25.2.09
D'un autre côté.
Je l'ai prise par les revers et comme dans une scène de film noir, j'ai approché mon visage du sien. Je l'ai gardée ainsi, pour qu'elle ne s'échappe pas, pour que son regard puisse se dérober et je lui ai tenu des mots durs et nécessaires. J'étais dans une colère calme et profonde à la fois et je sentais ma force dans le mouvement de mes mains. J'ai tout dis de ce gâchis, de l'urgence qu'il y avait à le regarder en face. Je n'ai tu aucune blessure, je ne voulais même pas savoir comment on en était arrivé là, je lui ai juste dit que cela ne devait pas continuer, qu'elle n'avait pas toujours été comme cela, que peu importe au fond la nature de sa dope, que ce soit l'alcool, la malveillance ou la peur, mais qu'il fallait qu'elle s'arrête.
Jamais je n'ai été aussi profondément en colère mais aussi attentive à ne pas la lâcher, à ne pas lâcher prise, comme si c'est à moi qu'il revenait de l'extirper de cette coulée de boue qui la sépare de nous, du vivant, de l'acceptable. Jamais je n'ai été aussi déterminée, aussi puissante, aussi sûre.
Et jamais je n'ai su à quel point il est dommage que ce soit impossible à dire et à faire pour de vrai, parce qu'au premier mot articulé, non, au premier rapprochement, je serais, comme un météore présomptueux dans une atmosphère tellement trop lourde, pulvérisée, expulsée, incendiée avant même de pouvoir, ne serait-ce que la toucher.
Ce n'est, depuis longtemps, qu'en rêve que je parle à ma mère.
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9 commentaires:
En quoi mon désir est-il plus légitime que l'inacceptable qu'on m'oppose ? Admettre qu'il n'est pas plus légitime suffirait-il à m'apaiser ?
Yves, mon ami, pour une fois, je ne comprend pas ton commentaire.
Mais ce post n'est peut-être pas compréhensible non plus...
J'aimerai ne plus avoir mal.
Pour ça, il faut que je me fasse – lui fasse – violence.
Je peux aussi l'ignorer, mais dans cette hypothèse, c'est mon sentiment de culpabilité qui me fait mal. Sauf à admettre que ses choix ont leur propre légitimité.
Je ne suis sûr d'être plus clair : j'aurais peut-être dû faire un dessin... ou m'en sortir par une citation de Paul Éluard : « Comprenne qui pourra.»
Que les silences et les non-dits peuvent être pesants. Je suis émue par ton billet. J'ai aussi les sommeils très peuplés en ce moment ! Je t'embrasse.
C'est la puissance du rêve de nous transformer en être tout puissant surtout avec nos parents.
Le réveil nous ramène à la réalité et nous savons que, pour l'avoir parfois expérimenté, la violence des mots ou le calme de la colère froide les yeux dans les yeux, de nous enfants de notre mère par notre position nous ne pourrons la changer ou infléchir sa courbe de vie.
Nos mères parce qu'elles sont nos mères ne peuvent pas changer sous notre impulsion, jusqu'à la fin de nos jours nous sommes leur bébé fragile et inculte. Nous ne connaissons rien de la dureté du monde et elles savent tout, surtout ce qui est bien pour nous.
Un jour nous ne sommes plus des enfants malheureusement. Nous avons plus vieilli qu'elle au hasard de la vie mais notre voix n'est pas plus audible, car même si l'expérience nous a vieilli d'un siécle, nous sommes ses enfants. Elle sait...
Alors soit la rupture définitive se fait, soit un silence, une neutralité armée s'installe pour donner un semblant de rapport normaux. Fragile, éphémère compromis ou déchirure définitive, choix insatisfaisant. Nous ne pouvons pas changer l'autre contre lui même et surtout pas nos mères, dommage ou tant mieux, je ne sais pas.
Un petit conseil de lecture "Asiles de Fous" de Régis Jauffret en folio, sur les familles bien évidement.
Anita, j'ai fait exactement le même rêve, c'est réellement étonnant.
C'est à nous tous qu'il appartient que cesse cette ignominie
c'est le sujet du rêve qui rêve...Toujours
Bises
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