propre des boulets que de tenir à nous par de multiples fibres, objets d'attachements autant que d'agacement. Mi-fierté, mi-poids. Mi-stigmate, mi-symbole.
Il fallut peut-être quelque-chose dans l'air du temps, une autorisation implicite pour secouer tout ces attermoiements, pour m'aider à franchir ce que je ne savais pas encore être l'un des caps de mon existence.
Je peux parfaitement me souvenir de la date : j'ai redressé la tête le 9 mai 1981.
Ce jour-là, j'ai sacrifié une part de moi-même, dévorante, invraisemblable, un excès chronophage, un embrouillamini effréné, qui après m'avoir tout autant cachée que désignée, tomba de moi en copeaux silencieux et soyeux, sous les ciseaux d'un coiffeur navré et stoïque.
Ceci est ma huitième participation au sablier de printemps.
Petite précision pour le lectorat d'ailleurs, le 9 mai fut, comme chaque année, la veille du 10 mai, mais le 10 mai 81, la France entière changea de tête.
edit: l'amorce vient du blog de Traou qui, elle, changea de tête, en se laissant pousser les cheveux!
4 commentaires:
ce n'était ni le 9 mai ni le 10, pas même le 6 avril, mais je me suis aussi débarrassée un jour après moultes hésitations, de ce boulet-là. Hélas,tout le monde n'a pas changé de tête après ça...
Le 10 mai, de cette année-là, certains en ont tiré une drôle... de tête. Ils ont l'air d'aller mieux.
Un coiffeur navré ! j'y crois pas
Moi, qui fais partie du lectorat/électorat d'ailleurs, je me souviens bien de cette date. (Qui d'ailleurs a été le prélude d'un changement de tête en Espagne (le 28 octobre 1982) :-) )
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