Il est trois heures du matin, je n'arrive pas à dormir. J'entends le bruit de la mer, des vagues qui s'écrasent contre la falaise en soupirant, en rongeant de leur larmes les pierres insensibles.
Je ne sais pas pourquoi je me suis réveillée, dans cette chambre à coucher qui ressemble à une cabine de bateau.
Je sais juste que je viens de l'être, que j'ai erré de longues minutes-une heure? - dans quelque chose qui n'était pas le sommeil et pas encore l'insomnie, dans cet état confus où le cerveau joue à saute mouton et vous promène avec une humeur badine de réminiscences absurdes-
cet air d'opéra :
(ohne End',
ohn' Erwachen, )
d'où vient-il?*
et la fin de cette histoire d'explorateur qui faisait tourner une panthère au dessus de sa tête pour obtenir 2x π panthère (deux pipes en terre), merde, c'était quoi?
-en préoccupations terre à terre et, à cette heure là, comme frappées d'irrémédiable:
Avec qui ai-je rendez vous le 6 avril prochain entre midi et treize heures?
Je ne sais pas pourquoi je suis réveillée, mais je me connais assez pour savoir que je ne pourrais me rendormir qu'en ayant assemblé le puzzle désordonné en une figure un tout petit peu cohérente, lorsque j'aurai désamorcé ce qui bute et embouteille la pensée.
Redressons-nous sur l'oreiller, et amorçons la séquence tire-bouchon.
Ah. Kozlika est dans ma maison. L'opéra, le tabac. Les rendez-vous aussi-j'ai eu itou une dame du mardi. Oui, cela a à voir avec sa présence.
Mais pourquoi ce réveil?
J'ai peur qu'elle s'ennuie, qu'elle dorme mal, que le vent la gêne, qu'elle ait froid.
Mais ého!, elle est la générosité même, pourquoi t'en voudrait-elle? Tu lui a donné les conditions météo, ce que tu as appelé en plaisantant « les conditions générales de vente du séjour! » Et puis, le temps instable, cela fait des couchers de soleils magnifiques, du bleu au parme...
Décidément-et je m'engueule- qu'est-ce qu'on est doué pour s'enquiquiner la vie et toujours prêt à faire pénitence ( X ave et dix je vous salue...) pour trois fois rien.
Allez ton invitée dort.
Ou alors elle blogue et c'est tant mieux.
Alors, tu vois bien, ce n'est pas une insomnie. C'est une veille. Et puisque tu n'entend nul bruit venant de sa chambre, rendors-toi.
Ou blogue.
C'est la participation n°3 au Sablier du printemps.
Petite précision, particulièrement à mon gentil lecteur qui était persuadé, à la lecture du précédent billet, que j'avais échangé un vieil époux, des filles en grande partie ado et une ravissante salle de bain contre un jeunot, deux marmots et une immonde salle d'eau que tout ceci n'est qu'une fiction, prétexte à utiliser une amorce et dix mots.
A part évidemment, que j'ai le plaisir immense de recevoir une dame d'une rare générosité. Je le dis pendant qu'elle dort. :-)
* "sans fin, sans réveil": Tristan et Isolde
L'amorce est tirée du blog de Zoridae
6 commentaires:
encore une fois très fort, et tendre aussi. Au dodo maintenant...
Quelle jolie description de l'entre rêve et réveil
Tu as gardé un peu de tempête pour ton invitée ? C'est tellement beau.
Bises à toutes deux
Ah ces conditions générales de vente, ce n'est pas rien ! Plus délicat à manier qu'un tire-bouchon finalement.
Mais j'adore tes saute-moutons.
Merci de veiller sur elle, elle est précieuse !
LIER-DÉLIER
à l'amorce
à l'entame
des bois
flottés
et d'autres
flottant
comme disent
les docteurs
en charge
de recueillir
les paroles
immergées...
mais ceci
est une autre
histoire
que chacun
et chacune
délie
à sa manière
dans ses singuliers
secrets...
les nuits
où l'on se lie
à la mer
à la terre
à tristan
et isolde
qui retournent
leur sablier...
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