
Ce n'est pas très souvent, mais des fois, j'ai une mauvaise nouvelle à annoncer.
Dans mon cadre d'exercice particulier, cette mauvaise nouvelle n'est généralement pas une réponse à une question posée mais une découverte.
Comment faire pour que ce soit autrement que brutal, imprévu, assommant?
Et l'enfant que vous m'avez amené bien portant repart avec un long courrier et la perspective d'un nombre incalculable d'examens, d'attente, de spéculations angoissées.
Et je ne pourrais vous y accompagner. Je vous laisse à la porte de mon confrère, avec mes voeux silencieux, les mots que j'ai tâchés de choisir en sachant qu'il ne pouvait y en avoir de doux, les larmes dans vos yeux et la colère que vous conteniez.
Il devait être question de tellement autre chose... Votre enfant rêve en classe et s'échappe et vous veniez en parler, avec confiance et crânerie, parce que la vie, vous connaissez, cette garce, vous avez su la faire cracher ce qu'elle vous devait, malgré votre passé d'anciens de la Ddass et tous les moments où vous vous êtes cogné aux murs.
Et vous aviez affuté le verbe haut et vous étiez contents de voir qu'on pouvait en sourire.
Mais ça, vous ne l'attendiez pas, et moi non plus, quand j'ai posé des mains presque routinières qui ont sonné l'alarme avant mes yeux, avant même mon cerveau.
Quand nous nous reverrons, parce que nous nous reverrons sûrement, vous serez passés dans une autre histoire et il y aura, entre nous, ce moment où celle-ci a basculé. Je sais que vous m'en voulez.
Si vous pouviez savoir à quel point je ne vous en veux pas de m'en vouloir et combien je pense à vous...