15.12.07
Dans la flache-1969
En 69, j'ai six ans, et un homme, pour la première fois, marche sur la lune
Reprendre un petit caillou. Le relancer dans l'eau, écouter son écho si particulier. savoir que celui de 1969, n'a pas pour rien immobilisé le jeu bondissant qui a précédé.
En l'occurrence, la forme même du caillou a moins d'importance que l'eau dans laquelle je suis censée le lancer.
En 69, j'apprends à lire, très vite, un mot qui devient page en quelques semaines, un livre, puis dix. Ce ruisseau là, devenu Orénoque, ne me pose guère de problème, guère plus qu'une vague culpabilité envers les bénévoles déménageurs qui se farcirent si souvent ma bibliothèque.
En 69, j'apprends à écrire. Mes premiers poèmes sont strictement contemporains de mes premiers déchiffrages. Mais ce souvenir est d'une eau troublante, une eau qui n'est paisible qu'en apparence. Je peux marquer de l'ongle sur l'itinéraire, les jaillissements intermittents de l'écriture, je peux lisérer ses stagnations, accuser ses arrêts brusques, ses heurts sur d'infranchissables parois. Pour autant, l'écriture possède son propre réseau souterrain, ses nappes captives, ses résurgences paradoxales.
Il y eu des années littéralement sans, des années où même écrire une lettre d'une commerciale banalité me fut impossible. Et cela a, de toute évidence pour moi, à voir avec la mort, avec la trace des morts, avec la trace des mots. Ne me demandez pas comment je le sais, je vous dirais que je n'en sais rien, ou plutôt que les traces préalables de cette évidence ne sont lisibles que par moi.
Je n'ai vraiment recommencé à écrire que dans cet espace intermédiaire du blog, à mi chemin entre l'éphémère et le pérenne, à partir d'un nom qui n'est pas le mien, sans pour autant être une identité d'emprunt, quelque chose qui n'est ni prose, ni poésie, et dont je réfute qu'il puisse être un journal intime.
Ricochets, remous, houle sinueuse et communicable, ressac fragmenté en éclaboussures, eaux vives.
Là haut, sur la lune, les traces de pas sont immuables, sèches et mortes.
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Rimbaud,
L'aventure des ricochets se passe ICI. En ce qui concerne ce blog, cela a commencé LA
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14 commentaires:
Ça, si je me trompe d'elle enfant, c'est un piège à loup de dernière génération hein !... Je reviens pour ricocher, j'espère : Quelques casseroles sur le feu et des tas de chaperons (rouges ou pas) à croquer ou à fesser... Je ne vous parle pas des mères-grand et d'autres chevillettes à bobinettes mortelles... Bises
Je fournis la galette et le petit pot de beurre-fermier et salé. (c'est dans le contrat)
Aux trois premières lignes lues dans mon agrégateur de fils rss,je savais que c'était toi, ce billet.
Suis bien contente que t'aies repris les petits cailloux, j'attendais ça avec impatience.
En écho, un poème de Justine, alors qu'elle avait six ans :
Cailloux
J'ai cueilli des cailloux
devant la porte de ma maison.
Je les ai jetés dans l'eau.
Ils ne savent pas nager !
Des livres, des livres, de l'écriture...
Et ton blog si précieux, oui si précieux.
Merci d'écrire, Anita. Chaque fois que je viens ici, ce que je lis coule en moi et me revivifie.
Le dictionnaire m' est indispensable ici . Et pourtant, même si la compréhension des récits m' est parfois difficile ...je reviens et j' en redemande .
Exemple : flache = recherche dans le dico .
Trugarez a noz vad !
Oui c'est le seul endroit où j'ai lu le mot flache, et il m'est rentré profondément dans le coeur. C'est une des raisons pourquoi j'ai tant voulu aller au Nord, pour marcher sur plutôt que m'enfoncer dedans.
Il est magnifique ce texte.
Ah, ces mots, la flache, noire et froide, le crépuscule embaumé...
http://atrides.wordpress.com/
Qui oserait se plaindre que l'écriture soit revenue via le blog ? pas moi .
@Mlle Moi: huhu! tu espères des révélations scandaleuses?
@Yves : trésor reçu. Pierre précieuse.
@Fauvette: vous de même.
@Encre: résurgences transatlantiques. Choses précieuses encore.
@ Boutoucoat: trugarez dit! Je te rassure sur un point: la flache, je ne pensais pas l'utiliser un jour! Mais j'ai, comme Moukmouk et Atrides, ce mot en coeur depuis l'adolescence.
Au fait, Atrides, bienvenue dans la grande famille ;-))
@Marianne: oui, c'est une grande bouffée tous ces blogs.
Sur le site des Ricochets, ton billet est daté de la semaine prochaine, je me demandais s'il y avait là un message caché, mais en voyant que tu as publié aussi sur ton blogue, je me dis que ce doit simplement être une erreur...
Ne pas voir des signes partout... et pourtant !
...moi, jaime tes petits cailloux... voilà!
@Otir: des fois, c'pénible l'inconchiant...
@Still: :-))
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