Cette enfant-là fronce le nez devant le légume non répertorié, hulule un effroi surcoté devant l'innocente araignée, se pâme devant des fées roses aux ailes scintillantes et des créatures de plastique que je soupçonne de servir d'alibi aux créationnistes.
Chaque matin, elle lance toute son ardeur militante pour obtenir de sa mère qu'elle la laisse partir à l'école en tee-shirt noir et doré et couve d'un oeil anxieux et perplexe les deux tavelures à peine distinctes de ce torse qui lui semble si loin du mien.Elle tâche d'anticiper, suppute les prochaines transformations et mille fois dans le mois, me demande quand donc elle aura liberté de se teindre les cheveux, de se percer les oreilles et de prendre le train sans nous.
Mais lancée avec petite voisine dans une opération d'élevage, elle fouisse avec l'ardeur d'un chien terrier, s'emboue jusqu'aux oreilles et me supplie au moindre coup de bêche, de lui mettre de coté, les plus gras, les plus dodus, les plus mirifiques de mes vers de terre.
Allons, tout va bien.
5 commentaires:
Prendre le train toute seule, je crois que G. dès ses cinq ans n'attendait que cela, pouvoir aller seul sans son éternelle mère à ses côtés et maintenant il reste tranquillement à la maison ;)
ah mais les vers de terre, c'est que ça compte !
Lecture peut-être intéressante pour cette enfant-là (si toutefois elle lit, si elle a l'âge qu'elle a l'air d'avoir, si elle ne l'a pas déjà lu : Quatre sœurs de Malika Ferdjoukh (4 tomes, les vers de terre comme les T-shirts noir et doré auront quelque répit. On y rencontre un amoureux des vers de terre, crabes et cafards, ainsi que des chats, écureuil, fantôme et pipistrelle, et il me semble que dans le tome 3 intitulé Bettina, Bettina prend le train toute seule (non sans avoir fait moult préparatifs cosmético-vestimentaires).
Cette enfant là ...y a peu d'temps posait cette question " et moi, je les aurais quand mes souvenirs d' enfance ? " eh bien, elle y travaille et est en pleine fabrication ....
Un de mes premiers souvenirs de jardinage, cet énorme ver de terre qui sortait de la terre fraîchement remuée. Fascination vaguement horrifiée. Je devais être assez petite (cinq ou six ans), mais je me souviens de l'explication de ma grand mère sur l'utilité des vers de terre.
Son insecte fétiche, c'était la "jardinière", un très gros coléoptère vert métallisé qui ne vole pas. Il y en avait beaucoup dans son jardin, moi je n'en rencontre que très rarement. Je n'ai que l'équivalent noir, aussi utile je crois mais bien moins beau.
J'ai réussi à faire ingurgité à mes donzelles panais et topinambours qu'elles n'avaient jusqu'à cet hiver jamais mangé...
J'en suis pas peu fière, c'était pas gagné... :-)
Bon séjour à Paris. Ça me fait rager quand même de ne pas y être, j'aurais bien aimer t'y rencontrer.
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