Je n'ai pas vu le film "Welcome".
Je ne suis même pas sûre que M. Besson l'ait vu.
Nous ne parlerons donc que de sa réaction publique. Il s'offusque de ce que, dans le film, une voix off identifie les clandestins de Calais aux juifs français vivant en 43.
Je ne partage pas son indignation. Mais je suis d'accord pour dire que cette identification ne vaut rien.
La vraie question, la seule qu'il faille se poser est, à mes yeux, la suivante : est-ce que les français qui tendent la main aux clandestins d'aujourd'hui sont les mêmes qui, dans l'urgence et l'effroi, auraient quand même pris le risque de tendre la main et l'abri aux juifs de 43?
La réaction de Besson me ramène à l'ineptie proférée par le présiprince, quand il suggérait que chaque élève de CM2 porte la mémoire d'un enfant assassiné dans les camps.
Il ne sert à rien de s'identifier aux victimes, ou d'identifier les victimes entre elles.
C'est à celui qui porte secours, qui assiste, qui aide qu'il faut tâcher de s'identifier.
Si l'on veut pousser un enfant de France à s'interroger sur la terrible histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, c'est le nom d'un résistant qu'il faut leur donner. Où, quand, comment et pourquoi quelqu'un décide de contrevenir, en toute lucidité, aux lois en vigueur à un moment donné dans son pays?
On peut toujours me rétorquer que je ne risque pas grand chose à le dire, puisque mon petit pré carré comporte peu de clandestins acharnés à rejoindre le Canada à la rame.
Mais justement : comme nous ne sommes pas en 43, que le risque est mince et l'afflux peu probable, je ne vois vraiment pas pourquoi je me priverai de donner, à qui me le demande, la crêpe et la prise pour le portable.
4 commentaires:
Et si il y a affluence je viens aider pour les crêpes......Yaka
Oui, je crois comme toi que le lien entre ceux de 43 et maintenant est stupide. C'est toujours une lutte pour la vie, mais le contexte est trop différent.
Je reviens après écoute de Lioret sur France inter , ainsi que les témoins bénévoles des associations en Calaisie pour réagir à la polémique engendrée par ce pathétique Besson suite aux propos de Lioret . La comparaison avec 43 était faite sur les méthodes de répression et de poursuites vis à vis des migrants comme des Calaisiens .Dans l'inacceptable toute comparaison est bonne si elle permet de faire évoluer les choses dans le bon sens . Elle ne minimise en rien l'histoire . Pourquoi ne pas se poser la question de l'intérêt de Besson a engendrer cette polémique ? pour faire oublier la répression à tout va et autres garde à vue injustifiées ?
Comment ne pas se poser la question sur l'intérêt de Kouchner a trouver que le livre de Péan est un écrit antisémite plutôt que de répondre aux accusations ou de prendre un bon avocat ?
Comment comprendre Sarkozy qui trouve avec la crise actuelle le temps de s'émouvoir des propos d'un saltimbanque sur la libido de DSK ?
On déplace les problèmes et le gogo s'émeut des gros mots pendant que des actions inacceptables se perpétuent dans un pays qui se dit à l'origine des droits de l'homme .
@Moukmouk : curieusement, ta réponse me donne à penser que j'ai manqué à exprimer clairement ce que je souhaitais dire.
En fait peu importe que ce soit pareil ou pas.
La marge de manoeuvre de quelqu'un qui lutte pour la survie est trop réduite pour avoir valeur d'apprentissage pour les générations suivantes.
Par contre, ce qui faut se demander, c'est sur quelles valeurs s'étayent les réactions des gens en temps réel. La peur? la compassion?
Si je regarde la petite histoire dont je suis issue, j'ai moins à apprendre de celle de ma mère, cachée à trois ans,innocente, perdue, terrifiée et involontaire, que de celle de M.et Mme G. paysans du niortais qui décidèrent, sereinement d'abord, puis affectueusement, de risquer leur vie en l'accueillant.
@Marianne : je ne dis pas qu'il ne faut pas ouvrir le débat sur ce qui se passe-vous savez bien, au contraire, que j'en suis indignée.
Je préfère, comme je le dis plus haut, que la mise en éclairage se fasse sur ceux qui ont vraiment le choix : les auteurs de lois scélérates, la justice qui décide ou non de poursuivre les élans de solidarité, nous qui décidons, ou non, de cautionner.
Merci de la précision que vous apporter.
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