18.10.09

Vivante(s)


Part 1:
Brève fureur. Elle avait griffé, j'avais aboyé, les portes avaient claqué.
Sans jeu de mot, la mer nous tendait les bras, il était temps. Le temps de prendre un peu de temps, ensemble, de remonter la plage, sur ce sable durci qui ne garde presque aucune trace.
"Choppe-moi l'aileron", dis-je. Une de ces phrase toutes faites dont je ne sais plus la provenance, que je réserve à mes filles, une clé pour dire qu'une fois leur bras passé sous le mien, je serais toute ouïe, toute là.
J'écoute les aléas d'amour de ma fille et j'en dis les banalités qu'on ne peut que dire. Je sens son inconfort, ce qui tire et veut fendre l'enveloppe, ce qui bouge et remue. Ce qui naît. Rien d'une peine irrémédiable et, passé l'écume et la mousse, remisée la violence du verbe, une foncière honnêteté.
Parce que c'est ma fille, ce qu'elle débat me situe dans un lien d'histoire ni autre ni identique. Comme sa soeur, avant et autrement, elle éclaire une facette de cette autre jeune fille que j'ai pu être. Et la mise en lumière tient tout autant de ce que je reconnais comme mien que de ce qui m'échappe.
Son inconfort, paradoxalement me réconforte. Ma fille aime, s'interroge, se heurte et s'abandonne. Vivante.

Part 2

Le seul regret que j'aurais pu avoir en laissant la grand ville, c'est peut-être l'accès au spectacle vivant. mais finalement, faute de temps et d'argent, nous en profitions assez peu. Je suis beaucoup sortie la première année, puis de nouveau, cela s'était éloigné.
Je retrouve un plaisir infini du théâtre en découvrant la très vivante salle de L'Archipel à Fouesnant. Hier, c'était la première de la première pièce d'une troupe d'au moins deux, le théâtre Fools and Feather. J'ai beaucoup aimé leur deux clowns-clochards, déterminés par hasard à en finir au même endroit dans la Tamise un triste soir de Noël. N'ayant que cela à offrir comme présent et, tout aussi courtois que désespérés, ils s'échangent le pavé fatal qui devait les faire couler, emberlificotant la corde et liant par là-même leur improbable, grotesque et touchante histoire. J'ai aimé la pièce tant que j'étais assise et puis, quand on a bu un coup au bar du théâtre, j'ai aimé la foi. 6 mois d'écriture, six semaines pour la faire vivre une soirée et l'espoir, rien que l'espoir de la faire tourner. Comme ils ont eu raison de ne rien craindre. Leur pièce est un spectacle qui rend vivant.*

Part 3

J'ai enfin résolu, du moins je le crois, l'énigme posée par Monsieur Ka dans le premier post de la Nouvelle Boite à Image.
Mais pas avant, comme chaque fois, une longue et libre balade dans les tableaux du monde entier. De l'avantage, parfois des connaissances fragmentaires. J'ai ouvert des pages de peintres qui m'étaient totalement inconnus, j'ai retrouvé de vieilles connaissances que j'ai vu d'un autre œil. Et surtout, je me suis rappelé que j'aimais la peinture, dans le désordre et sans système, mais depuis toujours.
Je me suis souvenu qu'à vingts ans, ma mère m'avait pressé d'accepter un billet de train pour la Haye parce qu'il fallait que je puisse rencontrer, au moins une fois, la "Vue de Delft"de Vermeer. Souvenir vivant.

* pour le mécène qui passerait, la pièce s'appelle: "Le destin tragi-comique de Stykydyk et Hapykok"

5 commentaires:

Valérie de Haute Savoie a dit…

J'aime toujours autant lorsque tu parles de ta relation avec tes filles.
Et je t'envie de pouvoir aller sans façon te balader au bord de la mer ;)

Cristophe a dit…

Tu as de la chance d'avoir une maman comme ça !

Cécile a dit…

... ça faisiat un petit moment que je n'étais pas venue ... toujours un grand plaisir !

Votre nom Alain Korkos a dit…

« je me suis rappelé que j'aimais la peinture, dans le désordre et sans système ».

Ya pas de meilleure méthode :-)

KA

Fille Cadette a dit…

A Cristophe : C'est vrai que c'est la meilleure que j'ai eu jusqu'ici.