20.2.07
1963: titre de séjour.
A ce stade là du jeu de ricochets, j'ai bien entendu envie de me dérober.
Anoter cette date, comme Louis XVI le fit du 14 juillet 1789 : "aujourd'hui, rien".
Ou bien anticiper ce qui fut ma première image télévisuelle, et dire "un trois milliardième de pas pour l'humanité, et depuis, qu'est-ce que je rame parfois."
Comme tout le monde ici, je suis née. Comme tout un chacun je gagne à être connue, mais pas trop. Je suis née, et le nombre de gens à qui cela importe est parfaitement ridicule en regard de ceux qui s'en foutent jusqu'au vertige.
De cette année qui vit la disparition de Jean XXIII, de Kennedy, de Piaf et de Cocteau, ma naissance et celle de Lolo Ferrari suffisent-elles à combler les vides ainsi laissés?
Pourtant je suis née, et depuis le résultat occupe une grande partie de mon temps, et un peu celui de quelques autres . J'ai sans doute été conçue de façon aléatoire, et je suis devenue plein d'autres choses par inadvertance, mais naître, non, cela j'ai dû le faire en m'y consacrant entièrement.
Dans ces histoires de naissance, il y a, en général, au moins deux personnes parfaitement concentrées sur ce qu'elles sont en train de faire.
Plus tard, au milieu de déchirements tout à la fois imprévisibles et curieusement répétitifs, ma mère s'accusa à plusieurs reprises de ne pas avoir été une bonne mère pour le nourrisson que j'étais, le troisième en trois ans, nourrisson tranquille et peu caressé. Est-ce vrai? Ou bien, comme je l'ai souvent pensé, était-ce une dérobade devant l'ici et maintenant de la violence maternelle?
Si j'en crois ma propre expérience de la chose, la relative bonne humeur que je mis à en faire naître trois, avec ni plus de complications qu'une mère chatte, ni moins de poids qu'une baleine, la sérénité avec laquelle je donnais le sein, tant au commissariat, qu'à la table du conseil municipal, je peux, là aussi, me livrer à une supposition : elle ne devait pas être si mauvaise mère qu'elle a bien voulu le dire.
Car ces choses-là, qui ne font nuls souvenirs, font mémoire au corps, et j'ai bien de quoi dire, somme toute, merci.
"the rough places will be made plains and the crooked places will be made straight"
On peut toujours rêver.
NB: je le rappelle, de nombreux autres ricochets, de toutes provenances, sont lisibles ici
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