16.4.09

Faut sauver le soldat rayonne. ( private post)

Les blogs sont pleins d'histoires de chaussettes.
Veuves.
Esseulées.
Condamnées à attendre solitairement le retour de leur moitié de paire, des semaines durant, voire des mois chez certains procrastinateurs d'élite, recroquevillées en petit tas dans une bachole en plastique blanc, en osier chez les plus chics.
Au fond d'un placard noir, solitairement, la chaussette restante espère et patiente.
Certaines, pour meubler leur solitude et adoucir leur peine, se racontent d'improbables histoires dont l'une a été récemment recueillie par Monsieur Réponse, homme bon et délicat qui ne pouvait imaginer laisser sans réponse une question aussi cruciale pour le mi-bas.
Parfois, l'humanité distraite-feignante aussi hélas- se laisse attendrir et abrège le calvaire de la socquette. Poubelle, vidange ou chiffonniers, on tranche le noeud gordien et par là-même on se délivre du regard accusateur que vous lance la délaissée à chaque corvée de linge.

Mais certains d'entre nous s'obstinent, sans relâche. On lance les troupes d'interpolochons, on sonde les fauteuils et jusqu'aux revers des bibliothèques, on retrace des itinéraires sur des cartes d'états-majors...
Et des fois, on gagne.
Après 237 jours de captivité sous un matelas, je viens de délivrer l'une d'entre elles.
Happy end, embrassade et rideau.

Ou presque.
Car il y a plus terrible encore que l'attente sans fin, plus déchirant que l'euthanasie de la dernière chaussette. C'est si tragique que je n'en ai vu mention nulle part sur les blogs.

Elles sont réunies, oui.
Mais le temps a passé. L'une a vieilli doucement parfumée de lessive bio, tandis que l'autre connaissait les rigueurs de la poussière et des attaques bacteriennes.
Une chaussette d'adolescent(e) laissée à elle-même durant des jours et des jours, dans des conditions extrêmes, cela ne tarde pas à retourner à l'état sauvage.

Elles sont réunies. Elles ne se reconnaissent plus.
Leur prometteuse histoire d'amour ( "où tu iras, j'irais, jusqu'à la fin du monde") a été brisée net. A quoi donc leur a servi leur inutile fidélité, leur chasteté absolue durant l'épreuve? Plus rien ne sera comme avant. Plus jamais elles ne feront les fières ensemble. Leur désaccord est bien trop visible. Même pour les festou noz.

Lecteur, mon ami, lectrice ma soeur, garde-toi de trouver ce post futile. Aide-moi et tourne un regard lourd de reproche vers l'Adolescente inconsciente, dont je sais qu'elle me lit :
"Mon enfant, tes 16 ans printaniers ne te rendent-ils pas sensible à la tristesse absolue de cette histoire? Combien de couples vas-tu ainsi briser, ô jeunesse cruelle, avant de décider que toute histoire d'amour mérite notre protection?"

C'est mon dernier espoir.
Parce que décidément, "descends ton linge sale, criss* ed feignasse baptisée à l'huile de lièvre!" ça marche pô.

14 commentaires:

Gilsob a dit…

C'est vrai que cela manque, une réelle étude scientifique sur le génocide des chaussettes solitaire! C'est vrai quoi, j'ai pourtant bien mis la paire dans la machine!

Yves a dit…

La chaussette esseulée au sortir du lave-linge porte un nom : la patoplasbille.
(Le Baleinié*, Dictionnaire des tracas, Seuil, 2003)

* Ça ne s'invente pas ! Enfin si, mais ce n'est pas moi !

Enn' a dit…

J'ai un jour décidé un grand génocide de chaussettes solitaires, tassées depuis longtemps au fond de ma panière an châtaignier (du pays basque). Contente, ayant éliminé sans pitié une bonne vingtaine de specimens, je pensais être tranquille quelques temps, moyennant un peu d'attention. Que nenni ! un mois à peine après, le fond de ma corbeille se tapissait à nouveau de chaussettes esseulées, c'est à n'y rien comprendre.

malie a dit…

Déjà briseuse de couples, à cet âge !

FD-Labaroline a dit…

La solution c'est d'avoir dézados qui peuvent porter dépareillé aux pieds puisqu'ils ont des jeans aussi longs que des traînes de mariée !

Sar@h a dit…

16 ans … Le pire est à venir !

Non seulement les deux ados sèment leur moitié de chaussettes mais pire, le week-end venu quand ils rentrent de leur semaine estudiantine, par mégarde, ils divorcent les miennes en les invitant à leur lessive ! Mes douces naïves, séduites par la jeunesse ne résistent pas …

J'étends les chaussettes au-dessus de la machine à laver, les pinces à linge vont par deux de la même couleur … Ainsi, une pince non utilisée symbolise une fugue ! Il faut peu de temps pour réaliser qu'il n'y a plus de paire d'épingles disponibles.

Parfois, j'imagine organiser une foire aux chaussettes sur le pas de la porte. Chacun apporterait ses larguées et avec un peu de chance, on pourrait faire des remariages.

Solution adoptée par les deux étudiants : ils achètent leurs chaussettes par lot de plusieurs identiques … Comme ça, ça se voit moins vite ! Mais ils perdent rarement un nombre pair de chaussettes, c'est ça qui m'intrigue !

La Marguerite du pré aux bouzes a dit…

J'vous dis pas quand qu'y faut qu'elles aillent par quat'...

JEA a dit…

Sauver le GI ?
G-ravement
I-nconsolable ???
Une chaussette comme une cassette sous les herbes interdites de folies de Colleville.
Et son (sa) double servant d'abri pour les crevettes polyglotes d'Omaha beach ?

Fauvette a dit…

Je compatis. Allez l'Ado un effort quoi !

Chez moi les chaussettes ne sont pas esseulées, mais elle rétrécissent les ingrates.

Marianne a dit…

Problème planétaire que la désunion des chaussettes après un passage à la machine à laver et que dire de celles qui se séparent avant même l'épreuve du lavage !
Au moins les collants n'ont pas ce souci , les deux jambes sont unies à vie . Quand je pense qu'Eddy Mitchell avait choisi les chaussettes noires pour sa formation , pas étonnant qu'elle n'existe plus !

Moukmouk a dit…

Attention, il est connu que les chaussettes qui disparaissent dans le sèche-linge se réincarne en cintre dans l'armoire.

L'Adolescente a dit…

Quoi !
Je m'insurge du plus profond de moi-même. Mon linge sale, je le descend... Quand il est sale ! Quand il tient debout tout seul, quoi.
C'est pour l'économie d'énergie.
'Comprenez ?

Quand aux chaussettes esseulées, engloutie par mon lit, c'est pas ma faute, il en est très friand... Si je ne lui donne pas au moins une dizaine de feuille et une demi-douzaine de bouquins, sans compter les stylos-billes, je ne suis pas sure de dormir tranquille...
Les chaussettes, c'est de temps en temps, quand il s'est bien tenu !
C'est pour l'éduquer.
'Comprenez ?

André a dit…

Le linge sale de tout le monde ça allait dans le même baquet . Le blanc avec le gros linge.
Quelqu'un triait au moment de laver.
Le linge propre qu'un ramène ( le voisin est allé chercher la brouette à Rosa).....
Et comment décider si c'est l'odeur d'une chaussette propre ou celles des sales qu'on prefèrent?

James Sacré (un baquet de linge) ed le dé bleu

Otir a dit…

Nous réglâmes il y a fort longtemps ce drame séculaire de la chaussette dépareillée en n'achetant plus que des paires identiques. Ce que l'on perd en originalité, on le gagne en famille nombreuse.

La chaussette finalement trouée se recycle en gant à poussière.

Et vive l'imparité !