10.8.08

Voyage en France.


(écluse de Poses, Août 2008)
Il y a encore des vaches sous des pommiers, et il faut dire que certaines ont l'air plus bêtes que d'autres.
Il y a des grand-pères qui tiennent des petits-fils d'une main et des cannes à pêche de l'autre.
Il y a des orages qui déchirent l'étoffe trop lourde des jours trop chauds.
Des ruisseaux qui, toujours apparaissent à la voyageuse loin de la mer, comme des aubaines.
Des villages dont le seul endroit plat, c'est le parvis de l'église. A la sortie de la messe, la crème des gâteaux reste bien droite.
Près de Chartres, les silos avaient l'air de châteaux coriaces, vaguement menaçants et ce fourgon de la Brink, sur cette petite départementale, d'un scarabée sur le qui-vive.
A Poses, du barrage à l'écluse, la Seine passe du fracas au friselis, de l'annonce sans ambiguïté de sa force grondante à la plus évidente bonne volonté.
Et l'on s'étonne que j'aime l'eau?
J'ai dérangé d'innombrables petits rapaces, hobereaux des bords de route qui se sont envolé de leur aile précise et sans émotion.
Mais l'ânon brun et confiant qui est venu vers moi s'emmêlait encore un peu les pattes et il s'en est fallu de très peu que je ne le dérobasse. L'oreille, un peu trop longue, dépassait de ma veste : j'ai dû le remettre à son champ, un peu aussi à sa mère.
Et des fleurs, des fleurs partout, des Giverny de poche, des vieilles dames en blouse, à la main bénigne, qui éboutonnent les dahlias et se redressent pour voir qui passe. Des merveilles fugaces, du temps dépensé là, aussi inutile, aussi précieux que celui passé à écrire ou à peindre.
Je n'ai garde d'oublier les chats! A ceux qui les aiment, ils sont moins des animaux isolés que ce que les coquilles aux linteaux sont pour les pèlerins de Compostelle, les étapes vigiles d'un chemin. Si l'on possède un chien, toujours, on va de chat en chat, et chacun semble lié à l'autre par les effets d'une mystérieuse sagacité.

Et toujours, à terre comme sur mer, les gestes du parcours, des rites sans urgence de la mise en mouvement, le retour sans hâte.
"Quand t'es pas là, je dors dans notre lit comme sur un banc."
Ne partirai-je que pour cela?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

La dame s'est enfin réveillée!

Encre a dit…

Tu aurais pris tes vacances deux semaines plus tôt, je te parie que l'oreille de l'ânon n'aurait pas encore été assez longue pour dépasser de ta veste. Il y a de ces occasions manquées, dans la vie!... ;-)

Anonyme a dit…

Tu as un grand bonjour des chats qui tiennent un long conciliabule sous un pommier. Il serait question d'une étonnante dame accompagnée d'une baleine blanche qui aurait fait sensation chez les ânons. Au point que l'un d'eux, à ce que racontent les chats bien sûr, serait parti vers l'ouest à sa rencontre, son baluchon sur l'épaule. Surveille un peu par la fenêtre, quand même.

Anonyme a dit…

Que du bonheur !...De retrouver ton blog.