26.5.09

Vous n'étiez pas venu pour ça.


Ce n'est pas très souvent, mais des fois, j'ai une mauvaise nouvelle à annoncer.
Dans mon cadre d'exercice particulier, cette mauvaise nouvelle n'est généralement pas une réponse à une question posée mais une découverte.

Comment faire pour que ce soit autrement que brutal, imprévu, assommant?

Oui, madame, monsieur, je sais ce que c'est que ce signe; il n'est pas aussi innocent que vous l'avez toujours cru, cette chose là, si ancienne, avec laquelle vous vivez si paisiblement au point de n'en avoir jamais parlé à ce confrère que vous voyez si peu, cette chose-là est une cochonnerie.
Et l'enfant que vous m'avez amené bien portant repart avec un long courrier et la perspective d'un nombre incalculable d'examens, d'attente, de spéculations angoissées.
Et je ne pourrais vous y accompagner. Je vous laisse à la porte de mon confrère, avec mes voeux silencieux, les mots que j'ai tâchés de choisir en sachant qu'il ne pouvait y en avoir de doux, les larmes dans vos yeux et la colère que vous conteniez.

Il devait être question de tellement autre chose... Votre enfant rêve en classe et s'échappe et vous veniez en parler, avec confiance et crânerie, parce que la vie, vous connaissez, cette garce, vous avez su la faire cracher ce qu'elle vous devait, malgré votre passé d'anciens de la Ddass et tous les moments où vous vous êtes cogné aux murs.
Et vous aviez affuté le verbe haut et vous étiez contents de voir qu'on pouvait en sourire.
Mais ça, vous ne l'attendiez pas, et moi non plus, quand j'ai posé des mains presque routinières qui ont sonné l'alarme avant mes yeux, avant même mon cerveau.

Quand nous nous reverrons, parce que nous nous reverrons sûrement, vous serez passés dans une autre histoire et il y aura, entre nous, ce moment où celle-ci a basculé. Je sais que vous m'en voulez.
Si vous pouviez savoir à quel point je ne vous en veux pas de m'en vouloir et combien je pense à vous...

20.5.09

Encore une fille de Mai


Elle a seize ans aujourd'hui, cette autre belle de Mai, celle que j'appelle ma clandestine. Est-elle secrète, est-elle discrète?
Elle est comme ce pays-ci, en contour le plus souvent doux.
Mais parfois, parce que la lumière se fragmente, parce que le voile se déchire, parfois, sous l'acuité d'un étincelant rayon, d'un imprévisible ravissement, elle éclate au grand jour, radieuse, limpide et acérée, et me stupéfie.

Que l'année qui vient t'emballe et t'emmène, ma très chérie.

18.5.09

Je sais, c'est un tout pitit peu flou


Mais c'est pas ma faute, y faisait rien qu'à bouger!
Bon, c'était prévu comme photo du jour, et puis il y a Oxygène la bien nommée qui m'envoie ce lien-ci vers une opération escargot tout à fait digne d'intérêt...
Cela ne pouvait mieux tomber.
Contrairement à l'escargot adoptif* de Miss Bibi, qui a opéré sous mes yeux un splendide rétablissement avec double vrille enroulée et rattrapage sur la corne, dont malheureusement, il ne restera aucune autre trace que baveuse.
Ou alors très floue.

*NB : Il s'agit, bien entendu d'une adoption simple et non point plénière. Il rejoint ainsi une vaste fratrie composée de vers de terres, bigorneaux, demi-lézards, dugongs ainsi que diverses espèces de très gros chiens pleins de poils et de poneys emphysémateux.

17.5.09

It makes my day


Aujourd'hui, j'ai quarante-six ans

-alors?
-Ben...je sais toujours pas si c'est le rocher qui se végétalise ou si c'est l'arbre qui devient minéral.

-Y manque des trucs sur ta photo.
- A voui. Manquent les tites fleurs, les t'its n'enfants, les grands, le sable, le chocolat, l'homme aux 89 défauts, mon fauteuil bleu, quelques chats, le souvenir de Maxime Cornu, les framboises de Pouchkine, les pignons dans le tajine, les cléomes qui ont bien voulu germer, les tomates pas vraiment, les copains dont je connais le toucher et ceux dont je connais le style et les émotions, le campanile centré dans ma fenêtre, le hérisson du fond du jardin, mes insomnies, les collections de trucs poussiérieux qui m'attendrissent ou m'enragent, les trucs sérieux qui font pareil, un nuage, deux nuages, la lumière sur l'étang, le filet de pêche, la pluie, la colère, les bibliothèque jamais rangées et les poireaux.
-T'as toujours aimé les listes, sur ce blog. Tu veux quoi pour ton anniversaire?
- De la curiosité, s'il vous plaît. Encore, et puis encore.
Pis je veux bien mendier un bisou.

16.5.09

Le bling-bling et les plombs pétés font-ils sonner les détecteurs?


Coucou revoilou le coup du détecteur de métaux!

Comme j'ai des lecteurs intelligents et sensibles, ils auront déjà compris que je n'ai surtout pas l'intention de banaliser ou d'escamoter le fait qu'un être humain vient d'être opéré après avoir été agressé à coup de couteau dans le cadre de son travail de professeur.

Mais c'est justement parce qu'on ne fait pas joujou avec les poupées vivantes que la réaction de Darcos est totalement insupportable de bêtise.

Alors, allons-y gaiement dans le nawak.

Vous avez déjà vu une établissement de type collège moyen? Vous avez vu le nombre d'entrées et de sorties?
De grilles pourvues de buissons suffisamment touffus pour dissimuler un éléphanteau?
De fenêtres?
Vous avez vu la taille d'un couteau de cuisine?

Vous avez déjà vidé le cartable d'un élève de 6°? Vous imaginez le nombre de règles métalliques, de gris-gris, de barrettes, de -horreur!-CISEAUX qu'on peut y trouver?

Vous avez déjà vu un élève mâle de 4°, peu pressé d'aller en cours? Vous imaginez le nombre de stratégies qu'il est capable de mettre au point pour faire sonner le foutu bouzin?

Et par dessus tout, vous imaginez le nombre de gens qu'il faudrait recruter pour surveiller le machin en question?

Y a quoi? 10 ou 12 000 établissements? Et un portique, ça vaut quoi? 2000 Euros? (J'en sais rien d'ailleurs, mais moi, je vous le ferais à ce prix là!)
Allez zou, une petite commande pour soutenir la consommation. Donc, trois entrées minimum à sécuriser par établissement, hop, plus ma petite commission, plus le dessous de table, allez, je vous fais l'affaire pour 25 000 000 d'euros.

Lecteur chéri, tu sais où il faut investir tes nombreuses économies.

Remarquez qu'il y a beaucoup moins cher.
Il suffit de changer radicalement la formation du personnel éducatif. Au lieu de ces profs laxistes et gauchistes qui méritent tout autant les croupières que leur taille le gouvernement que les boutonnières que leur font les élèves, engageons des terroristes.

Car depuis que l'équipe au pouvoir s'occupe de notre sécurité, les terroristes, population courtoise et responsable, ont appris à laisser leur nom et leur adresse sur les bagages dans le train et à demander par SMS la meilleure façon de faire dérailler ceux-ci.
Ils sauront donc sans aucun doute enseigner à nos chères têtes blondes à se ruer sur les portiques pour faire sonner toutes les alarmes en criant : "retenez-moi ou je fais un malheur!"

Encore faut-il, même à ce moment là, qu'il y ait quelqu'un pour écouter.

Mais bien entendu, rien de ceci ne se produira : le but du jeu, une fois de plus, est juste d'obtenir que mémé se rendorme devant son feuilleton en se disant que l'UMP veille sur elle.
"On sait bien que tout ça c'est du guignol
suspendu au crochet du boucher
alors ne traînons pas qu'on en rigole
de cette masquarade empaquetée
que nous livre la bonne société"

11.5.09

Argoat


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D'abord, il y a la rivière.
L'une des vertus des lieux magiques, c'est de vous faire oublier que vous n'êtes pas les seuls à les aimer. Peu importe ce que vous avez lu, ce qui s'en dit, ce qui circule en milliers de photos, peu importe que la rumeur vous prévienne en défiance ou en enthousiasme de commande, Venise vous attrapera d'une ombre de chat sur le mur, les Jardins de l'Alhambra ouvriront un minuscule repli de sentier rien que pour vous.

La rivière de Huelgoat n'est pas si célèbre, ni si fréquentée. Mais le nombre de familles tout autant que les touristes des beaux jours peuvent vous faire hésiter à franchir les premiers éboulements. Faites trois pas à gauche, deux à droite, les familles disparaissent et vous voilà guettant les fées.

Ah oui, j'aime l'eau! Et cette rivière changeante me ravit qui va de la chute grondante au miroitement taciturne.
Et puis, j'ai découvert que les rochers sont à l'inverse des hommes : c'est en vieillissant qu'ils deviennent chevelus. Ce jour là, le gros rocher du Ménage de la Vierge portait une affriolante coiffure de nombrils de Vénus et de jacinthes sauvages.
Sous les arbres, le lierre était bleu sombre; je me suis souvenue que les bretons n'avait qu'un seul mot pour désigner, tout ensemble, le vert et le bleu.
Et que ce n'est pas seulement à cause de la mer.

Et puis, il y a les gens des Monts d'Arrée, leur inventivité pour faire vivre des liens et des lieux. Si vous passez, arrêtez-vous à Berrien, à l'Autre Rive. Voulez-vous une bière, un café, un livre, un pouème? Un tableau, peut-être? Ceux qui sont au mur ne vous plaisent pas? Levez-la tête, on accroche aussi au plafond.

Oh, bien sûr, le lieu connote grave. Le 22 mai, on y donne lecture de La crosse en l'Air, de l'ami Prévert.
Vous serez prévenus.
Mais comme dans tous les lieux magiques, vous avez le droit à tous les détours, même les plus improbables. Personne ne vous empêchera, si le coeur vous en dit, de vérifier les cours de la Bourse sur les ordinateurs gracieusement mis à votre disposition.

10.5.09

Politesse



Cher ami
auriez-vous la gentillesse
de tenir
la place du rêve.

8.5.09

Rencontre sur la lande


Enlarge your salamandre en cliquant dessus

Rencontré e ce jour sur la lande, la salamandre le lézard a bien voulu poser.
Et pour couper court à toute critique, non,elle il ne fumait pas la pipe! Le brin d'herbe qui dépasse de sa bouche est d'origine.

(Edit : Merci Yves! Ben moi, je croyais que c'était pas un lézard, parce qu'il était vert clair, gros et placide. Un lézard, pour moi, c'est un truc qui se tire dans une faille en te laissant la meilleure part un morceau de lui-même entre les doigts.)

4.5.09

C't'une plaisanterie?

"L'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie. Vive Trotski !"

Milan Kundera articulait son livre "La Plaisanterie" autour de cette phrase, inscrite sur une carte postale pour montrer l'étau dans lequel le système politique tchèque s'était enfermé.
A cause de cette simple plaisanterie, le héros se voyait traité en ennemi du peuple et sa vie entière basculait.
D'après Le Monde, Stéphane, un menuisier trentenaire sans antécédents affichés, vient de passer 24h en garde à vue parce qu'une vague connaissance lui a envoyé un SMS disant: "Pour faire dérailler un train t'as une solution ? Et hop, au gnouf.

Le procureur se défend : Je comprends que, de son côté, la garde à vue puisse paraître violente mais, dans ce genre d'affaire, on ne peut prendre aucun risque".

C'est vrai, ça. Des fois que des innocents puissent subir un préjudice.
Moi, je crois qu'ils auraient dû autoriser les tenailles pour lui faire avouer son forfait, intention de forfait, probabilité de forfait avis sur les déraillements.

Et pour remettre une démocratie sur les rails, vous avez une solution?


Itou chez Maître Eolas.
(pt'être que j'aurais dû faire droit? au lieu de médecine?)

3.5.09

Encore des zoziaux, et des rêves aussi, perchance.


Déjà, il y a quelques années, un zoizillon m'avait fait le coup.
Dans ce temps là, il avait d'un côté, cette famille que je trouvais rapiécée, cette belle-fille à laquelle je ne comprenais rien et surtout pas la terreur que je lui inspirais, les finances en vrac, mes colères et ces assiettes qu'on flanquait par terre, le chantier ni fait ni à faire, les vêtements en vagabondage, le jardin si souvent en déshérence et le sentiment si fort de ma propre incompétence.
De l'autre, ce petit visage qu'on m'avait confié-le temps d'un repas, d'un anniversaire, d'un après-midi de jeu?-va savoir-la bouche enfantine en cerise collante. Elle m'avait déjà poliment glué la joue pour me dire au-revoir et s'était retournée brusquement avec une espèce d'urgence à dire, une intensité qui l'essoufflait et la faisait bégayer :
"vous êtes, vous êtes... ah! vous êtes une jolie famille."
Et d'envoler le dernier bisou avec la main avant de tourner les talons.
Me laissant interdite, statufiée, avec le sentiment vague que j'en reprenais pour dix ans* avec la question : c'est quoi une famille/vie/enfance/ constitution réussie?

Je n'aurais jamais rien attendu de tel de cet autre grand zoizillon, même si je ne me laisse plus prendre à l'adolescente désinvolture. Les larmes au raz des cils n'étaient pas feintes, ni le désir de rester et ce qui se bafouillait avait exactement le même sens.
Je ne sais pas pourquoi et je ne tiens pas à le savoir. Je soupçonne au loin des gens pas méchants qui se sont peut-être perdus de vue, qui, peut-être pour ne pas se faire du mal, ont oublié de se tenir chaud...
Qu'est-ce que je pouvais lui dire, à cet espèce de héron à longues pattes, sinon le houspiller pour qu'il parte à l'heure?
Dois-je lui révéler qu'il ne sert à rien d'envier qui que ce soit, que plus que toute autre, l'économie d'une vie est obscure, incertaine et, la plupart du temps, menteuse? Et pourtant, a-t-on le droit de ne rien dire, d'affirmer à un zoziau si jeune encore, qu'il n'y a ni espoir ni chemin, ni modèle ni assurance?
Et voilà que tout en lui bottant virtuellement l'arrière-train pour qu'il ne rate point le sien, je me disait qu'il faudrait pouvoir, sans peur du ridicule, lui dire : n'envie personne. Mais vole toujours, dans le verger des autres, des autorisations à rêver ta vie, à la faire plus vive, plus drôle, plus chaude que ceux qui t'ont précédé.
Et puis tu es, tu es... Ah! tu es un très chouette zoizillon.

*(c'était y a quinze. Facile.)

Elle voulait du printemps

Tili voulait du printemps.
Est-ce ma faute à moi s'il pleut?
(Et si j'avais envie de faire joujou avec le macro?)



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1.5.09

il y a vingt et un ans



Il y a vingt et un ans, j'ai poussé par trois fois et mis au monde un petit bout de zumain dont je m'émerveille, depuis et tous les jours, qu'elle soit si humaine.

Et, en toute objectivité, drôle, fine et belle.
Voui.