24.7.09

A PORI (E)

Ceci est une spéciale dédicace à la charmante Tippie qui m'a fait les honneurs de sa ville et en particulier de sa statuaire pour le moins...euh... pour le moins euh, c'est exactement ça.
Donc tout spécialement pour elle, deux exemplaires de statues finlandaises, l'une à Pori, l'autre à Rauma.
Et puisque Gilsoub ne traîne pas loin, pourquoi ne pas proposer pour l'été un hors série sur le sujet " Et chez toi, le conseil municipal a choisi quoi?"



Je vous ai écrit de Bremerhaven, toute à la joie d'être arrivée.
Je ne vous ai pas écrit du canal de Kiel.
Je vous ai écrit de Kaliningrad. Mais la douanière campait dans sa guérite mobile sous la passerelle et je n'ai pas touché la terre russe.
Je vous ai écrit de Mantyluoto, me disant qu'il avait fallu bon nombre de hasard pour que je découvrisse ce port de Finlande, dans ce pays où la forêt descend jusqu'à la mer et sur le moindre ilôt.
Je vous écrit maintenant de Gävle, dans une brume suédoise, par une tout petite liaison, précaire comme une bouteille à la mer.
Je reviens bientôt.
Je vous embrasse.

10.7.09

Passer le pont.



Qu'est-ce qui fait qu'on se sente, à certains moments plus qu'à d'autres, en voyage?

Ce n'est ni affaire de météo, ni même de lieu. Cela n'a rien à voir avec l'exceptionnel du cadre, ni la jouissance appropriative d'avoir été là, d'avoir vu cela.

Le voyage commence avec le contraire de l'appropriation, avec le sentiment de ma propre étrangeté, de mon innappartenance, d'une forme d'irresponsabilité vis à vis des évènements. La jouissance est celle d'être rendue agile parce que déliée.

Il suffit parfois de passer le pont.



Parfois, cela ne marche pas. Le voyage n'est qu'une route morne, pesante, interminable. On se demande pourquoi on est parti, s'il était bien raisonnable de mettre en mouvement tant de chose et de gens, y compris soi-même, pour une aussi mince satisfaction.
Ce n'est souvent que le sentiment que le temps s'est morcelé inharmonieusement, que l'on a pas su tirer parti de rien, que la pensée, au lieu de flotter, s'enroule en barbelés.



Mercredi fut long, jusqu'à Arras. Mais je me suis sentie particulièrement bien dans cette ville qui offre sans détour, sans complications particulière, son vieux cœur magnifique. Sur la place aux hautes façades qui se soutiennent sans défaillance depuis des siècles, le luxe d'un café au son du beffroi me coûta un euro vingt et me fut servi par Martine, la cheville effondrée dans les tralettes et lœil vif, qui délaissa un temps ses cotes de porcs mises en route pour le midi pour venir cuisiner cette dame seule avec un appareil photo. C'est que le jeudi, il y a jamais grand monde.
Et cette ruelle, ne l'ai-je pas vue dans un Pieter de Hooch?


Dans la campagne, les engins agricoles moissonnaient soigneusement autour des cimetières militaires enclos, qui en paraissaient presque minuscules.
Est-ce qu'un jour, la ville rejoindra ces espaces volontairement laissés sous leur forme de champs de cratères, maintenant incompréhensibles?

(monument canadien de Vimy)

8.7.09

Ondes positives

Je suis dans l'enceinte d'une célèbre enseigne qui vend de la junk-food. L'avantage, c'est qu'ils ont ouvert des connexion wifi en libre service.
L'inconvénient, c'est que ni l'odeur, ni les bruits ambiants ne vous pousse à la délicatesse d'écriture.
Alors, ce billet sera pour donner des nouvelles.

Je suis du côté d'Arras. Je monte tout doucement vers le Nord. L'heure de départ est encore incertaine. Le 11? le 12? Peut-être finalement le 13. Mais j'ai un beau ticket de passage dans mon ordi et des gens très gentils qui me tiennent au courant tous les jours.


Quand je suis partie, j'ai allumé la radio. Il y était question de la "Jeanne d'Arc", de l'attachement que les marins qui y ont fait campagne ont pour ce bateau.
Puis, l'heure suivant, il fut question de Cendrars.
Sauf cinq minutes, où un vallon me fit perdre le contact avec la radio nationale, pour tomber sur une station locale.
Il y était question de Mac Orlan.

C'était, pour partir, de magnifiques ondes qui ne sentaient pas outrageusement la frite.
Mais qui en donnaient.

Je vais sans doute voir Tippie dans sa n'Hollande.
Tout va bien...

6.7.09

Décidément, c'est Corto...

Un quai pour un autre, ce sera donc celui du port de Bremerhaven, pour embarquer sur un cargo allemand qui fait un circulaire, passant par Kaliningrad, la Finlande et Gravle en Suède.
13 jours de farniente et de méditation.
De photos aussi, j'espère.
Départ prévu le 11 ou le 12 et retour vers le 24.

M'en vais partir par petites étapes, parce qu'il n'y a aucune raison de se bousculer et toutes les raisons de cultiver l'absence de précipitation.
Bref, je vais promener ma baleine sur une ligne du Havre à Brème.
JEA, j'ai votre adresse en munition, peut-être au retour.
Tippie, je devrais passer pas loin de chez toi... On partage un gâteau et un muffin?
Les autres... vous avez jusqu'à jeudi pour lancer une écholocation!

Pour le récit de voyage et les photos, ce sera au gré des connexions-peut-être seulement au retour. Un cargo, c'est des escales à des heures aléatoires... Pas sûre de trouver un cyber-café.

Rendez-vous fin juillet. D'ici là, portez-vous bien.

5.7.09

Sous la canopée


(c'est plus joli si on clique)
Sous la canopée
du Morbihan
j'ai croisé la patrouille
qui s'entraînait
pour le 14 juillet.

4.7.09

Sortir du gris


Ces derniers temps, j'ai beaucoup pensé à une nouvelle d'Alphonse Allais. En bon chimiste fou, il eut l'idée de décrire par le menu la composition élémentaire de sa bien-aimée. Ayant constaté que l'objet de ses soupirs étant composé essentiellement d'eau, de protéines et de quelques électrolytes, il en conclut que c'était bien bête de faire tant de tintouin pour si peu.

En dehors de quelques grands fracas et de l'impérieuse nécessité de survivre, il n'est guère de troubles de l'existence qui ne puissent être résumées de la même façon.
Peines de cœur, projets noyés, embarras de trésorerie ou inquiétude devant les tendances de votre progéniture à une forme hilare d'amoralité, rien qui, convenablement détaillé, disséqué, remis en perspective et trituré, rien qui puisse garder longtemps sa figure de drame.

Et rien, absolument rien qui, au final, ne résiste à cette entreprise, tant qu'il n'est pas encore temps de cesser d'en souffrir.
On aura beau faire, raisonner, abraser les écueils douloureux de la pensée, ils reviendront dans la nuit. On aura beau faire le tour des ses richesses, le matin vous verra le front collé à la vitre, le cœur étreint, balançant entre le sentiment d'injustice et celui de sa propre iniquité, abandonné, vacant.

Le premier mensonge de la raison, ou sa première erreur, est de croire l'homme raisonnable.

Ce n'est pas la raison qui a fait lâcher le gris. Peut-être la stupéfaction. La compassion pour l'homme aux quatre-vingt défauts (oui, oui, il en a perdu pas mal dans le maelstrom) touché, touchant, tenace à vouloir effacer les traces de ce qu'il faut bien appeler une Bérézina de Juillet, dont il n'était pourtant nullement responsable.
Vos messages, vos invitations, vos sacres.


Je ne courrais pas après Michel Strogoff. Mais après tout, j'ai eu d'autres amours littéraires. Dont certaines ont résisté.

J'aurai peut-être, une dizaine de jours, une place sur un cargo. Je le saurai lundi.
Alors, je ris, je fouine, je parle globish avec un Hambourgeois charmant au nom imprononçable qui me parle de la Baltique et me promet qu'il va tout faire pour que je parte. Je n'ai pas défait ma valise, juste effacé les widgets qui me donnaient la météo de Kazan et d'Irkoutsk. Je touche du bois et la casquette bleue pendue au mur.

Oui, bien sûr, il y avait aussi un marin, dans mes amours de jeunesse.

2.7.09

Partir, na!


Je n'aime pas le tourisme. Pour m'en convaincre, je n'ai qu'à regarder les innombrables offres de zoulis rêves à prix cassé.
Je l'ai fait, par acquis de conscience, poussée par les voix aimantes et désolées qui me disaient: " allez, fais-toi plaisir!"
Mais non, j'ai envie de voyage, pas de tourisme. Ce qui me plaisait dans ce rêve stoppé net, c'était justement le temps non emballé, le train, le temps sur le fleuve. Oui, oui, je voulais bien voir des églises, mais en plus du reste, des babas qui vendent des framboises, des réminiscence de Michel Strogoff et de la lumière entre les bouleaux.

Oui, peut-être qu'un jour, je serais tentée par les Torii ou les eaux cristallines de Vanuatu, mais c'est parce que quelque chose m'aura appelé là-bas, un ami, un tableau, une incise dans le feutre du quotidien.

Je n'aime pas le tourisme, mais la privation de voyage m'est aussi insupportable que l'éloignement trop prolongé de l'eau.

Alors, je vais partir. Je ne sais pas encore comment je vais lancer les dés, pour ouvrir la première case.
Prendre un volant et faire un blogotour? (mais, suis-je montrable en ce moment? Pas sûr... Vous avez du soapalin?)
Prendre un volant et ne se fier qu'à l'envie de cette route là, juste à droite?

Prendre le train pour une de ces gares parisiennes qui s'étoilent sur toute l'Europe et profiter de Schengen pour décider au gré des petits volets métalliques dont le bruit est aussi alléchant, aussi prometteur qu'une odeur de cannelle sortant du four?

Opter pour un tour d'iles? Un zig-zag alphabétique? Un voyage dans les Cévennes? Avec une ânesse?

J'ai envoyé des mails à des compagnies de cargos qui prennent, parfois, des passagers.
Amis canadiens, si jamais j'arrive à Montréal, passant par Gibraltar, prendrons-nous un bagel de concert?
Au bout de 15 jours de mer, à ne rien faire d'autre qu'épuiser ma pile à livres et photographier le bastingage, je serais sûrement plus montrable que maintenant.

Sait-on jamais?
Un désistement est si vite arrivé...

Partira pas.

Mais curieusement, pas pour les raisons craintes au départ.
Le passeport vagabond a été récupéré au terme d'une épopée, dont je n'aurais pas tiré 500 pages, mais un joli petit billet quand même.

L'enveloppe récupérée contenait bien le passeport mais au lieu des billets attendus....
une lettre de la société Arteast / Russorama déclarant le voyage annulé. Une histoire de dépot de bilan.

Je m'étais étonnée de la légèreté de ce voyagiste. Je comprend maintenant pourquoi il ne répondait pas à mes mails. Mais il aurait pu nous éviter de déranger 5 personnes pour courir après un courrier qui n'était même pas celui du Czar.

Ma déontologie m'interdit de le découper en rondelles. Par contre, le net peut-être un moyen efficace de faire savoir son incompétence.
Donc, vous pouvez faire savoir haut et fort que Russorama arteast est tout, sauf fiable.

(d'ailleurs, gentils amis, si vous cliquez suffisamment fréquemment sur ce billet, vous ferez monter mes stats, ce dont je me contrefous, mais si ce billet vient s'intercaler sur gougueule entre les pages de pub de ce monsieur, ça évitera à d'autres gens de rêver comme je l'ai fait.


Vous avez des plans sympas pour juillet?

1.7.09

Positivons.

Est-ce la grande valise va servir?
"Oh, dit Fille Cadette, ça peut toujours servir à planquer les morceaux du voyagiste dans la consigne."
'ffectivement.