4.12.07

La lettre d'Ingrid


Je suis émue en lisant la lettre d'Ingrid Bétancourt. Je réalise que ce petit garçon de grande section de maternelle, que je vois aujourd'hui, en visite, plein de vie, avec tant de choses à raconter, n'était pas né quand elle a été enlevée.
Je pense curieusement à mon père, qui, au même âge que ce petit garçon, en 44, quand on lui racontait l'anecdote du chien qui lui avait arraché un morceau de chocolat, se taisait, perplexe : c'était QUOI, le chocolat?
Aucun autre rapport, bien sûr, que ma propre association d'idées, que mon propre glissement autour de l'échéance, du temps qui fait basculer dans un autre monde.
Six ans, bientôt, une durée de guerre. Et jour après jour, cette menace, dont la première et suffisante victoire est de dissuader toute espérance, d'abraser l'horizon des jours en lignes plates et sépulcrales.
J'essaie d'imaginer, de me représenter Ingrid Bétancourt, à qui l'on demande de prouver qu'elle est en vie. (C'est quoi la vie?, dirait le petit garçon, disent peut être les 243 enfants placés cette année en centre de rétention-au mépris de toutes nos lois sur la protections de l'enfance)
Aurai-je le courage, après six ans d'une vie comme ceci, de continuer à dire que la vie n'est pas cela, ne peut se résumer à cette âcre survivance, sans même le réconfort d'un clan? aurais-je le courage de maintenir cette plaie béante, de garder vive la perte, plutôt que les cendres?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est certain que ce genre de lettre nous fait relativiser nos problèmes quotidiens… :-(

Valérie de Haute Savoie a dit…

Il a fallu tant d'années à Jean Paul Kaufmann pour revenir à la vie... cette bascule au delà, terrible, et ceux qui restent et qui attendent...

Anonyme a dit…

J'ai été émue comme toi, et je me suis aussi dit que c'était le temps d'une guerre, et comment imaginer une telle durée... Mais je me souviens de Nelson Mandela si longtemps dans les fers et enfin libre.

Indéfectible espoir et pensées pour elle et sa famille (elle comme symbole aussi dans le monde tant d'innocents enfermés, tant dont on ne parle pas pour lesquels se battent ceux d'Amnesty... ça en donne le tournis, de penser à ça)

Anonyme a dit…

Bon, c'était pas du chocolat, c'était une sucette. Du chocolat, il y en avait pendant la guerre. Enfin un drôle de truc marron qu'on nommait du chocolat. Evidemment, le 26 août 44, quand les jeunes FFI sont revenus de l'Ecole miitaire toute proche qui venait de tomber, dans l'espèce de centre aéré où on avait été bloqués parce que ça tirait dehors, et qu'ils nous ont distribué le chocolat que les troupes allemandes avaient laissé derrière eux, j'ai évolué sur le sens du mot chocolat.
Désolé de cet excursus, ça ne change rien au sort d'Ingrid Bétancourt et des gamins en centre de rétention…

Moukmouk a dit…

sans même le réconfort d'un clan... C'est quoi la différence entre une centre de rétention et un centre de détention?

Marianne a dit…

Pas vraiment d'accord avec sa politique mais la vraiment j'aimerai qu'il réussisse.