Ça avait été épuisant. Un face à face sur la corde, un ping-pong menteur, un jeu de roulette russe à barillet plein. Plus que d'habitude? Peut-être, parce que la circonstance était exceptionnelle. Pas vu ça depuis le siècle dernier, le manège avait cessé de tourner brutalement, projetant tout le monde contre le mur du fond.
Mais pas que. Parce que même ça, il savait faire. Surfer sur les vagues monstrueuses, échapper au maëlstrom, survivre.
Et plus encore. L'écroulement des empires, ça rapporte autant que leur construction.
Alors oui, il avait commencé par jeter toutes ses forces, toutes ses ruses dans cette bataille. Prendre tout le monde de vitesse, être le premier à sortir de la fournaise, tant pis pour les autres. Il avait cette voix, autoritaire et moelleuse tour à tour, cette capacité à séduire, convaincre trois personnes à la fois dans trois endroits différents.
Allez savoir pourquoi, pour lui qui avait connu toutes les places fortes du monde, ça s'était arrêté là, sur ce trottoir gris et sale, pourquoi subitement, il avait décidé que tout ce cirque ne l'intéressait plus. Pourquoi, lui qui, au poker comme à la bourse, avait toujours cannibalisé ses adversaires avec jouissance, il avait, d'une phrase, laissé à son interlocuteur, un gain inespéré.
"Ça va, dit-il, je me couche"
Et puis il l'avait fait, comme ça, à même le trottoir gris, et, pendant que toutes les places boursières s'écroulaient, il écoutait ce que cet intime et minuscule effondrement avait à lui dire.
La photo est d'Akynou "herself et dans sa personne", et ceci est la deuxième partie de son jeu. On en profite pour dire qu'Akynou, elle prend des photos belles, sensibles, parfois drôles et parfois pas, mais toujours prises avec un sacré oeil.
1 commentaire:
merci :-)
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