30.11.08

Et pendant qu'on discute socle commun, dans nos écoles...

Selon Cultive ton jardin, des policiers ont investi l'ecole du jardin de ville, à Grenoble pour y emmener trois enfants expulsés avec leurs parents dans la foulés.
Dans un Lycée Professionnel du Gers le 17 novembre, des gendarmes accompagnés de chiens policiers investissent une classe à la recherche de drogue.
Je n'arrive pas à mettre en ligne le témoignage du professeur, mais on y perçoit bien son inquiétude devant l'attitude de forces de l'ordre qui considèrent le tout-venant comme forcément suspect.
Dans Libé, cette phrase de Churchill, citée à propos de l'arrestation de son ex-PDG : "dans une démocratie, quand on sonne chez vous à 6h du matin, c'est forcément le laitier."
Nous sommes nombreux à penser que dans une démocratie, quand la police vient dans une école, c'est pour en protéger les enfants.
"Où va-t-on Papa?
Je sais pas mais on y va."

Edit : ce ne s'est pas passé dans un Lycée professionnel mais dans un centre de formation pour apprentis (CFA). Ça change pas grand chose aux propos-sinon que c'est une population encore plus vulnérable. Justement le public que la prévention de ce genre maintient dans un genre d'excitation complètement à l'encontre de but visé. M'enfin ce que j'en dis... Qui suis-je auprès de ces éminents spécialistes? quelqu'un qui avait été recruté aussi pour ça? Ah bon?

Edit 2: Merci à Mlle Moi qui me fournit ce lien.

29.11.08

Rester un médecin sans cible.


Bon.
Ben voilà.
La visite des 6 ans, dans sa forme ancienne, a vécu.
Le département dans lequel j'exerce, dont l'une des spécialités non culinaire est la résistance sous forme de petit village gaulois narquois a tenu bon dernier, mais maintenant, c'est fait.
Nous ne verrons plus, indifféremment, sans distinction, le pauvre, le riche, le grand, le petit, le public, le privé, l'agile, le pataud, le rieur et le secret, l'enfant de prof et l'enfant de putain, celui du quartier Est et celui du Nord, le trilingue et le mutique, l'obèse et le moineau, l'alpha et l'oméga au milieu de beaucoup de petits couci-couças.

Désormais, nous ferons, comme le reste de la France, des "visites ciblées". Pan! j't'ai vu, allonge-toi!

Le plus curieux, c'est que vous allez trouver, dans les lignes qui suivent, un plaidoyer pour le systématique, alors même que dans ma réalité, dans ce qui constitue mon quotidien réel, ces visites ont fini par me faire tartir à un point prodigieux. Le nécessaire dépistage du langage les ont beaucoup formatées, au point de rendre parfois difficile la possibilité de création d'une vraie rencontre et les items répétitifs, commencés en début de saison et de journée dans la bonne humeur, finissent par être le genre de pensum qui annihile complètement la pense-femme que je suis.
Et, bien entendu, quand je découvre sur mon agenda, qu'après avoir casé toutes les visites de maternelles, il me reste, sur toute l'année, vingt-huit jours ouvrables pour répondre aux demandes de quatre collèges, deux lycées généraux, deux lycées professionnels et une trentaine d'école primaire, vous saisirez sans peine qu'il y a une forme de soulagement à imaginer autrement son année.
Mais quand même.
En fait ce qui rend insupportablement lourd ces visites, ce n'est pas leur conception, c'est l'absolu manque de médecins pour les réaliser, sans qu'on soit obligé de choisir entre le systématique et la demande, entre le chalutage et la pêche à la ligne.

Pour répondre à un problème quantitatif, on modifie sérieusement cette visite sur la plan qualitatif.
Nous ne ferons plus de dépistage. Nous travaillerons sur ce qui a été dépisté par d'autres. Pour nous, c'est une modification conséquente: je ne me fierai plus à mes yeux, mes oreilles et mes mains, mais aux yeux et aux oreilles des enseignants, des infirmières et des membres du Rased (oui, ne pouffez pas, ceux-là même qu'on veut supprimer), et peut-être, en sus, aux mains de mon collègue de PMI, à condition qu'il continue, lui, à les voir tous.
J'ai la chance de travailler cette année avec des infirmières que j'estime très compétentes. Au point d'hésiter sérieusement devant cette nouvelle responsabilité qui leur échoit.
C'est en partie au vu de leurs données que je déciderait s'il faut, ou non, un examen approfondi.

Rude responsabilité aussi pour moi, sur des bases que je ne maîtrise pas encore, de déclarer qu'un enfant ne me semble pas devoir être vu. Bien sûr, dans un certain nombre de secteurs, certains enfants n'avaient aucune visite.
Mais franchement, ne pas faire d'examen, est-ce que cela vous fait la même chose que de recevoir de la part d'un médecin un avis rassurant?
Ben non.

Je ne m'inquiète pas pour mes découvertes de hasard, qui auraient forcément donné lieu, un peu plus tard, à une consultation. Les enfants, sauf exception, sont bien suivis.
Je m'inquiète des effets que ce ciblage aura sur le coeur même des échanges. C'est vrai qu'on me renvoie un peu sèchement parfois, que l'on a pas besoin de moi. Soit parce qu'on estime que son enfant va très bien, soit parce qu'il va suffisamment mal pour être déjà entouré d'une foultitude d'acteurs. Dans un billet de Tili, on voit bien que le dilemne d'un médecin contrôleur de la sécurité Social est le même. Soit il contrôle impartialement, au risque de provoquer des réactions douloureuses-avais-je besoin de cela?-ou bien il cible et il annonce par son geste même, avant toute relation : " je pense que vous truandez".

J'ai toujours essayé, quelque soit le contexte, de faire en sorte que ces visites systématiques apportent une forme de plus-value à mes patients. Soit parce qu'émerge un vrai problème, soit parce qu'on balaye une inquiétude qui n'avait pas lieu d'être. Parfois, c'est juste dire à un parent qu'il a bien travaillé et fait un beau petit en pleine forme. C'est peu? Allons, il faut savoir cultiver aussi le narcisse en pot, c'est excellent pour la santé...

Mais l'aspect universel de cette visite me permettait aussi de rassurer les parents malmenés, inquiets, précaires, fuyants . Ceux qui amorcent un mouvements de retrait, refusent haut et fort ou bien n'envoient pas l'enfant à l'école. C'est vite vu d'en faire des parents maltraitants. Ils ont plus généralement peur d'être jugés. Dans ces cas là, je vous jure que je suis bénigne, obtuse, niaisement obstinée,souriante et rivée à mon objectif. "J'vous comprend bien, ma bonne dame, mon bon M'sieur, mais moi, j'sus obligée, sinon je me fais super méga disputer par ma chef qu'elle est horrible".
Je vous passe les détails de mes stratégies d'arapède. J'arrive à moins de 2% de refus dans lequel on peut trouver 1% de situations visiblement inquiétantes sur lesquelles j'alerte et 1% de variables qui nous permettent de dire qu'on n'est pas dans une république bananière.
Ceux-là, les furtifs, je vais sans doute les perdre, sauf à trouver de nouvelles stratégies.
Je me creuse aussi la cervelle pour savoir comment garder une prise sur l'autre bout de la chaîne. Ceux qui n'inquiètent pas, parce qu'ils sont tellement dans le désir de se conformer au désir des adultes à leur égard, qu'ils y laissent la peau-ou plus souvent l'intestin, tétanisé, en vrac, chaque matin avant d'aller à l'école. Ceux qui sont tellement perfectionnistes qu'ils pleurent d'un trait tremblé, d'un rond imparfait. Ceux que je surveille du coin de l'oeil, parce que je me demande toujours comment l'adolescence va passer là dessus, lequel d'entre eux constituera une vraie défense phobique, ceux chez qui des troubles alimentaires sont déjà présents. Ceux-là ne me seront pas, a priori, signalé par l'école et encore moins par les parents.
Sauf si.
Sauf si je me bouge pour inventer quelque chose qui soit acceptable pour moi et pour les patients que je veux intéresser à me rencontrer.
De toutes façons, je n'ai pas le choix. Le cadre m'est imposé. Il s'agit d'un mouvement amorcé , il y a déjà plusieurs années et qui atteint enfin le dernier département qui s'y refusait. Mon choix n'est pas faire ou ne pas faire, mais comment faire pour sauvegarder des enjeux qui me semblent précieux, dont je sais qu'ils se situent dans la tache aveugle de l'administration.
Si cela n'est pas possible, je pense que je m'en irai. Ce n'est pas pour faire plaisir à l'institution que je me préoccupe d'aider les enseignants à mieux comprendre les enfants différents et le poids des pathologies sur les apprentissages. Si je le fais, c'est parce que dans toutes les séquelles qui peuvent résulter d'une pathologie, la séquelle scolaire est l'une des plus lourdes.
Mais je ne conçois pas que notre présence ne doive servir qu'au dépistage de ce qui entrave les apprentissages. Sous cette forme, c'est une cannibalisation des enjeux de santé au profit de la seule institution.
Cela fait 15 ans que je m'emploie au service des élèves. Avec le sentiment que pour un médecin, il n'y aurait point de sotte niche écologique et qu'il est important d'occuper celle qui vous échoit avec honnêteté, conscience et pragmatisme. Mais je crois n'avoir jamais perdu de vue l'enfant. Ni les parents.
J'ai bien le sentiment que ce changement me déloge. Je ne veux pas me répandre en plaintes. Mais je veux comptabiliser clairement ce que je refuse d'abandonner en route.
Il est possible qu'on vienne essayer de me convaincre qu'il s'agit de choses de peu de valeur, que notre société a tout intérêt à les laisser tomber parce qu'elles se sont révélés, à l'usage, encombrantes, peu utiles en terme de santé publique.
Bien d'accord sur la bandelette urinaire, que je n'ai jamais pratiquée.
Mais en ce qui concerne les vulnérables d'entrée de jeu et les hyper-adaptés qui y laissent la peau et les os, je vous préviens :
pour me convaincre qu'il ne faut plus s'en préoccuper, va y a voir du boulot.


PS: malgré tout le mal que je pense de la capacité de ce gouvernement à gérer les problèmes de santé, ce qui se passe là n'est pas de son fait. Mais vous avez le droit de dire qu'il n'a rien fait contre. Qu'il s'assied gaillardement sur ses propres lois, puisque cette visite est prévue dans la Lolf. (lol!) et que les trois bilans promis en vue d'améliorer la protection de l'enfance, c'est du pipeau.

27.11.08

Rome - Cambridge


J'aime le café.
Je l'aime noir et serré, sans sucre.
Je l'aime comme une halte, comme une invite, comme un rythme.
Je le propose à celui que je veux séduire, je le tends à ceux que j'accueille.
Je le hume au matin et parfois, je le goûte sur la bouche de l'autre.
Toujours, j'en laisse au creux de ma tasse, comme une offrande au dieu du retour.
J'aime le café, du nez et de la langue, de toutes les brumes dissipées, de la vigilance de chat donnée au cours des longues nuits de garde, de veille, de quart.
Mais
franchement,
je ne connais pas de chagrin d'amour
pas d'angoisse existentielle
pas de brèche d'amour-propre
Qui aient résisté
à trois amples tasses de thé
avec des tartines beurrées.

26.11.08

Du son chez l'âne.

L'âne Onyme, profitant de façon anticipée, de la nouvelle cellule de veille de l'Education Nationale, écrit ici une lettre ouverte fort pertinente au ministre concerné. J'approuve d'autant plus que je me suis moi aussi construite autant contre qu'avec cette bête-là, et que si j'y reste, c'est pour coincer les pieds dans la porte en tâchant d'éviter que les enfants ne s'y coinçassent les doigts.
Une forme de suite plus tard si j'ai un peu de temps.

22.11.08

Descriptif dubitatif.



-la manif?
-Contre la baisse d'effectifs.
-Positif?
-Palliatif.
-Le PS implosif?
-Intempestif.
-L'exécutif?
-Impulsif, improductif,abusif. Un approximatif shérif convulsif.
-Le législatif?
-Au pif
-Les plumitifs?
-Poussifs.
-Les dispositifs expulsifs?
-Itératifs. Vomitifs.
-Mmm ... Le psychoaffectif dépressif?
-Négatif. Plutôt végétatif. Contemplatif.
-Pff. tout ces substantifs en if, c'est bourratif!
-Plus Kouglof que Pilaf.
-Et côté bénef, c'est pas bésef.
- Pouf-pouf. Alors, quoi tu'f?
- Bof. Je coinduf. C'est jouissif.

20.11.08

infinie jalousie



Ouiiiiiiin! j'veux la même!
(trépigne, trépigne)
Vous voyez, là, dans la boucle droite... juste le petit creux où lire à l'écart...
(soupire, soupire)
retrouver mes préférés
(rêve, rêve)
avec un café, et pt'ête un macaron ou deux
(grossis, grossis)

Ouinnnnnn, j'peux pus sortir!

Tant pis. Tiens , les nouvelles de Stevenson... Longtemps que je ne les avais lues.
Ah oui... aller manifester demain... Finis ma page et j'y vais.

17.11.08

Réforme de la psychiatrie : "J'irai chercher la santé mentale avec les dents!"

Comme bon nombre de médecins, j'ai sauté en l'air-pas de surprise, non, on s'y attendait- lorsque le Présiprince, à la suite d'un fait divers tragique impliquant un schizophrène a déclaré, dans son style inimitable qu'il allait nous pondre illico une réforme de la psychiatrie.
J'attends encore, depuis la révélation d'un autre fait divers, tout aussi dramatique, impliquant un membre de sa famille politique, qu'il promette une réforme de l'UMP.

C'est vrai, certains passages à l'acte me trouvent plus compatissante que d'autres. Je ne le nie pas, et souvent, je m'en interroge. A la vie publique, il m'arrive de prêter une oreille différemment accordée selon les cas. Je vois bien bien qu'il m'est de plus souvent possible d'utiliser des outils de compréhension professionnelle. Ils ont l'avantage de me laisser sceptique peut-être, mais sans rancoeur.
Mais parfois, je ne peux, ou ne veux pas. Je me laisse mettre en colère. Je sais parfaitement que c'est inutile, mais tant pis. Je serai une sage nonne Taoïste dans une autre vie. (La troisième après celle de ménagère ordonnée aux armoires pleines de linge sentant la lavande)

Je vois bien que cela a à voir avec ce que je pressent comme un pouvoir de nuisance d'amplitude variable.
Derrière le premier fait divers, j'entends la terreur, l'envahissement par les voix, la lutte incessante, pied à pied, contre la menace intérieure et le passant qui passe par hasard, prendre le rôle de l'ennemi dans cette histoire folle. Je connais notre impuissance, l'irréductibilité de la souffrance humaine, qui se contrefout des effets de manches et des rodomontades.
Sûrement, en toute logique avec moi-même, je devrais entendre la même chose dans ce deuxième fait divers. Mais j'ai beau faire, le bruit qui en monte me raconte l'histoire d'une fin de toute-puissance, l'histoire d'un après-moi-le-déluge, l'histoire d'un homme qui croyait posséder une mairie et un être humain. Elle me raconte l'histoire d'une vision politique de l'être humain aux antipodes de la mienne, d'un système qui broie les faibles de telle façon que les anciens forts n'ont plus d'autre recours que le sursaut haineux, quand ils viennent eux-mêmes à défaillir.
Cet homme-là a-t-il songé une seule fois à offrir son aide, a-t-il songé une seule fois à en demander?
Le choeur de ceux qui crient au crime passionnel, prouvant bien qu'ils en font une circonstance atténuante que jamais ils ne reconnaîtront à la misère et à la maladie mentale, qui sont les mêmes qui démolissent pierre à pierre ce que le service public avait d'un peu généreux- et prévoyant-me donnent envie de faire provision de bois vert, et de m'en aller le leur casser sur dos.
Peut-être la compassion me viendra néanmoins. Cette bête est surprenante. Tiens, je me suis presque surprise à en ressentir en lisant la lettre de JM Le Pen à Carl Lang...
Cette réthorique boursouflée, ce trépignement rageur de chef suprême d'un parti fantoche, cet aboiement édenté ! Un monument, mes amis!
Il est urgent de créer un asile pour vieux Matamores emphysémateux, pour Tyrans sans public, pour presque-Maîtres-du-Monde poussés à la retraite. Mixte, oui.

13.11.08

des cailloux pour Kozlika


Bon anniversaire, belle Dame.
Quelle heureuse rencontre, ces petits cailloux et quel bonheur, ce rappel que l'amitié peut vous saisir aussi simplement qu'une pomme sur une branche.
Je t'embrasse.

9.11.08

ceci est une photo couleur


Et l'horizon là-bas
comme un trait
sur notre miroir
nous consolant
de n'être que des segments.

7.11.08

Miettes de temps.


(collage Jacques Prevert, exposé dans sa maison de Omonville la Petite)

Aujourd'hui, journée sans consultation.
En l'absence de patients, ça fait quoi, un médecin scolaire?
Si elle a une secrétaire, ça pourrait préparer une action de prévention, ou se former à l'une des bizarreries récemment identifiée dans sa patientèle.
Mais quand elle n'a ni secrétaire, ni internet, elle fait ça :

Arriver au centre médico-scolaire, pompeuse appellation d'un boui-boui laissé à l'abandon jusqu'à ce que j'arrive sur le secteur.
Ramasser le courrier, lancer le répondeur.

Courrier :

Un retour d'avis fait pour un bilan orthophonique chez un enfant dont la manipulation des sons me semble médiocre. Le psy du CMPP me répond qu'il s'agit d'un enfant fragile mais charmant. Il me la baille belle. Si j'étais un mec je dirais : voilà qui m'en touche une sans faire bouger l'autre. Ranger l'avis dans le dossier. Indiquer : "lecture à surveiller."

Un bilan orthophonique, un vrai, étalonné et tout, pour en enfant de CE2 en échec complet sur la lecture, vif comme un écureuil. Score pathologique partout. Prévoir une équipe éducative, un jeudi soir de préférence d'après les indications de la maman. Agenda : Gneuhh, dans trois semaines minimum. Ranger.
Trois demandes de dossier, dont une mal orientée. Trouver les deux dossiers en archives, inscrire le nom de l'enfant, la date de naissance, l'école initiale et l'école qui demande le dossier dans le répertoire "Dossiers envoyés". Bénir les deux départements, le mien et celui de destination ne pas exiger l'accord préalable des parents avant envoi de dossier. La loi sur la transmission des informations médicales et le secret partagé n'a jamais été pensé pour notre mode d'exercice qui cumule exigence de veille sanitaire et secret professionnel. Faute de cadre, chacun y va de sa ratatouille en priorisant ses courgettes personnelles.
Fourrer dossiers et demande dans une enveloppe. Prévoir d'aller à la mairie pour déposer le courrier
Mettre de côté la demande égarée pour l'apporter au collège idoine la semaine prochaine. Savoir qu'on a deux chances sur trois d'oublier.

Deux avis d'ouverture de session de formation premiers secours. Ranger dans la pochette idoine itou. Soupirer, parce que ma contribution se résume exactement à cela depuis un an : mettre les avis dans la pochette. Idoine. Si on prend la bleue au lieu de la rouge, ça vaut pas.

Fin provisoire du courrier.

Téléphone
:
Appeler Mme Z. Le projet personnalisé pour son fils a été rédigé il y a un mois. tout juste s'il ne s'était pas terminé par une embrassade collective. A ce jour, rien ne semble avoir bougé, et l'enfant se déprime. Savoir que cela peut être une vue partielle de la part d'une maman inquiète. Savoir que cela reste tout à fait possiblement exact. Reprévoir une réunion. Ecouter. Tenter d'être rassurant sans être lénifiant. Apprécier la courtoisie de la dame, malgré sa tension.

Appeler l'école. Sur répondeur. Merdoum.

Répondre à Mme Y. Sa fille m'en veut très fort. Doit rechercher activement s'il existe une poupée à mon effigie et des épingles. J'ai prêté l'oreille à quelques unes de ses copines qui s'inquiétaient de la voir couper les grains de raisin en six et écarter les petits pois de plus de trois mm de diamètre. Elle change d'établissement. J'explique patiemment que cela ne fera pas revenir les règles de sa fille, aux abonnés absents depuis assez de temps pour qu'on s'en inquiète. Pas convaincue. Un blanc quand je dis, avec douceur, que je travaille aussi dans l'autre établissement. et que je veux bien prendre pari qu'à la première semaine de cantine, j'aurais au moins un surveillant pour m'interpeller.
Griffonner un bref compte rendu, le glisser dans l'agenda. Ne pas oublier de le ranger dans le dossier qui est encore dans le premier établissement. Le temps que je m'en souvienne, le dossier aura glissé vers le deuxième établissement.

Savoir qu'à la fin de l'année, quoi que je fasse, j'aurai le même nombre de bouts de papier éparpillés un peu partout. Fort heureusement, mon écriture est la garante du secret.

Appeler l'école N. : oui, l'enfant D., bien qu'ayant bénéficié d'un passage anticipé en CP, a bien eu une visite médicale en même temps que les enfants de maternelle. En profiter pour régler quelques petits détails matériels en vue de ma prochaine visite.


Divers:



Accueillir l'infirmière qui vient de terminer le dépistage des CE2. Faire avec elle la liste des enfants qui nécessiteraient un avis de ma part. Asthme sévère, obésité, enfant qui apparait triste et négligé, agitation majeure, enfant qui a eu un bilan cardio et qui dit ne pas pouvoir courir, sans qu'on sache pourquoi, ratons laveurs, moutons à cinq pattes, éléphants blancs, moineaux. Regarder l'agenda. Blêmir.

Sortir des dossiers pour y jeter un coup d'oeil avant la réunion de cet après-midi avec la psychologue scolaire. Me demande si je vais apporter une couronne. Me décider plutôt pour des petits palets. Le Rased fournit le café.

Me rappeler brutalement que je suis déjà hors limite pour fournir mon état de frais de déplacement. J'abomine absolument cet exercice. Le tant, partie de, à telle heure, revenue ici à cette heure là, avec la voiture immatriculée nananananan, à verser sur le compte toujours le même depuis trois ans, au stylo bl- calamité, orage et disgrâce, où est mon stylo bleu?? Que la Grande Gidouille Ubique patafiole ces tétratrichillotomes!

Préparer mes visites de lundi. Sortir les dossiers, vérifier les feuilles de tests, les piles de l'otoscope, celle de l'audiomètre, le scotch pour la toise, la balance, le chronomètre, les crayons de couleur, les échelles d'acuité visuelle, le test de vision des couleurs, le sthéto, l'appareil à tension, le marteau à réflexe.

Tiens, un stylo bleu.

Fin de la matinée.

Vous vous êtes ennuyés?
Moi aussi, un peu.
Mais moi, j'étais quand même payée pour ça.
Gniark.

5.11.08

yes, they can.


Ce matin, on avait le choix entre deux possibilités, entre deux réveils, entre deux paysages du monde.
Je n'étonnerai personne en disant que Mac Cain m'évoquait une frite baignant dans des huiles recuites. L'idée d'une troisième mandature républicaine me semblait une idée couvercle, basse et lourde et franchement, je croisais les doigts.
J'aimais mieux l'idée de la chance.
L'élection d'Obama n'est pas une révolution, c'est une bonne nouvelle. Il décevra, forcément, parce qu'on ne peut pas s'empêcher de croire que quelqu'un, quelque part, possède une clé et bien sûr, ça ne marche jamais comme cela.
Les forces qui travaillent une société, que ce soit les pesanteurs économiques, les limitations des ressources naturelles, le sentiment d'appartenance ou d'exclusion, la transformation des positions d'homme et de femme, des places données à l'enfance, à la jouissance, à la règle, au groupe, à l'individu, à la filiation, à l'idée du bonheur, de la sécurité, de la menace, du maintien de l'homéostasie, la recherche des moindres coûts et celle du dépassement des possibles, la perception de notre temporalité, tout cela, bien sûr, ne peut être contenu dans les mains d'un seul homme.
Tout cela fermente continuellement, souterrainement, n'arrivant à nos yeux qu'au moment de leur cristallisation.
Et il n'y a de politique visible que symbolique. Mais ces symboles, justement, ne sont pas des riens.
La façon dont une politique les agence, choisissant de mettre en lumière des perspectives obligatoirement partielles, mais pas indifférentes, ce qu'on priorise, les liens qu'on fait, nos indicateurs, cela dit quelque chose de notre vision de l'humanité.
Et mine de rien, cela a des effets tout à fait réels.
Finalement, je crois que la politique, c'est comme les mères : il n'y en a pas de vraiment bonnes, on peut juste essayer d'éviter les calamiteuses.
Oui, à choisir, je préfère me réveiller le matin en me disant que, pendant que chez nous, c'est peut-être un futur président qu'on expulse, là-bas, des gens vont se sentir environné d'un sentiment bizarre qu'ils mettront quelque temps à identifier, une effluve jusqu'alors inconnue, ou plutôt qu'on croyait réservée aux autres : une autorisation.
C'est vrai, on peut?
Ben tiens!


PS : Par ailleurs, je dois dire que j'ai été bluffée par la sobriété, la dignité de la réaction de Mac Cain. Je suis peut-être candide, mais je l'ai trouvé extrêmement authentique, bien loin des rodomontades fatiguées et pathétiques de nos perdants.
Décidément, ne pas réemployer ad nauseam son personnel politique battu doit avoir des effets sur l'élégance des défaites...

1.11.08

ceux qui prennent pirou pour un homme


Kikadi que je n'y étais pas?

En tous cas, demain, je vais à Paris...
Et je verrai la Dame qui ne m'a pas vu à Pirou.
you!