13.10.08

Sois sage, ô mon insu et tiens toi plus tranquille...


J'ai un insu.
Enfin, comme tout le monde, plusieurs, bien entendu.
Certains sont issus de mon plein gré, comme ceux qui dérivent d'ici. Naissant des mots ou des images, il en folâtre quelques uns chez vous et j'approuve de ne pas savoir toujours s'ils vous font rire, rêver ou penser au dîner du soir.
Les insus d'ici sont toujours une promesse vague, mais réconfortante, un fil d'Ariane tricoté à d'autres, insus tissus sans souci.
Sans souci, parce que sans figure, flottants en quelque sorte.

Or récemment, me sont revenus, presque incidemment, un, voire deux insus, d'un modèle éminemment rebondissant.
Quelque chose aurait pris place là bas. Je ne sais pas quoi d'ailleurs.
A mon insu s'est joint quelque chose de moi et cela mène sa vie, avec une certaine malice.
Je ne crois pas à l'innocence de l'insu.
Peut-être à son initiale insouciance, oui, mais à sa malice plus encore.


Que faire?

Un insu qui prend figure, un insu su est toujours infiniment troublant, déconcertant et précieux à la fois et quelque peu embarrassant.
Surtout quand c'est chez un monsieur qu'il a élu domicile.
Parce que bien sûr, mettez vous à ma place, on ne peut s'empêcher alors, et totalement à l'insu de celui qui héberge le vôtre, de laisser son imagination prendre le dessus.
Et comme je rêve à votre insu, le rêve est pour moi flatteur.


Est-ce doux? Est-ce amer? Est-ce que cela se comporte comme un familier? Ou bien comme une épine irritante et butée?
Est-ce que cela souffle en rafale, en soulevant les feuilles mortes de votre seuil?
Est-ce que cela s'insinue en chuintant?
Est-ce attachant et inopportun comme un jeune chiot?

Y-a-t-il seulement un chat à fouetter?

Est-ce vivace, ou bien suffira-t-il de le mettre en lumière pour l'éteindre?

Allons, vous voyez bien ce qui, de votre insu au mien, se renvoie en souriant, ce qui, de vous, à pris place chez moi : il rôde, autour de cet insu masqué, de la curiosité tentée tenue en laisse, de la douceur effilochée en rêverie, un sentiment de responsabilité de ce qui s'est échappé...

Rendez-moi mon insu s'il vous dérange. Je le reprendrai sans discuter. Mais s'il vous plaît de le garder, s'il est sur le point de se transformer en souvenir désarmé, soyez-sûr, vous qui l'avez hébergé, que mes pensées vous accompagnent.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Zut, zut, maintenant me voilà prise par une curiosité qui s'insinue à mon plein insu. Que l'insu te soit succulent.

Tinou a dit…

Superbe ! Je suis subjuguée par ce texte que je lis et relis ... de mon plein gré !

Anonyme a dit…

quel délicieux texte !
je reviendrai en savourer le tissage que je pressens précieux...

Agaagla

Anonyme a dit…

Ahhh, magnifique de légèreté et combien juste, je me disais bien moi-même que mon insu me joue des tours en ce moment, comment gérer cette chose là? ;0)

Anonyme a dit…

Je l'ai mis en lien chez moi, ça ne t'ennuie pas?

l'âne Onyme a dit…

Un insu vaut mieux que deux qui s'ignorent...
L'important, c'est la prose... Alors bravo pour la tienne.

Anonyme a dit…

que cet insu est joli, je l'ai lu de mon plein gré !

Marianne a dit…

Comment rendre de mon plein gré ce que je garde à mon insu . Les dossiers administratifs sont ils aussi, ainsi rédigés ?