31.12.07

Bloavezh mat!


Je vous la souhaite lumineuse et déferlante, tonique et vivifiante, éclaboussante et pleine de trésors.

29.12.07

décembre couchant


Des fois, je vis dans une carte postale.

21.12.07

C'est la saison

Alors pour une fois la Pêche à la Baleine se transforme en skyblog et vous offre pour la circonstance, ce magnifique

ADO DE NOEL!

Lol et joyeuses fêtes à tous.
Retour sous huitaine.
Peut-être.

20.12.07

rendez vous d'amour ancien


Samedi, j'embarque pour ce qui fut ma première île, mon île inaugurale. J'avais vingt ans, et je fus la première étonnée de tomber en amour d'un paysage, moi qui pensait n'aimer que les livres et les gens de passage.

J'ai rendez-vous cette année, avec une très intime amie, de celles qui vous font cadeau, en une phrase, d'un espace capital, sans même avoir l'air d'y toucher. C'est fort discrètement que l'île m'a tatouée, en un repli si peu visible, que j'ai pu l'oublier durant des années.
L'île me signifia, avec une douceur imperturbable sous le vent furieux, une chose que je ne compris que beaucoup plus tard: elle m'apprit la liberté gagnée à travers la limite admise.
Pour la première fois, je découvris qu'un lieu, d'être clos, pouvait en devenir inépuisable.

17.12.07

Ostracismes


Vous trouverez chez AKYNOU, chez SAMANTDI, ainsi que chez OXYGENE, le texte émanant de plusieurs organisations sociales et religieuses, demandant aux parlementaires européens de ne pas ratifier la directive autorisant la mise en rétention durant 18 MOIS (oui, vous avez bien lu) des étrangers.
Leurs posts sont clairs et documentés, je ne vais pas en rajouter une louche, la soupe est déjà assez infâme.
Je rajouterai juste une précision, puisqu'elle touche de près le métier que j'exerce. Tenir en rétention des adultes, actuellement, c'est également y tenir, de plus en plus souvent, des enfants, dans une situation que je croyais abolie pour toujours.
Cette année, c'est 240 enfants de tous âges (contre une cinquantaine quand même l'année dernière) qui ont été maintenus dans une situation littérale d'enfermement, et ce, pour un délit (mineur! j'assume.) commis par leur parents. Ni les lieux, ni les personnels n'ont été préparé à compenser les effets délabrants d'une incarcération. (doit-on se réjouir d'une directive qui leur demande de s'adapter?)
De plus, ces enfants ont vus leur parents aux prises avec des situations humiliantes, voir maltraitantes. Attachez la ceinture des enfants en voiture, et attachez les parents devant les enfants.
Ça c'est de la protection de l'enfance!
Je précise qu'en termes plus modérés que les miens, Madame Versini, défenseure des enfants, considère que : certaines conditions relatives au regroupement familial semblent contraires à « l’intérêt supérieur de l’enfant » et à la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).
Et Madame Versini n'est pas connue pour être une pétulante gauchiste.
L'offense faite aux enfants n'invalide, bien entendu, pas celle faites aux adultes, elle la renforce.

Moins abominable, mais grotesque cette fois-ci, l'annonce de la mise sur Internet des "résultats des écoliers, école par école" . Je laisse les enseignants discuter de ce que sont les résultats d'un écolier: le produit du travail de l'enseignant? de l'élève? de la famille? la résultante de tous ces enjeux interprété au regard de la distance à parcourir entre un primo arrivant à VauzenVelin et un fils de famille du Lycée Français?

Par contre, je vous livre le résultat d'une étude épidémiologique portugaise. Elle a étudié le devenir de l'enfant "sage à l'école". Aucune surprise sur l'inscription sociale et le niveaux de revenus.
Mais un risque significativement plus élevé , de l'ordre d'1,5 de présenter à l'âge adulte, un épisode dépressif ou anxio-phobique.
Habitant une région qui cumule meilleure réussite aux examens, fort taux de conduites addictives et, hélas encore, plus fort taux de suicide chez les jeunes, je suis dans l'obligation d'alerter mon (très) chic lectorat, tenté de se précipiter sur la maternelle qui prépare le mieux à la meilleure école primaire de leur ville:
Trop d'adaptation scolaire nuit à la santé.
Consommer l'école avec modération.

Quant à la consommation de cette politique...

référence:
"Que deviennent les enfants normaux” d’A.C. Fonseca, M.H. Damiao, J.A. Rebelo, M.F. Oliviera, S.J.V. Pinto, université de Coïmbra. Congrès de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, Paris, 29/10/2004.

15.12.07

Dans la flache-1969


En 69, j'ai six ans, et un homme, pour la première fois, marche sur la lune
Reprendre un petit caillou. Le relancer dans l'eau, écouter son écho si particulier. savoir que celui de 1969, n'a pas pour rien immobilisé le jeu bondissant qui a précédé.
En l'occurrence, la forme même du caillou a moins d'importance que l'eau dans laquelle je suis censée le lancer.
En 69, j'apprends à lire, très vite, un mot qui devient page en quelques semaines, un livre, puis dix. Ce ruisseau là, devenu Orénoque, ne me pose guère de problème, guère plus qu'une vague culpabilité envers les bénévoles déménageurs qui se farcirent si souvent ma bibliothèque.
En 69, j'apprends à écrire. Mes premiers poèmes sont strictement contemporains de mes premiers déchiffrages. Mais ce souvenir est d'une eau troublante, une eau qui n'est paisible qu'en apparence. Je peux marquer de l'ongle sur l'itinéraire, les jaillissements intermittents de l'écriture, je peux lisérer ses stagnations, accuser ses arrêts brusques, ses heurts sur d'infranchissables parois. Pour autant, l'écriture possède son propre réseau souterrain, ses nappes captives, ses résurgences paradoxales.
Il y eu des années littéralement sans, des années où même écrire une lettre d'une commerciale banalité me fut impossible. Et cela a, de toute évidence pour moi, à voir avec la mort, avec la trace des morts, avec la trace des mots. Ne me demandez pas comment je le sais, je vous dirais que je n'en sais rien, ou plutôt que les traces préalables de cette évidence ne sont lisibles que par moi.
Je n'ai vraiment recommencé à écrire que dans cet espace intermédiaire du blog, à mi chemin entre l'éphémère et le pérenne, à partir d'un nom qui n'est pas le mien, sans pour autant être une identité d'emprunt, quelque chose qui n'est ni prose, ni poésie, et dont je réfute qu'il puisse être un journal intime.
Ricochets, remous, houle sinueuse et communicable, ressac fragmenté en éclaboussures, eaux vives.
Là haut, sur la lune, les traces de pas sont immuables, sèches et mortes.

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Rimbaud,


L'aventure des ricochets se passe ICI. En ce qui concerne ce blog, cela a commencé LA

Breizhkou


la paix de l'hiver
Les corps morts en attendant
jouent au go sur l'eau

13.12.07

La fierté d'un homme.

Il n'aime pas blesser les gens, pas même ceux qui le démarchent par téléphone pour lui vendre de la fortune en paillettes fiscales.
Alors il ruse, et souvent je ris.
Cette gentille dame, à midi, lui a susurré dans le combiné qu'elle avait l'irréfragable moyen de diminuer sa feuille d'impôts. Il a pris sa voix de velours courtois, celle qui annonce, pour qui le connaît, ses plus impavides énormités:
-"C'est que, madame, voyez vous, je fais partie d'un petit club très fermé, et nous avons un challenge annuel.
-?...
- Oui, chaque année, nous nous réunissons pour savoir celui d'entre nous qui a la plus grosse imposition...
-???...
- Et cette année, j'ai une solide chance de gagner.
-???????!
-Non, Madame, pas une miette. Le champagne offert est bien trop bon. C'est cela, au revoir madame.

Souvent, je ris. Comme une baleine, même.

12.12.07

crépuscule


Les mots empêchés
Arrêtés
dans le feutre de l'existence commune
La tête passe, les épaules parfois.
Aurons nous une fois encore
le coeur
d'aller
jusqu'à la parole fertile
Ouvrir jusqu'au vivant,
ou bien dormir
sous l'or clément
de la lumière finissant?

11.12.07

Vents contre courants.


Ce post -ci pouvait donner à penser que je ne voyais que du noir dans des ces fameuses Assises de la Prévention. J'en serais confuse. C'est pourquoi je vais vous infliger un post bien moins joli que les vagues roses et ourlées.
Je veux des travailleurs sociaux dans ce pays. Je veux des assistantes sociales qui aient le temps de s'assoir boire un café, je veux des éducateurs qui aient moins de quarante mesures sous le coude, je veux des juges qui aient d'autres outils décisionnels que celui-ci,
et bien entendu, je veux pour mon propre compte, moins de 8000 élèves répartis en quarante et un établissements.
J'aime, j'aimerai toujours les gens qui font fonction, chacun à leur façon, de l'animatrice d'ateliers au médecin, en passant par l'instit et le prof, de remailleurs de fin, de tissu conjonctif, de halte bienfaisante et de dérailleurs de machines folles.
Mais, sans doute parce que je suis née dans la marmite, je ne peux m'empêcher faire bouillir quelques contradictions.
En vla un petit bouquet.
1) Travailler avec les familles.
Ben tiens.
Comme je le disais précédemment, on ne voit JAMAIS, mais absolument jamais de famille dans ces réunions. Passe encore qu'on n'invite pas à monter sur l'estrade une famille pour nous raconter leur vécu du placement d'enfants. Mais j'ai bien regardé sur la liste des réunions préparatoires. Rien, nada, maccache, nitra. Pas même une association comme ATD, Emmaus, même pas une association de familles plus huppée.
Travailler avec les familles, soit, mais pas travailler avec les familles à apprendre à travailler avec les familles.
Je me bagarre au quotidien pour que, lors des équipes éducatives, les parents ne soient pas convoqués APRES les professionnels, mais EN MÊME TEMPS.
Ahmaismediton, quand les familles sont là, on ne peux plus se dire les mêmes choses.
Ben justement.
Avant de leur dire des choses, on a d'abord à en entendre. Où en sont- elles? que font-elles de l'inquiétude des professionnels, sont-elles au bord d'une solution? Laquelle? Est-elle forcément sotte?
Ahmaismediton, il faut quand même se concerter avant pour parler d'une même voix.
Et voilà mon deuxième serpent de mer.
2) parler d'une même voix, se coordonner, avoir le même référentiel.
A se demander à quoi cela sert de mettre autour d'une table, un assistant social, un éduc, un médecin, un psy, un prof et un raton-laveur, si c'est pour qu'il aient la même chose à dire.
Si je n'écoute pas ce que le psy a à me dire, je ne fais pas mon métier. Mais si je ne fais que l'écouter, je ne fais mon métier non plus, je fais le sien.
Je ne veux pas qu'on parle d'une même voix. Je veux la voix de l'autre, y compris si elle me fait grincer des dents.
Je mets dans le même pot au noir ceux qui voudraient harmoniser les secteurs d'interventions en plus des pratiques. Travaillant avec des maternelles qui sont à l'échelle d'un quartier, des primaires à l'échelle d'une ville, des collèges à l'échelle de l'intercommunalité et des lycées drainant le département, permettez que je pouffe sur mon barreau.
Je crois à la prévention comme à une succession de tamis, à mailles différentes, ici ou là. Je crois à la nécessaire incohérence des pratiques, qui seule est capable de rendre compte de la complexité des enjeux.
Je crois à la nécessité d'avoir des lieux pour les enfants tout petits, et des lieux pour les adolescents, et que crois inévitable que les professionnels des premiers se plaignent du manque de suivi ultérieur et que les seconds aient envie d'intervenir plus tôt.
je crois inévitable que les gens parfois se dérobent, que des accidents aient lieu, parce que le jour où l'on se mêle de vouloir un paradis sur terre, cela fait tout de suite un fort convenable enfer, parce qu'une société qui s'imaginerait vider les couloirs de la psychiatrie adulte et la tôle, le tenterait au moyen de procédés terrifiants.
Et je crois à l'absolue nécessité de ne pas s'arrêter au genre de constat que je fais, et à celle de continuer à pousser des petits cailloux sur les rails des destins programmés.


PS qui n'a rien à voir :
ce week-end est née en Bretagne un nouvel aphorisme météorologique : "il souffle des Rafales à décoiffer une secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme."
Allez, une petite dernière, trafiquée celle-là.

10.12.07

interlude

Par suite des récentes conditions météo sur le Bout du Bout -vu par chez nous- (j'ai un lectorat canadien auquel je tiens beaucoup), l'auteur de ce blog est dans l'incapacité de vous présenter, ce soir, le post très long et très rasoir sur ses interrogations sur la prise en charge de l'enfance bringuebalée. En effet l'auteur s'est précipitée en bord de mer dès sa journée finie, au lieu de rentrer sagement à la maison pour le finir.
Donc, en lieu et place du post initialement prévu au programme, une vague vague.
C'est regrettable.
Mais pinaise, qu'est ce que c'était bon!

9.12.07

ça souffle


Tempête chez moi. Le vent lève l'eau et arase l'herbe. Butés, pied à pied, presque horizontaux, les arbres s'entêtent et jouent sans rire à la sélection naturelle. Les mouettes et les corbeaux se sont réfugiés chacun dans un champ et se les plument grave. La chatte n'a pas bougé de la couette.
On a bien prévenu tout le monde qu'il ne fallait pas s'aventurer sur les chemins de bord de mer. Il y a presque autant de badauds sur la pointe de T. qu'un quinze août. Seulement, ils penchent.
-c'est sûr, pour habiter ici, faut être franchement à l'ouest.
-ou bien avoir un caractère bien trempé.

vague précise

7.12.07

de la contradiction en milieu ouvert-post embrouillé

Aujourd'hui, c'était Assises de la Prévention. Qui vaut mieux que Courate de la Guérison, comme chacun sait.
Je ressors, comme toujours, partagée de cette journée, où il sera essentiellement question de la nouvelle loi sur la protection de l'Enfance, et où il sera beaucoup parlé des Familles qu'il est question de Placer au Centre du Dispositif. Je mets des majuscules pour que chacun soit conscient qu'il s'agit bien de concepts. Car les Familles, c'est comme les Pauvres, dans ce genre de grand messe, on ne cesse de les nommer, et on n'en voit pas la queue d'un. Sauf à penser que nous sommes, même nous les professionnels, toujours le Pauvre de quelqu'un, et pour le moins un bout de Famille, par en haut ou par en bas.
Mais là, j'attaque le Dogme.
Qui veut, bien entendu, que le Pauvre, ou la Famille à mettre sous tutelle à aider, soit l'Autre.
J'exagère.
On va finir par m'accuser d'être du genre à dire "pfff, savent même pas nager!" le jour où les travailleurs sociaux marcheront sur les eaux. Mais au vrai, je suis, comme je l'ai dit, partagée.
Je suis si contente d'avoir vu tant de gens occupés à coincer les pieds dans les portes, que je suis même presque prête à tolérer qu'on prononce une fois de plus devant moi l'expression : "Intérêt Supérieur de l'Enfant". Et pourtant, s'il y a une expression qui me colle un urticaire de derrière les flaques d'eaux, c'est bien celle-là.
Je ne suis absolument pas capable de déterminer quel est l'ISE qui motive l'AEMO ou celui qui meut le TISF . Je suis tout au plus capable, au fil des ans, d'étalonner mon propre trouillomètre et de me dire, devant certaines situations : "Bon. Là, ça suffit les conneries sur poupées vivantes. "
Mais le seul intérêt supérieur que je reconnaisse à l'Enfant, c'est de devenir adulte. Et cela se passe forcément en s'arrachant à l'enfance. Où, quand, comment, à quel coût, voilà bien des points sur lesquels je suis contente d'être à ma place, et pas à celle d'un juge.
Je sors de ces pince-fesses avec le sentiment qu'il est dans la nature des institutions de ne pouvoir saisir l'aspect dialectique et nécessairement conflictuel du grandir.
Une toute petite anecdote, comme cela, en passant parce que je sens bien que j'aborde des territoires à moi-même confus. Régulièrement, je découvre chez des enfants de cinq ans, des anomalies de la vision des couleurs. Parmi les professions interdites aux daltoniens, il y a celle de démineur dans l'armée. J'annonce donc, d'un ton grave qu'il faut renoncer à cette perspective d'avenir pour leur enfant.
Croyez moi si vous voulez, je n'ai absolument jamais rencontré de mère ni de père qui en témoigne un quelconque regret.
Et pourtant, il semble dans l'intérêt supérieur des nations d'avoir des gens qui acceptent le risque de sauter sur une mine antipersonnel.
J'en ai donc conclu que démineur au Kosovo, c'est comme flic au GIGN, medecin scol, ou testeur d'héroïne à Bogota, c'est un métier qu'on décide quand on a l'âge de balancer aux orties ce que les adultes pensent bon pour vous.
C'est pas avec ça que je vais révolutionner la protection de l'enfance, hein?

6.12.07

Ecole du renard.


D'habitude, je ne poste pas le jeudi, parce qu'après trois heures de breton, j'ai la tête dans le chou-fleur, voire même dans le chou-chêne.
Mais le prof étant absent, j'ai fait skolig al louarn, la petite école du renard. Vous avez remarqué qu'on est tellement formaté par ses années d'école qu'on est capable de se réjouir d'un cours qui saute, même quand on a payé pour, et que personne, absolument personne ne vous oblige à y aller?
J'ai beau savoir, j'ai quand même un sentiment d'allégresse à expier, en rattrapant du retard de post.
J'en profite donc pour annoncer deux concours photos.
Un chez Gilsoub et/ou Jathénaïs sur le thème de l'insolite. Ça risque de rêver grave.
Un autre chez Olivier, dont le blog " Belgian coffee time" sous-titre fort joliment et on ne peut plus justement : "la Belgique est un plaisir et doit le rester"
Rien que pour ça, et aussi parce qu'il y a des pralines belges à gagner, je participe.


The 2nd Belgian Coffee Time Contest


5.12.07

Mirage


Souvent, les poings sur les yeux, je m'envole vers d'autres vies à vivre. Sous ma couette, j'ai sauvé des vies innombrables, marché sur des crêtes téméraires, d'un pied infaillible, j'ai dompté des animaux et des hommes d'une paume altière, et chanté comme une rock star. Toute honte bue, à certaines heures limoneuses, j'ai même déplacé des objets par la seule force de ma pensée, et comme tout le monde, j'ai volé, dès lors que j'ai su maîtriser le petit saut moqueur et magique de mon thorax.
Rien de ceci, bien que cela constitue un fond de rêveries inavouables en société, n'est aussi subversif que de rêver une rencontre, que d'imaginer, les yeux fermés, le choc d'un regard grand ouvert.
Nos cils sont des paravents, nos larmes des écrans de fumée, même nos sourires sont des esquives. Combien de fois ai-je accepté de me laisser regarder autant que je regardais, pupilles humbles, sans calcul, première nudité offerte, première plongée consentante, un peu tremblée?
Je peux rire de moi, de l'enveloppe prospère qui nargue l'adolescente spéculation, je peux me taxer de vouloir le beurre et le songe du beurre, je sais malgré tout que subsiste, ici, l'une de mes plus grandes nostalgies.
Les yeux clos, je continuerai à rêver d'un premier regard.

4.12.07

La lettre d'Ingrid


Je suis émue en lisant la lettre d'Ingrid Bétancourt. Je réalise que ce petit garçon de grande section de maternelle, que je vois aujourd'hui, en visite, plein de vie, avec tant de choses à raconter, n'était pas né quand elle a été enlevée.
Je pense curieusement à mon père, qui, au même âge que ce petit garçon, en 44, quand on lui racontait l'anecdote du chien qui lui avait arraché un morceau de chocolat, se taisait, perplexe : c'était QUOI, le chocolat?
Aucun autre rapport, bien sûr, que ma propre association d'idées, que mon propre glissement autour de l'échéance, du temps qui fait basculer dans un autre monde.
Six ans, bientôt, une durée de guerre. Et jour après jour, cette menace, dont la première et suffisante victoire est de dissuader toute espérance, d'abraser l'horizon des jours en lignes plates et sépulcrales.
J'essaie d'imaginer, de me représenter Ingrid Bétancourt, à qui l'on demande de prouver qu'elle est en vie. (C'est quoi la vie?, dirait le petit garçon, disent peut être les 243 enfants placés cette année en centre de rétention-au mépris de toutes nos lois sur la protections de l'enfance)
Aurai-je le courage, après six ans d'une vie comme ceci, de continuer à dire que la vie n'est pas cela, ne peut se résumer à cette âcre survivance, sans même le réconfort d'un clan? aurais-je le courage de maintenir cette plaie béante, de garder vive la perte, plutôt que les cendres?

3.12.07

Breizhkou c'hoazh*


la mer fait l'échine longue
Au vent tailladant
Et mes oreilles tombent


(*haiku breton encore!)

(j'ai un tout petit peu la flemme
d'écrire autre chose
alors je vais dans mon lit
lire Orhan Pamuk)

2.12.07

Breizhkou


Tempête en bourrasques
Ironique, le cormoran
a plongé sous la vague



L'homme prudent qui n'a
qu'une seule paire de chaussure
garde la vague à l'oeil

le truc idiot du jour

Mon cher Diogène, ayant promené sa lanterne dans des coins saugrenus (au lieu d'aller bosser, hein!) me propose le test suivant:

Aller sur le site de l'ANPE
- cliquez sur « Recherchez vos offres d'emploi »
- A la rubrique "vous cherchez un emploi de", plutôt qu’un travail fatigant payé au lance-pierre, tapotez « Rien » et lancez la recherche.

hihi.