25.9.08

Rechute


J'ai rechuté. Je suis relapse.
Je pensais cette histoire terminée pour moi, j'étais quasiment sûre que mon cerveau avait fini par se déconditionner. Quand même, le sevrage se comptait en année et j'en était contente.
Plus de crise de manque le dimanche soir, quand on a brûlé toutes ses cartouches, plus de regard envieux vers le voisin, plus de tentation d'aller taxer.
Une grande paix lorsque le sujet était abordé, le sentiment d'être ailleurs, au delà...
A quoi cela a tenu? Une période plus solitaire, des soirées un peu longue? La rentrée et ses quelques tensions?
Curieusement, c'est sans doute à ma fille aînée que je dois cette rechute, et c'est peut-être un retour de boomerang, car je suis en partie responsable de sa propre dépendance.
Dans son déménagement, elle a laissé, ne pouvant l'emmener, une bibliothèque.
Vide.
Insupportablement.
Et j'ai craqué. J'ai rouvert un carton, rempli un rayonnage et je me suis remise à lire.
Trois ans, merde.

DANS LE CARTON POLARS DIVERS

Il y avait Donald Henderson Clarke et Un nommé Louis Beretti
avec Alias Tire-au-But, Louis Beretti a longtemps été mon préféré. Je le reprend avec une infinie nostalgie, parce qu'il me rappelle un temps révolu.
Non, n'allez pas croire que je regrette la Prohibition! Je ne suis quand même pas si vieille. Ce n'est pas ce que décrit le livre, qui me ramène en arrière avec douceur. C'est de l'avoir lu en un temps qui me paraissait sans effroi.
Dans le milieu des années 70, nous n'avions pas le syndrome du monde méchant. Les crimes que l'on nous montrait à la télé était ceux de rois maudits et personne à ma connaissance n'était entré dans un lycée pour y vider un chargeur.
C'est donc l'esprit parfaitement serein que j'ai pu découvrir le monde de Louis qui jouait à mettre le feu au chapeau des chinois qui allaient jouer au fan-tan.
Sûr, Louis est un dur, qui découvre le sexe et l'opium le même jour, du coté de ses quinze ans, le jour, tiens, où son ami Big Italy tua son premier homme sur un toit de Chinatown.
C'est un macho aussi, qui peut se laisser surprendre en train de parler à une femme et l'écouter tant que ce n'est pas la sienne, qui veille sur la vertu de ses soeurs, qui achète à sa mère une maison pourvue d'un confort dont elle ne profitera pas, et dont les phalanges connaitront une lente migration vers le poignet, jusqu'au jour où il sera enfin assez puissant dans le trafic d'alcool pour arrêter de cogner.
Pourquoi diable me reste-t-il si sympathique?
Sans doute parce qu'Henderson Clarke relate une réalité loin d'être rose, mais sans vouloir en rajouter, sans vouloir à tout prix nous tirer un frisson de répulsion.
Il y a de la loyauté dans Louis, autant qu'il y en a dans son auteur. C'est un bon fils, un bootlegger consciencieux, un compagnon solide.
Peut-être parce que c'est avant tout un migrant, et qu'à l'instar de mon aïeul, la respectabilité est un luxe qui prend souvent quelques générations. Bien des petits capitalistes de banlieue, qui savent au berceau que l'essentiel est de prendre et de vendre le plus vite possible, sont, sans s'en douter, sur le chemin d'une honorabilité qui ne leur sera reconnue que plus tard.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Et pendant ce temps, Hubert Bonisseur de la Bath se tirait d'un Moche coup à Moscou ou faisait du Gâchis à Karachi...

Marianne a dit…

Aussi longtemps que l'addiction est partagée , rien à dire .

Tili a dit…

Addict aussi et le problème de place, aussi...
Du coup je donne beaucoup, j'echange, je distribue :-D

Anita je t'ai répondu, le ton est souvent mal capté dans mes texte (car j'ecris mal) du coup l'ironie est mal perçue. Mais ce que je voulais dire c'est qu'avec un système où l'instruction devient un bien commercial on peut craindre de se retrouver dans une situation à "l'américaine" où les déficits attentionnels sont "soignés" avec la molécule que tu sais. Que donc il faut se serrer les coudes et protéger ceux qui disparaissent des textes.
Bisous aussi.

Tili a dit…

texteS

P'tit patapon a dit…

Quelle délicieuse rechute vous nous faîtes partager là ! Moi je préfère les garder au secret tendant à faire croire que je tiens la distance,par la force d'une inébranlable volonté .Jusqu'au jour où j'en laisse trainer un qui me trahi et alors, morte de honte j'avoue à mon entourage découragé, que quelques heures dans la semaine....Voilà j'ai besoin ...mais que cela ne durera pas je repartirais bientôt en consolidation

l'âne Onyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
l'âne Onyme a dit…

Ben moi c'est l'Ane Onyme, je suis venu à cette réunion sur les conseils d'un ami qui lui aussi.. Bouhhhhhhhh. pardon je n'arrive pas à retenir mes larmes.
Moi non plus je ne peux pas à arrêter. La plupart de mes instants de liberté sont consacrés à ça. Y compris chez le médecin. Et là c'est terrible : moi qui vient en consultation pour ça, sur la table de la salle d'attente là, des revues - Paris Match, Jours de France, l'Express. Ma main est attirée irrésistiblement, je mords mes lèvres, je me fais violence et... Je craque, encore une fois.
Quand je surfe sur internet, des blogs irresponsables proposent des livres que je n'ai pas encore lus ! Imaginez... Je clique sur les sites de vente à distance, et mes maigres économies sont encore plus anémiées.
Alors j'espère que ces réunions m'aideront à franchir le pas et à enfin arrêter, à être comme tout le monde : regarder la télé.

Tellinestory a dit…

@Yves: euh, j'ai toujours préféré les tough guys ou les vrais excentrique. celui là...
@Marianne : j'avais bien reconnu une sister addict.
@Tili: je t'ai répondu sur ton site. A part ça, tu me confirmes que les toxicos sont de dangereux prosélytes. suis sûre que tu ne recules pas devant le fait de fourguer ta came à des maternelles.
@Ptit patapon : je suis avec toi. Tout mon soutien.
@L'âne: A 18h ce soir "coup de foudre à saint Tropez"
La méthadone qu'il te faut.

Anonyme a dit…

Ne te prive pas d'overdose, au point où tu en es...