19.2.07

la part réservataire.


Pour parodier Duras, y-a-t-il un voyage qui puisse tenir lieu de voyage, une rencontre qui tienne lieu de rencontre?
Je suis partie, je partirai toujours. Près, loin, cela n'a pas d'importance. J'ignore presque toujours ce qui me met en mouvement. Ce n'est ni la curiosité, ni le désir d'exotisme. Pourtant comme tout le monde, il m'arrive de rêver de soleil immobile, de siestes longues, du plomb fondu entre les omoplates, oui, oui, imaginez ce que vous voulez.
Mais vous ne m'avez pas vue descendre une autre rue Sainte Catherine, fouettée de neige, les joues mordues, légère, presque clandestine dans cette nuit qui tombe si tôt. Vous ne m'avez pas vue, la tête en arrière devant un rêve enfantin: voir- non pas voir : ENTENDRE les glaces sur le fleuve.

Non, vous ne m'auriez pas vue, je ne me serais pas donnée à voir. J'ai généralement le voyage pudique et dérobé, dans les interstices, en passant. Je suis polie avec les monuments, et souvent spectatrice ravie des arrières-cours. Je croise vos chats avec bonheur, et j'aime goûter ce qui vous nourrit. Je regarde les bus que vous prenez, les livres que vous lisez. J'aime moins vos grands hommes que les strates patientes de la vie des vôtres.

Des gens? Oui, il y eut des gens, mais ils ne m'appartiennent pas. Je les ai effleurés, ils m'ont touchée, je n'en dirais rien de plus, la bribe ne se porte bien que dans un vent flou.

Je vous aime toujours.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Anita.
Comme un chat qui passe, happé par ce ton et ce goût des petits chemins de traverse, cette manière de flâner, en douceur et nez au vent, trouvant son bonheur dans les sensations.

Tellinestory a dit…

Bienvenue Meerkat, les népétas sont au bout du jardin à droite, installe-toi!

Anonyme a dit…

Des népétas, quel beau cadeau ! Tout comme ce texte, que je lis et relis, qui me parle tout particulièrement. A bientôt Anita.