20.7.07
C'est curieux ce besoin qu'ont les marins, de faire des phrases...*
La phrase du jour d'hier venait, comme je le disais en commentaire à EOR, de l'Almanach du Marin Breton.
Ce nom seul, fait naître sur les lèvres des initiés, un sourire erratique, mi reconnaissant, mi-ironique.
Ne voyez aucune accointance dans cet Almanach avec son facétieux collègue à gros ventre, ce Vermot tressautant de rire vulgaire à la fin du banquet arrosé.
Le Maron Bretin est pragmatique, concis dans ses informations techniques, et itérativement poétique pour le terrien-ou le marin du dimanche, ce qui est la même chose.
Où donc, hors ces pages, y rêver sur le Chenal de la Moisie, dont on y apprend qu'il est " franc et profond, mais soumis à de forts traversiers"?
Qui d'autre pourrait nous rappeler que le Banc de la Mauvaise porte bien son nom, et qu'il faut éviter de se laisser tenter par le raccourci entre les bouées 4 et 6, tant y est présent le risque de déferlante?
Dans son ancienne version, ces renseignements indispensables, s'accompagnaient de saynètes, nouvelles, conseils du jour et apophtegmes sans réplique.
Moral, voire vertueux dans son rôle de distracteur prudent de l'homme embarqué, l'Oeuvre de l' Almanach tentait de lutter contre tous les fléaux guettant le marin. Entre deux descriptions de signaux à distance:
-Yankee/golf: il semble que vous n'observiez pas le dispositif de séparation de trafic- ce qui est plus courtois que: "tribord connard!"
l'Almanach adjurait le marin de rentrer chez lui aussitôt son sac déchargé, de remettre immédiatement sa paie à sa femme, ou, s'il n'en était point pourvu, à sa mère.
Elles seules, et les conseils prodigués à longueur de page, pourraient éviter à l'homme de trébucher sur ces deux brisants redoutables : l'Alcoolisme et le Communisme.
A voir hier, la fête organisée sur le port, par la section locale du PCF, il est à craindre qu'ils n'aient échoué, plus radicalement dans un cas que dans l'autre, d'ailleurs.
C'est sans doute parce qu'il le sait, que l' Almanach est venu à une formule plus technocratique, où seuls les hauts de pages portent encore des sentences propres à raviver la nostalgie des afficionado, ceux qui, comme moi, pouvaient acheter le volume de l'année, même à 300 km de la première flaque d'eau salée.
Car, comme il est dit à la page 223 de l'édition 2007: "le bonheur n'est pas dans la recherche de la perfection, mais dans la tolérance de l'imperfection."
C'est pour ça que je l'aime.
* in Les Tontons Flingueurs, of course (au large)
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5 commentaires:
Les Tontons flingueurs ... encore une école de subversion.
Ouaip. Et c'est pour ça que je me permets d'intimer l'ordre à certains salisseurs de mémoires de bien vouloir fermer leur claque-merde ! ah. (hips)
Un régal que ce billet, à lire et à relire.
Ce que j'aime dans "communiste" c'est "commun" (oui c'est commun ou comme un, je sais)
Je n'aime pas "PC" car je suis un Mac Fan.
Quand à la mémoire, elle n'a pas de devoir, elle n'a que des leçons qui ne sont apprises par plus personne d'ailleurs.
Mais ça reviendra... Car il n'y a pas de vie sans mémoire et vice vertu. Bises
Petite fille de terre neuvas , je ne connaissais pas l'almanach du marin breton . Il faut dire que toute cette parenté ne me fut connu que par des récits car grand père fut eperonné par un autre bateau dans la baie de Saint Malo et grand mére mourut soi disant de chagrin un an plus tard , de nombreuses années avant que je ne pointe mon nez.Quant à ma mére , ils devaient lui manquer car elle les rejoignit très tôt .
Je ne sais si grand pére rentrait donner sa paie dés sa descente de bateau , la seule chose que je sais c'est qu'il lui était impossible de dormir dans un lit au retour de terre neuve , il dormait dans un hamac. Il est vrai aussi que les curés s'occupaient beaucoup des familles de marins à l'époque et c'est le curé de Saint Coulomb qui nous fit connaître l'histoire de notre grand père , le sien ayant trouvé la mort sur le même bateau " la Marie Jeanne "
Bel et sympathique hommage rendu au monde des marins via l'almanach.
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