12.1.10

Apprivoiser le rutabaga.

Si je faisais bien mon métier, je t'aurais remballé tout ça.
Allez hop, on déblaie, les fausses allégations, les références fantaisistes, le déni, la terreur montée de toute pièce qui en cache une autre, zou, retour dans le panier de la dame.
Mais la dame en question n'est pas ministre et somme toute, elle est sincère dans sa façon de s'arc bouter à son plaidoyer.
Son fils n'est pas plus allergique que moi et la panier-repas qu'il trimballe tous les jours n'est pas plus justifié que l'éviction de piscine chez la petite fille rendue rachitique par le port du voile intégral.
Donc, si j'obéissais à la circulaire, je dirais un non sec et je serrerai la main en disant au revoir Madame.
Mais.
Mais d'une part, faut pas trop me gratter en ce moment avec les circulaires et puis d'autre part, ce pâle rutabaga qui n'ose pas me regarder en face, il m'intrigue.
Je vois très bien d'où vient cette pseudo allergie au protéines du lait, au lactose et au gluten jamais réellement bilantée. Rajoutez-y l'absence totale de vaccination, la certitude que le chlorure de magnésium guérit le tétanos, la scolarisation à domicile et le repas froid pour éviter toute possibilité de réchauffage au micro-ondes et vous avez tout le kit du long combat contre le monde méchant qui ne songe qu'à vous empoisonner.
Je vois très bien ce qui va se passer si je fais ce que je dois. Ils vont prendre leurs cliques et leurs claques et disparaître une fois plus dans la nature. Aimant leur enfant unique et persuadés d'agir pour son bien.

Il a d'ailleurs exactement l'air de quelqu'un dont on veut la totale préservation. Et bordel de vierge enceinte, ça ne rend pas heureux, si j'en crois sa politesse vide de toute spontanéité, son expression souffreteuse, son developpement prudemment arrêté au bord de l'adolescence.
Doit rire une fois par an et fréquemment laisser son tour à un camarade plus motivé.

Alors, quitte à bouffer son fenouil cru, autant qu'il le fasse à la cantine, avec les autres, même si le choc culturel avec les grands couillons habituels peut être rude. Il y en a des plus fins que d'autres, dans la masse et il semble trouver sa place. De toute façon, il a beau se retenir, les poils lui poussent et dans le grand 8 qui l'attend, bien malin celui qui sait ce qu'il prendra ou laissera de ces deux discours si différents.

Je vais tâcher d'obtenir au moins une vaccination anti tétanique, sans trop y croire, mais surtout, je vais tâcher qu'il reste avec nous. Et puis, ça m'amusera de voir comment il va s'y prendre pour faire chier les adultes.
Ça m'étonnerait quand même qu'on le retrouve tatoué jusqu'aux yeux ou avec des piercings en quinconce sur la langue. Au stade où en sont ses parents, il a des armes beaucoup plus économiques que cela.
Un BN lui suffira. Un hamburger, s'il veut vraiment la guerre.

6 commentaires:

samantdi a dit…

Oh que ça me parle, bondieu, ce portrait ! Faut croire qu'on a un peu partout les mêmes :-)

Kozlika a dit…

Oh et moi qui ne suis pourtant pas dans l'enseignement ça me parle aussi dis donc !

Gilsoub a dit…

Il fut une époque j'ai connu ceux qui auraient put être ces parents, mais je n'ai jamais su si il l'était devenus...
par contre d'autre se sont bien assagis en devenant parent...
J'aime bien la maxime du blogue de ma copine Kaliuccia "avant j'avais des principes, maintenant j'ai des enfants!" (et pour ceux qui ne connaissent pas: http://kaliuccia.canalblog.com/ )

Tili a dit…

Je n'en n'ai jamais connu des comme ça. Ça me fais plutôt mal au cœur.

Et puis, du coup je me demande, maintenant que j'ai envoyé ma petite lettre de demande d'instruction en famille, comment ils vont interpréter ça à l'Académie, gloups.

Valérie de Haute Savoie a dit…

J'en ai connu un qui était "végétarien" (toute la famille sauf le père qui se bâfrait de saucisses devant les enfants. Végétarien parce que maman aimait les animaux. Et puis il est devenu acteur, est parti de longues semaines pour tournage. Il pouvait alors, loin des yeux maternels se remplir la panse de diverses carnes. Le petit hic,c'est qu'à quinze ans il faisait encore pipi au lit...

Ennairam a dit…

J'ai connu un élève qui était spectaculairement grand comme les plantes qui cherchent à avoir un peu de lumière, à mon avis il avait poussé assez haut pour ne plus entendre sa mère. Et bien d'autres comme ça. Quant à mon fils aîné, le seul pour qui j'aie eu quelques prétentions diététiques, et à qui j'ai évité les bonbons autant que possible dans sa petite enfance,eh bien c'est celui qui a déclaré un diabète (c'ets bête) à 19 ans ...
En même temps, si un mac do ou un BN suffisent à la transgression, je veux bien élever ma fille (fa mille) au fenouil cru. Ne nous plaignons pas, elle n'en est qu'au collier à clous ...