24.3.08

Pêche à pied.



Il n'y aura pas de photos. Parce que gratter ou viser, il faut radicalement choisir. Alors il va falloir que je tâche autrement.

Il faut imaginer que la rivière est réduite à quelques rubans de métal dépolis. La mer est d'un vert d'huître, plate, à peine ourlée, le sable est glauque. Le crachin a tamponné toutes les couleurs et il faut bien le jaune acéré des ajoncs pour transpercer ce coton qui étouffe les bruits et ravive les odeurs.
Le pied s'enfonce légèrement dans cette vase rincée deux fois par jour, qui n'a rien de fétide. Des coques, comme s'il en pleuvait d'en bas, une abondance inconcevable, un filon nourricier qu'on dédaignera cette fois.
C'est la palourde que nous sommes venus chercher, plus discrète, moins grégaire. Le grattoir fouille, retourne un sillon presque noir. L'oeil déshabitué s'y perd le premier quart d'heure, puis très vite s'affûte à reconnaitre les deux petits trous dans le sable, et le profil ovoïde du meilleur coquillage des plages bretonnes.
On parle peu. Un grognement de satisfaction, la chute d'un caillou vivant dans le panier à maille, le sourire à l'envol d'un héron nous servirons de lien conjugal, une heure durant.
Ce n'est qu'en remontant le chemin parmi les racines lessivées des pins maritimes, fourbus, le pantalon trempé mais le chandail sec sous la vareuse de travail, heureux et bons derniers qu'on s'autorisera, en récompense tout autant qu'en avant-goût, à mordre le sel sur la bouche de l'autre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est la palourde à pas légers
des amants
Qui ont maille à partir
Et bonheur à sel de bouche

Le poète dont le nom évoquait le printemps
Etait moins généreux
Avec son rêve qu'il lançait
Comme "l'immense filet aux mailles innombrables
Qui drague sans espoir les eaux profondes
A la recherche d'une problématique trésor"
Mais c'était Reverdy...