5.11.08
yes, they can.
Ce matin, on avait le choix entre deux possibilités, entre deux réveils, entre deux paysages du monde.
Je n'étonnerai personne en disant que Mac Cain m'évoquait une frite baignant dans des huiles recuites. L'idée d'une troisième mandature républicaine me semblait une idée couvercle, basse et lourde et franchement, je croisais les doigts.
J'aimais mieux l'idée de la chance.
L'élection d'Obama n'est pas une révolution, c'est une bonne nouvelle. Il décevra, forcément, parce qu'on ne peut pas s'empêcher de croire que quelqu'un, quelque part, possède une clé et bien sûr, ça ne marche jamais comme cela.
Les forces qui travaillent une société, que ce soit les pesanteurs économiques, les limitations des ressources naturelles, le sentiment d'appartenance ou d'exclusion, la transformation des positions d'homme et de femme, des places données à l'enfance, à la jouissance, à la règle, au groupe, à l'individu, à la filiation, à l'idée du bonheur, de la sécurité, de la menace, du maintien de l'homéostasie, la recherche des moindres coûts et celle du dépassement des possibles, la perception de notre temporalité, tout cela, bien sûr, ne peut être contenu dans les mains d'un seul homme.
Tout cela fermente continuellement, souterrainement, n'arrivant à nos yeux qu'au moment de leur cristallisation.
Et il n'y a de politique visible que symbolique. Mais ces symboles, justement, ne sont pas des riens.
La façon dont une politique les agence, choisissant de mettre en lumière des perspectives obligatoirement partielles, mais pas indifférentes, ce qu'on priorise, les liens qu'on fait, nos indicateurs, cela dit quelque chose de notre vision de l'humanité.
Et mine de rien, cela a des effets tout à fait réels.
Finalement, je crois que la politique, c'est comme les mères : il n'y en a pas de vraiment bonnes, on peut juste essayer d'éviter les calamiteuses.
Oui, à choisir, je préfère me réveiller le matin en me disant que, pendant que chez nous, c'est peut-être un futur président qu'on expulse, là-bas, des gens vont se sentir environné d'un sentiment bizarre qu'ils mettront quelque temps à identifier, une effluve jusqu'alors inconnue, ou plutôt qu'on croyait réservée aux autres : une autorisation.
C'est vrai, on peut?
Ben tiens!
PS : Par ailleurs, je dois dire que j'ai été bluffée par la sobriété, la dignité de la réaction de Mac Cain. Je suis peut-être candide, mais je l'ai trouvé extrêmement authentique, bien loin des rodomontades fatiguées et pathétiques de nos perdants.
Décidément, ne pas réemployer ad nauseam son personnel politique battu doit avoir des effets sur l'élégance des défaites...
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8 commentaires:
Le discours de McCain était en effet très digne, calme et posé. En fait il avait l'air assez sincère (bien que, nécessairement, peu enjoué). Ça m'a donné l'impression qu'il pouvait enfin laisser tomber le masque du "maverick" en campagne et être de nouveau l'homme politique respectable qu'il était avant de perdre sa dignité dans des tactiques électorales indécentes...
D'accord avec vous sur l'élégance et la sobriété de la réaction de Mc Cain.
L'espèce humaine a toujours besoin de s'inventer et de croire en des messies plus ou moins frelatés, ce qui permet avantageusement d'exonérer sa part de responsabilité personnelle et de travail dans la sortie de la crise... A cet égard le discours d'Obama est très fédérateur et ne fait pas l'impasse sur le fait qu'il va y avoir du pain sur la planche. Espérons qu'il saura avec son équipe moraliser sainement et durablement un système financier fétide, ce sera déjà un très bon début...
Les millions de personnes qui ont perdu leur toit et ne peuvent faire face à leurs traites et le cinquième de la population américaine dépourvue de couverture sociale, eux sont vraiment dans l'urgence...
Pareil pour Mc Cain, pour un peu je me suis demandée si les médias n'avaient pas exagéré sa nullité crasse ;)
Je crois sincèrement que rien que le fait qu'un homme métis ait été élu dans un pays aussi puissant malgré tout que les états unis était un sacré pas en avant. Je l'espère de toute ma force.
Non, ce n''est pas une révolution. Mais il y a de quoi être satisfait. J'ai pensé comme toi, qu'ici, l'on était en train d'expulser notre futur président ou présidente et de se priver de talents.
Enfin, je ne peux m'empêcher de penser qu'en 36 Blum a soulevé un immense espoir. Ca n'a duré que deux ans, la crise a tout emporté.
C'est vrai, je me suis pris à aimer de nouveau l'Amérique puisqu'elle peut être le creuset de ces rêves-là.
Par contre, ce que je crois profondément, c'est que des hommes, des idées, des rêves peuvent marquer la destinée de l'humanité. Ce fut le cas il y a deux cent ans, quand pour un sombre prétexte de droit de douane, naissait une société un peu plus juste. Nous avons besoin aujourd'hui de nous libérer d'un conservatisme calamiteux qui voulait nous faire que l'ultime modernité était le retour à la horde, à l'exploitation outrancière de l'homme et de la planète.
je ne crois pas qu'un politique doit être "la moins mauvaise possible", une politique doit être généreuse, fraternelle, elle doit porter un espoir, une idée.
Il suffit de contempler la désespérance qui nous habite actuellement, qui est le résultat de nombreuses années de sacrifices au veau d'or, à l'argent roi.
Il nous faut retrouver l'espoir, arrêter d'écouter les complaintes réactionnaires, elle sont chantées par des personnes intéressées par le désenchantement, pour améliorer leurs profits.
They h've done . Imaginons l'inverse Mc Cain vieux et malade disparaissait à peine élu et ils avaient la tueuse d'ours comme présidente ! C'est surtout Sarah Palin qu'il faut remercier .
Combien de temps durera l'espoir ? pour l'instant cela donne de belles images et permet de rêver .
Oui, c'est quand même mieux que ci c'était pire!
@ l'âne : il y aurait tant à dire sur ton commentaire...
Tu as raison, il faut croire. c'est ce que je fais chaque jour quand je projette un enfant différent dans un avenir où tout lui serait permis, y compris l'excellence. et pourtant, il faut savoir utiliser cela comme une nécessaire asymptote et ne pas se désespérer de ne pas atteindre le but qui scintille...
Equilibre délicat et imparfait, nécessaire et cruel... vivant.
Poser une utopie, ça donne une direction.
L'aiguille de la boussole que l'on suit ne veut pas dire nécessairement qu'on veut atteindre le nord.
Ça permet juste de reconnaitre son chemin dans le brouillard. Comme toi avec tes enfants.
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