11.3.07

Identité déclinée


Dans un billet de la série "Ricochets", j'évoquais le double sens, voire l'antinomie, contenus dans le mot partage. Mon très cher Diogène ( mais ouvre un blog, sacré nom d'une clé à molette!), qui continue, bien que je le connaisse depuis des années, à me scotcher sur place, me dit alors, qu'en fait d'ambiguïté, on ne pouvait guère faire mieux que le mot "Identité".

Un blog à développement durable fonctionnant bien entendu sur le recyclage, je m'étais promis de faire un billet là dessus. Je ne pensais pas le faire dans une actualité si crue.

Un Ministère de l'Identité Nationale? Mais de laquelle?
Mon identité, c'est en partie ce qui me fait ressembler aux autres. Qui fait que je me repère, ici ou ailleurs comme française, apte, non pas génétiquement, mais culturellement, à apprécier les escargots à l'ail et dédaigner la croustillante sauterelle grillée. J'ai aussi une identité de femme, qui me programme, génétiquement cette fois-ci, (dixit une enquête de l'Inserm), pour virer définitivement le rouleau de carton signant la fin de la réserve de PQ, DANS la poubelle, et pas À COTÉ. Il y a entre vous et moi, une certaine identité de vue, si j'en crois vos commentaires, sur l'instigateur de ce fameux ministère, et une tendance à attribuer cette promessse électorale, à la nécessité d'aller pêcher les voix de ceux qui s'identifient au borgne vitupérant.

Mais mon identité, c'est aussi celle qui fait de moi un être singulier, et ma carte d'identité porte (devrait porter, elle est périmée depuis 3 ans, et, oui, cela fait partie intégrante de mon identité): yeux verts, 1m 63, sexe féminin, et mes empreintes digitales uniques, tous ces signes qui permettent sans coup férir à un gendarme de ne pas me confondre avec un terroriste syrien barbu, et encore moins avec une fraise des bois.

Alors, ce ministère, c'est pourquoi faire? pour vérifier qu'un natif de l'Ohio a bien ingéré sa ration d'escargots et de pages du Bartholo Magazine? Ou pour vérifier que tel natif de l'Ouzbekistan continue, malgré la loi dite "BENISTI" à "parler aux enfants le patois du pays"?
(vous ne trouverez plus cette formule texto-elle était dans le premier rapport qui déclenché une telle volée de bois vert chez les linguistes que la piétaille sous secretariale a été obligée de lui faire un lifting d'urgence!)
Je dénierai pas à cette graine de dictateur son identité française. Mais je ne m'identifie pas à ses supports obsessionnels. Dans mon identité française, il y a eu du hasard et du désir, il y a de l'appropriation et du refus, du situé et du volatil, de l'ancre et de l'erre.
Je me permet donc de revendiquer ici, sous une identité d'emprunt, une identité nationale inassimilable, invérifiable, insituable,inencadrable, inencartable, mais poreuse, mouvante, jouissive, reliée, vivante...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah oui, vive l'identité multiple, mélangée, impossible à ficher, pas nationale pour un sou, c'est notre richesse.

Anonyme a dit…

L'identité... j'accepte l'autre et l'autre m'accepte. Cela avait peut-être du sens quand les pays mesuraient 1000 hectares, et les groupes petits mais maintenant?

Anonyme a dit…

Lorsque l'on a une double culture, que l'on est à la fois du Nord et du Sud, que, par bonheur, les hasards de l'histoire nous ont construit ouvert au monde et aux autres comment se reconnaître dans cette vision qui limite, encadre, exclue ?

Anonyme a dit…

L'identité, tu la définis très bien.
Adoptée !

Tellinestory a dit…

@merkaat, oxygène et fauvette: d'accord, donc, pour le ministère de l'identité variable?
@Moukmouk: je ne suis pas sûre, effectivement, d'accepter tous les autres. Comme dirait Desproges, en face de certains adeptes de la chasse à l'enfant, je pouffe à peine.
De là à admettre qu'un Etat encourage mes mauvais penchants...