31.1.07

1961:De l'enfance comme une profession de foi, ni plus menteuse, ni moins sincère qu'une autre.



En 1961, naquit mon frère aîné, durant un mois d'avril qui vit aussi le putsch d'un quarteron de généraux en Algérie.
Le moyen mnémotechnique que me livra plus tard mon père pour me souvenir d'au moins trois de ces généraux, révèle sans ambiguité aucune ce qu'il en pensait. J'en sais curieusement bien plus sur ce que lui inspiraient Messieurs Challe (con) Jouhaux (con) et Zeller (con) que sur la naissance de celui qui les rendit parents pour la première fois.
Le conte de sa naissance ne m'a pas été raconté, ou bien je l'ai oublié.
(Je n'ose même pas demander si lui- même l'a entendu. Comment es-tu né? Comment as-tu été porté? De quoi, plus encore que de qui, es-tu l'enfant? Courrait-elle à longueur de blog, cette question, si elle n'était l'une des plus intimes, l'une des plus fuyantes, l'une des plus difficiles à poser?
Serions-nous là, en train de faire des ricochets, pour écouter ce que la question déplace, chez toi, chez moi?)

Qu'il arrive ainsi très tôt dans leur histoire ne fut pas une surprise. Nous étions, dès l'origine, dans le contrat amoureux qui les liait. Nous allions de soi, venant d'eux. Même si aucun de nous trois n'eut les mêmes parents, l'aîné, ouvrant l'oeil sur le monde, devait poser les bases d'une grammaire commune qui, longtemps, organisa les rapports entre la petite république des enfants et l'adulte tutelle.
Ils avaient une très haute idée de l'enfance. Dans ce monde si fortement hiérarchisé, encore colonial, il entrait, dans le refus de croire à l'enfance des peuples, la même exigence que celle qui les conduisit à réfuter la courante niaiserie, l'idolatrie prompte à clore les bouches d'un bonbon ou d'une tape, la moquerie qui masque les déroutes.
Très peu excentriques dans leur habitus, ils furent pourtant extraordinairement précurseurs dans leur désir d'extraire notre enfance de l'infantilisation.
Je ne saurais dire ce qu'il entrait de culture humaniste, d'idéologie, de revanche à prendre sur leur propre enfance, dans ce point d'honneur, mais le résultat fut là.
Nous connûmes un grand respect de leur part, et chose infiniment rare, ni mépris, ni condescendance, encore moins de compassion non réclamée à l'égard du différent, qu'il soit l'algérien, le gros, le trisomique, l'inquiet ou tout autre espèce de raton-laveur pas encore identifiée.
Que ces fondations, nécessaires et estimables n'aient pas été suffisantes pas, pas plus que l'indépendance des peuples ne donna de gage d'éternel bonheur, que le temps passant, certaines racines plongeant loin, puissent s'intoxiquer avec cette âpreté, la désillusion et ce qui s'ensuivit diversement pour chacun de nous, cela est bien le coeur même de notre histoire. Comme l'est ce qui reste de l'utopie nécessaire, de l'élan fragmenté par le désenchantement, mais toujours vivace.
Il n'y a nul hasard si, tous trois, nous fîmes plus tard nombre de bébés devenus jeunes gens, vifs et tendres. Et dans la patience de tel grand flandrin adolescent, grand adepte de l'humour gore, à l'égard des jeux chocolatés d'un tout- petit sur son pull préféré, je reconnais bien quelque chose d'un refrain connu. Un genre de gimmick .

29.1.07

chat attendra bien demain.


Un clin d'oeil à Samantdi, qui réclamait des vues sur la chatosphère.
Et un grand coup de projecteur sur ma flemme.

27.1.07

1960: histoire ici, préhistoire là


Il y a une véritable ironie à prétendre pouvoir m'inscrire dans un chemin si clairement balisé par les dates. Mon sens du temps se dérobe aux calendriers, mes strates, comme la plupart des archéologies, s'imbriquent et parfois même se confondent, je compte les échéances en battements de coeur, et mes mutations en chemins parcourus. Les années se condensent parfois dans un fragment minuscule, et des instants se dilatent encore à l'infini, pour le pire, le meilleur ou l'indicernable.
Commencer alors que je ne suis pas née, qu'il s'en faudra encore de trois ans, n'est pas plus choquant que de prétendre que la chronologie parlera plus précisément de moi que la géographie.

Encore qu'à ce stade là, il s'agisse d'eux, ces deux jeunes gens que j'imagine un peu raides, attentifs à dompter l'émotion.
Fervents.
Je ne peux les voir que comme celà, d'une ferveur qui les sauvait, au moins temporairement, de l'arrogance. Pas spécialement beaux, mais je suis prête, partialement, à pouvoir leur trouver du charme, lui, en forme de chat efflanqué, au bord du roux, tributaire encore de sa pipe et de ses lunettes pour se trouver un peu de poids, elle, la bouche longue et belle, un peu trop grande, l'iris large d'un saisissant bleu gris.
Ils avaient enduré tous deux des familles dont la prodigieuse complexité leur apparaissaient encore extraordinaire-Ils passeront leur vie à découvrir que les histoires de familles proprement délirantes sont d'une constante banalité. Pour l'heure, ils ne percevaient des lignes à haute tension enterrées dans leur propre champ, que de crépitants éclairs de passion, souvent dissimulés sous la joute d'idées.
Je peux à la rigueur scruter leur visage. Leurs voix juvéniles ne me sont pas parvenues, mais cela n'importe pas. Je peux m'avancer en toute certitude : ces deux là se sentaient une mission. Pas forcément sauver le monde, encore qu'il y ait eu de cela, sans doute, quinze ans après un chaos qu' ils interrogèrent longuement.
Peut être juste prouver à celui-ci qu'on pouvait être jeunes, supérieurement intelligents, mythiquement drôles, et s'aimer passionnément la vie entière.

Mais de tout cela, je ne sais finalement rien. Leur histoire n'est pas entièrement superposable à ma préhistoire. Je ne suis pas dupe du regard que je porte sur eux, je sais d'avance que j'en choisirai ce qui fera fondation à ma naissance. Je suis, depuis longtemps, bien plus vieille que ces deux là, qui n'ont plus rien à voir non plus avec d'autres, qui eux, ont vieilli près de moi, me regardant grandir et mûrir.

Peut-être, d'ailleurs, est-ce à cela que je peux mesurer l'âge que j'ai aujourd'hui, et percevoir que je suis désormais près de mon équateur : à cela, cet éprouvé de tendresse envers ces deux jeunes gens qui levaient le menton, et qui se marièrent cette année-là.

Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson*

Un jour, Dame Kozlika décida de remonter le temps, en 46 marches qui, chacune, donnaient à voir sur un paysage de grande et petite histoire. Dans les commentaires, il fut rapidement clair qu'elle avait déclenché là une impressionnante usine à associations d'idée. Comme elle est profondément généreuse, elle ouvre, A CET ENDROIT, un asile à ricochets, souvenirs d'enfance, rengaines, et fragments de biographie dont l'authenticité n'est pas plus garantie que réclamée.

Akynou, des Racontars, et Samantdi, de Vie Commune, la seconderont dans cette entreprise.
Vous pourrez m'y retrouver, ici, où là bas, ou bien encore décider de jouer avec nous.
Ceux qui visiteraient le site des trois dames sus-citées pour la première fois doivent être avertis d'une chose: c'est pire que d'ouvrir une boite de mik@dau. L'ultime "encore un et j'arrête" vous trouve encore debout à 4h du matin.
D'autant que Dame Koz republie l'intégralité du chemin, ainsi que le parcours en sens inverse, chez ANNA FEDOROVNA.(bolgé moï!)

* La suite logique étant: j'ai tout appris de toi, jusqu'au sens du wiki...

26.1.07

Piété filiale.

Le drame des enfants d'intellectuels, c'est que leur héritage leur est souvent malaisé à quantifier, fluctuant dans dans le temps, et bien plus difficile à vanter qu'une collection de porcelaines en vrai Wedgwood.
Ainsi, recevant la sous-préfète pour le thé, m'imaginez-vous, penchée de concert avec elle sur un délicat présentoir à idées?
"Oui, celle ci me vient de mon père.
- !!
-N'est ce pas? J'y tiens beaucoup. Elle est en plus très pratique. Je m'en sers AB-SO-LU-MENT tous les jours.
- ???
-Mon Dieu quelques-unes , très chère amie. Encore que mes frères aient fait main basse sur certaines d'entre elles. Mais je crois avoir pu conserver, sinon les plus considérables, du moins les plus finement ouvragées. Celle-ci, tenez, il me l'a offerte en...85, me semble-t-il. Exquise, non? Il n'en avait plus l'usage, il venait tout juste d'en avoir une autre. Très brillante d'ailleurs.
- ?
-Oui, brillante. Non, je n'ai pas dit clinquante, mon Dieu non, le cher homme, mais enfin pas tout à fait mon style... Et vous même?
- ...
-Ah? Humm. (...) un treizième petit gâteau?"


C'est un fait, certaines gloires sont inacccessibles aux enfants d'intellectuels.
Au moins, puis-je compter, au nombre de mes richesses visibles et indéniables, une chevelure insoumise, qui se lève avec la rafale et jamais ne s'abaisse avec elle, un effarant stock de chansons idiotes et les œuvres complètes de Simenon. Plus plein de ratons-laveurs en liberté.

22.1.07

Rictus d'hiver


Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés,
V’là l’ moment de n’ pus s’ mettre à poils :
V’là qu’ ceuss’ qui tienn’nt la queue d’ la poêle
Dans l’ Midi vont s’ carapater !

V’là l’ temps ousque jusqu’en Hanovre
Et d’ Gibraltar au cap Gris-Nez,
Les Borgeois, l’ soir, vont plaind’ les Pauvres
Au coin du feu... après dîner !

Et v’là l’ temps ousque dans la Presse,
Entre un ou deux lanc’ments d’ putains,
On va r’découvrir la Détresse,
La Purée et les Purotains !

Les jornaux, mêm’ ceuss’ qu’a d’ la guigne,
À côté d’artiqu’s festoyants
Vont êt’ pleins d’appels larmoyants,
Pleins d’ sanglots... à trois sous la ligne !


..................................

C’ qui va s’en évader des larmes !
C’ qui va en couler d’ la piquié !
Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes
C’est un vrai commerce, un méquier !

Ah ! c’est qu’on est pas muff en France,
On n’ s’occupe que des malheureux ;
Et dzimm et boum ! la Bienfaisance
Bat l’ tambour su’ les Ventres creux !

L’Hiver, les murs sont pleins d’affiches
Pour Fêt’s et Bals de charité,
Car pour nous s’courir, eul’ mond’ riche
Faut qu’y gambille à not’ santé !
......................................
Et faut ben qu’ ceux d’ la Politique
Y s’ gagn’nt eun’ popularité !
Or, pour ça, l’ moyen l’ pus pratique
C’est d’ chialer su’ la Pauvreté.


C'est de Jehan Rictus, ça date de de 1896, ou à peu près. Bon, pas sûr que le bonhomme ait très bien fini comme camelot du roi, mais la misère n'a jamais décerné de brevet de bonne conduite.

21.1.07

un petit bout de lorgnette, pour celui qui n'aime pas les chenalacons, mais.



Un fidèle, discret, et fourbe lecteur s'est recemment plaint que je ne livrais pas grand chose de moi-même sur mon blog. Il est bien évident que j'ai exactement le sentiment inverse.
Donc, spécialement pour mon FDFL qui se reconnaîtra, des éléments biographiques indispensables à la compréhension des pages précédentes. Après tout, il s'agit de faits connus de longue date par mes proches.
-J'ai passé le réveillon de mes vingt ans en robe rose à kiki au milieu de deux mille militaires. C'était à N'djaména.

-J'ai mis onze ans avant de demander le duplicata de mon permis de conduire.

-J'ai été invitée une fois à un happenning sculptural. Pas deux. Au sculpteur dont le projet était de souder des pièces d'avion dans une capsule destinée à n'être ouverte que deux cent ans plus tard, j'ai affirmé que les ressorts qu'il tenait à la main me venaient de mon arrière grand père. Ce génial et modeste précurseur aurait, selon mes dires, inventé le premier siège éjectable, malheureusement cinquante avant l'invention du parachute. J'ai été personnellement très froissée du geste de mépris avec lequel l'Artiste a rejeté tout ce qui me restait de mon aïeul. Pourtant, c'était intéressant, aurait dit Mr KA.

-Je suis membre fondateur de l'Association pour le Droit Imprescriptible des Veufs, des Orphelins, des Séropositifs, des Cancéreux, des Juifs et des Noirs à se Faire Engueuler Comme Tout le Monde. Qu'il me soit permis de préciser que le nom de l'association s'est formé autour des caractéristiques possiblement discriminatoires des fondateurs originels, mais que les statuts sont très larges.

Alors, heureux?

16.1.07

charité bien ordonnée peut commencer par une franche rigolade.

Allez donc voir là , remplacez , si vous êtes français,"Auberges du Coeur" par "Resto idem", marrez vous un bon coup. Je prend les paris. Vous hésiterez peut-être encore un tour, juste pour le plaisir. Deux? m'étonnerai...

15.1.07

météores.


Certaines relations sont comme les villes d'Afrique. Elles s'étendent, sinueuses et sans but, s'étalent au fil du temps, sans véritable centre, sans profondeur.
D'autres ont la netteté, la fulgurance d'un vol de cormoran, et plongent, sans une éclaboussure, au coeur de nous-mêmes.
Peu importe leur brièveté, c'est leur trajectoire parfaite qui nous émeut, histoires qui nous trouvent sans défense, éblouis et désarmés.
Ce n'est parfois pas plus qu'un geste jeté comme une cerise dans un panier.
Revivrai-je un jour certain miracle de mes vingts ans, quand, plongeant la main dans la poche de mon manteau, j'y découvris un morceau de papier sur laquelle une main inconnue avait griffonné un vœu rieur?
"Petite grenouille
je vous souhaite d'être follement aimée."
Que j'aimerai remercier, après toutes ces années, ce dispensateur de prophéties généreuses. Puissent-elles, à lui aussi, lui avoir porté chance.

10.1.07

Demain est une autre année : ordre du jour.

Suite au commentaire d'Otir sur les activités du club, la première séance sera consacré à la question suivante:
Quelqu'un connaît-il le nom d'un bon voyagiste qui organise des croisières vers les calendes grecques?
Il semble y avoir de bien beaux monuments là- bas.

des jours avec, des jours sans moi.



Ma clandestine, 14 ans aux prochaines fraises de pleine terre, me pose cette question, me prévenant qu'il s'agit d'une question stupide. Belle antiphrase.
" Maman, est-ce que tu soignerais Hitler ?"

Passons sur le frisson de dégoût, qui, à froid (c'est le mot), me fait m'imaginer en train de faire un bouche-à-bouche à Pinochet. J'aime bien voir surgir chez elle cette question qui a occupé quelques unes de nos nuits d'étudiants de garde. Sans autres réponses que purement spéculatives.
Le plus difficile n'est pas, en disant "oui, bien sûr"- parce que c'est oui, bien sûr- de se faire à peu de frais une réputation d'incorruptible, le serment d'Hippocrate coincé entre les dents.
Non, parce que si un ou deux abrutis que je voue régulierement aux gémonies (parche que gémonies, on peut le prononcher avec che truc dans les badigoinches, mais chi tu crois que ch'est fachile d'intuber à la volée avec cha, t'as de de la chanche), me tombe en pâmoison sous les yeux, je n'aurais même pas le temps de voir la tête qu'ils ont. La maison prend la tension avant les autographes.
L'urgence facilite la prise en charge des noeuds gordiens, surtout quand elle reste parfaitement hypothétique.
Je trouve beaucoup plus dur de réprimer certains agacements quotidiens, et de maintenir ses oreilles ouvertes, quelque soit ceux qu'on a en face de soi.
Y compris quand les gens souffrent d'une façon qui énerve.

La petite G. souffre certainement, je veux bien le croire, mais elle et malheureusement sa mère aussi ont une tête à claque. J'ai bien peur que tous les diagnostics de phobie scolaire posés par toutes les sommités mondiales ne parviennent pas à réfréner mon envie d'expérimenter les:

"Bénéfices de la culpo-pédo-thérapie, à propos d'un cas, LE SIEN." par Jean Aymard, Rine Afoot&Casimir Haculeux.
J'ai également bien peur que cela ne soit senti.

Oui, ça m'arrive.
A l'inverse, je ne me suis pas demandé hier si Mr N. était ou non un sale type, avant d'envoyer son petit garçon à la cantine avec un sourire et de tirer son père par la manche. Je savais juste qu'à la mort de sa femme, il s'est retrouvé très seul pour élever ses 4 fils, et qu'il avait bu avant de venir à la visite. J'ai recraché le guide de la protekchion de l'enfanche, qui me gênait un peu, et je lui proposer de discuter un petit quart d'heure avec moi, et plus si affinités.
Pleurer, par exemple.
Des fois, y a , des fois y a pas.

8.1.07

matin sur la rivière.



Sous la quille,
inverse image du voyage
un tableau parfois.

6.1.07

Résolutions de début d'année.



Un jour, je vivrai
A Saint-Sauveur-Givre-en Mai,
Avec le chien Assis
Et le chat Mipatarôt.
Je planterai des Locard Teint Frais
et des Vertus Marteaux.
Je rapprocherai la Barbe de Moine
Et la Grosse Blonde Paresseuse.
Sous le blanc rosier Cuisse-de-nymphe,
Je boirais des Larmes Célestes,
Et bien sûr, de l'En Redrescul
Sous les roses Cuisse-de-Nymphe-Emue.
Rue Casse-la-Foi,
Ou Rue des Gâts-Prompts,
Pas loin en tous cas
Du Courseau-de-Risque-de-Vie.
Et viendront les Faces-de-Pioche
Les Bercés-Trop-Près-du Mur,
les Traines-Savates, les Claques-Patins,
Et les Marie-Couche-Toi-Là
Dans ma maison de Saint-Sauveur-Givre-en-Mai,
Au carrefour du Bouc Etourdi
Et de La Belle Inutile.

1.1.07

Kès tu voeux?


Il y a un monde entre ce que l'on peut souhaiter pour de vrai aux gens qu'on aime, et ce qu'on arrive à balbutier dans une pièce remplie de monde, entre deux naninanères à ceux qui nous indiffèrent.
On a rarement le courage, ou le tact nécessaire pour dire à l'une qu'on lui souhaite l'amoureux de sa réalité à la place de celui de ses rêves, à l'autre, qu'on croise souvent les doigts pour lui, à ce troisième qu'on voudrait qu'il se trouve aussi beau et charmant qu'on le voit nous-mêmes...
alors, flûte, cette année, c'est à moi, égoïstement, que je vais souhaiter des choses:
Lundi, être émue avec...
Mardi, me fendre la poire avec...
Mercredi, me souvenir avec...
Jeudi, réfléchir avec...
Vendredi, jouer avec...
Samedi, sentir avec...
Dimanche, songer avec...
avec vous, les autres, ceux que je n'ai pas encore rencontrés, ceux qui vont resurgir de ma mémoire, ceux dont je ne connais que les mots, ceux dont la voix me bouleverse, ceux dont je reconnais l'odeur et le pas dans l'escalier, ceux qui prennent des photos, et les rendent mille fois plus belles, ceux qui mettent de la musique un peu partout, ceux qui lisent sans faire de commentaire, ceux qui envoient un petit mot, ceux qui bousculent, ceux qui lissent, ceux qui décalent, ceux qui fouinent et qui trouvent, les quantiques, les relatifs, les positifs, les mi-figues, mi-raisins, les moutons à cinq pattes, les poétiques, les polémiques, ceux qui écrivent parce que, vraiment, ils ne peuvent pas faire autrement, ceux qui s'arrêtent parce que leurs écrits leur font soudain une peau morte qu'il faut quitter, mais qui laissent, quand même les autres se nourrir de ce qui a surgi, ceux qui rêvent de voir les pistes d'atterrissage éclairées au chandelles, et ceux qui boivent du thé au beurre de yack, ceux dont les messages sont contenus tout entiers dans les liens, ceux qui pensent et font penser en diptyque, ceux qui font des confitures, ceux qui envoient des sucettes en forme de Babar, ceux qui remontent le temps, ceux qui mettent un jour devant l'autre,

ceux qui, assez rarement pieusement, mais souvent copieusement.

Me permettez vous de vous en souhaiter de même?