31.8.07

An dro

Parait que c'est blogday today.
Je suis bien sûr à la rue pour ce genre de trucs , alors vite vite, cinq coups de coeur.

Diane en minuscule, surprenante photographe, elfe sensible.

Marianne, citoyenne bien nommée, langue précise, coeur large. Encore un beau surgeon de la terre bretonne tiens!

Insurrection poétique: faut-il vous faire un dessin?

L'ivresse philosophique
. c'est sûr, un jour, il nous la chantera.

Et puis, pour les mirettes, encore une Diane, américaine celle-ci: Diane Varner. Faites vous un thé, ou un café, promenez-vous. Vous ne regarderez plus jamais votre jardin du même oeil.


An dro, ça veut dire plein cercle.

27.8.07

Au radar

D'après Yasmina Reza, le Petit Timonier se fout des bretons, et plus particulièrement des pauv'crêpes qui, jour et nuit, veillent sur la sécurité des navires.
Je m'insurge.
C'est faux. Il n'y avait qu'à voir, le jour de l'enterrement du capitaine Jobard, patron du Sokalique, le large sourire, la mine réjouie de notre bronzé président , serrant les louches à tout vat, saluant sur le parvis comme le boxeur avant d'entrer sur le ring, pour savoir qu'il a profondément joui de son bain de foule breton.
Seul l'entêtement de la famille et des marins à pleurer leur mort a quelque peu gâché la fête.
Mais on ne peut pas plus en vouloir aux bretons d'être têtus qu'aux africains d'être de grands enfants immatures.
Ce sont deux populations attachantes et pleines de caractères typiques qui devraient juste, pour pouvoir avancer dans le monde merveilleux promis par le Petit Timonier, apprendre à se débarrasser de quelques unes de leurs encombrantes vieilleries.
Comme ce truc là, comment ça s'appelle, déjà?
(Voix off):
Euh...La dignité, Président?



Bon,ceci étant, que NS se foute des bretons m'importe moins que l'espoir d'une grandissante réciprocité.

edit: pour ceux qui douteraient de l'entêtement proverbial des bretons, le patron pêcheur est mort d'être resté le plus longtemps possible à sa radio pour communiquer la position de ses six marins, qui eux, ont été sauvés.

25.8.07

bienveillante anatomie


Je rêve d'une incision sûre
d' un écarteur pragmatique
Laissez-là donc ces inutiles précautions
ouvrez grand
que se draine enfin ce flot purulent
et que posant mon coeur sur la table
je vous regarde avec l'air fier et buté
de celui qui sait ne pouvoir offrir que cela
que de votre main amicale et bienveillante
vous le lanciez contre les murs
qu'il éclate enfin
et que je puisse enfin
pleurer tout mon jusant

22.8.07

portrait de famille au numéro et série noire


Si je vous parle de John Reese, je vais être obligée de vous parler de mon grand- oncle.
Ou pour dire mieux, si je vous parle de Shapiro, je vais être obligée de vous parler d'Alexandre. Ce sont tous deux des personnages de roman : Shapiro est le personnage central d' Alias Tire-au-But, et Alexandre un élément périphérique et curieusement fondamental de ma propre saga.
Au vrai, je connais bien mieux le premier que le deuxième. Je n'ai rencontré Alexandre qu'en de rares occasions et il est mort depuis longtemps, mais nombreux sont les mots clés qui continuent de créer l'évocation. Par exemple : Russe, anarchiste, juif , ébéniste, Garibaldi, charisme. Et aussi amour et Série Noire, mais nous y reviendrons.
Bref, dans l'histoire, Alexandre tient le rôle d'un homme massif et alerte, avec des mains puissantes, une belle tête de lion aux yeux fendus, comme peuvent en avoir les russes d'un certain âge-voyez Bakounine!- des grands rires d'ogre végétarien, et des colères sans doute inoffensives. Il vivait en concubinage bien avant 68, en plein pays cul-bénit et avait survécu au diabète insulino-dépendant, aux grèves ouvrières parfois mortelles des années vingt, à la deuxième guerre mondiale, et, selon moi, à un père imbécile et brutal. Ce dernier, malgré la proposition de l'instituteur de payer entièrement les études de ce gamin si surprenant, refusa d'un mot rare dans la bouche d'un juif ashkénaze : "je suis ouvrier, mon fils sera ouvrier comme moi."
Il fut donc ébéniste, et pour tout regret, se contenta de dire en souriant :"je n'aime pas les gens qui menuisent".

Je dois à Alexandre deux mailles de mon tricot, qui ne se sont toujours pas usées. La première, c'est que l'amour, vivant, palpable entre deux êtres est possible au delà de soixante dix ans. Sa compagne eut peut-être plus de patience que d'éclat, mais jamais l'amoureuse complicité ne disparut de leurs regards échangés.
A soixante douze ans, il laissa pousser sa belle chevelure grise au delà des épaules, puis la coupa, pour la transformer en faux chignon pour sa compagne, qui perdait la sienne sous l'effet de l'âge et s'en désolait.

L'autre maille, beaucoup plus encombrante que le souvenir de cet inventif amour, surgit de sa grosse patte, lorsqu'il estima que douze ans était un âge respectable pour commencer la Série Noire.
Il m'offrit "Fantasia chez les Ploucs" de Charles Williams, et "Alias Tire-au-But" de John Reese.



Ou l'on voit que la triche fait toujours partie du jeu.

J'ai triché.
L'histoire de Mr Shapiro qui faillit s'appeler Shapiro-une-oreille n'est pas sortie d'un carton.
Je l'ai racheté très récemment à un bouquiniste, parce qu'il m'aurait été trop coûteux de vérifier s'il était bien en caisse, tant je l'ai prêté et perdu, et trop difficile d'imaginer qu'il ne soit plus dans ma maison.
Tire au but est un diamant-minuscule bien sûr, voyez mes mains, voyez ma maison, imaginez vous bouchons de carafe à mes doigts et oeuvres complètes de Chateaubriand à mes rayons?
Minuscule donc, mais d'un éclat insolite. Un diamant noir et tendre, l'auriez vous imaginé?
Non, je ne vous raconterais pas l'histoire, vous n'auriez plus envie de le lire. Mais laissez moi vous parler de Shapiro. Ce n'est pas un héros. C'est un juif né à St Petersbourg et arrivé enfant aux Etats Unis. Il n'est pas très grand, brun, avec des traits flous et agréables. Ce n'est pas un couard, c'est simplement un homme tranquille et observateur, heureux de son métier de représentant de commerce dans l'Ouest américain. Mais son âme de spectateur est traversée du sentiment de la beauté, et c'est pourquoi il aime le désert d'un amour constamment stupéfait, et la jeune Viola d'un amour plein d'oblation et de compassion. De la compassion, il en éprouvera aussi pour Lucille, la femme entretenue brutalement jetée à la rue, et même pour Bert Dysart, le beau cow boy dévoré et malsain, et ceci malgré que Bert ait menacé de lui couper une oreille.
C'est à mon avis ce sentiment de la beauté et son instinctive pudeur qui conduiront Shapiro à devenir le héros d'un instant, parce que quelque chose en lui s'oppose à la fascination du désastre.
Shapiro est un diamant minuscule, sur lequel je marche quotidiennement sans m'en apercevoir, et dont la découverte impromptue me saisit toujours de la même émotion reconnaissante. Shapiro est un brave type.

19.8.07

l'innocence de la comète



S'il ne me restait
qu'une seule raison
d'aller à demain,
ce serait peut être les gestes
de cette maraudeuse enfance
La façon qu'elle a-
en grâce irréfléchie-
de souffler sur mon ivraie
de lancer mes grains
à peine plus loin,
comme en se jouant,
avec une astrale innocence.

16.8.07

Polars en V


Vargas fut l'objet d'un malentendu, qui dura longtemps. Elle était vaguement repérée, mais confondue avec une autre. Je l'avais par erreur rangée dans la catégorie des auteurs qui, horreur après horreur, tentent de rivaliser avec le rapport annuel d'Amnesty International, ce qui est bien sûr impossible. Je ne m'en approchai donc pas, mes journées de consultation absorbant généralement la plus grande partie de ma capacité à métaboliser l'humaine perversité.
Une amie, subtilement, tenta de me rassurer, doublant ainsi un second cap. Car si je me désintéresse de la littérature outrancière, c'est bel et bien celle qui risque de m'émouvoir durablement que je fuis parfois, d'erratique façon.

Je crois que je lus en premier "Pars vite, reviens tard", et je sus immédiatement que cela me cueillerait comme un fruit consentant, et que les autres histoires feraient de même. Vargas, à peu de chose près, pourrait me conter l'histoire de la brosse à dents en pays pagan, tant je suis sensible à son intime mélodie. Là où d'autres se penchent sur la faille, elle observe le miroitement, ce qui en permanence, dans un visage, dans une histoire, dans une certitude, se décompose et se recompose, vacille en instable perspective. Adamsberg, son flic impair, toujours d'instinctif guingois est le type même d'un homme dont je tomberais amoureuse folle perdue-et avec qui je ne vivrais pour rien au monde juste avant de le faire.
Est-ce l'archéologue en elle qui éprouve le besoin de nous dire que rien ne dure vraiment sous la forme annoncée? Que pourtant, ses romans soient traversés d'histoires anciennes éclatant au présent en gaz délétères, fabrique sans doute une tension à laquelle je suis particulièrement sensible.



De la tension, il y en a aussi chez Van Gulik, et je ne peux la qualifier autrement que sexuelle. Ne te précipite pas pour cambrioler la première librairie à cette heure-ci fermée, ô mon avide lecteur, et laisse moi te donner deux raisons à ce renoncement.
La première est qu'il n'y a rien de commun entre le vertueux juge Ti, exerçant son ministère sous la bienveillante, mais implacable tutelle de la dynastie T'ang (663 ap.JC), et les fantoches suréquipés du bas qui peuplent les livres qui, posés sur la tranche, s'ouvrent tout seuls aux mêmes pages. Ce n'est pas tant ce qui est décrit qui fait tension, encore que l'auteur, qui rédigea une " Vie sexuelle en Chine ancienne", possédât solidement son sujet. Non, le principal attrait ce ces romans, en sus de l'intrigue et du formidable aspect documentaire, c'est d'avoir placé, en face de ces turpitudes, un homme tellement corseté, tellement formaté, tout à la fois par la morale confucéenne, par les standards du roman policier chinois, et par la malice même de l'auteur, que le lecteur se trouve immanquablement, comme en présence de Sherlock Holmes, à guetter la défaillance, à désirer que le vernis craque, que les convenances soit balayées, et que se déchire , enfin, la robe austère de la justice, sous laquelle, comme nous le savons tous...
J'ai dit lecteur? C'est là mon deuxième argument. Je crains que sur cet aspect précis des romans de Van Gulik, mon lecteur ne soit de préférence une lectrice. Faire dévier le séminariste de son rigide chemin de vertu me semble un inavouable grillon plus sensiblement féminin.
Mais pour autant, estimable lectrice, ne te précipite pas pour forcer la porte du monastère le plus proche, à cette heure fermé. Il est possible que la seule vraie morale des histoires contées par le très sérieux, très érudit Robert Van Gulik, c'est que certaines choses sont infiniment meilleures sous forme de plaisantes spéculations...

15.8.07

Ce qui s'exténue


Ici, ou ailleurs
quelque chose s'exténue.
En mer, ce matin
Un souffle puissant a lâché.
Tenez bon,
aimez loin,
croisez vivants
vos doigts à ceux des voisins.

14.8.07

Heure paisible.


"Tu me trouves jolie?" dit la maison qui avait mis mouettes à son faîte, et du bleu à ses volets.
-"Oui"bâilla la barque amarrée, "mais laisse-moi dormir encore un peu, la marée va bientôt monter, et tu sais comment Ils sont...

10.8.07

Tocsin

Brice Hortefeux porte un vrai nom de méchant. Mais cela ne lui suffit pas. Il est le Ministre d'un ministère ignoble, d'une malsaine obsession.
Je le considère aujourd'hui comme moralement responsable de la terreur qui jeta hier un enfant de 12 ans par la fenêtre.
Mr le Ministre de la Rafle et du Drapeau, comme l'appelle RESF, vos agissements menacent bien plus mon identité nationale, que la présence sur MON sol de cet enfant terrifié.
Bien plus que de votre mission, je m'honore de la présence, dans MON pays, de cet inspecteur du Travail qui déclare haut et fort que son mandat n'est pas "de contrôler les travailleurs sans papiers et d'en expulser 25000 pour 2008", mais bien de contrôler les employeurs fautifs, responsables, par le biais des heures supplémentaires non déclarées de travailleurs bien papiérisés, voire tout à fait français, de 85% des constats de travail clandestin.

Votre obsession de l'étranger, portée par celui qu'hélas, la France a élu, va vampiriser tous les secteurs d'activités de ce pays, dévoyer une énergie considérable, pour un gain aussi symbolique que vomitif.

Des fois je pars


Des fois, je pars.
Effilochant la peine
aux poteaux de la route,
ni plus ni moins que la laine
que les moutons cardent aux barbelés.
Je roule, jusqu'au moment où me plaisent à nouveau
mes bras nus dans le soleil,
et la précision des mains dans la courbe.
Je roule, jusqu'à ce que le rosier pâle,
la flèche de l'éolienne,
le vieil homme dans l'ombre de la maison minuscule
et mon propre soupir réconcilié
me disent que quelqu'un,
quelque soit l'aune de son empan,
quelqu'un continue à prendre soin.


Photo déjà publiée dans lookskedenn

4.8.07

Perfect days.


Ce fut peut-être bien deux jours parfaits. Je vous chanterai l'ascèse et l'indifférence au temps, un autre jour. Je me suis, en toute humilité, roulée dans ce soleil revenu, sans autre pensée que de capter la lumière bien au delà de la peau.
J'ai eu la mer, déshabillée longuement par les vives-eaux, presque déserte à l'heure du matin, exactement balancée entre le bleu et le vert, le petit train des optimists judicieusement rouges et jaunes, des enfants spécialement pacifiés, et la conscience aigüe, que seul est perdu le temps dont on ne jouit pas.
Vers neuf heures du soir, nous étions quatre sur la plage immense, à savoir que la mer était rose.
Le lendemain, j'ai eu la campagne crissante de l'inhabituelle chaleur, l'oiseau inconnu qui file à main droite, l'âne prudent et tenté, les liens presque sans mots d'une très ancienne tendresse.
Et puis les guetteurs de pierres sont revenus : ces sculptures anonymes, éphémères et innombrables sont un de mes bonheurs d'été.

3.8.07

reviendue


petite carte postale en attendant la suite de l'échantillonnage irraisonné de mes littératures.