25.9.09
Partage.
Hier, elle est venue avec un panier plein de poissons magnifiques. Puis elle est repartie.
Ce matin, il est passé déposer un plat d'étrilles, ces petits crabes rouges et si délicieux à gratter. Puis, il est reparti.
Aujourd'hui, ce sont mes amis qui m'ont nourrie.
Pour eux, c'est sans doute un geste presque banal. Un peu plus qu'un geste de voisins, parce que l'amitié qu'ils nous montrent est sans feinte, mais rien, pour eux, qui doive faire mention.
Et pourtant, c'est bien plus que l'offre d'un repas en commun, bien plus qu'une civilité. Je mange, ni en invitée, ni en hôte, je mange à l'intérieur d'un cercle, je mange en partage.
Je pense à deux amies* qui très récemment, ont écrit des billets émouvants sur la difficulté qu'il y a, parfois, à se sentir une place au monde.
Je songe, devant mes crabes cerises, que fille de divorcés et petite-fille de migrants, il n'y a guère d'endroit dont je puisse revendiquer cette possession partielle fondée sur le souvenir et sur l'ancien usage. Nulle maison de famille, nuls greniers, nul ami d'enfance.
Cette pêche, donnée comme en passant, me rattache doucement à ceux des miens qui ont connu, il y a longtemps et loin, un village tissé de ces gestes entrecroisés.
Je mange avec plus que du plaisir. Je mange avec une émotion qui dessine la nostalgie d'une terre nourricière, d'un clan, d'une mère aussi, sans doute. Liens de sel et de sens.
Je mange et je rêve, avec étonnement, à l'imparable justesse avec laquelle, en peu de temps, en peu de mots, elle et lui sont devenus gens que j'aime, comme si j'étais d'ici depuis toujours.
D'ailleurs, à y regarder de près, les poissons, c'était bien des lieux.
* Ici et puis là.
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7 commentaires:
Lieux de vie, lieux d'ancrage...
Sentir chez l'autre sa part d'humanité. Le monde est si simple en l'absence d'arrière-pensée.
Il reste quelques biscuits de Briec-de-l'Odet et vous n'en aviez pas enore été remerciée...
J' en ai la larme à l' oeil .....il est bientôt 14h, le commandant attend son équipage ....un peu d' air salé pour sècher cette humidité au bord des cils !
C'est que c'est drôlement bon, goûteux et tendre chez toi !
Je souris de plaisir car tu éveilles bien des souvenirs de ces dons essentiels qui font chaud au coeur et intègrent à un cercle quand on n'est pas de quelque part ou de trop loin.
J'aime bien tes histoires ... et je n'ai rien à en dire, je ne fais qu'apprécier !
C'est tellement mieux quand on partage...
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